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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 19:39
Corrigé d'un sujet de bac blanc donné en mars 2007 au lycée Buffon

 

Les hommes existent-ils comme existent les choses ?

 

 Il y a toutes sortes de « choses », ce terme désignant un peu tout ce que l’on voudra, depuis le brin d’herbe jusqu’au tableau de maître, ou à l’ordinateur qui,  pourtant, peut être aussi intelligent ou davantage encore que certains d’entre nous. La notion d’existence n’est pas beaucoup plus déterminée (tout ce qui est, n’existe-t-il pas par définition ?). Pourtant la philosophie nous enseigne que la conscience d’exister est le propre des hommes. La question est donc la suivante : faut-il admettre que  ce qui n’a pas conscience d’exister, de ce fait, n’existe pas ? Ou bien faut-il considérer au contraire que tout ce qui est, « existe » (de ex-sistere), d’une certaine manière, au même titre que toute chose, même si les hommes ont une  qualité ou une dimension qui leur est propre. Quelle est cette dimension ?

 

I Les hommes partagent la contingence des choses

Contingence : ce qui peut ne pas être. Comme les choses nous aurions pu ne pas être, et un jour nous ne serons plus. Nous partageons avec les choses la temporalité (notre vie se déroule dans le temps et est soumise à la caducité) et la finitude.

1)      Il y a trois sortes de choses. Les choses inanimées (un caillou) les choses vivantes (une fleur) et les animaux (doués de motricité et de mobilité). Les hommes sont très différents des choses inertes mais très proches des animaux supérieurs. Mais les animaux intelligents sont-ils des choses ?

2)      Tout devient, tout se transforme, tout est voué à disparaître. Même si certains êtres sont beaucoup plus fragiles que d’autres. Curieusement, les plus complexes ne sont pas les moins fragiles ni les moins contingents. Un caillou est beaucoup moins affecté par le temps que nous !

3)      L’intelligence nous sépare des autres « choses ». Cependant même le cerveau qui en est le support peut être étudié comme une chose. C’est ce que font aujourd’hui les sciences cognitives

Conclusion :

D’un point de vue objectif mais superficiel nous sommes comme toutes choses


II  L’Esprit crée une coupure entre les hommes et les choses.

On admet généralement que les choses sont dépourvues d’esprit (même si certains animaux sont intelligents). Mais ceux-là ne peuvent plus être qualifiés de « choses »

1)      L’essence de l’Esprit, c’est la liberté (Hegel). C’est parce qu’en eux l’Esprit advient que les hommes ne sont pas des choses (relatives) mais ont une dignité (valeur absolue)

2)      Les esprits singuliers disparaissent (les individus meurent) mais l’Esprit demeure. Le souvenir perpétue l’Esprit, et  les œuvres, qui ne sont pas de simples choses, témoignent de la permanence de l’Esprit. De même l’Esprit Universel suit son cours, tandis que l’Esprit de chaque peuple s’efface pour laisser la place à une forme supérieure (plus universelle)

3)       Par la culture, les hommes échappent dans une certaine mesure à la temporalité et à la caducité. Les formes symboliques (le langage, les œuvres d’art, les monuments..) nous permettent de nous affranchir de l’ordre du temps

Conclusion :
Les hommes, parce qu’ils participent de l’Esprit, ne sont pas totalement contingents

III  Les hommes existent comme des choses mais n’existent pas que comme des choses


1)      Les choses sont de l’ordre de l’« en-soi » (qui n’a qu’une dimension) mais les hommes sont du côté du « pour-soi » (qui a une double dimension, cf texte de Hegel, les ronds dans l’eau, Cours d’esthétique, p 45-46). Par la conscience de soi, l’homme s’observe lui-même. Contrairement au roseau, s’il est fragile, il connaît cette fragilité et ceci lui donne une  transcendance (le texte de Pascal sur le roseau pensant) par opposition aux choses. C’est cette transcendance (capacité de sortir de soi-même, ex- sistere) qui est remise en cause  dans l’expérience de la honte.

2)      L’homme a une dignité tandis que les choses ont un prix. Ce qui a un prix, c’est qui peut être  évalué, quantifié, tel une marchandise. Les hommes ne peuvent l’être car ils sont singuliers et non interchangeables

3)      Seuls les hommes existent, en toute rigueur. Les choses n’existent pas (si ce n’est pour l’homme). Les choses sont (« être »)  mais n’existent (« ex-sister ») pas. Cependant, il y a des cas difficiles, celui notamment des hommes sans conscience (en coma dépassé) ou des embryons congelés ou fœtus congelés, ou  organes séparés du corps et vendus sur le marché etc.. Problème aussi des œuvres de l’homme : méritent-elles le respect, non pas comme des choses, mais comme des témoignages ou des expressions de l’Esprit ?

Conclusion:
Evidemment les hommes n’existent pas comme existent les choses. Cependant, les œuvres de l’homme (un Opéra de Mozart, un poème, le Parthénon) ne sont pas des  choses. Les embryons congelés non plus. Les animaux supérieurs non plus. Donc on ne peut se satisfaire d’une ontologie dichotomique (en-soi/ pour soi), c’est-à-dire d’une théorie de l’être qui oppose deux catégories et deux seulement (les choses / les hommes)

 

 

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commentaires

S
L'homme objet, je suis pour !Smileyhttp://appareil-over-blog.com
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