« La haine surgit quand est refusé ce que la représentation institutionnalise. La représentation institutionnalise la division en politique, c'est-à-dire l'altérité. Quand l'autre est reconnu, les divisions, les séparations et les écarts sont aussi admis. Et dans ce cas, la haine et l'amour sont intriqués, et le refoulement peut opérer. Je peux taire la haine des uns si je peux dire l'amour des autres. Le populisme met fin à ces possibilités.
La rhétorique populiste unifie les sens du mot « peuple », qui, sinon, existent à l'état séparé. Quand le sens des mots ne glissent plus, et n'échappent plus dans une pluralité de sens, alors le pouvoir d'un mot peu devenir terrible. Quand le peuple commença croire qu'il est un peuple il aura aussi bien en sang social (le« petit peuple ») qu’au sens juridico-politique (les « citoyens », terme que Donald Trump emploie de manière synonyme à celui de « people ») et nationale le thème de « la France », chez Marine Le Pen).
Hélène L’Heuillet , Tu haïras ton prochain comme toi-même, Albin Michel 2017