"L'horreur est la loi du monde des créatures vivantes, et l'objet de la civilisation est de masquer cette vérité" C. Milosz
(Dans la lumière de Simone Weil, in Le studio de l'inutilité de Simon Leys)
"L'horreur est la loi du monde des créatures vivantes, et l'objet de la civilisation est de masquer cette vérité" C. Milosz
(Dans la lumière de Simone Weil, in Le studio de l'inutilité de Simon Leys)
« Si un homme ne peut prendre plaisir au retour du printemps, comment pourrait-il jouir d’un futur paradis libéré du travail ? Je pense que c’est en conservant notre amour enfantin pour les arbres, les poissons, les papillons, les crapauds, etc.. que l’on rend un peu plus probable la possibilité d’un avenir paisible et décent » George Orwell
"La philosophie est la nourrice sèche de la vie; elle peut s'occuper de nous - mais non nous allaiter"
Soeren Kierkegaard
"La mesure nous est étrangère, avouons-le; ce qui nous excite, c'est l'attrait de l'infini, de la démesure. Tel le cavalier sur le cheval écumant, nous lâchons les rênes devant l'infini, nous hommes modernes à demi barbares, et nous ne savourons la félicité suprême que dans le moment où nous sommes le plus en péril" Nietzsche, Par delà le bien et le mal, §224
A réécouter, ce matin, émission particulièrement passionnante!
http://www.franceculture.fr/emission-repliques-qu-est-ce-que-l-hubris-2012-06-16
"Pourquoi avons-nous perdu la face"?
"Pourquoi l'art ne représente-t-il plus les visages"?
Sur l'art! "Les grands chefs d'oeuvre aujourd'hui ne sont plus dans les musées, mais dasn les salles obscures"
Je vous soumets cette liste de facilités à éviter de rerpoduire le jour du bac, ne serait-ce que pour se démarquer.
N''hésitez pas à me demander des explications complémentaires:
Clichés, idées reçues, affirmations simplistes à éviter au bac philosophie
« Ce qui est vrai pour moi est donc VRAI -par exemple, le beau, ou l’existence de Dieu ».
C’est une une opinion particulièrement anti-philosophique. Au contraire, la philosophie se définit par la recherche de la vérité, c’est-à-dire de thèses, de théories ou de propositions qui sont susceptibles de faire l’unanimité. Ce qui qui n’est "vrai" (valable) que pour moi .. n’est donc pas « vrai » !
« La science cherche des vérités absolues » (faux : la science ne prétend pas atteindre des vérités "absolues" (valables indépendamment de tout contexte) . Les sciences ne proposent que des théories partielles et relatives (à leurs domaines propres).
« Les hommes ont de tout temps recherché la vérité » (discutable : avant l'apparition de la science et de la philosophie (en gros 6 ième siècle av . JC), on admettait, de façon générale, que la "vérité", c’était ce qu’il ne fallait pas oublier, autrement dit les croyances ancestrales, transmises par les anciens. En Grèce, le mot vérité est « alèthéia » qui veut dire : le non-oubli. C'est la notion de "vérité" qui était loin d'être clarifiée.
« Tous les hommes recherchent la vérité » (faux : seuls certains hommes, dont par exemple les savants et les philosophes, parfois les journalistes, les juges aussi, les médecins etc… recherchent la vérité. Sûrement pas tous les hommes). La plupart des hommes, selon Nietzsche sont avides de "certitudes optimistes" et c'est cela qu'ils nomment "vérité" - à tort.
« Le bonheur est le but de la vie » (Non : même si tous les hommes recherchent le bonheur, ce qui est avéré, ce n’est pas forcément LE but de la vie. Il peut y avoir d’autres buts. C’est ce que pense Kant).
« Kant veut imposer une morale unique à tout le monde » (faux : Kant ne veut rien imposer du tout. Il réfléchit aux conditions de possibilité d’une morale universelle).
« Quand on agit moralement, c’est pour se donner bonne conscience » (c’est un contresens sur la conscience morale. Vladimir Jankélévitch a montré au contraire pourquoi la conscience morale scrupuleuse est toujours malheureuse).
« Personne n’a jamais fait quelque chose de désintéressé » (variante du précédent . Si c’était vrai, il faudrait mettre à la poubelle tous les écrits de Kant sur la morale, car Kant définit précisément les comportements moraux par leur caractère désintéressé. Donc si vous pensez cela, ne le dites pas le jour du bac).
« La science détient la vérité » ( non : la science élabore des théories qui rendent compte partiellement de la réalité, mais qui ne sont jamais définitives ni complètes. Elle ne peut « détenir » quoique ce soit).
« Ce qui, dans la science, est vrai à un moment, devient faux par la suite, et vice versa » (inexact : les thèses scientifiques sont provisoires, mais elles ne sont pas annulées ni renversées ni réfutées par les théories ultérieures. En revanche, elles sont en règle générale, affinées, nuancées, complétées, englobées dans des théories plus complètes, et donc relativisées. La thèse de Ptolémée (90-168) (« la terre est le centre du monde ») n’était pas "vraie", ni scientifique. Mais, à l’époque, on tenait pour « scientifique » toute représentation cohérente, plausible et apparemment complète des phénomènes. La conception de la science était encore floue.
« Rousseau veut retourner à l’état de nature » absurde. Nul ne peut vouloir sérieusement revenir en arrière, nul ne peut envisager d'abolir la civilisation. L'homme est un être de culture).
« Platon pense que l’art est inutile et le condamne » (inexact, approximatif : Platon ne critique que la poésie et la peinture).
« Le projet politique de Rousseau dans le Contrat social est utopique » (inexact. Ce n’est pas un projet politique "utopique" mais une théorie qui sert de référence pour juger ce qui est souhaitable)
« Pour comprendre une œuvre d’art, il faut en déchiffrer le message » (Non : les œuvres d’art n’ont pas forcément un message ; mais surtout, en art, le contenu ne peut être dissocié de la forme. Donc le « message », s'il y en a un, c’est ce qui, dans l’oeuvre, ne relève pas de l’art).
« L’art abstrait a pour contenu des idées abstraites » (faux : l’art abstrait ne cherche pas à communiquer des idées. Mais il est non figuratif).
« La religion peut se définir comme le fait de croire en un Dieu » (faux : la plupart des religions pratiquées dans le monde aujourd’hui même ne se réfèrent à aucun Dieu (animisme, fétichisme, chamanisme, bouddhisme, syncrétisme etc…) ou bien à plusieurs divinités (hindouisme, shintoisme). Le monothéisme, dans l'histoire de l'humanité, est un cas très particulier!
« Les stoïciens sont fatalistes et résignés » (incorrect : la doctrine stoïcienne prône un coopération active et joyeuse au destin).
« Pour la doctrine déterministe, l’homme n’est pas libre » (inexact : c’est le fatalisme qui nie la liberté, pas le déterminisme).
« Machiavel défend dans Le Prince un régime de type dictatorial » (faux : Machiavel est républicain, mais il constate que la fondation d’un Etat appelle des procédés souvent peu catholiques).
« La beauté est relative au goût de chacun » (faux : l’agréable varie selon le goût de chacun, au contraire le beau est susceptible de plaire universellement)
« Les philosophes pensent que l’homme doit en toute circonstance suivre la raison » (faux : Pascal a dit que c’est une erreur de croire que l’homme n’est constitué que d’une partie rationnelle. Saint Augustin, Kant etc… estiment eux aussi que la raison seule ne suffit pas pour mettre l’homme sur la voie du salut. D’autres encore (Nietzsche, Heidegger) critiquent la raison.
« La démocratie est le régime politique le meilleur » (oui, bien sûr, mais en même temps : c’est « le pire de tous - à l’exception de tous les autres » selon Churchill. Bref, ce n'est pas un régime parfait)
« Les philosophes veulent « éradiquer » toute opinion » (faux : Platon par exemple, insiste sur le rôle de l’opinion droite dans le Ménon. H. Arendt montre qu’il ne peut y avoir de démocratie fondée sur le savoir incontestable de ce qui est juste ou vrai, un tel savoir n’existe pas, et aucun homme ne peut se prévaloir de ce type de savoir.)
« Toute inégalité est injuste » (à nuancer : revoyez votre cours sur la justice)
« La justice, c’est de traiter tout le monde également » (faux, parce que réducteur : revoyez la définition de la justice et de l’équité).
« Aimer ne peut être un devoir, car on ne peut se forcer à aimer » (à nuancer : revoyez votre cours sur la morale de Kant).
« Parce que nous vivons en société, nous ne pouvons être libres » ( Mais non! Car l’homme ne peut pas se passer de ses semblables, il est un « animal politique » (Aristote) ). La liberté est une construction collective. C’est un fantasme puéril de croire qu’à l’ « état de nature », ou bien à l'écart de toute société (cf le film Into the wild) nous pourrions être heureux et libres. Seuls des êtres d’exception peuvent y parvenir, et en général soit ils ont la foi, soit ils écrivent (pour la postérité), comme le fameux philosophe américain Thoreau (1817-1862) qui a vécu plusieurs mois dans une cabane dans un bois (mais tout près de la ville) aux Etats-Unis.
« L'homme contemporain est placé sous transfusion sportive permanente. En jet continu l'information sportive pénètre profondément en lui, entrant en fusion avec Son être intime. La télévision, les radios, Internet, la presse écrite se font les constants instruments de cette transfusion. Lors d'une Coupe du monde de football ou de rugby, ou lors de jeux Olympiques, les doses sont centuplées. Que transfuse-t-il, jour après jour, le sport-spectacle? Le culte de la performance. L'amour de la loi du plus fort. Le fanatisme de l'évaluation. La légitimité de la tricherie: le «pas vu pas pris» (si, dans un sport collectif, un arbitre appliquait à la lettre le règlement, il n'y aurait plus de match). […] .
La disproportion des valeurs saute aux yeux: des mercenaires immatures et cupides tapant dans un ballon sont élus au rang de divinités quand les véritables créateurs de civilisation, dont l'avenir retiendra les noms - poètes, penseurs, peintres, sculpteurs, savants -, sont rejetés dans l'ombre. La justification de l'univers de l'argent fou, celui-là même qui est à la source de la crise économique - le salaire d'un patron d'une entreprise du CAC 40 passe pour salaire de pauvre comparé à ceux des stars du ballon rond. La contradiction éclate aux yeux de tout citoyen lucide: la même société ne peut pas dire à la fois qu'elle veut promouvoir le Sport en le présentant comme exemple de vie et réintroduire des cours de morale à l'école primaire.
Loin d'être un opium qui endormirait, le Sport est une matrice de types humains autant que de types de société. Ainsi il n'est pas un reflet - selon la croyance d'une plate et paresseuse sociologie, le football refléterait la société, pour le meilleur et pour le pire - mais l’inverse: le sport structure la société, la modèle, la contraint à lui ressembler. Par exemple: les injonctions nées dans le sport - il faut avoir un «mental de gagnant », être performant, être un battant, devenir le plus fort, bref les impératifs catégoriques du catéchisme sportif - sont répercutées en écho dans tous les domaines de l'existence (l'entreprise, la fonction publique, les loisirs, la vie privée, la vie familiale). Le sport constitue un vivier inépuisable de métaphores visant, en dehors du domaine sportif, à automatiser les conduites humaines, à rendre les hommes plus accrocheurs, plus hargneux, plus compétitifs, moins civilisés . » Robert Redeker, L'empire du sport (F.B. 2012)
Voici un premier extrait du dernier livre de R. Redeker
« Le sport est une idéologie, c'est-à-dire une vision globale, totalisante, de l'homme et du monde au même titre que le communisme) le fascisme, le libéralisme) les religions. Il exalte la victoire, la compétition, le plus fort, la démesure, les vainqueurs. En même temps Il est une parodie de religion. Il use de rituels calqués sur les rituels religieux. Mais cette mimétique est du toc - aucun message spirituel ne s'en dégage. De ce point de vue, le sport est le semblant de religieux de l’époque que le philosophe Gilles Lipovetsky appelle« l’ère du vide ». Comme les discours et récits religieux dans certaines contrées , les sports occupent sans retenue ni honte l'espace médiatique dans le monde occidental que l'on peut appeler « le monde du vide », le monde où le vide s'est imposé. Les discours sportifs saturent ce monde. Parfois ils dévorent le Journal télévisé dans son entier. Nul ne peut échapper à l'information sportive. Cette overdose de sport est nihiliste au sens nietzschéen du mot: elle renverse toutes les valeurs, détruit la hiérarchie dans l'information. Au lieu de se réduire à quelques phrases en fin de journal, à une moitié de page, l'information sportive, qui est par sa nature insignifiante, fait passer ce qui est important au second plan. Le sport prend toute la place. C'est cette usurpation, entraînant une corruption généralisée du bon sens, qui est le nihilisme. Le Sport a une structure totalitaire: il est aussi impossible dans nos sociétés de lui échapper qu'il était impossible d'échapper à la propagande idéologique dans l'URSS stalinienne ou la Chine maoïste ». Robert Redeker , L’empire du sport , FB éditeur, 2012
Chez les manchots, elle s'explique par le climat.
Mais chez l'homme?
"La manipulation consciente des masses joue un rôle important dans une société démocratique" Propaganda (1920)Edwards Bernays, inventeur de la publicité aux Etats-Unis
Lire l'article de Hervé Kempf à propose du choix entre croissance et austérité , p 17 du MOnde ce soir
"Croissante propagande"