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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 14:46

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« Une cité est par nature antérieure à une famille et à chacun de nous. Le tout, en effet, est nécessairement antérieur à la partie, car le corps entier une fois détruit, il n’y a plus ni pied ni main, sinon par homonymie, comme quand on parle d’une main de pierre, car c’est après la mort qu’une main sera telle, mais toutes les choses se définissent par leur fonction et leur vertu, de sorte que quand elles ne les ont plus il ne faut pas dire qu’elles sont les mêmes, mais qu’elles n’ont que le même nom. Que donc la cité soit à la fois par nature et antérieure à chacun de ses membres, c’est clair. S’il est vrai, en effet, que chacun pris séparément n’est pas autosuffisant, il sera dans la même situation que les autres parties vis-à-vis du tout, alors que celui qui n’est pas capable d’appartenir à une communauté ou qui n’en a pas besoin parce qu’il se suffit à lui-même n’est en rien une partie d’une cité, si bien que c’est soit une bête soit un dieu. C’est donc par nature qu’il y a chez tous les hommes la tendance vers une communauté de ce genre, mais le premier qui l’établit n’en fut pas moins cause des plus grands biens. De même, en effet, qu’un homme accompli est le meilleur des animaux, de même aussi quand il a rompu avec loi et justice est-il le pire de tous. Car la plus terrible des injustices c’est celle qui a des armes. Or l’homme naît pourvu d’armes en vue d’acquérir prudence et vertu, dont il peut se servir à des fins absolument inverses. C’est pourquoi il est le plus impie et le plus féroce quand il est sans vertu et il est le pire des animaux dans ses dérèglements sexuels et gloutons. Or la vertu de justice est politique, car la justice introduit un ordre dans la communauté politique, et la justice démarque le juste de l’injuste ».

               Les politiques, Livre I, chapitre 2, trad. P. Pellegrin, Garnier-Flammarion, 1990, pp.92-93

 

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commentaires

J
<br /> Il faudrait donc que l'homme puisse se retenir d'utiliser sa volonté d' organisation par la préconception de finalités nécéssitant pour leur réalisation l'élaboration et l'instauration de<br /> programmes à respecter impérativement ,en acceptant de supporter une période d'instabilité et de désordre s'avèrant par la suite bénéfique . Mais pour cela ,il faut disposer d'une certaine<br /> confiance en soi , ainsi qu'en la nature , chose que l'homme a perdu depuis bien trop longtemps et qui est devenue le fondement de toutes les idéologies .<br /> <br /> <br /> Mais comme il a été dit précédemment , l'homme est pris au piège de son paradoxe , et il n'a pas le choix . Il est condammé à tout faire pour conserver un minimum de justice , à essayer d'<br /> enseigner la vertu à travers des institutions , à maintenir un ordre artificiel , à faire toujours plus appel à la science et la technologie pour se passer toujours plus de la nature , jusqu'au<br /> jour ou ....<br />
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J
<br /> Et si le fait pour l'homme de vouloir de la justice , de l'égalité ,afin que règne une certaine paix au sein de la cité , de vouloir donc imposer l'apprentissage de cette justice aux individus<br /> dès leur plus jeune age, en leur inculquant des morales dans le cadre d'institutions ,n'aboutissait en définitif qu'à une frustration existentielle en privant ces indivius de la possibilité<br /> d'acquérir par eux -mêmes ces mêmes valeurs lors de confrontations directes avec l'injustice et l'inégalité ?<br /> <br /> <br /> Ne prend-on pas plus conscience des choses en les expérimentant directement ,qu'en s'en faisant une vague idée en écoutant d'autes personnes nous en parler , sans elles-mêmes les avoir<br /> préalablement expérimenter ? Ne vaudrait-il pas mieux laisser durant un certain temps le désordre régner afin que s'installe naturellement et durablement un véritable ordre ? A trop vouloir tout<br /> anticiper ce qui pourrait se produire de mauvais, et à trop vouloir empêcher que cela se produise en préconcevant les moyens de bloquer certains processus par l'édification de barrières à ne pas<br /> franchir , on ne fait que retenir et accumuler une énergie qui devra alors trouver d'autres issues pour s'évacuer . Tel est le paradoxe humain, de posséder un cerveau capable d'imagination , de<br /> préconception , de prévision , etc ...dont les réalisations produisent souvent des effets inverses que ceux escomptés .Exemples , les prisons ,les règles imposées par certaines religions<br /> concernant la sexualité ,la construction de cités ,etc ...<br /> <br /> <br /> L'homme s'est enfermé dans ce paradoxe dès qu'il a éprouvé un sentiment de puissance en détournant de leur finalité naturelle ,certaines fonctions et organes du corps , ainsi que certains objets<br /> et usages de la vie quotidienne . A suivre ...<br />
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