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30 mars 2007 5 30 /03 /mars /2007 16:45

Dans une conférence prononcée en 1819, le philosophe libéral Benjamin Constant explique en quoi notre conception de la liberté diffère  de celle des anciens.  Ceux-ci concevaient la liberté comme un pouvoir de décision concernant le bien commun. Un citoyen moderne attend surtout du pouvoir la protection de ses intérêts privés.

Nous ne pouvons plus jouir de la liberté des anciens', qui se composait de la participation active et constante au pouvoir collectif. Notre liberté à nous doit se composer de la jouissance paisible de l'indépendance privée. La part que dans l'antiquité chacun prenait à la souveraineté nationale n'était point, comme de nos jours, une supposition abstraite. La volonté de chacun avait une influence réelle; l'exercice de cette volonté était un plaisir vif et répété. En conséquence, les anciens étaient disposés à faire beaucoup de sacrifices pour la conservation de leurs droits politiques et de leur part dans l'administration de l'État. Chacun sentant avec orgueil tout ce que valait son suffrage, trouvait, dans cette conscience de son importance personnelle, un ample dédommagement.
Ce dédommagement n'existe plus aujourd'hui pour nous. Perdu dans la multitude', l'individu n'aperçoit presque jamais l'influence qu'il exerce. Jamais sa volonté ne s'empreint sur l'ensemble, rien ne constate à ses propres yeux sa coopération. L'exercice des droits politiques ne nous offre donc plus qu'une partie des jouissances que les anciens y trouvaient, et en même temps les progrès de la civilisation, la tendance commerciale de l'époque, la communication des peuples entre eux, ont multiplié et varié à l'infini les moyens de bonheur particulier. [...]
Le but des anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d'une même patrie; c'était là ce qu'ils nommaient liberté. Le but des modernes est la sécurité dans les jouissances privées; et ils nomment liberté les garanties accordées par les institutions à ces jouissances. [...]
La liberté individuelle, je le répète, voilà la véritable liberté moderne. La liberté politique en est la garantie; la liberté politique est par conséquent indispensable. Mais demander aux peuples de nos jours de sacrifier comme ceux d'autrefois la totalité de leur liberté individuelle à la liberté politique, c'est le plus sûr moyen de les détacher de l'une, et quand on y serait parvenu, on ne tarderait pas à leur ravir l'autre.
Benjamin Constant,« De la liberté des anciens comparée à celle des modernes » (1819),dans Écrits politiques, Gallimard, colt. «Folio», 1997, p. 275-276 et 285.

Second extrait:

 " [ chez les anciens] les actions privées sont soumises à une surveillance sévère. Rien n'est accordé à l'indépendance individuelle, ni sous le rapport des opinions, ni sous celui de l'industrie, ni surtout sous le rapport de la religion. [...]
Ainsi chez les anciens, l'individu, souverain presque habituellement dans les affaires publiques, est esclave dans tous ses rapports privés. Comme citoyen, il décide de la paix et de la guerre; comme particulier, il est circonscrit, observé, réprimé dans tous ses mouvements [...]. Chez les modernes, au contraire, l'individu, indépendant dans la vie privée, n'est, même dans les États les plus libres, souverain qu'en apparence. Sa souveraineté est restreinte, presque toujours suspendue; et si à époques fixes, mais rares [...], il exerce cette souveraineté, ce n'est jamais que pour l'abdiquer.
Benjamin Constant,«De la liberté des anciens comparée à celle des modernes» (1819),Écrits politiques, Gallimard, coll. «Folio», 1997, p. 593-595

 

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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 18:47
Voici comment et pourquoi la démocratie "brise la chaîne" qui unissait les hommes dans les siècles aristocratiques:


"Comme, dans les société aristocratiques, tous les citoyens sont placés à poste fixe, les uns au-dessus des autres, il en résulte encore que chacun d'entre eux aperçoit toujours plus haut que lui un homme dont la protection lui est nécessaire, et plus bas il en découvre un autre dont il peut réclamer le concours.
Les hommes qui vivent dans les siècles aristocratiques sont donc presque toujours liés d'une manière étroite à quelque chose qui est placé en dehors d'eux, et ils sont souvent disposés à s'oublier eux-mêmes. Il est vrai que, dans ces mêmes siècles, la notion générale du semblable est obscure, et qu'on ne songe guère à s'y dévouer pour la cause de l'humanité ; mais on se sacrifie souvent à certains hommes.
Dans les siècles démocratiques, au contraire, où les devoirs de chaque individu envers l'espèce sont bien plus clairs, le dévouement envers un homme devient plus rare : le lien des affections humaines s'étend et se desserre.
Chez les peuples démocratiques, de nouvelles familles sortent sans cesse du néant, d'autres y retombent sans cesse, et toutes celles qui demeurent changent de face ; la trame des temps se rompt à tout moment, et le vestige des générations s'efface. On oublie aisément ceux qui vous ont précédé, et l'on n'a aucune idée de ceux qui vous suivront. Les plus proches seuls intéressent.
Chaque classe venant à se rapprocher des autres et à s'y mêler, ses membres deviennent indifférents et comme étrangers entre eux. L'aristocratie avait fait de tous les citoyens une longue chaîne qui remontait du paysan au roi ; la démocratie brise la chaîne et met chaque anneau à part.
A mesure que les conditions s'égalisent, il se rencontre un plus grand nombre d'individus qui, n'étant plus assez riches ni assez puissants pour exercer une grande influence sur le sort de leurs semblables, ont acquis cependant ou ont conservé assez de lumières et (le biens pour pouvoir se suffire à eus-mêmes. Ceux-là ne doivent rien à personne, ils n'attendent pour ainsi dire rien de personne ;ils s'habituent à se considérer toujours isolément, ils se figurent volontiers que leur destinée toute entière est entre leurs mains.
Ainsi, non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains ; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre coeur.
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, deuxième partie, 11, chap. Il, Oeuvres, t /I, Paris, 1992, Gallimard, Coll. La Pléiade, pp. 612-614_

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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 18:44
Il n'est pas sûr que l'amour de la liberté soit communément partagé si l'on croit Tocqueville:


"Or, d'où vient-elle, cette liberté si nécessaire et si souvent absente ? « Je me suis souvent demandé où est la source de cette passion de la liberté politique qui, dans tous les temps, a fait faire aux hommes les plus grandes choses que l'humanité ait accomplies, dans quels sentiments elle s'enracine et se nourrit". » La réponse est décevante et décisive : « Ce qui, dans tous les temps, lui a attaché si fortement le eceur de certains hommes, ce sont ses attraits mêmes, son charme propre, indépendant de ses bienfaits ; c'est le plaisir de pouvoir parler, agir, respirer sans contrainte, sous le seul gouvernement de Dieu et des lois. Qui cherche dans la liberté autre chose qu'elle-même est fait pour servir... Ne me demandez pas d'analyser ce goût sublime, il faut l'éprouver. Il entre de lui-même dans les grands coeurs que Dieu a préparés pour le recevoir ; il les remplit, il les enflamme. On doit renoncer à le faire comprendre aux âmes médiocres qui ne l'ont jamais ressenti.
Cette liberté politique, dont la présence ou l'absence a une si grande importance pour le destin général des sociétés, a ainsi sa source dans une expérience inanalysable et incommunicable de certains hommes, dans un don fait directement par la nature, par Dieu à certains hommes. Ainsi seulement paraît surmontée l'alternative entre les deux formes de liberté, la liberté-privilège de l'aristocratie et la liberté-droit commun de la démocratie. D'une part la liberté politique est la chose la plus indispensable aux hommes s'ils veulent mener une vie pleinement humaine puisqu'elle « crée la lumière qui permet de voir et de juger les vices et les vertus des hommes  » ; d'autre part, la présence de cette composante essentielle de la vie humaine n'est ni assurée (on ne trouve pas l'amour de la liberté dans tous les hommes, loin s'en faut) ni susceptible d'être produite à volonté par les hommes (sa seule source est dans la nature)".

Ancien Régime et la Révolution  I, pp. 301.302.  et A.R.R., 1, p. 217
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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 13:40
Les textes ont été rassemblés par Michael Foessel et Fabien Lamouche.
Michael Foessel est également l'auteur de Le mal (Hatier), et d'une présentation de La religion dans les limites de la simple raison (Hatier) et Projet de paix perpétuelle de Kant (Hatier)
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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 13:37

C'est le nouveau slogan de Ségolène Royal. Lire .

La France Présidente.Ségolène Royal.
Qu'en pensez-vous?

 (La France, c'est moi?)

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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 16:25

                                        Même bienveillant, le despotisme détruit nos droits fondamentaux en faisant de nous d'éternels mineurs:

"La liberté en tant qu'homme, j'en exprime le principe pour la constitution d'une communauté dans la formule : personne ne peut me contraindre à être heureux d'une certaine manière (celle dont il conçoit le bien-être des autres hommes), mais il est permis à chacun de chercher le bonheur dans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu'il ne nuise pas à la liberté qui peut coexister avec la liberté de- chacun selon une loi universelle possible (autrement dit, à ce droit d'autrui). - Un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, tel celui du père envers ses enfants, c'est-à-dire un gouvernement paternel, où par conséquent les sujets, tels des enfants mineurs incapables de décider de ce qui leur est vraiment utile ou nuisible, sont obligés de . se comporter de manière uniquement passive, afin d'attendre uniquement du jugement du chef de l'État la façon dont ils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté qu'il le veuille également, - un tel gouvernement, dis-je, est le plus grand despotisme que l'on puisse concevoir (constitution qui supprime toute liberté des sujets qui, dès lors, ne possèdent plus aucun droit)".
KANT

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27 mars 2007 2 27 /03 /mars /2007 14:11

Praxitèle  au Louvre!


"Lignée éblouissante. Selon une anecdote célèbre, des délégués de l'île de Cors ayant à choisir entre deux statues d'Aphrodite dans l'atelier de Praxitèle choisirent, par décence, celle qui était drapée. Grave erreur: Sa voisine est restée dans l'histoire comme le premier nu féminin intégral del'art occidental, la première déesse d'une lignée éblouissante de beautés dévêtues, sans laquelle la civilibation européenne ne serait pas ce qu'elle est. Voisine de Cos, Cnide a installé l'autre statue, l'Aphrodite sans voile, dans son temple, le transformant du coup en must culturel et touristique de l'Antiquité. Une des versions du type Aphrodite de Cnide est appelée Vénus du Belvédère."
 C'est dans Libé

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26 mars 2007 1 26 /03 /mars /2007 18:24
La liberté guidant le peuple.
 
 C'est très tendance...
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26 mars 2007 1 26 /03 /mars /2007 18:20


Je recommande aussi Raphael et la Fornarina, de ¨Picasso
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26 mars 2007 1 26 /03 /mars /2007 18:18
VOus en trouverez des beaucoup plus corsés sur google , en tapant Mapplethorpe
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