« L'animal humain est agressif, mais il ne se bat pas par instinct et la guerre est une expression, elle n'est pas une expression nécessaire de la combativité humaine. Elle en a été l'expression constante au cours de la phase historique, à partir du moment où les sociétés se sont organisées et armées. Il est contraire la nature de l'homme que le danger de violence soit définitivement écarté : en toute collectivité, des inadaptés violeront les lois et attaqueront des personnes. Il est contraire à la nature des individus et des groupes que les conflits entre individus ou entre groupes disparaissent. Mais il n'est pas démontré que ces conflits doivent se manifester dans l'institution belliqueuse, telle que nous la connaissons depuis des milliers d'années, avec des combattants organisés, utilisant des outils toujours plus destructifs.
La paix, c'est à dire l'absence de guerre légale entre collectivités souveraines est-elle possible ? Est-elle probable ? Nous nous poserons la question après avoir analysé le monde d'aujourd'hui. Bornons-nous, au terme de ce chapitre, à la seule conclusion que nous suggèrent les biologistes.
La difficulté de la paix tient plus à l’humanité qu’à l’animalité de l'homme. La souris qui a reçu une raclée se soumet au plus fort et la hiérarchie de domination est stable. Le loup qui tend la gorge est épargné par son vainqueur. L’homme est l’être capable de préférer la révolte à l'humiliation et sa vérité à la vie. La hiérarchie du maître et de l'esclave ne sera jamais stable. Demain les maîtres n'auront plus besoin des serviteurs et ils auront le pouvoir d’exterminer ».
Paix et guerre entre les nations; Raymond Aron, p.364.
Merci à Philippe Gaudin de m’avoir signalé ce texte.