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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 11:02
Oublier le bien, nommer le mal
Une nouvelle critique  https://www.ladictaturedeslivres.com/single-post/2017/01/23/Le-Bien-le-Mal-Une-réflexion-intelligente-mais-pas-que
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Bien, le Mal : Une réflexion intelligente, mais pas que.

 

January 23, 2017

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Pierre Insuline

 

 

 

 

 

"Oublier le mal, Nommer le Bien" (Editions Belin) de Laurence Hansen-Love est un ouvrage de philosophie qui a le mérite de faire oeuvre de pédagogie, c'est à dire de rendre simple (mais pas simpliste) ce qui est complexe (mais pas compliqué). L'auteure s'emploie à démontrer comment le Mal et le Bien s'entendent plus ou moins (bien) depuis les temps reculés jusqu'à aujourd'hui. On suit donc avec plaisir le cours de sa pensée (relativement fluide, certains passages nécessitent tout de même un expresso serré sans sucre) et il ressort de belles choses dont cette idée centrale : le Mal n'est pas l'absence de Bien. Le Mal existe. Il faut donc le nommer, ne pas en avoir peur (ne pas se laisser intimider, savoir qu'il est contagieux) et le combattre (Daech par exemple, comme l'indique l'auteure). Mais pour être combattu, le Mal ne doit pas être déshumanisé, car si c'est bien une affaire d'hommes méchants, le Mal est une affaire d'hommes tout court. Et ces hommes pensent : il faut donc les "comprendre", comprendre ce qu'il pensent, pourquoi ils le pensent et où les mène leur "pensée". Ainsi Laurence Hansen-Love (dont je n'ai pas dit qu'elle est prof de philo à Paris, voilà c'est fait) explique avec subtilité que Hitler et ses sbires nazis avaient un projet mégalo totalement suicidaire : aider la nature à faire la sélection naturelle (celle que Hitler voulait), en exterminant de la planète des groupes humains entiers qui, selon eux, bouffaient leur être profond à la racine (Juifs, Slaves, Tziganes, homosexuels, handicapés, tous ces gens étant jugés faibles et trop longtemps protégés, ils devaient disparaître). Mais la logique profonde d'Hitler et de ses barbares étaient de MOURIR, donc de perdre. Oui de Mourir, et non de gagner. Car il était impensable de poser un empire démoniaque face à la Russie, à l'Angleterre, aux Etats-Unis, à la Chine sans perdre, tôt ou tard (De Gaulle et Churchill l'ont compris les premiers). Et ils ont perdus les Nazis, et dans leur chute il leur fallait emporter avec eux la souffrance de millions d'hommes, notamment les Juifs, et faire en sorte que les Allemands subissent aussi le sort qu'ils méritent puisqu'ils perdraient à la fin (Hitler se foutant bien de son peuple comme ses écrits le montrent : s'il ne parvenait pas à ses fins, alors les Allemands méritaient eux aussi de mourir selon le Führer). Deux faits montrent ces folies suicidaires : 1. L'Allemagne avait quasiment perdu la guerre que les nazis poursuivaient quand même la destruction des Juifs, l'intensifiant en 1944. 2. Peu de nazis se sont rendus vivants, Hitler le premier.

L'auteure trace ensuite le parallèle avec les terroristes totalitaires de Daech (qui font, directement et indirectement des centaines de milliers de morts au Proche-Orient et ailleurs, grandement aidés je le concède par leur meilleur ennemi Hafez el Assad) et versent dans un idéologie mortifère, morbide et aussi suicidaire que celles des Nazis. Ainsi veulent-ils exterminer et/ou asservir le monde entier et purifier à peu près tout ce qui n'est pas "bons musulmans" à leur yeux, c'est à dire plus de 5 milliards de gens. Entreprise démente, impossible (voilà pourquoi ces terroristes veulent mourir, leur cause étant perdue comme eux le sont) mais qu'il faut comprendre et nommer : pour ne pas qu'ils nous nous fassent peur. Et pour que nous gagnons à la fin. Cette démonstration historico-éthique permet à l'auteure de boucler un livre réellement brillant qui fait jongler joyeusement les concepts mais sait rester très concret.

Seules ombres au tableau : une coquille qui fait passer le journaliste Jean Birnbaum pour John Birnbaum (rien de grave, ça arrive) et une GROSSE erreur, qui est en fait un GROS OUBLI qui là me chiffonne franchement. Hansen-Love évoque les génocides post-Shoah, citant Pol Pot et mettant Daech dans le même sac, très bien...mais elle ne parle JAMAIS, sauf erreur de ma part, du Rwanda ! J'avoue très mal le prendre car cela nuit gravement à ma libre pensée et me renvoie à cette idée que ce qui touche l'Afrique est systématiquement occulté (esclavage, Rwanda). Pourquoi cet oubli, Madame ?? (j'attends votre mail).

 

 

 

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