Pour ouvrir le débat, vociic deux points de vue : (Libération 5 septembre 2012 )
Redonner la morale à l’école?
Extraits :
Entretien avec Ruwen Ogien « C’est un projet autoritaire, totalement inadapté »
« En proclamant que l'école doit s'occuper du bien et du mal, des valeurs communes, de la vie bonne ou heureuse et pas seulement du juste et de l'injuste, lorsqu'il proclame que l'Etat doit donner sa «vision du bien», le ministre prend le risque de porter atteinte au respect du pluralisme moral, un principe aussi important, pour nos démocraties, que le respect du pluralisme religieux.
Ce qui me préoccupe le plus, finalement, c'est que ce projet de «faire revenir la morale à l'école» dépasse les clivages politiques. Or, il repose sur une idée profondément conservatrice: le principal problème qui se poserait à nos sociétés ne serait pas l'existence d'un système économique et social profondément injuste, mais l'effondrement des valeurs morales. En affirmant que la France a besoin d'un «redressement moral», avec des accents réactionnaires embarrassants pour tous ceux qui voudraient soutenir ce gouvernement, Vincent Peillon montre à quel point la pensée conservatrice est devenue hégémonique dans les esprits, même à gauche. Mais finissons sur une petite note optimiste: l'aspect positif de ce programme, c'est qu'il n'a aucune chance d'être réalisé ». Recueilli par WILLY LE DIVIN
La morale, ni lieux ni maîtres
« La morale, c'est l'amour. Aussi ne peut-elle s'apprendre, ni s'enseigner - sauf à vouloir manipuler non ce que l'homme pense, mais ce qu'il ressent. Le droit peut s'apprendre et s'enseigner, et, des valeurs, on peut chercher à savoir pourquoi elle valent ce qu'elles valent, et même pourquoi toutes ne s'équivalent pas. Ce qui justifie tant la recherche philosophique que le combat politique. Mais si l'amour des leçons, de la pédagogie, de l'instruction civique, peut être aussi fort que possible, il ne justifie jamais que la morale soit objet de «leçon» ».
ROBERT MAGGIORl