Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 09:41

La philosophie à l’ère du confinement

 

 

Le contexte historique (la philosophie en Grèce)

A la fin du septième siècle avant notre ère apparaissent à Milet - une cité grecque d’Asie Mineure - les premiers types de discours philosophique. On a souvent dit que les Grecs avaient inventé la raison. Il y a là une forme d’exagération.  Car ce que les Grecs inventent, ce n’est pas la raison, sans doute indissociable de l’homme, et partagée par tous les peuples et tous les êtres humains. Mais ce qui est certain,  c’est qu’ils découvrent et systématisent le discours rationnel qui se présentera désormais comme l’instrument et le critère de toute vérité (certaine, objective, universellement valable).

Dans un premier temps,  le discours rationnel ou encore (pré) philosophique supplante le mythe. Les premières formes de ces récits, qui vont supplanter les anciennes mythologies concernent la formation du monde, le cosmos. Mais ces innovations ne sont pas dissociables d’une nouvelle vision du monde et de la société qui elle aussi se rationalise avec le développement de la démocratie. Il existe indéniablement un lien étroit entre l’apparition de la démocratie et la généralisation des approches rationnelles de la nature. L’invention de la philosophie se situe dans ce contexte. Voici donc un bref rappel des faits historiques :

La démocratie se met en place à Athènes entre le VIe et le  Ve  siècle av . J.C., et elle atteint son apogée à partir de -461, lorsque Périclès devient le chef du gouvernement (le « stratège », à l’origine une autorité militaire) d’Athènes. La démocratie à Athènes est directe contrairement aux démocraties modernes qui sont représentatives. L’ensemble des citoyens réunis à l’Assemblée (ecclésia) décident, à la majorité, des lois mais aussi de la guerre et de la paix. Le chef du gouvernement ne dispose donc que du pouvoir exécutif  (il applique les lois ) et militaire (la stratégie).

La démocratie grecque connaît son apogée au cinquième siècle avant J.-C. C’est également l’âge d’or de la civilisation grecque : essor des mathématiques, naissances de l’histoire (Hérodote) et de la médecine (Hippocrate), triomphe de la tragédie (Sophocle et Euripide), épanouissement de la philosophie avec Socrate,  Platon, puis Aristote,Leçon 3 bis,  mais également les sophistes,  figures intellectuelles importantes du monde grec. Même si Platon les a méprisés et même ridiculisés dans nombre de ses dialogues, les sophistes ont largement contribué au développement du rationalisme et de la liberté intellectuelle en Grèce. Professeurs non pas de sagesse mais de rhétorique, les sophistes enseignaient l’art d’argumenter à seule fin de conquérir le pouvoir et la gloire.  Nous verrons qu’ils furent les adversaires de Socrate, car, à l’opposé de celui-ci,  ils se souciaient peu de la recherche de la vérité. Néanmoins la propagation de leur art (celui de la parole efficace) fut profitable à tous et joua même un rôle majeur dans la démocratie naissante. La philosophie les combat, mais elle leur doit beaucoup.

De –431 à –404, se produit la guerre du Péloponnèse entre Sparte et Athènes, qui en sort vaincue et ruinée. Une tyrannie (« les Trente ») s’installe à Athènes, renversée un an plus tard (–403) par Thrasybule, qui y rétablit la démocratie. Mais le temps de la grandeur et du rayonnement d’Athènes est achevé. En –399, Socrate est condamné à mort par le tribunal démocratique d’Athènes : il est condamné pour crimes d’impiété et de corruption de la jeunesse. La démocratie sera largement critiquée et contestée d’abord par Platon puis par Aristote. En –380, le premier disciple de Socrate Platon fonde l’Académie, une école qui prépare les jeunes gens à la philosophie, imposant tout d’abord l’étude des mathématiques. L’Académie demeurera longtemps un important foyer d’opposition à la démocratie.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires