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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 11:32
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H
« On a commencé à se convaincre que tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes enseignants, et que si nos méthodes d’instruction primaire et secondaire sont déjà contestables, appliquées à nos propres écoliers, elles sont pitoyables quand on prétend s’en servir sur des esprits aussi différents des nôtres et aussi différents entre eux que des Arabes, des Congolais, des Malgaches ou des Annamites. On a fini par comprendre aussi que la question pédagogique se double d’une question politique au premier chef, et l’examen de ce qui se passe chez nous, comme dans les Dominations étrangères, n’allait pas tarder à nous démontrer la haute importance de tout cet ensemble de problèmes financiers, administratifs, moraux et politiques qui s’enchevêtrent sous le titre de l’Instruction publique. On a conçu enfin que, comme la langue d’Esope, l’instruction peut être, suivant ceux qui la donnent et ceux qui la reçoivent, une chose bonne ou mauvaise, que c’est une arme à deux tranchants, d’un maniement dangereux et dont la pointe même peut être empoisonnée. » <br /> <br /> « Bien entendu, on ne se rendait aucun compte de la nécessité, ni même sans doute de la possibilité d’instituer de toutes pièces des programmes différents des nôtres, adaptés à l’esprit et aux besoins de ces enfants comme au but de nos entreprises. Rien ne paraissait plus légitime que de se servir des livres et des modèles tout faits à l’usage de nos écoles et l’on trouvait tout naturel de seriner à ces infortunés les hauts faits de « leurs ancêtres » gaulois, la succession des rois mérovingiens, les affluents des affluents de la rive droite de la Seine, avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. <br /> <br /> Il semble pourtant que la pratique aurait dû montrer bien vite à des éducateurs de quelque bon sens à quel point le texte français en apparence le plus simple est incompréhensible pour des noirs ou pour de petits paysans annamites, par exemple, dont l’horizon n’a jamais dépassé le marécage natal, alors surtout que le maître, produit de nos écoles normales primaires, ou simple protégé — cela se voit — d’un député d’arrondissement, échoué par raccroc dans ces fonctions de hasard, ne connaît pas un mot de la langue de ses disciples forcés et n’est animé ni du désir ni des moyens de pénétrer leur genre d’esprit. » <br /> <br /> Jules Harmand - Domination et Colonisation (1910)<br /> <br /> https://postcolonialbrittany.wordpress.com
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H
"Si mon hypothèse est exacte, il faut admettre que la fonction primaire de la communication écrite est de faciliter l'asservissement. L'emploi de l'écriture à des fins désintéressées, en vue de tirer des satisfactions intellectuelles et esthétiques, est un résultat secondaire, si même il ne se réduit pas le plus souvent à un moyen pour renforcer, justifier ou dissimuler l'autre.<br /> <br /> Si l'écriture n'a pas suffi à consolider les connaissances, elle était peut-être indispensable pour affermir les dominations. Regardons plus près de nous : l'action systématique des États européens en faveur de l'instruction obligatoire, qui se développe au cours du XIXe siècle, va de pair avec l'extension du service militaire et la prolétarisation. La lutte contre l'analphabétisme se confond ainsi avec le renforcement du contrôle des citoyens par le Pouvoir. Car il faut que tous sachent lire pour que ce dernier puisse dire : nul n'est censé ignorer la loi.<br /> <br /> Claude Lévi-Strauss - Tristes tropiques (1955)<br /> <br /> https://postcolonialbrittany.wordpress.com
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H
"Plût à Dieu, madame, pour le bien que je vous veux, qu'on eût pu au moins copier fidèlement le Conte du tonneau, du doyen Swift! c'est un trésor de plaisanterie dont il n'y a point d'idée ailleurs. Pascal n'amuse qu'au dépens des jésuites, Swift divertit et instruit aux dépens du genre humain. Que j'aime la hardiesse anglaise ! que j'aime les gens qui disent ce qu'ils pensent ! C'est ne vivre qu'à demi que de n'oser penser qu'à demi."<br /> <br /> Voltaire<br /> <br /> https://postcolonialbrittany.wordpress.com
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J
Contrairement à ce que l'on pourrait croire ,ou penser , penser ne demande pas de faire des efforts sur soi-même .Cela se fait aussi automatiquement que de suivre un chemin tout tracé , il suffit de laisser les pensées naître en soi , suite aux émotions et sentiments éprouvés .Bien entendu ces pensées sont plus ou moins profondes et correspondent plus ou moins à la réalité selon la sensibilité de l'individu en qui elles naissent . Il faut donc distinguer celui ou celle qui pense de celui ou celle qui réfléchit , qui fournit un effort afin de comprendre et d'expliquer .Un penseur ne cherche pas à comprendre , il se contente de vivre en se laissant guider par ses émotions, en sachant qu'en ne cherchant pas à se contrôler afin de correspondre à ce que l'on attend de lui ,il ne travestira pas la réalité . Cela ne signifie pas qu'il ne sera jamais dans l'erreur , mais que s'il lui arrive de se tromper , il saura l'admettre en faisant de son erreur un moyen d'affiner sa vision des choses .<br /> <br /> Un penseur vit d'abord ,éprouve les choses et pense après .Il ne cherche pas à comprendre et connaître le plus de choses possible ,en cherchant d'abord à connaître le sens des mots afin de pouvoir y associer ensuite les choses auxquelles ils correspondent .<br /> <br /> Il existe donc peut-être plus de penseurs que l'on s'imagine , mais ils se taisent car n'éprouvent pas le besoin d'exposer leurs pensées , comme un artiste peintre qui se terre dans son atelier pour peindre d'abord pour lui-même .
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H
Voilà un excellent texte de Bergson (Science Po Paris 2016) :<br /> <br /> "C'est la société qui trace à l'individu le programme de son existence quotidienne. On ne peut vivre<br /> en famille, exercer sa profession, vaquer aux mille soins de la vie journalière, faire ses emplettes, se promener dans la rue ou même rester chez soi, sans obéir à des prescriptions et se plier à des<br /> obligations. Un choix s'impose à tout instant ; nous optons naturellement pour ce qui est conforme à la règle. C'est à peine si nous en avons conscience ; nous ne faisons aucun effort. Une route a été tracée par la société ; nous la trouvons ouverte devant nous et nous la suivons ; il faudrait plus d'initiative pour prendre à travers champs. Le devoir, ainsi entendu, s'accomplit presque toujours automatiquement ; et l'obéissance au devoir, si l'on s'en tenait au cas le plus fréquent, se définirait un laisser-aller ou un abandon. D'où vient donc que cette obéissance apparaît au contraire comme un état de tension, et le devoir lui-même comme une chose raide et dure ? C'est évidemment que des cas se présentent où l'obéissance implique un effort sur soi-même. Ces cas sont exceptionnels ; mais on les remarque, parce qu'une conscience intense les accompagne, comme il arrive pour toute hésitation ; à vrai dire, la conscience est cette hésitation même, l'acte qui se déclenche tout seul passant à peu près inaperçu."<br /> <br /> Henri Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion, 1932.<br /> <br /> Pour un philosophe, c'est banal de le dire, c'est une évidence, mais pour un non-philosophe ...<br /> <br /> "Le nombre de ceux qui pensent est excessivement petit..."<br /> <br /> Voltaire<br /> <br /> https://postcolonialbrittany.wordpress.com
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