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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 14:24

Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts?

 

Un avis: le sujet n'est pas facile, car même si le mot « droit » renvoie un chapitre du programme ( « La justice et le droit »), il pose une  question qui ne relève pas forcément du cours. Car « le droit », c'est autre chose que l'ensemble de mes droits.

 

Ce qu’il ne fallait pas faire/ ce qu’il  fallait faire : il ne fallait pas réciter un cours car selon toute vraisemblance le cours ne contient pas la réponse à la question posée ; il ne fallait pas non plus s’en tenir  à une approche égocentrique (quels sont mes droits, quels sont mes intérêts ?).  Ce qu'il fallait faire : distinguer le « droit objectif » (ensemble des règles instituées  ayant  pour finalité, en théorie, de permettre aux hommes de vivre en paix et en harmonie) et les droits subjectifs (ce à  quoi les personnes estiment avoir droit).  Il fallait également opposer les différentes acceptions du mot «intérêt ». Enfin, il fallait trouver des exemples de droit qui ne coïncident pas avec mes intérêts.

 

 Éléments de corrigé: 

 

Problématique : À première vue, on ne voit pas bien comment mes droits pourraient contredire mes intérêts. Si tel était le cas quelles raisons aurais-je de les  défendre? Dans certains cas pourtant, mes droits, établis par convention  dans l'intérêt de tous ( au moins en théorie) peuvent  aller à l'encontre de mon intérêt. Hegel disait que le châtiment est le droit du criminel : certains criminels préféreront donc reconnaître leur culpabilité, et même expier leurs fautes, car tel est leur  droit, même si celui-ci va dans un premier temps évidemment à l'encontre de leur intérêt. 

 

Une phrase d'introduction : L'intérêt de chacun entre inévitablement en  conflit avec l'intérêt commun, d'où la nécessité de règles imposées d’un  commun accord à tous en vue  d'éviter les conflits permanents inhérents à la vie en société : c'est ce que l'on appelle le droit.

 

Plan

 I Défendre ses droits n'est pas la même chose que de défendre ses intérêts.

Pour la simple raison qu'il existe un abîme entre le droit subjectif  (mes droits) et le droit objectif  (ensemble des règles acceptées d'un commun accord, mais aussi héritées de l'histoire, en vue  de la concorde). Les militants en faveur des droits humains, en général, mettent en veilleuse leurs propres intérêts.

 II Il est tout de même difficile de défendre les droits qui contredisent mes intérêts

C'est la raison pour laquelle les hommes d'État doivent être intègres, ce qui signifie qu’ils ne  doivent pas faire de la politique en espérant en tirer  un quelconque profit. C'est ce que l'on appelle le risque de  « conflits d'intérêts ». Un homme politique, un magistrat, ne doivent pas avoir d'intérêts susceptibles d'entrer en contradiction ni avec le droit en général, ni avec leurs propres droits. Par exemple, un élu a le droit d'être traité comme n'importe quel citoyen. Il sera un justiciable comme  un autre. Donc il doit être irréprochable, car dans le cas contraire le droit  (d’être traité comme n’importe quel citoyen) entraverait  ses intérêts.

 

III Défendre mes droits, c'est d’abord défendre le droit, donc pas mes intérêts

Mon intérêt est une chose, l'intérêt général en est une autre, et la justice encore une autre.

Les droits subjectifs  (ce que j’estime m’être dû) sont spontanément confondus avec mes intérêts, mais c'est à tort. Le droit ce n'est  pas l'intérêt. Celui qui défend son intérêt  (individuel ou même collectif, celui d'une corporation par exemple, ou d'un groupe d’intérêts,  ne défend pas le droit).

 Quant à la justice elle ne se confond pas non plus avec l'intérêt général. Car l'intérêt général, ou ce qu'une société, ou un Etat tient pour tel,  à un moment donné,  n’est pas forcément juste.

 Pendant la guerre de 40, les « Justes » défendaient leur droit à la  liberté et à la dignité, contre les nazis, en protégeant des enfants juifs. Ils défendaient le droit et leurs droits à la dignité d'être humain à l'encontre de leurs propres intérêts (ils prenaient des risques considérables).

 

Conclusion

Souvent la défense de nos droits coïncide  avec celui de nos intérêts. Mais ce n'est pas toujours le cas car le règne du droit renvoie  à celui de la justice qui est d’un 

 tout autre registre que celui de l’intérêt. Se soucier de justice n'est possible que pour celui qui est capable de faire abstraction de son propre intérêt,  voire des intérêts de sa catégorie sociale, voire enfin des intérêts de son propre pays. « Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose d'utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier. Si je savais quelque chose d'utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l'Europe, ou bien qui fût utile à l'Europe et préjudiciable au genre humain, je le regarderais comme un crime. » Montesquieu 

 
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