Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 13:09

tony-judt.jpg

 

Tony Judt

Contre le vide moral

Restaurons la social-démocratie

« Un libéral est quelqu’un qui s’oppose à l’ingérence dans les affaires d’autrui, qui tolère les attitudes dissidentes et les comportements hors norme. Historiquement, les libéraux ont veillé à tenir les autres à l’écart de nos vies, laissant aux individus un maximum d’espace où vivre et s’épanouir à leur guise.

[…]

Les sociaux-démocrates, en revanche, sont une espèce hybride. Ils partagent avec les libéraux l’attachement à la tolérance culturelle et religieuse. Sur un plan politique, cependant, ils croient à la possibilité et à la vertu de l’action collective pour le bien de tous. Comme la plupart des libéraux, ils sont partisans d’une fiscalité progressive afin de financer les services publics et d’autres biens sociaux que les individus ne peuvent se procurer par leurs propres moyens ; mais alors que beaucoup de libéraux verraient sans doute dans cette politique fiscale et ces prestations sociales un mal nécessaire, la vision social-démocrate de la bonne société implique d’emblée un rôle accru pour l’Etat  et le secteur public.

La social-démocratie, on le conçoit, se vend mal aux États-Unis. Un de mes objectifs est de suggérer que l’État peut jouer un rôle renforcé dans nos vies sans menacer nos libertés – et de plaider que, l’État étend appelé à subsister dans l’avenir prévisible, nous ferions bien de réfléchir au genre d’État que nous souhaitons.

[…]

Le dilemme européen est légèrement différent. Beaucoup de pays européens ont longtemps pratiqué quelque chose qui ressemble à la social-démocratie, mais ils ne savent plus comment la prêcher. Les sociaux-démocrates sont aujourd’hui sur la défensive, portés à s’excuser. Les critiques qui prétendent que le modèle européen est trop coûteux ou économiquement inefficace n’ont pas été démentid.  Et pourtant, l’État-providence est plus populaire que jamais auprès de ses bénéficiaires : nulle part en Europe on ne réclame l’abolition des services publics de santé, la fin de l’enseignement gratuit ou subventionné ou la réduction des transports publics et autres services essentiels. »pp. 16-17.

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires