Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 13:31

 

 L’homme est le seul  « animal politique ». Aristote relève cette spécificité en l’associant étroitement au langage, en tant qu’il est à la source des communautés humaines, et à la justice, qui est la fin de la cité.

 

« Il est évident que l’homme est un animal politique plus que n’importe quelle abeille et que n’importe quel animal grégaire. Car, comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain ; or seul parmi les animaux l’homme a un langage. Certes la voix est le signe du douloureux et de l’agréable, aussi la rencontre-t-on chez les animaux ; leur nature, en effet, est parvenue jusqu’au point d’éprouver la sensation du douloureux et de l’agréable et de se les signifier mutuellement. Mais le langage existe en vue de manifester l’avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l’injuste. Il n’y a en effet qu’une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l’injuste et des autres notions de ce genre. Or avoir de telles notions en commun c’est ce qui fait une famille et une cité. »

 

Aristote, Les Politiques [environ 325-323 av. J.C.], Livre I, chapitre 2, 1253 a 8 – 1253 a 19, trad. par P. Pellegrin, GF, 1990, p. 91 – 92

 

Partager cet article
Repost0
18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 13:27

 Justice commutative : Chez Aristote : justice qui attribue qui chacun ce qui lui est dû suivant un strict principe d’équivalence.  C’est la justice qui prévaut dans les échanges commerciaux et dans les litiges  (justice pénale)

Justice distributive :  Chez Aristote, justice qui  obéit à un principe inégalitaire, puisqu’elle distribue à chacun des avantages et des responsabilités variables suivant les talents, les compétences etc.. On ne doit pas, dit Aristote, attribuer la meilleure flûte  à l’étudiant le plus appliqué, mais au meilleur musicien.

Equité :  (etym :  aequitas , « égalité d’âme », « honnêteté », « esprit de justice ») 1) Chez Aristote : esprit de justice, souci de respecter l’esprit de la loi plutôt que sa lettre, au point d epouvoir parfois prendre une décision contre la loi : « corriger la loi, dans la mesure où celle-ci se montre insuffisante en vertu de son caractère général » 2) Selon John Rawls : principe  de justice souple  qui vise le bien commun, mais qui ne peut être figé ;  on admettra que les meilleurs dispositifs  ne peuvent être fixés  une fois pour toutes. Au contraire une distribution  équitable des bénéfices du marché, des charges et des avantages sociaux, doit  admettre  des  redéfinitions et des remaniements constants en fonction de l’évolution des inégalités et des moyens  appropriés  de  rendre  celles-ci profitables à tous, autant que faire se peut.

Egalité : (etym : latin aequalitas, de aequare, « aplanir », « rendre égal à »). 1) mathématiques : qualité de grandeurs équivalentes c’est-à-dire substituables les unes aux autres.  2) Egalité civile et juridique : principe selon lequel les individus sont égaux devant la loi, c’est-à-dire ont les mêmes obligations et les mêmes droits 3) Egalité politique : principe selon lequel  tous les citoyens , dans une société donnée , peuvent participer  aux décisions d’ordre général ainsi qu’au débat public.

Egalité formelle : égalité des hommes en tant qu’elle est établie et garantie par la loi. L’égalité formelle est une égalité théorique, une égalité sur le papiers. « Formelle » peut être compris de façon péjorative : abstraite ou même fictive

Etat de droit : Conception moderne et juridique de l’Etat qui le définit par la capacité de s’autolimiter, afin d’empêcher toute dérive tyrannique ou despotique. Un  Etat de droit est un Etat à la fois républicain (voir la définition  de la république) et démocratique, c’est-à-dire dont peuple est  tenu pour souverain. Les fondements théoriques de l’Etat de droit se trouvent chez les théoriciens du Contrat social (en particulier  Locke et Rousseau). Dans un Etat de droit, les droits fondamentaux des hommes sont garantis par la loi (la Constitution), à tel point  que l’homme a des droits qu’il peut revendiquer contre l’Etat, et faire valoir auprès de l’Etat  (voir le chapitre : Pour limiter le pouvoir de l’Etat, peut-on s’en remettre à l’Etat)

Droit : (etym : latin directus, « droit », ni courbe ni  tordu ; ce qui est conforme à la règle) 1) Sens courant : pouvoir moral d’exiger quelque chose en vertu d’une règle ou d’un principe reconnu. Les droits  procèdent toujours de contrat tacites qui fixent  des obligations correspondant à ces  droits : il n’y a pas de droits sans devoirs réciproques. 2) Sens juridique : ensemble des règles et des normes qui encadrent la vie sociale et qui s’expriment par des lois. Le droit « positif » est le droit en vigueur dans telle ou telle société.  Le « droit public » est celui qui concerne les rapports des citoyens avec le pouvoir. Le « droit international » régit les rapports des nations les unes avec les autres ainsi que les relations entre les sujets de ces nations. 3) Philosophie : le droit « naturel » ou encore « rationnel »  est celui qui est censé résulter de la nature de l’homme  en tant qu’elle préexiste à toute disposition conventionnelle.  Le droit naturel est posé comme supérieur à toute législation positive ; il constitue la référence indispensable pour tout homme qui refuse de se soumettre au droit positif pour des raisons morales  (droit de désobéir, incarné par Antigone ou Socrate).

Droits formels/droits créances : 
 
Droits formels : ce  sont les droits-libertés 

proclamés notamment en France en 1789. Ils définissent pour l’individu des possibilités intellectuelles (liberté de pensée, d’expression, de culte..) ou physiques (liberté de déplacement , de travail, de réunion, de commerce..). La fonction de la loi est d’interdire toute action qui priverait quelqu’un de l’un de ces droits : « La loi doit protéger la liberté publique et individuelle contre l’oppression de ceux qui gouvernent » (Déclaration de 1793). Droits créances : pouvoir d’obliger l’Etat à un certain nombre de services. De tels droits ont introduits progressivement  en France par la constitution de 1791 puis 1848, et dans le droit international (Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948) : ce sont les droits économiques et sociaux tels que le droit au  au repos, à la sécurité matérielle, à l’instruction, à trouver un emploi, à la grève, à une juste rémunération, à la retraite etc…

Marché : ensemble des processus qui gouvernent les relations économiques entre les hommes   en fonction desquels les prix des services et des marchandises sont fixés conformément à la loi de l’offre et de la demande,  spontanément, c’est-à-dire  indépendamment des décisions de décideurs politiques ou économiques.

 

Partager cet article
Repost0
18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 13:16

Lire les explications ce matin ici de Françoise Vergès, à propos d'Aimé Césaire : Libé

Notez que l'approche est existentialiste:  une "identité dynamique",  "une aspiration jamais défaite à la liberté".

Partager cet article
Repost0
16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 14:05

 Pourquoi l'injustice mobilise-t-elle plus les hommes que la justice?

SUJET IEP 2000. Rapport du jury

Chaque terme de la question posée doit être lu, compris, médité, lui-même interrogé. Non seulement

injustice, terme auquel beaucoup de copies semblent avoir limité et arrêté leur lecture, mais aussi le couple justice/injustice, la corrélation d'intensité (plus), le verbe mobiliser (cf l'étymologie movere), le complément d'objet (les hommes : la foule ? le peuple ? ou chacun d'entre nous ?) et bien sûr la forme interrogative du sujet. Le libellé pose une question : quelles sont les raisons, les mobiles... ? Il ne formule pas un constat, du type l'injustice mobilise plus que la justice... Pourquoi n'est pas la même chose que pour quoi, ni en quoi beaucoup de candidats se sont contentés d'une sorte de catalogue des situations d'injustices, dans le temps ou l'espace.

( Il faut bien parler aussi du nombre relativement important de copies qui n'ont tout simplement pas compris le libellé, du fait d'un contresens sur mobiliser, confondu avec

séduire, fasciner, attirer : ce qui a engendré d'oiseux développements sur la méchanceté foncière de l'homme, où l'on convoquait Gygès et son anneau. Le même maniement incertain de la langue a conduit nombre de candidats à parler d'une mobilisation pour, et non pas contre l'injustice.)

Une fois le libellé compris dans sa littéralité, il fallait faire de la question un problème permettant de repenser les données du sujet. Il fallait se demander quel soupçon sur la justice la formulation du sujet pouvait entraîner. Le terme clé est celui de la

justice, qui devait être compris dans sa complexité, fait et valeur, institution et idéal, et non pas réduit à une seule dimension, celle de l'institution judiciaire, comme l'ont fait un très grand nombre de candidats, peut-être sous l'effet de l'actualité. Ce terme clé devait être confronté (mais sont-elles sur le même plan ?) à son antithétique, l'injustice. S'agit-il de l'injustice qui frappe autrui ou nous-mêmes ? De l'injustice que nous commettons ou dont nous sommes victimes (il semble curieusement que pour une majorité de candidats, seul l'Etat peut être responsable d'injustices) ? Qu'appelons-nous injustice, le désir ou l'intérêt particulier contrariés ? N'invoque-t-on jamais la justice que par intérêt, parce que nous éprouvons une situation comme injuste ? Mais l'injustice est-elle pensable sans l'idée de justice ? Et qu'appelons-nous justice : l'exercice de la légalité, ou le souci de la légitimité, un idéal ? Et si la justice est un idéal, faut-il y renoncer parce qu'on ne saurait l'atteindre ? Le sujet se prêtait à une réflexion plus directement politique : la mobilisation contre l'injustice ne justifie-t-elle pas des moyens que le combat pour la justice ne parvient pas à requérir ? Cette mobilisation est-elle exempte du risque de récupération politique, et n'est-ce pas une façon de se cantonner dans une dénonciation de situations particulières, sans mettre en place un projet général ? Mais l'urgence n'est-elle pas de répondre au scandale de situations injustes ? Le sujet invitait à une discussion fondée sur une analyse de termes complexes et polysémiques, sans en omettre un seul. Les candidats qui ont cru pouvoir esquiver cette exigence première ont été naturellement sanctionnés. Cette esquive, consistant à rédiger une composition parfois copieuse sans trop se préoccuper du sujet, a pu revêtir la forme du recyclage de cours sur des questions telles que le droit, la justice, la généalogie de la loi, le contrat social, qui ne contribuaient pas à traiter le sujet, le sujet servant seulement de prétexte à convoquer des savoirs de seconde main. L'esquive consistait aussi à affirmer d'emblée que se mobiliser contre l'injustice, c'est se mobiliser pour la justice : le problème est jugé résolu avant d'avoir été traité, et même formulé.

Il n'était sans doute pas inutile d'appuyer sa démonstration sur des exemples et des références judicieusement choisis. Des références philosophiques, car la justice est au coeur de la pensée philosophique depuis les Grecs : Platon est souvent cité

(le Gorgias, le Protagoras, la République), mais guère Aristote ; on recourt aussi à Rousseau, à Hobbes, mais l'histoire de la philosophie semble s'arrêter à Hegel, avec parfois des références à Rawls. Des références historiques, à condition qu'elles soient intelligemment sélectionnées. Il était vain, par exemple, de transformer la dissertation en compilation des journaux télévisés, en évoquant le conflit du Kosovo, les drames humanitaires ou de récents conflits sociaux, sans rapport évident avec le sujet. Les exemples puisés dans l'histoire se sont réduits dans beaucoup de copies au procès de Calas et à l'Affaire Dreyfus (qui s'est vu attribuer des grades divers). Enfin, si le rôle joué par les médias dans la mobilisation a été fréquemment souligné, il a été rarement analysé, faute d'outils conceptuels, tels que la médiologie notamment aurait pu en offrir. On ne répétera jamais assez que cette « épreuve d'ordre général », si elle ne comporte pas de programme, requiert une culture solide et maîtrisée. Solide, c'est-à-dire nourrie de lectures personnelles et de connaissances acquises dans le secondaire ou en classe préparatoire ; maîtrisée, c'est-à-dire convoquée à bon escient, mise au service d'une réflexion attentive au sujet, dans un développement composé. Il n'a pas manqué de bons, voire de très bons candidats, pour donner à cette exigence toute sa légitimité.

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 13:56

RAWLS JOHN (1921-2002)
REPÈRES BIOGRAPHIQUES Philosophe américain, né en 1921. Son ouvrage Théorie de la justice (1971) a connu un retentissement considérable aux États-Unis et continue de susciter actuellement de nombreux débats et polémiques. Le succès de l'ouvrage est à la mesure des critiques - aussi nombreuses que véhémentes - qu'il a pu susciter.
Un premier paradoxe
Contemporaine du déclin de la doctrine marxiste, la philosophie de John Rawls renoue avec la tradition idéaliste de la philosophie politique. Écartant tous les faits (comme Rousseau*) dans un premier temps au moins, John Rawls pose le problème de la justice en termes d'instauration : comment pourrait-on instituer, se demande-t-il, une forme juste d'organisation sociale, abstraction faite de toute considération particulière (traditions et moeurs propres à telles et telles sociétés) ? Partant de là, il imagine une situation parfaitement hypothétique (comparable à l'« état de nature* » des anciens théoriciens du contrat* social), dans laquelle un ensemble de personnes doivent choisir les principes de répartition des biens fondamentaux qu'ils souhaitent adopter pour une société à venir. Le point important est le suivant ces personnes ignorent quelle sera leur position dans cette future société (" voile d'ignorance"). Ils ne peuvent donc vouloir favoriser qui que ce soit : par hypothèse donc, ils opteront pour l'organisation la meilleure pour tous, c'est-à-dire pour la solution qui serait la plus avantageuse globalement, et qui ne sacrifierait a priori aucune catégorie sociale (ni les plus favorisés par la naissance, ni les plus démunis, ni qui que ce soit...). La décision générale - pour finir - est très paradoxale : bien qu'aucun individu raisonnable placé dans une telle situation ne puisse désirer une société injuste (qui puisse sacrifier les intérêts ou les droits de quelques-uns au profit de la comnunauté ou de l'une de ses parties), tous pourtant doivent s'accorder sur la reconnaissance du bien-fondé des inégalités sociales et économiques.

Deux principes de base
Les principes retenus seront, selon John Rawls, les suivants
« 1. Chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous, qui soit compatible avec le même système pour les autres.
« 2. Les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon à ce que, à la fois :
 a. on puisse raisonnablement s'attendre à ce qu'elles soient  à l'avantage de chacun ;
b. qu'elles soient attachées à des positions et des fonctions ouvertes à tous  ("Théorie de la justice".)
Le premier principe, qui exprime l'engagement de John Rawls en faveur du libéralisme, signifie que la liberté est le premier des biens et que la justice - conçue comme équité' - est d'abord et essentiellement la répartition égale entre tous les hommes de cela même qui constitue leur valeur et leur dignité. Ce principe ne peut souffrir aucune exception, et il est absolument prioritaire : la liberté de quiconque ne saurait être sacrifiée, en aucun cas, et pour quelque raison que ce soit.
Le deuxième principe en revanche, est beaucoup plus original et ambigu. Que signifie-t-il exactement? Que les inégalités sociales et économiques peuvent être tolérées, en ce sens qu'elles constituent globalement une situation plus fructueuse pour tous (les inégalités, en effet, servent de stimulant à l'activité, elles augmentent les réserves totales de biens et de produits disponibles). Mais cette tolérance rencontre des limites très strictes : les positions les plus favorisées doivent être accessibles à tous (principe démocratique de l'égalité des chances) et les inégalités ne sont tolérables que si elles profitent à tout le monde, ou aux plus défavorisés. Admettons par exemple qu'une disposition soit apparemment très inégalitaire : l'institution d'une école privie de très haut niveau, ou même d'une filière très élitiste dans l'école publique.
Faut-il la rejeter d'emblée ? Certainement pas, répondrait Joint Rawls, car l'une ou l'autre, à certaines conditions (bourses, encouragement et soutien des plus motivés, en particulier lorsqu'ils sont défavorisés), peuvent profiter à tous (ainsi le maintien de classes préparatoires aux grands écoles, en France) peut être justifié si l'on décide d'en faciliter l'accès aux étudiants boursiers... ).
La théorie de John Rawls a été contestée par les milieux intellectuels de droite et de gauche, et sur plusieurs plans. À droite, on lui reproche de célébrer l'Étatprovidence (État-assistance) parce qu'il insiste sur la nécessité de prendre d'abord en compte l'intérêt des plus démunis ; à gauche, de légitimer la logique des institutions économiques dominantes (le  "marché") . D'autres enfin s'indignent de sa prétention à tirer d'une conception individualiste,

occidentale, et pour tout dire, kantienne de l'homme, une conception de la justice  intemporelle et universelle. John Rawls a répondu à ces critiques dans ses travaux ultérieurs, et le débat est loin d'être clos.

 PRINCIPAUX ÉCRITS : Théorie de la justice (1971) ; Anarchie, État et Utopie (1988) ; Justice et dé
(1993).démocratie  (1993)
Article paru dans Philosophie de A à Z , rédigé pr LHL

Partager cet article
Repost0
15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 17:59
A propos de l'élitisme,  reproche suprême désormais en régime démocratique:

 

 


 Si la Révolution française a supprimé les privilèges liés à des statuts établis, elle n’a pas supprimé les élites. En se fondant sur l’observation,  le sens commun, mais aussi les romans, les journaux etc.. Nathalie Heinlich montre dans un  livre paru en  2005 (Gallimard)  que les artistes constituent aujourd’hui une catégorie dont le prestige est tel qu’il tend à éclipser celui des hommes les plus puissants et les mieux nés.  Même bohème et marginal ou désargenté, l’artiste inspire l’admiration et le respect à un point tel que son style de vie tend à devenir un modèle pour tous dans nos sociétés démocratiques. Comment ce nouvel élitisme qui ne peut se confondre avec une méritocratie est-il compatible avec l’égalitarisme égalitaire?
 Nathalie Heinrich montre que ces paradoxes ne sont qu’apparents, car la société démocratique cultive plus qu’aucune autre le culte de la singularité et de l’authenticité.  Valeurs que certains de nos artistes les plus admirés incarnent au plus  haut point, non seulement dans leurs créations, mais aussi dans leur style de vie. L’art,  c’est aussi une  manière d’être, comme le remarquait Nietzsche.

 

 

L’Elite  artiste. Excellence et singularité en régime démocratique.





 

Partager cet article
Repost0
15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 13:25
L'article de Denis Guedj; Mathématiques et différence sexuelle) ce matin est intéressant à plus d'un titre.
1) Concernant le fait que "la vérité n'obéit pas", et que ceci est particulièrement flagrant en maths ( "violence des mathématiques")
2) Il suggère que les filles sont peut-être différentes des garçons (une différence qui ne serait pas culturelle)
3) Mais il ajoute que toute différence n'implique pas une hiérarchie.
 C'est bien le problème de nos sociétés démocratiques: comment faire pour que nos différences ne produisent pas une hiérarchie?
 Dans le cas des maths, il est clair que cette hiérarchie est nette et va même en s'accentuant. Il paraît que Descoings a décidé d'introduire les maths dans le concours de IEP bac plus trois... Qui est au courant?
Partager cet article
Repost0
14 avril 2008 1 14 /04 /avril /2008 13:36


La nature peut-elle être considérée comme un sujet de droit? (  A propos de la notion de "crime contre l'environnement")


Luc Ferry évoque ici les travaux et les débats autour de cette question dans les années 70 notamment au Canada:

"Les membres de la Commission (Commission de réforme des lois, Canada, 1971), fidèles à l'essence du droit anglo-saxon, qui vise toujours la protection d'intérêts identifiables, avouent ne pouvoir considérer la nature elle-même comme un sujet de droit : « Le champ d'un code criminel portant sur les délits contre l'environnement ne doit pas s'étendre jusqu'à protéger ce dernier-en tant que tel (for its own sake, dit l'anglais), indépendamment de valeurs, de droits et d'intérêts humains. » Bien que décidée à faire avancer les thèses écologistes, la Commission choisit le camp de l'environnementalisme contre l'écologie profonde. Elle s'en tient au cadre de l'humanisme classique, donc de l'anthropocentrisme tant dénoncé par les radicaux : « Le présent code criminel interdit en fait les délits contre les personnes et la propriété. Il n'interdit pas de façon explicite ou directe les délits contre l'environnement naturel lui-même. Malgré ses réserves, la Commission admettra, au terme d'une longue argumentation, que des pollutions graves puissent être onsidérées comme d'authentiques crimes, au sens juridique du mot.
[...] La réaction des milieux de l'écologie profonde n'en fut pas moins très vive, comme en témoignent les débats qui suivirent, reflétés, entre autres, dans un article de Stan Rowe (1, intitulé "Crimes against the ecosphere" . Ses conclusions valent d'être rapportées ici tant elles sont exemplaires des positions antiréformistes.

"Le rapport intitulé " Crimes contre l'environnement » accepte le parti pris anthropocentriste  (homocentrique) traditionnel selon lequel l'environnement n'est rien d'autre que ce que suggère son étymologie : le simple contexte qui entoure les choses de plus grande valeur - à savoir les gens. En ce sens vulgaire, l'environnement n'est que périphérique et son concept est intrinsèquement péjoratif. Il est donc logique, dans ces conditions, que la défense de l'environnement ne soit conçue qu'en termes d'utilité pour les hommes. Il n'est qu'une « valeur sociale et un droit », non une chose possédant une valeur intrinsèque. Mon argumentation consiste à montrer que seule l'alternative inverse - à savoir la reconnaissance de la valeur intrinsèque de l'environnement et, par suite, de ses droits propres fournit une base incontestable pour le protéger contre les crimes de dégradation et de déprédation".

La suite du texte développe deux idées, elles aussi parfaitement représentatives des principes radicaux : le caractère sacré de la vie universelle, de la « biosphère », et les conséquences désastreuses de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, comme de l'humanisme qui s'y associe. Quant au premier point, Rowe précise avec le plus grand soin que ce n'est pas de la vie humaine qu'il s'agit au premier chef, mais de l'écosphère tout entière.[...]
 Rien d'étonnant, dès lors, si la critique se prolonge dans une vigoureuse dénonciation des idéaux de la Révolution française!
« La  Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen a défini la liberté comme le fait de
n'être en aucun cas restreint dans son droit à faire n'importe quoi (sans doute au monde naturel) du moment que cela n'interfère pas avec les droits d'autrui. Dans le sillage de ce sentiment populaire (...) George Grant a défini le libéralisme comme l'ensemble des croyances procédant du postulat central d'après lequel l'essence de l'homme serait sa liberté et que par suite, son affaire principale dans la vie serait de façonner le monde conformément à sa volonté. On tient là le principe normatif qui est à l'origine de la destruction massive de l'environnement qui a lieu partout où la culture occidentale fait sentir son influence - destruction que seule la reconnaissance des droits et de la valeur intrinsèques de la nature peut contrecarrer".
Contre la Commission fédérale, Stowe propose donc de « reconnaître la suprématie des valeurs de l'écosphère » sur celles de l'humanisme et d'élaborer, par analogie avec le concept de « crime contre l'humanité », la notion de « crimes contre l'écosphère », parmi lesquelles on comptera au premier chef « la fécondité et la croissance économique exploiteuse, toutes deux encouragées par une philosophie homocentrique ». Je passe ici sur le contenu de la thèse (mais il faudra bien un jour que les écologistes radicaux comprennent comment et pourquoi le taux de fécondité est plus bas en Europe et aux Etats-Unis que dans le tiers monde, de même que le souci de l'environnement y est infiniment plus développé : l'univers moderne n'a donc pas que des aspects négatifs !"

 Luc Ferry Le nouvel ordre écologique. L'arbre, l'animal , l'homme , Grasset, 1992, pp 139-141

 Stan Rowe est un des représentants de l'écologie profonde, mouvement qui considére que la nature a une valeur propre, indépendamment de sa relation avec l'homme : il défend l'idée de "valeur intrinsèque de l'environnement" 

Partager cet article
Repost0
14 avril 2008 1 14 /04 /avril /2008 13:33

 

Exposé  de Mathilde Dongala (HK Lycée Jules Ferry)

L’Europe, comment la définir ?

 

Jusqu’en 1989, on se pose peu la question de la définition de l’Europe : c’est une union qui vise à regrouper l’ensemble des pays d’Europe de l’Ouest, dans le but d’une coopération économique et politique toujours plus poussée. Mais après la chute du mur de Berlin, les anciens pays du bloc soviétique sollicitent leur entrée dans l’Europe. Ainsi l’Europe voit-elle au fil des ans  son centre de gravité se déplacer vers l’est et le nombre de peuples la constituant augmenter de façon spectaculaire : de 6 membres en 1951, l’Europe en compte aujourd’hui 27. Cette grande diversité pose la question de l’identité de l’Europe. Comment peut-on aujourd’hui définir l’Europe ? L’Europe est surtout une construction, économique et politique. Mais les pays qui la composent sont aussi héritiers d’un passé qui les unifient sur une base commune : L’Europe est une civilisation. Enfin, l’Europe porte en elle un projet.

 

I – Une construction

Déjà pensée par Victor Hugo avec ses Etats-Unis d’Europe, ou esquissée par Aristide Briand, après la seconde guerre mondiale, la construction européenne devient une nécessité pour éviter de nouvelles guerres fratricides, mais aussi pour empêcher l’extension du communisme. Construite sur des bases économiques  elle vise, jusqu’à aujourd’hui encore à une intégration toujours plus poussée de ses pays membres. Aujourd’hui cependant, l’Europe cherche à trouver d’autres bases et à fonder une communauté  politique.

 

1- Une construction économique

L’Europe est tout d’abord une construction économique.

En 1948, afin de répartir les aides financières proposées par le plan Marshall pour faciliter la reconstruction européenne, des organismes administratifs communs sont pour la première fois mis en place. Ainsi, l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) est créée et chargée de dépenser équitablement les crédits entre les différents Etats d’Europe occidentale. Son but est aussi  renforcer les relations économiques entre ses dix-sept membres et de libéraliser les échanges commerciaux.

Mais, la première pierre de l’édifice européen est véritablement posée en 1951, par le traité de Paris. Le plan Schuman marque en effet la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), qui créé une solidarité une solidarité de fait en regroupant la production de six pays européens (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, France, Italie, RFA).  En plaçant ainsi le potentiel minier et industriel allemand, le plan Schuman prévoit tout risque de réarmement allemand et écarte toute occupation permanente des Alliés sur la Ruhr.

En juin 1955, les six pays membres de la CECA décident la création du Marché Commun. Le projet prend forme par le traité de Rome (mars 1957), qui donne connaissance à la communauté économique européenne (CEE). Ce traité donne lieu à une intégration économique plus poussée : il prévoit une coopération économique, l’abolition des barrières douanières et la mise en place d’un tarif extérieur commun. De plus, le Traité de Rome pose les bases de la Politique Agricole Commune qui doit conduire à l'élaboration d'une politique agricole commune au sein de l'Union européenne. Ces mesures sont un succès : la CEE enregistre dans les années 60 une croissance élevée, ce qui incite d’autres Etats à demander leur adhésion.

L’Acte Unique est signé en 1986, il apporte des modifications au traité de Rome,

son objectif étant d’accélérer la mise en place du marché intérieur, dont l’achèvement est prévu pour décembre 1992.

Le Traité de Maastricht crée l'Union européenne qui remplace la CEE, et prévoit l'union économique et monétaire, avec une monnaie unique européenne qui sera appelée ultérieurement l'euro. En 1999, l’euro devient la monnaie unique de 11 pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Finlande, Irlande, Pays-Bas, Italie, Luxembourg et le Portugal.), deux ans plus tard, c’est la mise en circulation des billets et des pièces en euros dans ces pays.

 

 

2- Une construction politique

Si l’Europe s’est d’abord construite autour de l’économie, l’Europe politique s’est aussi peu à peu construite par la suite.

En 1953, Paul-Henri Spaak élabore un projet de Communauté Politique européenne qui permettrait de chapeauter la Communauté européenne de défense, mais le rejet par la France de la CED, repousse l’heure de la fédération européenne. Ce n’est qu’en 1957 avec le traité de Rome que les contours d’une Europe politique se dessinent en élargissant le champ de la coopération supranationale ((La CEE et Euratom disposent d’une Assemblée parlementaire et d’une Cour de justice commune). A partir de 1979 les citoyens européens peuvent élire au suffrage universel les députés du Parlement Européen. Et progressivement, la Communauté Européenne élargit son champ d’action à des domaines autres que celui de l’économie, en 1986, l’Acte Unique en plus d’ouvrir la voie à la réalisation d’un marché unique, élargit les compétences de la CEE à la recherche et développement, à l'environnement, et la politique étrangère commune. En 2004, accord politique est trouvé sur le projet de Constitution européenne, lors du Conseil Européen, qui vise à faciliter le fonctionnement des institutions d’une Europe qui est passée de 15 à 25 membres. Ce projet n’aboutira pas, après le rejet par référendum de la France et des Pays-Bas. En décembre, 2007 un Traité Européen européen est finalement signé.

 

 

L’Europe représente aujourd’hui l’intégration économique la plus poussée au monde. Cette intégration est aussi devenue  politique avec le temps, l’UE s’étant dotée d’institutions démocratiques et d’une législation. Ainsi, elle est une puissance économique et politique dont le poids ne cesse de croître avec l’entrée régulière de nouveaux membres dans l’Union. Mais l’Europe pourrait-elle s’élargir indéfiniment? N’y a-t-il pas une origine commune à tous les pays qui composent aujourd’hui l’Europe ?

 

II – Une civilisation

Si l’Europe s’est beaucoup élargie depuis sa naissance – on est passé de 6 à 27 membres depuis 1951- mêlant des peuples aux langues et cultures différentes, elle possède tout de même une cohésion interne. Elle trouve en effet ses racines dans l’héritage judéo-chrétien et le paganisme antique.

 

1- Les racines judéo-chrétiennes de l’Europe

Tout les pays de l’Union Européenne ont pour religion majoritaire la religion chrétienne, qui s’inspire de l’Ancien Testament (la « Bible hébraïque »), c’est pour cela que l’on parle d’Europe judéo-chrétienne. La prédominance de la religion chrétienne vient du fait qu’au XVe siècle, sous la poussée de l’islam conquérant, la chrétienté, d’abord méditerranéenne, en vint progressivement à se confondre avec l’Europe géographique. Des éléments internes d’unification jouèrent profondément : rôle de l’Eglise romaine (sa liturgie qui donne un cadre spatio-temporel commun), son autorité suprême la Papauté, une langue commune des clercs, le latin, base d’un espace de savoir. Ces origines communes permettent l’unification de l’Europe sur des principes et des bases communes.

Cependant, le christianisme ne suffit pas à définir l’Europe, car comme le fait remarque Rémi Brague dans L’Europe, une voie romaine, la séparation du spirituel et du temporel préfigure la €laïcité. On peut dire, paradoxalement, que l’Europe se caractérise tant par ses racines chrétiennes que par son présent laïque. On parle en effet aujourd’hui d’une Europe « sécularisée », où la frontière entre le politique et le religieux est bien définie, ce qui fait d’elle une exception face aux dynamiques des religions dans le monde. Face à la poussée islamique, dont on parle le plus souvent, une autre vague religieuse, a gagné de nombreux pays. L’évangélisme religieux submerge en effet depuis quelques décennies l’Amérique latine, et l’Afrique ; il n’est pas absent non plus dans les renaissances religieuses qui secouent l’Asie, notamment la Chine et les pays qui l’entourent.

 

2- Les racines antiques de l’Europe

L’Europe a d’autres origines, qu’elle trouve notamment dans la démocratie de l’Athènes antique. Ce caractère démocratique de l’Europe s’est affirmé dans l’opposition entre la démocratie athénienne et l’absolutisme perse. Et plus tard, cette représentation semble s’inscrire dans la continuité dès lors que les Perses semblent avoir été remplacés par les Ottomans puis les Turcs dans cette construction des antagonismes. Pour Rémi Brague (cf. L’Europe, une voie romaine) la culture européenne tient sa spécificité en ce qu’elle provient de Rome. En cela, elle serait une culture de transmission. En effet, pour Rémi Brague, les Romains se caractérisent par un complexe d’infériorité culturelle qui les pousse à s’intéresser aux cultures autres que la leur. Ainsi la culture européenne ne s’illustrerait  non pas par son contenu, mais par la capacité qu’elle aurait à considérer les autres cultures pour elles-mêmes, sans se les approprier en y reflétant sa propre image. C’est dans cette perspective que l’humanisme est typiquement européen, car en plus de sa capacité d’autocritique, comme le montrent les Lettres Persanes de Montesquieu ou Les Cannibales de Montaigne, il considère dans la culture non pas comme un enfermement sur soi, dans les traditions, mais comme une constante ouverture vers l’autre, un processus d’enrichissement.

 

3 – Une Europe des droits de l’homme

L’Europe est fortement marquée par la révolution française de 1789, qui a produit les idéaux universalistes : droits de l’homme, égalité politique, citoyenneté. La prééminence de l’individu dans les sociétés européenne est aussi tirée des principes de 1789. La Convention européenne des droits de l'homme, adoptée par le Conseil de l'Europe en 1950 et entrée en vigueur en 1953 atteste de cet attachement aux droits de l’homme.

 

Dès lors, on comprend que l’intégration de la Turquie à L’Union européenne suscite des réticences. Outre le fait que le pays ne possède que 3% de son territoire en Europe, l’admission de la Turquie apparaîtrait pour certains contre nature : l’Europe aux racines judéo-chrétiennes doit-elle accepter un pays à 99,8% musulman ? L’islam qui supprime l’altérité en tant que telle peut-elle être compatible avec l’humanisme européen ? Peut-on intégrer un pays dont le respect des droits de l’homme est discutable? Et aussi, la Turquie est-elle prête à participer au projet européen ? Car au delà d’une construction et d’une civilisation, l’Europe est aussi un projet.  

 

 

 

 

 III – Un projet

L’Europe constitue une marche en avant. Elle porte en elle les germes d’un projet politique et de civilisation.

 

1/Un projet politique

Lors de sa création, dans un contexte de guerre froide, le fait que l’Europe se soit placée du côté des Etats-Unis l’empêche de s’élever d’emblée au rang de société politique. Pendant cette période, l’Europe s’est structurée dans la dépendance, comme un entre-deux, cachée par deux superpuissances. En 1989, avec la fin du monde bipolaire, on peut parle d’un « retour de l’Europe ».

Sur le plan militaire, diplomatique et sécuritaire, l’Europe tente d’affirmer son autonomie. La politique européenne de sécurité et de défense, par exemple, est un projet visant à renforcer son rôle en matière de gestion internationale des crises militaires et civiles. Des forces armées de coalition européennes interviennent de plus en plus à l’étranger comme c’est le cas au Soudan, avec l’Eurofor, par exemple.

L’Union européenne s’engage aussi sur le plan environnemental. Déjà dans la cadre du Protocole de Kyoto, l’Union s’était engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 8% par rapport aux niveaux de 1990 entre 2008 et 2012. Elle met aujourd’hui en place des politiques et des institutions communes à tous les Etats pour lutter contre le réchauffement climatique, la nature et la biodiversité, l'environnement et la santé, etc.

Elle revendique un modèle social, dont elle tiendrait l'héritage du modèle allemand de croissance du chancelier Erhard, le fondateur du mark et « le père du miracle économique allemand » pour lequel la politique financière ne pouvait se comprendre sans la permanence du souci social.  Ce modèle social est explicité ainsi dans le projet de traité constitutionnel : « l’Europe doit œuvrer pour  le développement durable de l'Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, l'économie sociale de marché (…) Elle combat l'exclusion sociale et les discriminations, et promeut la justice et la protection sociales, l'égalité entre les femmes et les hommes, la solidarité entre les générations et la protection des droits de l'enfant. Elle promeut la cohésion économique, sociale et territoriale, et la solidarité entre les États membres »

 

2/ un projet de civilisation

Plus qu’un projet politique, l’Europe est un projet de civilisation.

Pour Victor Hugo, les «Etats-Unis d’Europe » constituent le premier échelon d'une entreprise se voulant universelle, censée aboutir, in fine, à une concorde planétaire entre les hommes, quels qu'ils soient, par-delà les castes. Hugo l’exprime ainsi : « Elle s'appellera l'Europe, au vingtième siècle, et, aux siècles suivants, plus transfigurée encore, elle s'appellera l'Humanité ».  Allant encore plus loin, Husserl considère que l’Europe est unique en ce qu’elle a un sens transcendantal. Au-delà du phénoménal et de l’accidentel, l’Europe est mue par un telos ; elle doit être le souffle qui pousse continuellement à l’élargissement de la communauté philosophique. C’est parce que l’Europe plonge ses racines dans la Grèce antique que Husserl lui assigne une telle finalité ; car la Grèce antique est le lieu de naissance de la philosophie, qui « permet seul l’accès à l’infini depuis l’état de finitude qui est celui de l’homme ». Ainsi, pour le philosophe, l’Europe est une figure spirituelle qui n’est pas contrainte par des frontières établies (puisqu’il y incluait les Etats-Unis, les dominions anglais, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande), qui a pour vocation de pousser à la recherche commune de la vérité. Dans la crise de l’humanité européenne et la philosophie, Husserl dénonce le manque d’unité dans la recherche philosophique et s’inquiète de la lassitude morale et intellectuelle qui touche l’Europe. En 1935, il fait partie des premiers à formuler la thèse d’une supranationalité européenne, où chaque nation abdiquerait de certaines parties de sa souveraineté  pour le bien de la communauté européenne, et par conséquent pour le succès dans la poursuite de son telos.

 

Conclusion

 

Ainsi l’Europe serait bel et bien « unie dans la diversité ». Si le sentiment européen n’est pas toujours profondément ancré dans l’esprit des populations européennes, les 27 pays de l’UE fondent tout de même leur unité dans une intégration économique et politique toujours plus poussée, et possèdent un passé commun qui leur permet de s’identifier comme civilisation. Aujourd’hui l’Europe constitue la seule puissance capable de constituer un contrepoids aux Etats-Unis, et cela la pousse à proposer un projet politique alternatif. De plus, l’abandon de certains aspects de la souveraineté des pays membres pourrait nourrir les espoirs des partisans de Hugo ou de Husserl, qui voyait dans une Europe unie et regroupée autour d’un projet de civilisation une voie vers la sagesse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 10:14

Réunion Sauvons l'Europe – Collectif Ile-de-France

du jeudi 3 avril 2008 sur l'Europe de l'éducation

 

Invitée : Sarah BRAUNSTEIN, secrétaire générale de

la Confédération étudiante

Fabien CHEVALIER

Sarah Braunstein, secrétaire générale de la confédération étudiante a participé à la réunion fondatrice de Sauvons l'Europe à Rennes.

La confédération étudiante se caractérise par son engagement en faveur de l'Europe.

Le Traité de Rome ne contient pas de dispositions sur l'éducation. Il a fallu attendre le Traité de Maastricht pour que l'Europe intègre ces questions d'éducation dans un

traité.

ERASMUS a été créé en 1987 par l'Union Européenne. Cela a engendré un début

espace européen de l'éducation.

La stratégie de Lisbonne (2000) a fixé un objectif pour 2010 : devenir l'économie de la connaissance. Cela se traduit, en outre, par la suppression des barrières des différentes formes d'apprentissage.

Le budget pour 2007-2013 représente environ 7,5 milliards d'euros.

L'Europe de l'éducation doit être l'une des bases de l'Europe politique et permettre le brassage des cultures.

Sarah BRAUNSTEIN

Les ministres européens de l'éducation se sont réunis en 2000 pour faire de

l'économie de la connaissance la plus dynamique au monde. Cela se traduit par une

capacité à produire, à inventer à découvrir. L'Europe devient ainsi compétitive. La qualité de la formation détermine les innovations.

En 2004, l'espace européen de l'enseignement supérieur doit être au coeur de la

réussite de cet objectif politique. L'économie de la connaissance permettra à l'Europe d'être plus compétitive. Il est nécessaire que l'Europe soit forte. Toutefois, d'après le classement de Shanghai, les universités européennes ne sont pas classées parmi les meilleures universités mondiales. Les enseignants chercheurs émigrent dans d'autres pays. On est loin de l'objectif fixé en 2000. La stratégie d'excellence européenne

nécessite une augmentation des financements politiques et privées. La France a

besoin d'une logique de compétence et de mobilité. Le financement privé ne pose de problème en Europe, sauf en France. Il faut fédérer les élèves, chercheurs et

enseignants. Cela nécessite un gros changement de mentalité.

L'université se dote d'une mission : la recherche universitaire. Elle doit se soucier du devenir des étudiants.

En 2001, l'espace européen s'est doté de 3 grades de diplôme : LMD (licence à bac +3, master à bac +5 et doctorat à bac +8). Cependant, il n'y a eu aucun changement du contenu et des structures des enseignements.

Dans ce processus LMD, il a été créé un supplément au diplôme. Il s'agit de préciser les compétences "attachées" au diplôme, ce qui permet la mobilité des étudiants en Europe vis à vis des employeurs européens.

La mobilité permet de pouvoir rencontrer des étudiants étrangers. Cale donne lieu à un partage avec des personnes de différentes cultures.

Toutefois, pouvoir partir en ERASMUS est le parcours du combattant, que ce soit sur le plan administratif ou financier.

Les pays de l'Union Européenne et la France ont des accueils différents pour les

étudiants étrangers.

Questions - réponses

_ Que fait l'Europe pour ceux qui ont moins de trois années d'études? Ont-ils une chance?

Il existe le programme Léonard de Vinci qui est plus "professionnalisant". Cependant, les formations courtes n'ont pas connaissance de ce programme. D'où le problème d'accès au droit.

_ Que permet le supplément au diplôme?

Il s'agit d'un document où toutes les matières validées ont une équivalence en

compétence acquise. Il y a une nomenclature européenne Avec ce système, on essaie d'avoir une rigueur.

_ Dans combien d'université sont appliqués les ECTS (european credit transfert

system)? Comment fonctionne les ECTS?

Tout d'abord, il a fallu harmoniser les diplôme européen pour permettre la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs. Les grades sont les mêmes mais les contenus sont différents. Chaque matière validée rapporte un nombre d'ECTS. Il faut un certain nombre d'ECTS pour valider un semestre, et, in fine, un diplôme. En

France, les unités d'enseignement se compensent entre elles sur l'année entière. Il s'agit d'un défaut français. Dans les universités, il y a une force de blocage en raison d'un refus de la logique de compétence.

_ Autres…

La validation d'acquisition des connaissances fonctionne en France. La résolution des 27 en 2002 a pour objectif de permettre à tout individu d'accéder librement à une formation.

22 000 français bénéficient de bourses ERASMUS chaque année et 7 000, du

programme Léonard de Vinci. Mais la recherche de financement fait perdre du temps pour les étudiants.

L'orientation est l'un des gros problèmes de l'éducation en France. Bénéficier d'une orientation éclairée est une première étape pour pouvoir s'incérer.

Il existe en France une différence de niveau au sein des diplômes. Une sélection

s'effectue, hypocritement.

Partager cet article
Repost0