Pour tous ceux qui, comme mes élèves, commencent à étudeir Descartes, je vous propose un vocabulaire:
VOCABULAIRE DESCARTES (les propos entre guillemets sont de Descartes, extrait des Méditations ou des réponses aux objections)
Dieu : « Substance que nous entendons être souverainement parfaite et dans laquelle nous ne concevons rien qui enferme quelque défaut ou limitation de perfection ». Cause efficiente : cause réelle, effective, de quelque chose : « le rien ne peut être la cause efficiente de quelque chose ».
Doute : décision de refuser de croire ce qui n’est pas certain ; suspension provisoire du jugement (il est « hyperbolique », c’est-à-dire exagéré chez Descartes).
Hyperbolique : exagéré, démesuré.
Radical : qui vise non pas le contenu du savoir, mais ses principes, qui s’attaque à la base.
Esprit : Substance dans laquelle réside immédiatement la pensée.
Substance : « Ce qui peut exister séparément » : ou encore « toute chose dans laquelle réside quelque propriété ou attribut en tant que sujet ».
Corps :Sujet de l’ « extension » et des accidents qui présupposent l’extension : figure, situation, mouvement (nota bene : l’étendue désigne la chose étendue, dont l’extension est la propriété).
Attributs : Propriétés d’une substance. L’ « attribut essentiel » est tel que la substance ne se peut concevoir sans lui (l’étendue est l’attribut essentiel du corps, la conscience l’attribut essentiel de l’âme).
Accidents : Propriétés de la substance ( qui n’existent pas indépendamment d’elle). Une propriété accidentelle (non essentielle) est une propriété qu’on peut ne pas avoir par opposition aux propriétés substantielles (ou essentielle) qui font qu’une chose est ce qu’elle est.
Certain : Ce dont il est absolument impossible de douter.
Esprit : Substance dans laquelle réside immédiatement la pensée.
Imagination : Faculté de se représenter les choses matérielles en leur absence (« Une certaine application de la faculté qui connaît au corps qui lui est intimement présent » Méditation 5). Exemple : on peut imaginer un triangle, mais pas un chiliogone (figure à mille côtés), que l’on ne peut que concevoir.
Entendement : Faculté de former des idées claires et distinctes ; puissance de concevoir. Seul il nous permet de percevoir ( la perception est une « inspection de l’esprit ») les objets pour ce qu’ils sont : c’est-à-dire en comprenant ce que nous voyons : « Je comprends par la seule puissance de juger qui réside en mon esprit ce que je croyais voir de mes yeux » (Seconde Méditation) ;
Idée : Tout ce qui est conçu par l'esprit et qui représente quelque chose : « tout ce qui est dans notre esprit lorsque nous concevons une chose, de quelque manière que nous la concevions » (à ne pas confondre avec les images qui « dépendent de la « fantaisie corporelle » ni avec les autres « pensées » : « jugements » et « actions et affections ». (Nota bene : les idées en tant que telles ne peuvent être vraies ou fausses : seuls les jugements peuvent l'être. Exemple : « je vois un lion », n'est ni vrai ni faux. Mais « il y a un lion » est vrai ou faux).
Clair : (par opposition à obscur) Présent et manifeste à un esprit attentif ;
Distinct : (par opp. à confus) : parfaitement clair. Dont tous les éléments sont clairs. Qui ne comporte aucun élément confus ou caché.
Evident : Est évidente une idée « tellement claire et tellement distincte que même les plus extravagantes suppositions des sceptiques ne peuvent le mettre en doute ».
Image : Représentation singulière, sensible, d'une chose corporelle. Une image est comparable à une peinture.
Jugement : Acte d'affirmer ou de nier ;
Percevoir : Identifier quelque chose, ce que seule peut faire une pensée.
Qualités sensibles : ce que nous livrent nos cinq sens (couleur, odeur, saveur), et qui ne nous renseigne pas sur la vraie réalité des choses . Les qualités « premières » sont celles qui sont stables et toujours perçues (poids, solidité, extension), les qualités « secondes » sont fluctuantes (chaleur, couleur, consistance..).
Pensée : « Tout ce qui est immédiatement en nous et que nous connaissons immédiatement », autrement dit : ce qui reste , une fois éliminée toute extériorité . Je suis une chose pensante c'est-à-dire : « une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent ». La pensée, c'est tout ce qui appartient à ma nature, et n'en peut être dissocié.
Sens : faculté par laquelle nous saisissons les choses matérielles (même en leur absence).
Substance : « ce qui peut exister séparément » : ou encore « toute chose dans laquelle réside quelque propriété ou attribut en tant que sujet » ;
Sujet : La conscience active, en première personne, en tant qu’elle s’oppose à des objets.
Philosophie du sujet : philosophie qui prend pour fondement les certitudes et l’activité de la conscience.
Vrai : Conforme à ce qui existe effectivement. Qui s'impose à mon esprit comme à tout autre esprit.
(Pour la troisième Méditation)
Réalité matérielle et formelle des idées : (« formellement » a plusieurs sens chez Descartes, selon le contexte)
Matérielle : en tant que opération de l'esprit
Formelle (opposé à matériel) : en tant que représentation (d'autre chose) pouvant donc attester de la réalité d'autre chose.
D’autre part :
Réalité objective (d’une idée) : La réalité « objective » est le contenu représentatif par exemple la « réalité objective » de l'idée d'homme, c'est l'homme. La réalité « objective » de l’idée de Dieu, c’est Dieu qui existe effectivement.
Formellement /Objectivement : Formel, en général, la réalité formelle de quelque chose, c'est sa capacité d'agir de produire des effets. « Une chose est formellement dans quelque chose » formellement signifie ici réellement. Lorsque Descartes dit qu’une chose n'existe qu' « objectivement », cela signifie : n’existe qu’en tant que représentation
Formellement / Eminemment : Formellement : effectivement. Eminemment : effectivement, mais à un plus haut degré, d'une manière plus excellente ; (« Il doit y avoir dans la cause d'une idée autant de réalité formelle que cette idée contient de réalité objective »)