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10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 13:25

 


Quelques variations de mon cru sur le thème des méfaits de la « révolution «  moderne selon  Sloterdijk, en lien avec un article élu récemment dans le Monde à propos du caractère non violent de la hiérarchie chez les animaux…

Dans le règne animal:
«   Les hiérarchies sociales s’expriment de différentes façons, ordre de picorage  des poules ou épouillage mutuel chez les singes,  et représentent une adaptation non-violente aux situations de conflit potentiel lorsque deux volontés incompatibles s’affrontent. Ces rapports de domination se situent souvent à l’interface inné/ acquis, entre influence des gènes et pression de l’environnement. »

« Le cerveau régulateur des hiérarchies sociales »  Angela Sirigu, le Monde, 7/11/ 2O16

La nature impose des hiérarchies -  pour les individus d’une même espèce -   qui, dans la mesure exacte où elle ne sont pas contestées (sauf dans les Fables de La Fontaine), sont en elles-même non-violentes. Dans le monde humain moderne,   les hiérarchies traditionnelles (par la naissance)  ont été plus ou moins abolies - en théorie au moins (nuit du 4 août). Aujourd’hui, finalement, ce n’est pas forcément la hiérarchie en tant que telle qui engendre  la détresse et le désespoir. C’est la persistance d’une hiérarchie qui contredit l’EGALITE.

 D’un point de vue anthropologique,  l’égalité  - promise et non réalisée - est source de souffrance et de violence.  
 Bien sûr du fait du  décalage entre les  objectifs affichés  (égalité en droit) et la réalité (inégalité réelle), mais pas seulement.

Pourquoi?

 Hobbes l’a compris  (tous égaux , tous potentiellement en conflit),  ensuite Tocqueville  (« en démocratie, la moindre inégalité blesse »),  Louis Dumont  (Homo aequalis) aussi, ou encore J.P. Dupuy (Le sacrifice et l’envie : à propos  de la fable de la méritocratie) : l’ égalité (de principe) entre individus n’est pas une règle apaisante … bien au  contraire. Tous égaux signifie tous rivaux….. et, ipso facto,  (presque) tous frustrés et désespérés, sauf les gagnants du jeu « égalitaire » et soi disant méritocratique.  

On peut ainsi  tenter de comprendre l’immense indignation, la colère et la rage de l’homme démocratique vis à vis des institutions et des promesses non tenues du « système »  ….

 C’est ce  que Peter Sloderdijk appelle la   « révolution »  ou encore  la « modernisation généalogique » (« l’abolition des différences généalogiques dans les constitutions modernes »). Cette révolution provoque des effets indésirables :
« Les différences de statut entre individus et groupes  doivent désormais être identifiées dans une concurrence permanente et généralisée, avec des coûts de frustration croissant et des risques de démoralisation accrue.

 Cela  constitue un état de fait récent, encore à peine perçu et, a fortiori, compris, dont on ne peut déterminer, provisoirement, s’il répond aux conditions psycho-politiques qui régissent l’existence à long terme des civilisations.

 L’attaque contre une différence héréditaire se fait par le déclenchement d’une compétition permanente pour les meilleures places, entre deux nouveaux candidats censés disposer de chances égales, course qui produit inévitablement innombrables perdants. Cela peut expliquer l’effet paradoxal, sur le plan de la psychologie sociale, que les sociétés modernes, tout en jouissant d’une richesse sans précédent, d’une redistribution massive et d’une espérance de vie en forte expansion, doivent lutter contre l'assombrissement chronique de leur humeur fondamentale »  Après nous le déluge, page 379.
 (attention personne ne dit ici que l’inégalité c’est bien et qu’il faut revenir aux sociétés de castes..)

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