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14 janvier 2017 6 14 /01 /janvier /2017 12:43

 Le labeur, l’œuvrer et l’action
 Tout d’abord, le travail (le labeur)  n’est pas la seule activité qui soit caractéristique de l’homme. En dehors du travail Hannah Arendt cite :   l’œuvre, autrement dit l’activité créatrice,  artistique, et ce qu’elle appelle l’action. Le travail est selon elle l’activité qui correspond au processus biologique du corps humain, activité par laquelle il se rapproche de l’animal. À l’opposé
l’œuvre est l’activité qui correspond à - dit-elle - « la non naturalité » de l’existence humaine autrement dit l’activité par laquelle il se différencie le plus de l’univers nature du monde animal notamment. 

   L’action est la condition de toute vie politique c’est l’activité qui « correspond à la condition humaine de la pluralité » c’est-à-dire qui permet aux hommes de vivre ensemble tout en étant   différents les  uns des autres et acceptant cette différence. Le monde moderne a eu tendance à remplacer l’artisanat par le travail : le résultat est que les objets du monde moderne sont devenus des produits du travail dont  le destin est d’être consommés par opposition aux produits d’une œuvre destinée à durer. 

Quant à l’activité noble par excellence, l’action politique, son image ne cesse de se dégrader dans le monde. Pour Hannah Arendt,  Aristote,  ce  fut pourtant cette aptitude à constituer un monde à la fois pluriel et commun qui caractérise l’homme et non pas le travail. Pour elle contrairement à Marx, il n’y a pas de différence fondamentale entre la construction et le travail industriel par exemple.

On notera que Alain défend la même thèse quoique avec des arguments différents :  le domaine  du travail et celui de la répétition indéfinie du même. Alain oppose des « ruines vénérables » à des déchets industriels par exemple.

Le travail aliéné

D’autre part, le travail n’est pas toujours  gratifiant ni épanouissant ni émancipateur ni humanisant. 

L’homme se réalise dans son travail dans la mesure où la nature devient son œuvre et sa réalité nous dit Marx. En ce sens,  il s’objective : c’est l’aliénation au sens de Hegel, c’est-à-dire dans son  sens positif.       L’homme se réalise par le travail ?  Sauf que dans le travail aliéné -  ce qui était  quand même le cas le plus courant au 19 siècle,  quand Marx le dénonce - , l’homme est privé de sa vie essentielle, de sa vie générique. On a donc chez Marx cette position paradoxale : le travail est l’essence de l’homme,  mais,  par le travail, l’homme se départit de son essence.

C’est pourquoi dans le même ordre d’idées, dans la filiation même des thèses marxistes, on peut considérer (Paul Lafargue) qu’il n’est pas raisonnable que l’homme cherche l’accomplissement de soi dans le seul travail. Aujourd’hui des auteurs comme André Gorz et Dominique  Meda affirment  qu’il est grand temps de désenchanter le travail et de relativiser sa valeur.

 
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8 janvier 2017 7 08 /01 /janvier /2017 14:42
Alerte urgence Hubert Reeves
  • En saccageant cet écosystème à un rythme effréné, en continuant a vivre avec l'injonction biblique d'une domination de l'homme sur une nature à notre service, nous réduisons considérablement nos chances de conserver une « vie vivable ». C'est la survie même de l'espèce humaine qui est aujourd'hui en jeu, avec le risque qu'elle disparaisse. L'urgence est extrême. » 

 

(Sur l’espèce humaine) « Nous sommes aussi l’espèce la plus destructrice qui soit, salle qui pourrait avoir éliminé la moitié des autres d'ici à la fin du siècle. Les tortues, elles, ont traversé 200 millions d’années. 

 

 

( Sur la disparition de l'environnement des débats de la campagne présidentielle)

 « Je pense que l'électoralisme passe avant le bien public. Le thème de l'écologie n'est pas assez porteur. Autant le chômage peut nous toucher autant la perte de biodiversité passe quasi inaperçue. La diminution du nombre de vers de terre, que j’évoquais, ne fait pas la Une des journaux. Il faudrait pour cela qu'elle génère des catastrophes » 

 Le JJD 8 janvier 2017

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8 janvier 2017 7 08 /01 /janvier /2017 14:41

Pourquoi s’intéresser aux animaux en tant que philosophe ?

« Depuis l’Antiquité, la question animale est stratégique. Les humains se sont distingués des animaux pour cerner ce qu’ils pensaient avoir en propre : la raison, le langage articulé. Pour moi, nos rapports aux animaux sont le miroir de ce que nous sommes devenus. Le système actuel de production de la viande reflète une société fondée sur l’exploitation sans limite des autres vivants. Le profit commande la réduction constante des coûts de revient, au mépris des animaux et du sens du travail humain. La dénonciation des conditions actuelles de vie et de mort des animaux s’inscrit dans un contexte plus large, lié à la critique d’un modèle de développement générateur de contre-productivités (sur le plan social et environnemental) et à une réflexion sur ce que pourrait être une société plus juste, dans laquelle les règles ne seraient pas déterminées pour le seul bénéfice des humains et même d’une minorité de personnes.
 « La cause animale est la cause de l’humanité » Libération 7 et 8 janvier 2017

 

http://www.liberation.fr/debats/2017/01/06/corine-pelluchon-la-cause-animale-est-la-cause-de-l-humanite_1539586

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2 janvier 2017 1 02 /01 /janvier /2017 17:51
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2 janvier 2017 1 02 /01 /janvier /2017 12:45
Pourquoi je suis radical (e)

Lettre de Victor Hugo à Lamartine pour expliquer pourquoi il avait écrit " Les Misérables " .
( Illustration : " Cosette ", d'Emile Bayard )
« Mon illustre ami,
Si le radical, c’est l’idéal, oui, je suis radical. Oui, à tous les points de vue, je comprends, je veux et j’appelle le mieux ; le mieux, quoique dénoncé par le proverbe, n’est pas ennemi du bien, car cela reviendrait à dire : le mieux est l’ami du mal. Oui, une société qui admet la misère, oui, une religion qui admet l’enfer, oui, une humanité qui admet la guerre, me semblent une société, une religion et une humanité inférieures, et c’est vers la société d’en haut, vers l’humanité d’en haut et vers la religion d’en haut que je tends : société sans roi, humanité sans frontières, religion sans livre. Oui, je combats le prêtre qui vend le mensonge et le juge qui rend l’injustice. Universaliser la propriété (ce qui est le contraire de l’abolir) en supprimant le parasitisme, c’est-à-dire arriver à ce but : tout homme propriétaire et aucun homme maître, voilà pour moi la véritable économie sociale et politique. Le but est éloigné. Est-ce une raison pour n’y pas marcher ? J’abrège et je me résume. Oui, autant qu’il est permis à l’homme de vouloir, je veux détruire la fatalité humaine ; je condamne l’esclavage, je chasse la misère, j’enseigne l’ignorance, je traite la maladie, j’éclaire la nuit, je hais la haine. Voilà ce que je suis, et voilà pourquoi j’ai fait Les Misérables. Dans ma pensée, Les Misérables ne sont autre chose qu’un livre ayant la fraternité pour base et le progrès pour cime. Maintenant jugez-moi. » […]

 (Merci Gilles D’Ambra Azzopardi qui a mis ce texte en ligne ,je recopie faute de réussir à partager)

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31 décembre 2016 6 31 /12 /décembre /2016 16:13
Bonne année (quand même ...)
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31 décembre 2016 6 31 /12 /décembre /2016 16:13

« On pourrait définir la mélancolie de gauche comme le résultat d’un deuil impossible: le communisme est à la fois une expérience finie  et une perte irremplaçable, à une époque où la fin des utopies  empêche la séparation de l’idéal perdu comme tout transfert libidinal vers un nouvel objet d’amour.
(..)
On pourrait toutefois objecter que c’est la manque d’une vision et d’un esprit nouveaux qui entrave toute possibilité de se distancer de l’objet perdu et de surmonter sa disparition » Enzo Traverso, Mélancolie de gauche, La force d’une tradition cachée (XIX - XXI e siècle);, Editions La découverte, 2016

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30 décembre 2016 5 30 /12 /décembre /2016 18:28
" (Le spectacle) est le soleil qui ne se couche jamais sur l'empire de la passivité moderne. Il recouvre toute la surface du monde et baigne dans sa propre gloire" Guy Debord 
 
 
 
http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/12/30/de-donald-trump-a-kanye-west-la-satiete-du-spectacle_5055500_3232.html
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29 décembre 2016 4 29 /12 /décembre /2016 18:24

A lire ici 

 

 

http://iphilo.fr/2016/12/27/comment-vaincre-les-passions-tristes-en-politique-avec-spinoza/

 
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22 décembre 2016 4 22 /12 /décembre /2016 10:12

Article « Fanatisme », Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif, 1764 

« Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances; il pourra bientôt tuer pour l'amour de Dieu. 
Barthélemy Diaz fut un fanatique profès. Il avait à Nuremberg un frère, Jean Diaz, qui n'était encore qu'enthousiaste luthérien, vivement convaincu que le pape est l'antechrist, ayant le signe de la bête. Barthélemy, encore plus vivement persuadé que le pape est Dieu en terre, part de Rome pour aller convertir ou tuer son frère: il l'assassine; voilà du parfait: et nous avons ailleurs rendu justice à ce Diaz. 
Polyeucte, qui va au temple, dans un jour de solennité, renverser et casser les statues et les ornements, est un fanatique moins horrible que Diaz, mais non moins sot. Les assassins du duc François de Guise, de Guillaume prince d'Orange, du roi Henri III, du roi Henri IV, et de tant d'autres, étaient des énergumènes malades de la même rage que Diaz. 
Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n'allaient point à la messe. Guyon, Patouillet, Chaudon, Nonotte, l'ex-jésuite Paulian, ne sont que des fanatiques du coin de la rue, des misérables à qui on ne prend pas garde: mais un jour de Saint-Barthélemy ils feraient de grandes choses. 
Il y a des fanatiques de sang-froid: ce sont les juges qui condamnent à la mort ceux qui n'ont d'autre crime que de ne pas penser comme eux; et ces juges-là sont d'autant plus coupables, d'autant plus dignes de l'exécration du genre humain, que, n'étant pas dans un accès de fureur comme les Clément, les Chastel, les Ravaillac, les Damiens, il semble qu'ils pourraient écouter la raison. 
Il n'est d'autre remède à cette maladie épidémique que l'esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les moeurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dés que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l'air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l'esprit l'exemple d'Aod qui assassine le roi Églon; de Judith qui coupe la tête d'Holopherne en couchant avec lui; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag; du prêtre Joad qui assassine sa reine à la porte aux chevaux, etc., etc., etc. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l'antiquité, sont abominables dans le temps présent: ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne. 
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage: c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre. 
Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant? 
Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s'échauffaient par degrés parmi eux: leurs yeux s'enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits. 
Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient: « Il faut du sang ». Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes. 
Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. Il n'y a eu qu'une seule religion dans le monde qui n'ait pas été souillée par le fanatisme, c'est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède; car l'effet de la philosophie est de rendre l'âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c'est à la folie des hommes qu'il faut s'en prendre. » 


 

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