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11 novembre 2015 3 11 /11 /novembre /2015 17:17

Extrait d'un article que j'ai rédigé en 2005

Le sentiment a-t-il sa place en politique ?

La politique est l’organisation raisonnable de la vie en communauté en vue d’un « monde » humain, c’est-à-dire d’une association volontaire d’individus partageant un certain idéal de justice. Il est clair que c’est d’abord à la raison qu’il revient d’organiser la vie en commun car l’instauration d’un ordre humain - c’est-à-dire de l’ordre le plus humain, le moins injuste possible - implique des dispositions qui laissent peu de place à l’improvisation. Avant de rentrer dans le détail, notons tout d’abord quelles sont les deux raisons les plus manifestes de l’inopportunité du « pathos » en politique : d’une part la concorde sociale visée par toute politique (digne de ce nom) est une construction délicate qui exige que les hommes soient pris en compte dans leur généralité abstraite, ce qui implique que leur diversité passe au second plan. D’autre part la justice est, par définition, le refus de l’arbitraire : les décisions équitables sont des décisions mûries, concertées qui impliquent la médiation de tiers, le temps de la délibération et le débat contradictoire. C’est en se fondant sur ce type d’ observations que des philosophes comme Spinoza ou Kant ont soutenu avec insistance que le sentiment est peu compatible avec la politique. Pour Spinoza, la politique n’est pas seule en cause : il est en effet préférable de s’en remettre à la raison dans la conduite de notre existence de façon générale.

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