( Samedi soir, à On n’est pas couché, Michel Onfray a répondu à la question de Léa Salamé : "qu’est-ce qu’un peuple?")
Cher Michel Onfray,
Votre réponse, ou plutôt votre suite de réponses, ne fait pas l’affaire.
Première réponse: « Le peuple, c’est ceux sur qui s’exerce le pouvoir ».
(Un peu vague. Cela peut désigner tous les êtres humains sur qui s’exerce le pouvoir. Donc par exemple les syriens ou les erythréens qui tentent de trouver un asile en Europe. D’autre part, on ne voit pas bien qui est inclus - les sans-grades ? - et qui est exclu : ceux qui ont un quelconque pouvoir? Mais on peut très bien être soumis au pouvoir tout en possédant un pouvoir: par exemple les maires de France, ou bien les syndicats, ou bien n’importe quel prof ou fonctionnaire, soumis au pouvoir politique mais exerçant dans son registre une forme de pouvoir);
Deuxième réponse (implicite): le peuple français (« mon peuple » dit Michel Onfray ). (Dans ce cas, il faut inclure touts les citoyens français, y compris les rentiers, capitalistes, politiciens, chefs d’entreprise etc. Cette définition est incompatible avec la première).
Troisième réponse : « Le prolétariat old school ». Explication ? « Ceux (autrefois) qui étaient communistes, qui vendaient l’humanité etc », ceci afin d’exclure « le peuple de gauche » aujourd’hui, celui qui est représenté par Libé et ses bobos (Un peu farfelu: chacun voit le peuple à sa porte, par exemple, pour les Lepen, le peuple c’est ceux qui votent pour eux).
Quatrième réponse: « Ceux qui se lèvent le matin, ceux qui souffrent », exemple: « Les étudiantes qui se prostituent » (On ne peut pas définir le peuple en donnant des exemples. Et puis il y a des gens qui ne se lèvent pas le matin et qui souffrent, et des gens qui se lèvent tôt le matin sans souffrir pour autant…)
Cinquième réponse : le prolétariat tout court (Au sens de Marx? c‘est-à-dire « ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail »? Ou encore: « tous les salariés au revenu modeste »? Mais alors qu’en est-il des chômeurs? et de tous ces petits entrepreneurs, artisans, auto-entrepreneurs, étudiants, pauvres, précaires, etc.. qui souffrent, mais qui ne sont pas des prolétaires. Quant aux chômeurs, aux réfugiés éventuellement nantis, et diplômés , mais aujourd’hui apatrides, ce ne sont pas des prolétaires..)
Conclusion: ce n’est pas sérieux de la part d’un philosophe d’employer ce mot « peuple » non à la manière d’un philosophe, mais comme le font les politiciens démagogues et populistes. Comme Marine Lepen ou Sarkozy.
Pour vous, chers visiteurs de ce blog, lisez l’article « peuple » dans Philo de A à Z. On vous propose, entre autres, une définition républicaine du peuple. On en reparle après, ici même. Voyez aussi l’entrée « populiste ».Et l’entrée « prolétaire » dans le Robert.