La foi qui tue tuera-t-elle l’Occident ?
Ayaan Hirsi Ali, Huntington et le Parlement canadien
Par Serge Provost
Professeur de philosophie
Dans la foulée de l’argumentaire d’Ayaan Hirsi Ali qui s’en prend « aux illusions d’un monde unique obamien », tout en rappelant à nos mémoires sceptiques la thèse huntingtonienne du Choc des civilisations, on vient d’apprendre, en cette fin paisible et boréalement si belle du mois d’août 2010 nord-américain, que trois djihadistes établis au Canada depuis longtemps, dont un médecin, Khurram Syed Sher, ayant participé, en tenue afghane, à une émission de variété télévisuelle très connue (Canadian Idol – le voir sur You Tube), ont été arrêtés au moment où il préparait une attaque terroriste d’importance contre le … Parlement du Canada, à Ottawa ! Quoi ? La vie politique du Canada benladénisée ?
On sait qu’Al-Qaïda recrute ses djihadistes et kamikazes dans les communautés musulmanes du monde entier, y compris en Europe et en Amérique du Nord, mais n’est-il pas pour le moins consternant (pas pour Ayaan Hirsi Ali et bien d’autres) que des pays réputés pour leur « neutralité relative » (le Canada est quand même présent en Afghanistan) soit concrètement et réellement dans la ligne de mire des frères d’armes d’Oussama ben Laden ?
Après le 11 septembre 2 001, on sait également, et plus que jamais, que les kamikazes ne sont pas tous des intégristes écumant de bave, mais des croyants sincères et endoctrinés qui placent leur cause au-dessus de leur vie. On connaît la formule vertigineuse utilisée par les dirigeants d’Al Quaïda : « Qu’importe les bombardements américains ! Nos hommes ont autant envie de mourir que les Américains de vivre ! »… La seule foi qui compte, c’est la mienne, à bas et à mort toutes les autres ! disent tous les fanatismes. Le fanatisme… le philosophe Alain ne disait-il pas, à raison, qu’il représente « un redoutable amour de la vérité ». Osons compléter la phrase du penseur : le pire,le plus injuste, et le plus antiphilosophique de tous.
Les chiffres, hélas, semblent crédibiliser la position de l’ancienne députée néerlandaise dont la tête est déjà mise à prix par une fatwa moyenâgeuse, mais terriblement actuelle. En 2009, 11 000 attentats terroristes ont frappé la planète, selon un recensement du National Counterterrorism Center des États-Unis. Ces attaques ont fait 15 000 morts et plus de 40 000 blessés, dont près de la moitié en Asie du Sud.
D’aucuns questionneront la source même des chiffres cités par Ayaan Hirsi Ali (la CIA ! - qui parlent d’investissements saoudiens de 2 milliards de dollars par an, durant trois décennies, pour propager leur version fondamentaliste de l'islam…), mais comment douter de la véracité de l’instinct de mort des nouveaux convertis occidentaux (pensons à ce psychiatre «re-islamisé» qui ouvrit le feu sur ses «patients» à la plus grande base militaire en terre américaine), comment douter de la détermination et de l’impétuosité à la fois suicidaire et assassine de ses religionnaires prêts à n’importe quel crime de masse ?
Cette foi qui tue tuera-t-elle l’Occident ?
La réponse revient à tous les Occidentaux. Croyants ou non.