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18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 10:33

« L'homme n'est pas cet être débonnaire, au cœur assoiffé d'amour dont on nous dit qu'il se défend quand on l'attaque mais un être, au contraire qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité. Pour lui, par conséquent, le prochain n'est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles mais aussi un objet de tentation. L'homme est en effet tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utiliser sexuellement sans son consentement, de s'approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer... 
Cette tendance à l'agression, que nous pouvons déceler en nous-même et dont nous supposons à bon droit l'existence chez autrui, constitue le facteur principal de perturbation dans nos rapports avec notre prochain ; c'est elle qui impose à la civilisation tant d'efforts. Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine. L'intérêt du travail solidaire ne suffirait pas à la maintenir : les passions instinctives sont plus fortes que les intérêts rationnels. La civilisation doit tout mettre en œuvre pour limiter l'agressivité humaine et pour en réduire les manifestations à l'aide de réactions psychiques d'ordre éthique. De là, cette mobilisation de méthodes incitant les hommes à des identifications et à des relations d'amour inhibées quant au but ; de là aussi cet idéal imposé d'aimer son prochain comme soi-même, idéal dont la justification véritable est précisément que rien n'est plus contraire à la nature humaine primitive ». Freud, Malaise dans la civilisation 1929, V., pp 102 -121, Essais Points.   

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commentaires

B
Darwin a montré que chez les animaux sociaux, dont nous faisons partie, la sélection naturelle avait privilégié les instincts groupaux de coopération, bien plus efficaces pour survivre. Contrairement à ce que l’on croit, l’idée que la nature est une « jungle féroce et égoïste » n’est pas de lui, mais d’Herbert Spencer et des idéologues de l’ultralibéralisme.<br /> <br /> (Entretien avec Mathieu Ricard dans le magazine Clés N° 85)
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J
Je suis d'accord avec Sylvain pour dire que Freud fait de son expérience personnelle , de sa situation personnelle et des préjugés qu'il en déduit , des généralités ne tenant pas la route au regard de ce que l'on peut observer dans des cultures différentes et milieux sociaux différents .D'accord également sur la complémentarité de la passion et de la rationalité ,qui en l'absence de la volonté de contrôle et de domination de la nature ,produisent une pensée plus naturelle .<br /> <br /> L'animal est agressif ,l'Homme est agressif, et mauvais , c'est à dire animé par la volonté de faire souffrir . Causer de la souffrance à autrui c'est exercer un pouvoir compensant un sentiment d'infériorité et d'impuissance ,chose que seul l'être humain éprouve .
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S
D'une part, Freud enfonce une porte ouverte en disant que l'être humain est volontiers mauvais et agressif (c'est à peu près aussi original que d'écrire que le ciel est bleu ou que le soleil brille), d'autre part son conformisme absolu l'empêche de concevoir que les "passions instinctives " et les "intérêts rationnels" puissent être complémentaires et s'enrichir mutuellement. <br /> Freud fait partie des innombrables imposteurs de l'histoire de la philosophie, aux côtés d'Epictète, Fichte, Marx, Sartre etc...Non seulement il n'a pas découvert l'existence du subconscient (déjà parfaitement connue au XIXème siècle d'auteurs tels que Nerval, Poe, Hugo etc...) mais nombre de ses hypothèses reposent uniquement sur ses préjugés personnels, où perce d'ailleurs un certain puritanisme affligeant.
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L
Agressif ne veut pas dire mauvais....<br />
J
Nos lointains ancêtres végétariens et insectivores ,pas encore chasseurs ,éleveurs ,agriculteurs ,ne connaissant donc pas les armes et certains outils , vivant en petits groupes au sein d'un milieu leur procurant de la nourriture et une relative sécurité ,ainsi que des conditions climatiques relativement clémentes , étaient-ils si agressifs que le prétend Freud ? Avaient-ils des raisons de l'être ?<br /> De même qu'un individu civilisé ayant bénéficié de toute l'affection et l'attention de la part de ses parents ,ayant donc vécu une enfance heureuse ,sans trop de frustrations et souffrances ,ayant bénéficié d'un environnement offrant de l'espace ,de la diversité, et de multiples possibilités de jeux ,n'éprouve aucune envie de faire souffrir ,d'humilier ,de martyriser et de tuer qui que se soit . Tout au contraire ,il a le souci de l'autre ,de la générosité , de la passion pour la vie etc ...<br /> <br /> C'est le fait de vivre au sein de communautés comportant un trop grand nombre d'individus qui génère des perversions ,des comportements déviants etc ...qu'il faut alors absolument chercher à contrôler et limiter afin que cela ne cause la perte de ces communautés .<br /> La civilisation consiste a fournir aux individus des moyens matériels ,spirituels , comportementaux de se soulager du mal-être que fait naître en tout individu le surnombre au sein d'un espace trop restreint .
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