La crise de l’autorité
Selon la philosophe Hannah Arendt, nous sommes sur le point de devenir étrangers à l’esprit des religions qui assuraient jadis à l’autorité son pouvoir structurant et émancipateur. Hannah Arendt estime que la ruine de cette autorité rend problématique la transmission et la perpétuation de notre culture :
« Puisque l’autorité requiert toujours l’obéissance, on la prend souvent pour une forme de pouvoir ou de violence. Pourtant l’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition (1 ; là où la force est employée, l’autorité proprement dite a échoué. L’autorité, d’autre part, est incompatible avec la persuasion qui présuppose l’égalité et opère par un processus d’argumentation. Là où on a recours à des arguments cités est laissée de côté.
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Historiquement, nous pouvons dire que la disparition de l’autorité est simplement la phase finale quoi que décisive, d’une évolution qui pendant des siècles, a sapé principalement la religion et la tradition. De la tradition, de la religion et de l’autorité (dont discuteront plus tard les liens), c’est l’autorité qui s’est démontrée l’élément le plus stable. Cependant, avec la disparition de l’autorité , le doute général de l’époque moderne a envahi également le domaine politique où les choses non seulement trouvent une expression radicale, mais acquièrent une réalité propre au seul domaine politique. Ce qui jusqu’à présent, peut-être, n’avait eu d’importance spirituelle que pour une minorité, est maintenant devenu l’affaire de tous. Ce n’est qu’aujourd’hui, pour ainsi dire après coup, que la disparition de la tradition et celle de la religion devenues des événements politiques de premier ordre ».
Hannah Arendt, « Qu’est-ce que l’autorité ? , in La crise de la culture (1968), traduction Patrick Lévy, Gallimard, collection « folio essais », 1989, page 123 – 124
Note :
Contrainte