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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 16:06

 Voici pourquoi la philosophie commence apr la liquidation de l'opinion: 

« Voici le point de départ de la philosophie: la conscience du conflit qui met aux prises les hommes entre eux, la recherche de l'origine de ce conflit, la condamnation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte de critique de l'opinion pour déterminer si on a raison de la tenir, l'invention d'une norme, de même que nous avons inventé la balance pour la détermination du poids, ou le cordeau pour distinguer ce qui est droit et ce qui est tordu.

Est-ce là le point de départ de la philosophie? Est juste tout ce qui paraît tel à chacun? Et comment est-il possible que les opinions qui se contredisent soient justes? Par conséquent, non pas toutes. Mais celles qui nous paraissent à nous justes? Pourquoi à nous plutôt qu'aux Syriens, plutôt qu'aux Égyptiens? Plutôt que celles qui paraissent telles à moi ou à un tel? Pas plus les unes que les autres. Donc l'opinion de chacun n'est pas suffisante pour déterminer la vérité.

Nous ne nous contentons pas non plus quand il s'agit de poids ou de mesures de la simple apparence, mais nous avons inventé une norme pour ces différents cas. Et dans le cas présent, n'y a-t-il donc aucune norme supérieure à l'opinion? Et comment est-il possible qu'il n'y ait aucun moyen de déterminer et de découvrir ce qu'il y a pour les hommes de plus nécessaire ?     

Alors, pourquoi ne pas la chercher et ne pas la trouver, et après  l’avoir trouvée, pourquoi ne pas nous en servir par la suite sans nous en écarter d’un pouce ? Car voilà, à mon avis, ce qui, une fois trouvé, délivrera de leur folie les gens qui se servent en tout  d’une seule mesure, l’opinion, et nous permettra désormais, partant de principes connus et clairement définis, de nous servir, pour juger des cas particuliers d’un système de prénotions (1 ».

                                

Épictète (vers 100 ap. J.-C.), Entretiens, II, Collection Budé Éd. les Belles Lettres, 1969, pp. 43-44.

 Note 1 : Notions rationnelles innées.

 

               

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commentaires

T
<br /> Oui, c'est une opinion qui peut être partagée. Mais c'est trop superficiel, trop moralisant. <br /> <br /> <br /> Ce n'est pas l'opinion qui peut être cause de guerre, c'est la volonté d'imposer son opinion aux autres On entend d'ailleurs souvent cette formule de la part de certains : "mais ce n'est que mon<br /> opinion "<br /> <br /> <br /> Et vouloir imposer son opinion est généralement la conséquence immédiate du fait que ce que l'on énonce veut être une vérité (celle après laquelle Epictète court) Une vérité, ça veut dire que<br /> c'est vrai pour tout le monde. Ce qui veut dire que tout le monde DOIT accepter cette affirmation. Ah la vérité !<br /> <br /> <br /> Dans l'opinion pure, reconnue comme telle par tout le monde, quand tout le monde accepte toutes les opinions, il n'y a pas de guerre.<br /> <br /> <br /> Il ne faut pas comme ça porter des jugements définitifs sur des idées. Mais ce n'est que mon opinion.<br />
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