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3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 09:46

 

 La crise de l’autorité

 

 Selon la philosophe Hannah Arendt,  nous sommes  sur le point de devenir étrangers  à l’esprit des religions qui assuraient jadis à l’autorité son pouvoir structurant et émancipateur. Hannah Arendt estime  que la ruine de cette autorité rend problématique  la transmission et la perpétuation   de notre culture :

« Puisque l’autorité requiert toujours l’obéissance, on la prend souvent pour une forme de pouvoir ou de violence. Pourtant l’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition (1 ; là où la force est employée, l’autorité proprement dite a échoué. L’autorité, d’autre part, est incompatible avec la persuasion qui présuppose l’égalité et opère par un processus d’argumentation. Là où on a recours à des arguments cités est laissée de côté.

Historiquement, nous pouvons dire que la disparition de l’autorité est simplement la phase finale quoi que décisive, d’une évolution qui pendant des siècles, a  sapé principalement la religion et la tradition. De la tradition, de la religion et de l’autorité (dont discuteront plus tard les liens), c’est l’autorité qui s’est démontrée l’élément le plus stable. Cependant, avec la disparition de l’autorité , le doute général de l’époque moderne a envahi également le domaine politique où  les choses non seulement trouvent une expression radicale, mais acquièrent une réalité propre au seul domaine politique. Ce qui  jusqu’à présent, peut-être, n’avait eu d’importance spirituelle que pour une minorité, est maintenant devenu l’affaire de tous. Ce n’est qu’aujourd’hui, pour ainsi dire après coup, que la disparition de la tradition et celle de la religion devenues des événements politiques de premier ordre ».

Hannah Arendt, « Qu’est-ce que l’autorité ?  , in La crise de la culture (1968), traduction Patrick Lévy, Gallimard, collection « folio essais », 1989, page 123 – 124

 Note :

Contrainte

 

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commentaires

T
<br /> Comment peut-on refuser d'admettre cette chose simple : personne n'a envie d'être soumis  à la volonté de quelqu'un d'autre, quelle que soit la nature de cette volonté.<br /> <br /> <br /> Si on accepte, soit c'est parce qu'on plie sous la force, soit c'est en échange d'un bien futur.(plaisir, promesse, croyance) L'autorité, telle que je la conçois, permet d'imposer sa volonté<br /> à l'autre. Mais je suis prêt à envisager une autorité qui respecterait complètement le désir, la liberté, l'envie, de l'autre et qui ne se livrerait ni à la contrainte, ni à la promesse.<br /> <br /> <br /> Mais pour moi, cette autorité-là, c'est un savoir réel, qui se propose, et qui répond à la demande. Libre demande. Un savoir, c'est personne. C'est un savoir.<br /> <br /> <br /> Sinon, par exemple, dans l'éducation d'un enfant par ses parents, les parents sont au service d'une certaine morale, d'une certaine société, d'une certaine conception de la vie, en échange - jeu<br /> de dupe - d'un amour, d'un bonheur et d'une réussite ultérieurs.<br /> <br /> <br /> Même la religion ne peut se passer de promesse. Voir ce que vaut cette promesse.<br />
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T
<br /> Voyez tout ce qui existe simultanément.<br /> <br /> <br /> "Le conservatisme au sens de conservation" qu'est-ce que ça veut dire ? Il y a toujours quelque chose à conserver, évidemment. Mais le conservatisme va bien au-delà. Suffixe isme : cela veut dire<br /> que c'est une doctrine, une idéologie qui fait de la conservation un objectif en soi. Les propos qui suiventsont différents. <br /> <br /> <br /> Il y a l'autorité comme obéissance toujours, sans discuter, et il y a l'absence de moyens extérieurs de coercition, l'absence de violence.<br /> <br /> <br /> Il y a le cadre stable, à protéger et il y a la nouveauté à accueillir. (Mais on ne met pas de vin nouveau dans de vieilles outres comme dit un certain prop^hète. <br /> <br /> <br /> Il y a l'éducation conservatrice par nature et un statu quo qui conduit à la mort.<br /> <br /> <br /> Il y a la protection du cadre et il y a la protection de ce qu'il y a dans le cadre et qui bouge. Or il fait le cadre.<br /> <br /> <br /> Mais toutes ces ocillations ne me dérangent pas. Elle ast libre de proposer des pistes différentes.  <br /> <br /> <br /> Mais je crois que ce qui éclaire ses ambiguïtés, c'est son erreur à propos de l'autorité.<br /> <br /> <br /> L'autorité implique toujours toujours la coercition et une certaine forme de violence contrairement à ce qu'elle dit  La vie est épreuve.  Seulement il y a deux choses : un cadre<br /> contraint, et un contenu contraint. (Obligation de scolarité et obligation d'apprendre certaines choses) La première contrainte, c'est pour faire partie de la société. La seconde pour s'intégrer<br /> dans une certaine société. <br /> <br /> <br /> Ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est la question du désir ou de la liberté du sujet.<br /> <br /> <br /> La coercition, voire la violence, se présente de deux façons lors du fonctionnement de ces deux formes de contraintes  :<br /> <br /> <br /> - des représentants investis par la société (parés d'une autorité) et possédant le pouvoir de modifier les conditions d'existence ultérieures de ceux qui sont sous leur responsabilité. Donc<br /> violence potentielle ou effective. <br /> <br /> <br /> - des principes, des valeurs intériorisés par le sujet (surmoi, idéal du moi), qu'on lui a inculqués et qu'il n'a plus la capacité de remettre en cause. Les remettre en cause serait vu comme un<br /> anéantissement. (Voir Milgram) Donc violence.<br /> <br /> <br /> On peut penser que chez Eichmann, les deux aspects étaient présents : obéissance aux supérieurs et intériorisation suffisante de l'idéologie nazi.<br /> <br /> <br /> Tout cela suppose évidemment une adhésion obligatoire ou aussi sincère que possible du sujet, sans quoi, sanctions. <br /> <br /> <br /> Le savoir est à distinguer de l'autorité. On peut avoir le désir d'apprendre certaines choses de quelqu'un. Le désir reste du côté de celui qui s'instruit, et il s'instruit tant qu'il le<br /> désire. Cela ne crée pas en face des personnes dont l'autorité propre est à reconnaître dans la durée. (Elles sont plutôt au service...)<br /> <br /> <br /> L'autorité propre et pérenne est donc synonyme de pouvoir (d'ailleurs on les confond souvent) et elle repose  toujours sur la peur (c'est ce qui fait qu'elle rend strupide) <br />
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L
<br /> <br /> NON!<br /> <br /> <br />  L'autorité est au contraire indispensable à l'éducation - en vue de la liberté . C'est le défaut d'autorité qui appelle la violence<br /> <br /> <br /> " l'autorité exclut l'usage de moyens extérieurs de coercition " (Arendt,  Qu'est-ce que  l'autorité? )<br /> <br /> <br />  et aussi: "la disparition de toutes les autorités traditionnellemetn établies a été l'une des caractéristiques les plus spectaculaires du monde moderne" (p 133)<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> Vous vous rendez compte, en lisant attentivement tous ces extraits, que l'on est tout le temps dans l'ambiguïté. Chacun peut comprendre ce qu'il veut tant les paradoxes abondent.<br />
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L
<br /> <br /> Exemples d'ambiguïtés?<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Selon moi ,chaque individu devrait être sa propre autorité , et la condition pour que se développe en l'individu cette autorité ,est qu'on ne lui impose pas dès sa naissance une idéologie à<br /> laquelle se soumettre , et j'irai même jusqu'à dire qu'on ne lui impose pas une culture particulière . Il n'y a que comme cela qu'il pourra se remplir de sa propre expérience ,de sa propre<br /> existence , et qu'il porra ainsi se passer de substituts idéologiques auxquels se soumettre .Nous constatons aujourd'hui que dès que les traditions , les religions ,et toutes autres idéologies<br /> constituant des autorités artificielles viennent à perdre de leur pouvoir ,les individus se retrouvent alors face à leur vide existentiel que ces mêmes "autorités" ont généré .A l'origine de nos<br /> civilisations ,il y a donc le vide en l'individu dont la cause est sa séparation prématurée avec la nature . Je rabache , mais tout me ramène toujours à ce point de départ . Est-ce une idée fixe<br /> chez moi , ou cela correspond-il à une réalité ? J'attends toujours des contradicteurs qui pourraient me faire revoir mon point de vue .<br />
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