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9 octobre 2006 1 09 /10 /octobre /2006 20:10

Voici l'excellent édito de Antoine de Gaudemar ce matin dans Libération

 Contre-courant
"Tous ceux, à droite comme à gauche,qui sont tentés par la démocratie d'opinion devraient méditer l'histoire de l'abolition de la peine de mort en France. Quand François Mitterrand et son garde des Sceaux Robert Badinter la firent voter en 1981, les deux tiers de l'opinion française y étaient hostiles. Vingt-cinq ans après, si une minorité reste nostalgique de la guillotine et émet de temps à autre des relents de haine justicière,la peine de mort n'est plus un débat, l'expérience a montré qu'elle n'était pas dissuasive et que la criminalité n'avait pas augmenté du fait de sa disparition. Ce n'est plus un débat non plus dans une quantité grandissante de pays, puisque le nombre de pays abolitionnistes de droit ou de fait   aurait doublé depuis 1981 et que 94% des exécutions en 2005 étaient concentrées dans quatre pays, la Chine, l'Iran,l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis, par ordre décroissant. Depuis vingt cinq ans, l'idée que toute exécution d'un condamné àmort est d'abord un échec de la justice a donc progressé partout dans le monde. C'est direl'importance du combat politique, porté par des convictions à contre-courant, notamment dansle domaine de la justice et de la sécurité, d'une opinion versatile, perméable à la  démagogie, au populisme et à tout ce qui flatte en elle ses instincts les plus grégaires. La leçon est précieuse à l'heure ou l'on vante la démocratie d'opinion, qui veut que l'on ait raison du moment que les sondages vous soutiennent et sert en réalité le plus souvent à justifier une façon de gouverner pragmatique, sinon opportuniste. En politique, le vent de l'opinion ne souffle pas toujours en faveur des visions à long terme"

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