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28 juin 2017 3 28 /06 /juin /2017 14:07
Sur  le besoin de se faire valoir à l'Assemblée

De  la discussion dans les assemblées représentatives (chapitre 7) 

 « Ce qui parmi nous menace le plus et le bon ordre et la liberté, ce n'est pas l'exagération, ce n'est pas l'erreur, ce n'est pas l'ignorance, bien que toutes ces choses nous manquent pas : c'est le besoin de faire effet. Ce besoin, qui dégénére en une sorte de fureur, est d'autant plus dangereux qu'il n'a pas sa source dans la nature de l'homme, mais une création sociale, fruit  tardif et factice vieille civilisation et d'une capitale immense. En conséquence, il ne se modère pas lui-même, comme toutes les passions naturelles qu’use leur  propre durée. Le sentiment de l’arrête point car il n’a rien de commun avec le sentiment : la raison ne peut rien contre lui, car il ne s'agit pas être convaincu, mais de convaincre (…) Opinions, éloquence, émotions, tout est moyen et l'homme lui-même se métamorphose en un instrument de sa propre vanité » Benjamin Constant, Ecrits politiques, Folio-Essais, p.379. 

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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 16:38
Rousseau sur les animaux (extrait du HS Le point)

Premier fragment 

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755,  Ed. G-F, pp.96-98, 1755.

 

Second fragment 

Emile ou de l'éducation,  1762,Livre second,

GF Flammarion,1966, p.197-199.

 

Texte Rousseau 

 

Premier fragment 

 

 « Tel est le pur mouvement de la nature, antérieur à toute réflexion: telle est la force de la pitié naturelle, que les moeurs les plus dépravées ont encore peine à détruire, puisqu'on voit tous les jours dans nos spectacles s'attendrir et pleurer aux malheurs d'un infortuné tel, qui, s'il était à la place du tyran, aggraverait encore les tourments de son ennemi. (…)

   Quand il serait vrai que la commisération ne serait qu'un sentiment qui nous met à la place de celui qui souffre, sentiment obscur et vif dans l'homme Sauvage, développé, mais faible dans l'homme Civil, qu'importerait cette idée à la vérité de ce que je dis, sinon de lui donner plus de force? En effet, la commisération sera d'autant plus énergique que l'animal spectateur s'identifiera intimement avec l'animal souffrant. Or il est évident que cette identification a dû être infiniment plus étroite dans l'état de Nature que dans l'état de raisonnement. C'est la raison qui engendre l'amour-propre, et c'est la réflexion qui le fortifie; c'est elle qui replie l'homme sur lui-même; c'est elle qui le sépare de tout ce qui le gêne et l'afflige: c'est la philosophie qui l'isole; c'est par elle qu'il dit en secret, à l'aspect d'un homme souffrant: péris si tu veux, je suis en sûreté. Il n'y a plus que les dangers de la société entière qui troublent le sommeil tranquille du philosophe, et qui l'arrachent de son lit. On peut impunément égorger son semblable sous sa fenêtre; il n'a qu'à mettre ses mains sur ses oreilles et s'argumenter un peu pour empêcher la nature qui se révolte en lui de l'identifier avec celui qu'on assassine. L'homme sauvage n'a point cet admirable talent (…). 

Il est donc certain que la pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce ».

Second fragment 

 (Rousseau cite ici Plutarque) : « O meurtrier contre nature! si tu t'obstines à soutenir qu'elle t'a fait pour dévorer tes semblables, des êtres de chair et d'os, sensibles et vivants comme toi, étouffe donc l'horreur qu'elle t'inspire pour ces affreux repas ; tue les animaux toi-même, je dis de tes propres mains, sans ferrements, sans coutelas ; déchire-les avec tes ongles, comme font les lions et les ours ; mords ce bœuf et le mets en pièces ; enfonce tes griffes dans sa peau ; mange cet agneau tout vif, dévore ses chairs toutes chaudes, bois son âme avec son sang. Tu frémis! tu n'oses sentir palpiter sous ta dent une chair vivante! Homme pitoyable! tu commences par tuer l'animal, et puis tu le manges, comme pour le faire mourir deux fois. Ce n'est pas assez : la chair morte te répugne encore, tes entrailles ne peuvent la supporter ; il la faut transformer par le feu, la bouillir, la rôtir, l'assaisonner de drogues qui la déguisent : il te faut des charcutiers, des cuisiniers, des rôtisseurs, des gens pour t'ôter l'horreur du meurtre et t'habiller des corps morts, afin que le sens du goût, trompé par ces déguisements, ne rejette point ce qui lui est étrange, et savoure avec plaisir des cadavres dont l'oeil même eût eu peine à souffrir l'aspect. »

Quoique ce morceau soit étranger à mon sujet, je n'ai pu résister à la tentation de le transcrire, et je crois que peu de lecteurs m'en sauront mauvais gré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 13:18

Corrigé

La volonté de tout  comprendre est-elle rationnelle ?

(concours général mars 2006)

Sujet voisin de celui qui est tombé cette année : La raison peut-elle rendre raison de tout? (sujet ES 2017)

 

Introduction

La volonté de tout comprendre paraît raisonnable et légitime. La science en effet s’est développée et a progressé tout au long de l’histoire en se fondant sur une volonté de tout expliquer , afin de mieux comprendre à al fois la nature et l’homme lui-même, et bien lui en a pris. Grâce aux efforts ininterrompus des esprits les plus audacieux de toutes les époques (Socrate, Galilée, Descartes etc..)  le savoir a progressé,  réduisant constamment le domaine de l’incompréhensible et de l’irrationnel. On ne brûle plus les sorcières, on ne fait plus de procès aux animaux en cas d’épidémie ou de peste, on ne croit plus les  magiciens et les marchands d’illusions sur parole,  on ne persécute plus les femmes hystériques etc…La crédulité et la superstition régressent grâce, pour dire vite, au progrès du savoir, comme l’avaient annoncé les philosophes des  Lumières. Est-ce à dire que tout ou tard la science finira par tout comprendre, par tout expliquer ?  Que les philosophes se donnent pour objectif de tout comprendre, ou de tout penser ? Ce qui pose problème ici est moins le compréhension que le mot tout. On peut comprendre, beaucoup de choses. Mais l’expression « tout comprendre » a-t-elle vraiment un sens ?

I Non : car elle est vouée à l’échec

Distinguez tout d’abord comprendre et expliquer. On explique pour comprendre. Mais il y a des choses qu’on comprend sans les expliquer. L’explication appelle une démarche analytique et discursive. La compréhension peut se passer de mots. Elle peut porter sur un objet singulier, que l’on saisit globalement, intuitivement, sans concept.

Pourquoi on ne peut pas tout comprendre : parce qu’il y a de l’incompréhensible ?  Ou bien parce qu’il y a des choses, ou des domaines, qui échappent à la législation de la raison ? 

Distinguez ce qui est en deçà  de la raison, ce qui est d’un autre registre, et enfin ce qui est au delà de la raison

  1. Le mal : on ne peut ni l’expliquer ni le comprendre. Ni l’expliquer parce que le mal (le crime gratuit, la violence pure)  relève de la liberté. Quand on l’explique, on le nie (« expliquer la liberté c’est la détruire » Kant).  Ni le comprendre : car comprendre implique une certaine empathie : en ce sens il y a des choses que l’on doit s’interdire de comprendre. C’est ce que dit Primo Levi à propos du mal absolu, de l’absence irrémédiable de communication entre un nazi et un détenu dans un camp «  Peut-être ce qui s’est passé ne peut pas être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure où comprendre, c’est presque justifier. En effet « comprendre » la décision ou la conduite de quelqu’un, cela veut dire, et c’est aussi le sens étymologique du mot, les mettre en soi, mettre en soi celui qui en est responsable, s’identifier à lui. Eh bine, aucun homme normal ne pourra jamais ‘identifie rà Hitler,à Goebbels, à Eichmann, à tant d’autres encore ». Cela nous déroute et nous réconforte en même temps, parce qu’il est peut-être souhaitable que ce qu’ils ont dit – et aussi, hélas, ce qu’ils ont fait, ne nous soit plus compréhensible » (Si c’est un homme, appendice)
  2. Ce qui est d’un autre registre.  L’oeuvre d’art, ou  plus exactement l’œuvre d’art géniale. Comprendre, c’est apprécier, assimiler, au fond,  ramener à quelque chose de familier : j’aime parce que c’est beau,   parce que cela évoque ceci ou cela, la peinture est ressemblante, elle exprime bien tel ou tel sentiment, elle invite au recueillement, elle nous rend joyeux, ou triste, elle nous émeut, elle fait vibrer en nous telle fibre sensible…   Mais non !  C’est beau, mais je ne comprends pas en quoi ni pourquoi ( « Le définition du beau est facile. Il est ce qui désespère » Valery) .  Le beau est sans concept.  On peut le comprendre, jusqu’à un certain point seulement. L’œuvre géniale cesse d’être compréhensible (au sens que l’on peut embrasser, s’approprier). C’est tout  le sens du texte de Balzac, Le chef d’œuvre inconnu, ou du Pavillon d’or, de Mishima  (trop de beauté appelle le crime, la profanation !)
  3.   Ce qui est  au delà de la raison : « La foi, qui porte sur les choses incompréhensibles, est un acte non de l’intelligence,  mais de la volonté » Descartes,Régles pour la direction de l’esprit. Il ne faut pas chercher à comprendre : « S’il y a un Dieu, il est infiniment incompréhensible » Pascal.  On croit en effet, non pas parce que on comprend, mais au contraire parce qu’on ne comprend pas : « credo non quod sed quia absurdum » Tertullien (« Je crois non pas parce que, mais bien que ce soit absurde ») . La foi est irrationnelle. Elle le sait, elle le revendique. Elle sait qu’il est sage de ne pas attendre tout de la raison : « Il n’y a rien de si conforme à la raison que ce désaveu de la raison » Pascal

          

 Comment comprendre par exemple le dogme de l’élection des calvinistes ? Bref, celui qui décide de croire renoncerait à comprendre. Et  c’est ce que dit l’Ecclésiaste : « Avec beaucoup de sagesse, on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur »

 

Conclusion 

Il n’est pas sage de vouloir tout comprendre. Seul Dieu comprend tout ? Les voies de Dieu sont impénétrables ? Mais un  libre esprit se révoltera contre cette injonction de ne pas chercher à comprendre.  Le religion peut être « comprise » comme une illusion, et les chefs d’œuvre sont compris avec le temps.

II Elle est pourtant légitime et féconde 

Dans Science et religion, Russell explique que la science a toujours résisté à cette prescription de ne pas comprendre « Entre la science et la religion a eu lieu un conflit prolongé dont, jusqu’à ces dernières années, la science est invariablement sorti victorieuse » (« jusqu’à ces dernières années » fait référence au totalitarisme, nouvelle religion prétendument associée à la science).

Le parti pris de la science, c’est de vouloir tout expliquer, pour comprendre : l’origine de l’homme et de l’univers, la vie,  l’apparition des épidémies, la mort etc..

 1)  La psychanalyse s’est donnée  pour tâche de comprendre l’incompréhensible. Que le moi puisse être tiraillé entre des puissances contradictoires ;  que l’on puisse être habité par un désir de mort,  ou encore que les enfants aient une sexualité.  Ou encore que l’inconscient ne craigne pas la mort, mais la castration, que les filles aient une « envie de pénis » , que les êtres humains soient bisexuels, que l’on puisse aimer ce que l’on hait et détruire ce que l’on aime etc.. Que les rêves les plus absurdes aient une signification. Cette entreprise d’explication du psychisme humain n’a certes pas été vaine, même si les thèses de Freud   heurtent la raison, ou , plus exactement, le bon sens. 

2) Antrhopologie, histoire : on doit s’efforcer de tout comprendre. Même le plus difficile, comme les comportements barbares (sacrifices humains, jeux du cirque, cannibalisme). Comprendre ne veut pas dire sympathiser, mais essayer de se mettre à la place des autres, en faisant abstraction de nos propres préjugés. Le rôle de l’historien ou de l’anthropologue n’est pas de juger, mais  d’essayer de rapporter tout ce qui existe à l’humanité.  Tout ce qui a pu se faire est humain, même ce qui nous paraît le plus monstrueux (« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger » Terrence) (ceci contredit-il la position de Primo Levi ? Mais Primo Levi n’est pas un historien)

3) La Science, en général, et par définition n’exclut rien de son domaine de recherche.

 On ne peut rien s’interdire de comprendre. Par exemple l’intelligence : aujourd’hui les sciences cognitives s’attaquent au fonctionnement de l’esprit. Aucune théorie n’est exclue  a priori. Idem pour l’hérédité. On ne peut dire une fois pour toutes : tel domaine est irrationnel, il faut renoncer à comprendre. Cela ne signifie pas que tout doit être réduit à  l’explicable.  Pour Bachelard, il n’u a pas d’irrationnel, il n’y a que du « non encore rationalisé ».

Conclusion :

 Tout ce qui est objet de connaissance fera naturellement l’objet d’une tentative d’explication de la part des savants.  Cependant, tout est-il du ressort de la science ? Et la compréhension ne doit-elle pas être soigneusement dissociée de l’analyse conceptuelle ?

III Le projet de tout comprendre n’est pas rationnel

 Parce que l’homme n’est pas omniscient et que la vérité est relative (cf le perspectivisme de Nietzsche, à ne pas confondre avec le relativisme)

  1. La liberté ne peut être comprise. Le mal ne peut être compris car il relève de la liberté. La faute (péché originel) ne peut être comprise, et c’est bien ce que montre la Genèse ; Pourquoi sommes-nous coupables ?  Pourquoi sommes-nous  responsables de ce qu’ont fait Adam et Eve ? (« il faut que les hommes soient coupables, sinon Dieu serait injuste » écrit Pascal !) Et pourquoi les animaux souffrent-ils puisqu’ils n’ont pas commis le péché originel ? La dimension tragique de l’existence ne peut être niée, mais elle ne peut être comprise : pourquoi Œdipe se crève-t-il les yeux, puisque il ne savait pas qu’il tuait son père t qu’il épousait sa mère ?  Pourquoi sommes-nous responsables de ce que nous n’avons pas voulu ?
  2. Comprendre est toujours partiel. Qui dit comprendre dit interpréter. Et chaque compréhension appelle un sens inédit : « La compréhension est créatrice de sens, d’un sens que nous produisons dans le processus même de la vie, dans la mesure où nous nous efforçons de nous réconcilier avec nos actions et nos passions » (H. Arendt, in La nature du totalitarisme, article « Compréhension et politique »). Chaque nouvelle lecture de l’histoire, ou d’une œuvre , la renouvelle et l’enrichit. Mais ces différentes approches ne sont pas cumulables. A chacun sa perspective, et les perspectives contradictoires ne s’excluent pas (voir Primo Levi et l’historien de la Shoah). Donc l’idée même de tout comprendre n’a pas beaucoup de sens, car chacun va comprendre partiellement, d’un point  de vue qui n’est évidemment jamais complet ni englobant !
  3. L’idée de totalisation est irrationnelle : une interrogation sur les limites de la raison est inhérente à la raison (cf Kant). Il n’est ni raisonnable ni rationnel de vouloir « tout » comprendre.  L’idée de totalité  pose le problème des limites. Tout quoi ? Tout un individu par exemple ? Mais on n’a jamais fait le tour de quelqu’un ! L’individu est infini, inépuisable. Le monde comme un tout ? Mais quelles en sont les limites ?  On ne peut chercher à comprendre que des objets que l’on peut embrasser par l’intelligence ou  bien  éprouver, saisir intuitivement, comme une personne aimée  ou un objet d’art qui nous touche. Mais l’idée de totalité exclut évidemment l’encerclement inhérent à l’idée de compréhension. Le « tout », pour parler, comme Kant, n’est pas de l’ordre des phénomènes. Seul Dieu, s’il y en a un, peut avoir ce point de vue englobant qui n’a pas de sens pour nous.

Conclusion : notre histoire est l’histoire d’ « êtres qui ont pour essence le commencement » (H. Arendt). Tout est toujours ouvert. 

Conclusion

Vouloir tout comprendre n’est pas rationnel.  Vouloir comprendre est juste et légitime. Mais la raison ne peut vouloir tout embrasser. C’est l’idée de totalité qui pose ici problème. Soit il s’agit d’une totalité ouverte, mais alors l’esprit ne peut l’appréhender, car il en ignore les réelles dimensions (cf les deux infinis de Pascal). Soit il s’agit d’une totalité fermée : mais l’histoire est une réalité qui exclut tout clôture.

 La raison est une faculté limitée et qui se connaît comme telle. Et le propre de la raison est la connaissance de ses propres limites, comme nous l’ont appris Socrate, Descartes et Kant. (Entre autres !)

 

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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 14:25

Sujet 2 

 

Peut-on se libérer de sa culture?

 

 Un avis: sujet relativement classique qui renvoie à un  chapitre du programme  (« la liberté ») mais aussi à l’un des cinq champs de problèmes du programme ( « La culture»). Cela dit,  c'est loin d'être une question de cours. C'est plutôt une  problématique d’actualité : qu'en est-il de la liberté lorsque votre milieu familial vous impose des catégories religieuses et des normes morales de façon très contraignante dès la plus tendre enfance?

 Ce qu'il ne fallait pas faire/ ce qu'il fallait faire : suivre une pente naturelle qui vous conduira à répondre qu'il est impossible de se libérer de la culture. Car la philosophie, par définition, nous enseigne le contraire. Ce qu'il fallait faire:  c'est distinguer ma culture et la culture. Les cultures particulières peuvent constituer une sorte de prison pour l’esprit, contrairement à la culture en général dont  la vocation est l’éveil et l'ouverture à des valeurs universelles.

 

Eléments de corrigé :

 

Problématique :  Le présupposé du sujet est celui du caractère  coercitif (qui m’impose un carcan) voire aliénant ( qui me rend étranger à moi-même) de  ma propre culture. Il faudra donc mettre à jour ce présupposé et éventuellement le remettre en cause. Pourquoi ma culture constituerait-elle   une entrave à la liberté? Pourquoi faudrait-il nécessairement m’en libérer?

 

Première phrase d’introduction :   La culture n’ étant pas en soi ce qui fait obstacle à notre  liberté, nous  nous demanderons pour quelles raisons,  dans quels contextes, et dans quelle mesure,  il  peut être souhaitable de s'émanciper de sa propre culture.

 

Plan

 

I Il est extrêmement difficile de penser par soi-même


Que nous le voulions ou non, nous sommes largement conditionnés par notre éducation, notamment religieuse. Les convictions acquises dans la tendre enfance sont quasiment indéracinables. Et c'est pourquoi,  bien souvent, nous nous croyons libres, comme le dit Spinoza, tout simplement parce que nous ignorons les causes qui nous font agir. Ces causes sont les préjugés transmis dans votre petite enfance par nos parents,  conformément à leurs propre traditions et leurs  propres convictions. Or, pour nous en défaire, il faudrait commencer par prendre conscience de ce déterminisme.

 

II La philosophie nous enseigne pourtant que chacun peut s’arracher  à son propre milieu culturel

 

C'est précisément ce que Socrate n’ a cessé d'expliquer aux athéniens ( « Je suis le seul ici qui se soucie de justice et qu'il l’incarne  » dit-il devant son tribunal dans L'apologie de Socrate) et  c’est ce que répétera Descartes  dans son Discours de la méthode. 

« Pour ce que nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et qu'il nous a fallu longtemps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs, qui étaient souvent contraires les uns aux autres, et qui, ni les uns ni les autres, ne nous conseillaient peut être pas toujours le meilleur, il est presque impossible que nos jugements soient si purs, ni si solides qu'ils auraient été, si nous avions eu l'usage entier de notre raison des le point de notre naissance, et que nous n'eussions jamais été conduits que par elle. »

Il est difficile de surmonter les déterminismes culturels, mais ce n'est pas impossible. La preuve, certains y sont parvenus, comme Copernic et Galilée par exemple, dont on sait qu’ils  ont contredit les dogmes religieux  au nom de la vérité scientifique.

 

 

III Il est très difficile mais pas impossible de se libérer de sa culture

 

Il est tout à fait nécessaire de postuler que l'on peut se libérer de sa culture. Dans le cas contraire, on admettrait que l'homme n'est pas libre et qu'il ne le sera jamais,  ou plutôt que certains hommes, prisonniers de certaines cultures, ne sont pas capables de liberté. Or « renoncer à sa liberté c'est renoncer à sa dignité, à sa qualité d’homme » (Rousseau). De fait, nombreux sont les hommes de science et les philosophes qui l’ont  critiquée, bien des artistes se sont arrachés à leur culture.

 Néanmoins, on ne saurait minimiser la difficulté pour certains de s'arracher aux  préjugés et aux traditions qui sont ceux de leur milieu d’origine. Certaines cultures ne valorisent pas la liberté, la seule chance dans ce cas pour les individus est d'avoir  accès à la Culture, au sens d’une culture universelle accessible à tous par le biais de la poésie, de la littérature, de la science, de l’art et bien sûr de  la philosophie. L'école a pour vocation de fournir à tous l'accès à cette culture universelle seule  en mesure de leur permettre de tourner le dos à leur propre culture familiale.

 

Conclusion

 

S'arracher à sa propre culture n'est pas une fin en soi. Néanmoins celui qui veut penser par lui -même, ce qui est une  définition de la liberté, ne saurait se satisfaire d'un enfermement dans sa culture d'origine. L'histoire des idées,  des sciences,  de l’art, et enfin la philosophie sont là pour témoigner du fait qu'il est possible de tourner le dos à sa propre culture.

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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 14:24

Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts?

 

Un avis: le sujet n'est pas facile, car même si le mot « droit » renvoie un chapitre du programme ( « La justice et le droit »), il pose une  question qui ne relève pas forcément du cours. Car « le droit », c'est autre chose que l'ensemble de mes droits.

 

Ce qu’il ne fallait pas faire/ ce qu’il  fallait faire : il ne fallait pas réciter un cours car selon toute vraisemblance le cours ne contient pas la réponse à la question posée ; il ne fallait pas non plus s’en tenir  à une approche égocentrique (quels sont mes droits, quels sont mes intérêts ?).  Ce qu'il fallait faire : distinguer le « droit objectif » (ensemble des règles instituées  ayant  pour finalité, en théorie, de permettre aux hommes de vivre en paix et en harmonie) et les droits subjectifs (ce à  quoi les personnes estiment avoir droit).  Il fallait également opposer les différentes acceptions du mot «intérêt ». Enfin, il fallait trouver des exemples de droit qui ne coïncident pas avec mes intérêts.

 

 Éléments de corrigé: 

 

Problématique : À première vue, on ne voit pas bien comment mes droits pourraient contredire mes intérêts. Si tel était le cas quelles raisons aurais-je de les  défendre? Dans certains cas pourtant, mes droits, établis par convention  dans l'intérêt de tous ( au moins en théorie) peuvent  aller à l'encontre de mon intérêt. Hegel disait que le châtiment est le droit du criminel : certains criminels préféreront donc reconnaître leur culpabilité, et même expier leurs fautes, car tel est leur  droit, même si celui-ci va dans un premier temps évidemment à l'encontre de leur intérêt. 

 

Une phrase d'introduction : L'intérêt de chacun entre inévitablement en  conflit avec l'intérêt commun, d'où la nécessité de règles imposées d’un  commun accord à tous en vue  d'éviter les conflits permanents inhérents à la vie en société : c'est ce que l'on appelle le droit.

 

Plan

 I Défendre ses droits n'est pas la même chose que de défendre ses intérêts.

Pour la simple raison qu'il existe un abîme entre le droit subjectif  (mes droits) et le droit objectif  (ensemble des règles acceptées d'un commun accord, mais aussi héritées de l'histoire, en vue  de la concorde). Les militants en faveur des droits humains, en général, mettent en veilleuse leurs propres intérêts.

 II Il est tout de même difficile de défendre les droits qui contredisent mes intérêts

C'est la raison pour laquelle les hommes d'État doivent être intègres, ce qui signifie qu’ils ne  doivent pas faire de la politique en espérant en tirer  un quelconque profit. C'est ce que l'on appelle le risque de  « conflits d'intérêts ». Un homme politique, un magistrat, ne doivent pas avoir d'intérêts susceptibles d'entrer en contradiction ni avec le droit en général, ni avec leurs propres droits. Par exemple, un élu a le droit d'être traité comme n'importe quel citoyen. Il sera un justiciable comme  un autre. Donc il doit être irréprochable, car dans le cas contraire le droit  (d’être traité comme n’importe quel citoyen) entraverait  ses intérêts.

 

III Défendre mes droits, c'est d’abord défendre le droit, donc pas mes intérêts

Mon intérêt est une chose, l'intérêt général en est une autre, et la justice encore une autre.

Les droits subjectifs  (ce que j’estime m’être dû) sont spontanément confondus avec mes intérêts, mais c'est à tort. Le droit ce n'est  pas l'intérêt. Celui qui défend son intérêt  (individuel ou même collectif, celui d'une corporation par exemple, ou d'un groupe d’intérêts,  ne défend pas le droit).

 Quant à la justice elle ne se confond pas non plus avec l'intérêt général. Car l'intérêt général, ou ce qu'une société, ou un Etat tient pour tel,  à un moment donné,  n’est pas forcément juste.

 Pendant la guerre de 40, les « Justes » défendaient leur droit à la  liberté et à la dignité, contre les nazis, en protégeant des enfants juifs. Ils défendaient le droit et leurs droits à la dignité d'être humain à l'encontre de leurs propres intérêts (ils prenaient des risques considérables).

 

Conclusion

Souvent la défense de nos droits coïncide  avec celui de nos intérêts. Mais ce n'est pas toujours le cas car le règne du droit renvoie  à celui de la justice qui est d’un 

 tout autre registre que celui de l’intérêt. Se soucier de justice n'est possible que pour celui qui est capable de faire abstraction de son propre intérêt,  voire des intérêts de sa catégorie sociale, voire enfin des intérêts de son propre pays. « Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose d'utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier. Si je savais quelque chose d'utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l'Europe, ou bien qui fût utile à l'Europe et préjudiciable au genre humain, je le regarderais comme un crime. » Montesquieu 

 
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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 12:48
L'homme et l'animal

http://boutique.lepoint.fr/le-point-references-c28

 Le hors série auquel j'ai participé.. "La marche vers la reconnaissance " (des droits des animaux), avec aussi Florence Burgat, Corinne Pelluchon, Dominique Lestel, Georges Chapouthier...

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14 juin 2017 3 14 /06 /juin /2017 15:40
La liberté politique

« La liberté   politique commence quand, dans la majorité du peuple, l'individu se sent responsable de la politique de la collectivité à laquelle il appartient, lorsqu'il ne se contente pas de réclamer et de protester, lorsqu'il exige bien plutôt de lui-même de voir la réalité tel qu'elle est. Il ne veut pas agir en  s’inspirant, sur le terrain politique  où elle n'a rien à voir, d'une foi en un Paradis terrestre, que seules la mauvaise volonté et  la bêtise des autres empêchent  de réaliser. Il sait, au contraire, que la politique cherche dans le monde concret le chemin qu'il est possible, à tel ou tel moment, de suivre en s'inspirant de l'idéal de la condition d ‘homme : la liberté. » (Karl Jaspers, La culpabilité allemande, p 23)

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25 mai 2017 4 25 /05 /mai /2017 12:54
Impossible de parler d'une seule voix en démocratie !

 

 L’Etat démocratique est le plus rationnel

 

 Dans le chapitre XVI, Spinoza établit d'abord que le droit naturel de chacun, sensé ou insensé, s'étend aussi loin que sa puissance, ce qui établit le risque de la violence. Mais l'état de société, de même que la raison, sont naturels à l'homme. Le but de l'État est l'utilité commune. Pour que ne règne pas la violence anarchique, il faut que la force appartienne à l'État, au souverain (collectif ou individuel). Mais le pouvoir du souverain est borné par la puissance, qu'il est impossible que les sujets ne conservent pas, et qu'il est avantageux qu'ils conservent aussi grande que possible. pour ne pas devenir des automates. La liberté ne se limite donc pas arbitrairement. Elle ne peut se limiter que naturellement, par la réciprocité des puissances, et la recherche par chaque partie de son utilité propre. Or cette utilité propre ne peut être contraire à la raison. L'État démocratique qui se fonde sur l'intérêt général est le plus rationnel, donc le plus libre.

 

 

 

 

 

 

 

"Des fondements de l'État tels que nous les avons expliqués plus haut, il ressort avec la plus grande évidence que sa fin dernière n'est pas de dominer ni de tenir les hommes par la crainte, ni de les soumettre au droit d'un autre ; mais au contraire sa fin est de libérer chaque homme de la crainte, afin qu'il vive, autant que faire se peut, en sécurité, c'est-à-dire qu'il conserve le mieux possible son droit naturel à exister et à agir, sans danger pour lui et autrui. Non, dis-je, la fin de l'État n'est pas de transformer les hommes, êtres raisonnables, en bêtes ou en automates, mais au contraire de faire en sorte que leur esprit et leur corps accomplissent sans danger leurs fonctions, qu'eux-mêmes usent de leur libre Raison, qu'ils ne s'opposent pas par la haine, la colère ou la ruse, et se supportent mutuellement dans un esprit de justice. La fin de l'Etat est donc en réalité la liberté.

En outre, nous avons vu que pour former l'État, une seule chose était nécessaire : que tout le pouvoir de décider soit entre les mains, ou bien de toute la collectivité, ou de quelques-uns, ou d'un seul. En effet, comme le libre jugement des hommes est tout à fait divers et que chacun pense à lui seul tout savoir, et qu'il est impossible que tous pensent également la même chose, et parlent d'une seule voix, ils ne pourraient vivre en paix si chacun n'avait pas renoncé au droit d'agir selon le seul décret de sa pensée. C'est donc seulement au droit d'agir selon son propre décret que l'individu â renoncé, non au droit de raisonner et de juger ; par suite personne ne peut, sans danger pour le droit du pouvoir souverain, agir à l'encontre du décret de celui-ci, mais il peut totalement penser et juger, et par conséquent aussi s'exprimer, à condition cependant qu'il se contente de parler et d'enseigner, et de défendre son opinion par la seule Raison, sans introduire par la ruse, la colère et la haine, quelque mesure contraire à l'État qui ne ressortirait que de l'autorité de son propre vouloir.

Par exemple, si un citoyen montre qu'une loi contredit la saine Raison et pour cela estime qu'il faut l'abroger ; si, en même temps, il soumet son avis au jugement du pouvoir souverain à qui seul appartient le droit de fonder et d'abroger les lois, et s'il ne fait rien pendant ce temps de contraire à ce que prescrit cette loi, il mérite bien de l'État, et se comporte comme le meilleur des citoyens. Mais si, par contre, il agit ainsi pour faire accuser le magistrat d'injustice, et le rendre odieux à la foule, ou s'il s'efforce séditieusement d'abroger cette loi contre _ le gré du magistrat, il est assurément un perturbateur et un rebelle.

Nous voyons donc de quelle façon chacun peut dire et enseigner ce qu'il pense sans danger pour le droit et l'autorité du pouvoir souverain, c'est-à-dire sans danger pour la paix de l'État : i1 lui suffit de laisser au pouvoir souverain le soin de décréter sur toutes les décisions à prendre, et de ne rien faire contre ce décret, même si souvent il doit agir à l'encontre de ce qu'il juge et pense ouvertement bon. Voilà donc ce qu'il peut faire sans danger pour la justice et les valeurs sacrées". 

 

Spinoza, Traité théologico-politique , Livre XX, tradition Myrille Pardo, Ed. Hatier

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24 mai 2017 3 24 /05 /mai /2017 16:53
Sur la lecture schmittienne de Marx et sur la construction de l'ennemi (J-C. Monod)

Jean- Claude Monod, Penser l'ennemi, affronter l'exception, Le découverte, 2016 

Extraits :

 

 Carl Schmitt s’en prend à «  une certaine façon d’ériger le compromis en principe du politique »  .. en s'appuyant d'abord sur une tradition contre-révolutionnaire…  et non « dans la perspective révolutionnaire d'un renversement de la bourgeoisie au profit de la classe exploitée, le prolétariat ».

(…)

«Il n'en reste pas moins qu'une certaine communauté de vue entre ces deux critiques est observable… »

«  Les références à Marx  sont nombreuses dans Théologie politique » 

   (…)

Il existe des « affinités originelles » entre la théorisation schmittienne du politique et la valorisation marxienne de la lutte… (p.25)

(…) 

 

Toutefois la centralité que  «  la lecture shmittienne de Marx accorde au thème de l’ennemi revêtait, chez Schmitt, un aspect polémique et « démystificateur» à l'encontre du marxisme..

Selon Schmitt :  «  Le marxisme ne tire pas sa force de son caractère « scientifique » et de sa prétendue « science matérialiste de l'histoire» mais de sa capacité mobilisatrice.  » p.25)

(…)

 

 Celle-ci «  tiendrait plutôt à «la désignation et à la construction d'un antagonisme qui «  clarifie les fronts » , un ressort polémique d'une philosophie de l'Histoire et d’une pensée politique qui a su  dégager un ennemi sur ce qui avait pu apparaître, au XVIIIe siècle, comme le« terrain neutre » par excellence, le domaine paisible de la non- politique, le « doux commerce », l'économie.

«La nouveauté de Marx, note Schmitt, a consisté à extraire le bourgeois de la sphère du ressentiment aristocratique et littéraire pour l'élever au rang d'une figure qui serait l’absolument inhumain, non pas au sens moral, mais au sens hegelien, pour faire surgir comme son contraire, avec une immédiate nécessité, le bien et l’absolument humain. (…) L'opposition de classes sera nécessairement l'opposition absolue » (Parlementarisme et démocratie, 1988) ( p.26 )

JC Monod note ensuite que cette interprétation  du marxisme se situe « au point de basculement entre l'extrême gauche révolutionnaire et le fascisme de la mobilisation des masses par des « théorie irrationnelles » à savoir  George Sorel… » (p.27)

(…)

On reviendra, dit-il ensuite,   sur les conséquences politiques, redoutables, de la dissociation entre libéralisme et démocratie… qui conduit Schmitt à soutenir « qu'une démocratie… peut exclure une partie de la population sans cesser d'être une démocratie… » Schmitt soutient que « la force politique d'une démocratie se manifeste par sa capacité d'écarter ou de tenir éloigner l'étranger» et que « l'égalité de tous les hommes en tant qu'hommes n'est pas de la démocratie mais une certaine forme de libéralisme » (ibid, p. 111). Il y a chez  Schmitt une défense et illustration d'un concept xénophobe et anti-universaliste de la démocratie..

«  Cette dimension n'est évidemment pas reprise par les lecteurs marxistes internationalistes de Schmitt : mais il existe  un pendant « de gauche» au ferment d'exclusion et la légitimation de la violence contenue dans la dissociation du libéralisme et de la démocratie: le rejet de l'universalité des droits de l'homme s’opère ici au nom de la légitime violence de la classe ouvrière, et le dépassement de la démocratie libérale parlementaire au profit d’une « démocratie populaire » posée comme horizon de la « dictature du prolétariat».  (p.29) Mais ces éléments ne sont plus guère mis en avant aujourd'hui, sauf par ceux qui ne veulent rien apprendre de la faillite des expériences communistes du XXe siècle ».

  « Reste que la question du statut de l'ennemi dans les régimes totalitaires, des ressemblances et  de la différence de son statut en régime nazi et un régime communiste ( entre l’ennemi « de  race » et l’ennemi « de classe») est de celles qui ont divisé les théoriciens critiques du totalitarisme…

«  Une chose est sûre : une certaine maximisation de l'hostilité, ouvrant la possibilité du crime de masse à  l'encontre des « ennemis du peuple» et notamment des « ennemis  de l'intérieur», a été la contrepartie « logique» de la destruction théorique du libéralisme et de l'universalisme dit « abstrait» des droits de l'homme, dans le communisme bolchevique aussi bien que dans le nazisme. L’hommage  simultané de Schmitt à Mussolini et à Trotski marque bien que quelque chose de commun s’est  joué dans l'opposition au« rationalisme relatif de la séparation des pouvoirs» à la « foi en la discussion»,  à quoi une « théorie nouvelle» préférait « l’utilisation de  la violence » et « l'action directe » :  « Trotski le note à juste titre face au démocrate Kautsky, écrit Schmitt, dans la conscience des réalités relatives, on ne trouve guère le courage d'employer la violence et de répandre le sang » (ibid, p.80) 

 Plus loin: 

 On rencontre chez  Che Guevara l'expression d'une« inimitié absolue».. «  La haine intransigeante de l’ennemi, qui pousse   au-delà des limites naturelles de l'être humain,  est en fait une efficace, violente, sélective et froide machine à tuer : nos soldats doivent être ainsi » ( Créer deux, trois,  de nombreux Vietnam, Oeuvres,  Maspero, 1968)

(…) 

 

 Dans Penser la guerre ( 1976), R. Aron oppose bolchevisme et nazisme : «Le communisme bolchevique maintient théoriquement l'horizon d'une commune  humanité qui fait que l’ « ennemi de classe » peut-être rééduqué et  réintégré  à la communauté future, alors que l’ennemi « de race » du nazisme est radicalement privée d'humanité, et en ce sens c'est bien de ce coté qu'il faut chercher l'apparition de l'ennemi absolu » … (JC. Monod, p.168) .

 

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22 mai 2017 1 22 /05 /mai /2017 17:11
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