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2 décembre 2006 6 02 /12 /décembre /2006 18:10

Il existe de multiples formes d'amitié. Mais seule l'amitié qui repose sur la vertu est  profonde, authentique et durable.

"La parfaite amitié est celle des hommes bons et semblables en vertu. Chacun veut du bien à l'autre pour ce qu'il est, pour sa bonté essentielle. Ce sont les amis par excellence, eux que ne rapprochent pas des circonstances accidentelles, mais leur nature profonde. Leur amitié dure tout le temps qu'ils restent vertueux, et le propre de la vertu en général est d'être durable. Ajoutons que chacun d'eux est bon dans l'absolu et relativement à son ami, bon dans l'absolu et utile à son ami, bon dans l'absolu et agréable à son ami. Chacun a du plaisir à se voir soi-même agir, comme à contempler l'autre, puisque l'autre est identique, ou du moins semblable à soi.
Leur attachement ne peut manquer d'être durable : il réunit, en effet, toutes les conditions de l'amitié. Toute amitié a pour fin le bien ou le plaisir, envisagés soit absolument, soit relativement à la personne aimée, et supposant alors une ressemblance avec elle, une similitude de nature, une parenté essentielle. De surcroît, ce qui est bon absolument est aussi agréable. L'amitié atteint au plus haut degré d'excellence et de perfection chez les vertueux.
Mais elle est fort rare: les personnes qui en sont capables sont fort peu nombreuses. D'autant qu'elle demande du temps et des habitudes communes."
AR ISTOTE, Éthique à Nicomaque (vers 345 av. J.-C), Livre VIII, trad. F. Stirn, Hatier, 1988, pp. 34-35.

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commentaires

L
bonjour,<br /> pourriez-vous m'éclairer sur les différences que l'on peut constater entre la conception de l'amitié chez Aristote, dans l'Éthique à Nicomaque et la conception de l'amitié chez Cicéron, par exemple dans Amitié?
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L
<br /> <br /> Il est impossible de répondre à une telle question (c’est une peu comme si vous me demandiez quelle est la différence entre l’ontologie de Descartes et celle de Leibniz..)<br /> Cicéron part des thèses de Aristote, il les explicite, les développe, les radicalise, en dévoile toutes les difficultés. ..<br /> Dans Lélius ou De l’amitié : il s’interroge, comme Aristote, sur la nature « parfaite » (philia teleia) de l’amitié (XXI) « celle qui est une fin en soi » et que l’on recherche pour elle-même » : comme Aristote.<br /> Il évoque toutefois les incertitudes concernant la nature morale de l’amitié, dans la mesure où celle-ci s’enracine dans des motivations aléatoires (traits de caractères singuliers de l’ami).<br /> Il se demande aussi si l’amitié fait bien partie intégrante de la vie heureuse (eudaimonia), alors même que l’amitié, qui implique la dépendance, nous fragilise.<br /> Autre question, plus radicale, posée par Cicéron à la suite de Aristote : qu’aime-t-on en l’autre ? Une sorte de reproduction de soi ? Auquel cas on aime l’ami parce que l’on s’aime soi-même ? « un ami vrai pour son ami est un second lui-même » (tanquam alter idem) (Lélius XXI) .<br /> Enfin, une aporie et un dilemme moral.<br /> L’aporie : il faudrait choisir ses amis dans un démarche préliminaire (sélection de l’ami) car très peu d’hommes sont à la hauteur de l’amitié. Cependant seules les épreuves de la vie me permettront de savoir si untel est vraiment mon ami (Lélius, XVII) ;<br /> Le dilemme moral : si mon ami me demande de commettre un crime avec lui « « mettre le feu au Capitole ») dois-je privilégier la justice ou m’amitié -la justice évidemment dit Cicéron (Lélius, XI) . De même que Aristote dit qu’il faut toujours préférer la vérité à ses amis. Ce qui relativise tout de même l’amitié en tant que vertu…<br /> L’amitié est une « vertu » problématique, et c’est pourtant l’une des plus exigeantes des vertus...<br /> <br /> <br />