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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 16:30

Sur son blog, Laurence Hansen-Love se demande, consternée et agacée : « quelle mouche a piqué » Michel Onfray ?  Elle affirme même qu’il serait, à ses yeux, «devenu fou» en s’attaquant ainsi frontalement à Freud dans son dernier livre Le Crépuscule d'une idole. L'affabulation freudienne , Grasset 2010 .

Je laisse à notre hôte et amie la responsabilité de ses propos. Je propose ici, plus modestement, un texte pédagogique sur le même sujet démontrant que Michel Onfray n’est pas le premier ni le dernier à trouver que Freud raconte… n’importe quoi !!!  Qui a raison ? L’important est d’en débattre.


 

 



Serge Provost
Professeur de philosophie



Haro sur la psychanalyse ! une vielle affaire…

D’hier à aujourd’hui, les détracteurs du freudisme sont légion. Les coups de butoir vinrent et viennent de partout. Certains furent donnés plus bas que très bas : «Science juive ! », clamaient les nazis ; d'autres respectèrent une certaine « éthique de la discussion »  (Habermas), mais n’y vont pas avec le dos de la cuillère. N’est-ce pas là le destin des grandes théories qui viennent bousculer le socle de nos croyances collectives ?

 

La controverse sur la validité de la psychanalyse remonte à sa fondation. De son vivant, déjà, Freud avait dû faire face à un barrage d'objections à ses écrits. Une des premières, et sans doute une des plus dures à encaisser pour le père de la psychanalyse, fût celle de son proche collaborateur et ami, Joseph Breuer. Ce dernier, on le sait, n'accepta jamais l'hypothèse d'une sexualité infantile. Il lui reprochait son pansexualisme (tout ramener à la sexualité) et son empressement à généraliser le complexe d'Œdipe à l'ensemble de l'espèce humaine, et ce, à partir de quelques cas seulement, dont le sien. 

 

Depuis, des milliers d'articles et des centaines de livres de par le monde, passèrent la psychanalyse au crible de la critique. Dans ce texte, nous ferons un bref panorama des plus importantes critiques adressées à la psychanalyse et de sa conception de l'être humain. 

 

Compte tenu des limites de ce texte, nous éluderons les reproches usuels adressés à la cure analytique : sa tendance à tout ramener aux drames de la petite enfance et à l'influence prépondérante de la sexualité; son incapacité à traiter certains troubles de la personnalité (ex. les psychoses); la trop longue durée de la cure (par exemple, l'acteur et réalisateur Woody Allen a passé près de deux décennies en analyse); son coût trop élevé (entre $100 et $400 l'heure selon la réputation du psychanalyste); son faible taux de réussite comparativement à d'autres approches thérapeutiques; l'impressionnante dépendance affective des patients envers leurs psychanalystes (appelée transfert); le fait de s'adresser à une clientèle sélecte - pour ne pas dire élitiste (instruite et riche), etc.). 

 

Bien que ces critiques doivent être prises considération, nous concentrerons notre attention sur celles qui possèdent des implications philosophiques. 


Les critiques épistémologiques


Affirmer, comme le fait Freud, que l'être humain est une subjectivité névrosée, hantée de fantasmes et de désirs irrationnels ne soulève pas de polémique majeure parmi ses contradicteurs. Postuler qu'il porte en lui la destruction et la mort, prétendre qu'il peut être instructif d'écouter les souffrances d'une personne étendue sur un divan, soutenir que l'expression verbale ou corporelle de ses conflits psychiques puisse être bénéfique, ne suscite guère d'objections. Or, on assiste à une véritable levée de boucliers lorsque la psychanalyse prétend le faire au nom d'une théorie dite «scientifique».

« Comment peut-on accorder la moindre crédibilité à la conception freudienne de l'être humain si la psychanalyse, la base même de son anthropologie, n'est pas une science ? ». Cette question, polémique et radicale, résume une des critiques les plus fréquemment faites à l'édifice freudien : sa théorie reposerait sur des hypothèses insuffisamment contrôlées et ne se prêtant, pour ainsi dire, à aucun contrôle scientifique. En termes clairs : la psychanalyse ne respecterait pas les règles minimales de la méthode scientifique. Attention !, rétorquent aussitôt les psychanalystes. Le domaine de l'inconscient ne se prête pas à des expériences mesurables et quantifiables comme on peut en pratiquer dans les sciences pures. Cette défense, on le verra à l'instant, sera jugée irrecevable par les adversaires de la psychanalyse.

Pour l'épistémologue Karl Popper (voir La logique de la découverte scientifique, Payot, 1973 et La connaissance objective, Complexe, 1978), l'«irréfutabilité» de la psychanalyse est son talon d'Achille. Que veut-il dire par ce terme ? Il observe, dans un premier temps, que certaines théories ne sont pas toutes vérifiables (pensez à celles qui tentent d'expliquer l'origine de l'univers), mais peuvent néanmoins être corroborées dans une large mesure. On les met tout simplement à l'épreuve en les confrontant à des vérifications qui pourraient en démontrer la fausseté ou la vérité. Pour lui, une hypothèse (mettons celle de l'inconscient freudien) ne peut être reconnue comme scientifique si la possibilité de la réfuter n'existe pas.

D'après Popper, une théorie scientifique doit toujours prévoir les faits qui pourraient l'invalider. Ses hypothèses devraient être conçues et formulées de telle sorte que des expérimentations ou des observations puissent lui porter une atteinte fatale. Le mérite d'une théorie qui prévoit les conditions de son invalidation, ajoute-t-il, c'est qu'elle nous apprend des choses nouvelles sur la réalité. Prenons un exemple cité par Popper lui-même. Si les freudiens prétendent que le traumatisme de la naissance a un effet significatif sur la vie adulte et que nous puissions trouver un individu d'âge adulte, né par césarienne et en parfaite santé mentale, nous avons là une réfutation expérimentale de l'hypothèse du traumatisme de la naissance.

Or, ajoute Popper, les adeptes de la psychanalyse ne veulent pas admettre les «faits polémiques» qui invalident leur théorie – par exemple, la preuve copernicienne démontrant que la terre tourne autour du soleil invalidait la théorie héliocentrique de l'univers. Si d’aventure on trouve un individu n'ayant jamais souffert du complexe d’ Œdipe, ironise Popper, les psychanalystes, dans un premier temps, contesteront ce fait et, dans un second, rétorqueront que l'individu en question refoule, rationalise, résiste, etc. Pis, insiste Popper, les psychanalystes finiront toujours par trouver d’autres motifs expliquant l'échec de la cure analytique auprès de certains patients particulièrement affligés.

La psychanalyse, cette «pseudoscience», comme la qualifie Popper, a réponse à tout. Or, comme le disait Richard Lowentin :  « Une théorie qui peut tout expliquer, n'explique rien ». Fait aggravant, poursuit Popper, elle se complairait dans un délire d'interprétations (le psychanalyste, arbitrairement, s'autorise à donner «sa» version des rêves du patient, alors que plusieurs autres lectures pourraient être apportées).

Produits d'un système théorique fermé, les concepts psychanalytiques auraient la prétention d'expliquer tous les comportements névrotiques imaginables, mais ceux contre lesquels ils se butent ne les remettent jamais en cause ! Ce dogmatisme inacceptable fait sursauter le grand épistémologue pour qui la remise en question constante des théories est la condition sine qua non  du progrès scientifique.

Autre faille majeure, note Popper, la psychanalyse analyse tout à l'aune de sa théorie comme si l'infinie complexité de la réalité était réductible à «son» corps de concepts spécifiques. Non sans humour, Popper souligne qu'il est plutôt facile de trouver des faits qui font l'affaire de notre théorie chouchou. C'est d'ailleurs la pratique usuelle des groupes sectaires. Quelle différence y’a-t-il entre l'attitude intellectuelle de la secte X qui voit dans les tremblements de terre à répétition l'annonciation de la fin prochaine du monde, et l'attitude du psychanalyste Y, voyant dans les états dépressifs de son client, l'existence d'un conflit psychique non résolu ? Bonnet blanc, blanc bonnet !

Une théorie, insiste Popper, n'est pas «vérifiée» parce qu'on a trouvé des confirmations empiriques. La théorie la plus farfelue trouve toujours des faits susceptibles de rendre crédibles ses hypothèses. Sous ses apparences de «scientificité», le freudisme serait une idéologie close, d'essence religieuse.

Dernière incohérence théorique, et non la moindre, observe Popper, est l'éclatement du mouvement psychanalytique en diverses écoles de pensée. N'est-il pas symptomatique, note-t-il, que chacune de ces écoles développe des idées parfaitement contradictoires tout en continuant de se réclamer, peu ou prou, de la théorie psychanalytique ?

À partir d'une même base théorique, on a vu les plus grands disciples de Freud valoriser un aspect de la théorie au détriment des autres alors que la théorie freudienne se dit et se veut un système unifié. Alfred Adler, par exemple, néglige la sexualité infantile pour mettre l'accent sur le rôle déterminant du complexe d'infériorité dans la formation de la personnalité; Wilhem Reich, un autre disciple de Freud, accorde une importance majeure au rôle de la répression sociale de la sexualité comme cause des névroses; le dissident Carl Gustav Jung bazarde l'inconscient individuel pour lui préférer l'inconscient collectif.

Une théorie, rappelle Popper, n'est pas un magasin général où l'on choisit ce qui fait notre affaire. Bien que Freud ait multiplié les mises en garde sévères, à la fin de sa vie, afin de circonscrire le noyau du credo du mouvement psychanalytique, à savoir : « L'existence de processus psychiques inconscients, la théorie de la résistance et du refoulement, l'appréciation de la sexualité et du complexe d'Œdipe sont les principaux contenus de la psychanalyse et le fondement de sa théorie », ses continuateurs bricolent la théorie comme une courtepointe et prétendent à la scientificité. Puisque les hypothèses hasardeuses, les analogies, les spéculations et les généralisations abondent dans l'œuvre de Freud, il nous faut exprimer, conclut Popper, une saine réserve quant à la rigueur scientifique de sa théorie et, qui plus est, que sur la conception de l'être humain qui en découle nécessairement.

Les critiques des neurosciences, de la génétique et de la biologie

Citons un de leurs arguments de prédilection : nombre de troubles attribués à des conflits infantiles ou à la sexualité s'expliquent soit par la biochimie du cerveau, soit par les gènes, soit par les hormones. Si nous sommes en mesure de mettre un terme définitif à des comportements pathologiques à l'aide d'un médicament, du génie génétique ou l'administration d'une hormone, c'est la meilleure preuve que la cause de la maladie est autre que psycho-sexuelle. Plusieurs ne se gênent d’ailleurs pas pour dire que les plus grands progrès dans le traitement des maladies mentales survenus au cours des dernières années émanent des disciplines ci-dessus mentionnées. En conséquence, les extrapolations de Freud sur l'être humain devraient être reconsidérées de A à Z.

La critique féministe

Plusieurs auteurs célèbres se réclamant du mouvement féministe déplorent l'exagération du rôle du père et du phallus dans la formation de la personnalité de la fille et du garçon. À leurs yeux, la psychanalyse et, plus généralement, la théorie freudienne de l'être humain, serait un pur produit des préjugés patriarcaux envers la femme. Une d'entre elles a un jour écrit que si Freud avait été une femme, l'humanité entière souffrirait du complexe de Jocaste (femme d'Œdipe) et serait compulsivement obsédée par le clitoris et les seins. Dis-moi de quel sexe tu es et je te dirai ce que tu penses de l'être humain?...

La critique marxiste et sociologique

Les tenants du marxisme et de l'approche sociologique reprochent à Freud de ne pas suffisamment tenir compte de la dimension sociale et culturelle des problèmes psychologiques. À l'évidence, la sexualité ne serait pas  l'unique source des névroses.

L'angoisse créée par des conditions sociales et économiques inacceptables, le travail à la chaîne et dépersonnalisé, l'anonymat des grandes villes, la solitude induite des foules pèsent de tout leur poids sur la vie mentale des personnes. Après tant d'autres, Freud tomberait dans le travers de la psychologisation à outrance.

L'hypothèse de l'inconscient serait une forme de réductionnisme. En attribuant à la sexualité l'unique source des névroses, Freud banaliserait l'effet des rapports sociaux sur la personnalité de chacun. Un ancien disciple de Freud gagné au marxisme, Wilhem Reich, signale que la psychanalyse soigne un petit nombre de névrosés, mais la société répressive, elle, produit des névroses en masse. Les problèmes de santé mentale doivent également être posés en termes politiques.

La critique du pansexualisme

Tout en reconnaissant l'importance historique de l'œuvre de Freud (avoir osé soulever la question sexuelle), plusieurs auteurs considèrent néanmoins qu'il a grandement exagéré son importance. « La psychanalyse est elle-même la maladie qu'elle prétend guérir », écrivait ironiquement Karl Krauss. Bien qu'ils reconnaissent tous le rôle éminent de la sexualité dans la vie de l'être humain, un argument revient sans cesse sous leur plume : pourquoi Freud a-t-il fait l'impasse sur les autres forces qui sont aussi, sinon plus importantes, que la sexualité ?

Pourquoi ce silence freudien assourdissant sur les passions (remarquez le pluriel) que l'être humain éprouve pour l'argent, le pouvoir, le prestige, l'identité, le dépassement personnel, la création, le narcissisme, la recherche du sens à sa vie, la quête morale et religieuse, etc. ? Chacune constitue pourtant le moteur qui anime des millions d'êtres humains, et Freud s'est contenté d'en faire des enjeux subsidiaires, c'est-à-dire des effets dérivés de la sublimation.

Autre motif de réserve : l'intérêt pour la sexualité varie à l'infini d'un individu à l'autre. Aussi bien chez l'enfant que chez l'adulte des deux sexes, on observe que certains individus sont très «portés sur la chose sexuelle» et d'autres manifestent une relative indifférence. Comment, dans ces conditions, prétendre tout expliquer par un schéma unique, valable pour tous ?

Autre motif à contestation: la manière plutôt floue dont Freud définit la sexualité. On sait que, pour lui, elle n'est pas réductible à la génitalité. Or, s'il la confond avec une vague sensualité ou un érotisme diffus, certains avouent «ne plus savoir ce que les mots veulent dire». Enfin, d'autres remarquent que Freud, produit d'une époque négativement obsédée par la sexualité, serait tombé dans l'excès contraire et aurait fini par ne voir l'être humain que par le plus petit bout de la lorgnette : la sienne (lire : ses propres obsessions dont témoigneraient les textes de son auto-analyse).

La critique sartrienne

D'emblée, précisons que la philosophie sartrienne rejette toute philosophie postulant l'idée d'un déterminisme psychologique selon lequel l'être humain subirait passivement ses émotions et ses passions. Au contraire, elle soutient que nous sommes responsables de celles-ci parce que, d'une manière ou d'une autre, nous y consentons et, surtout, parce qu'elles ne sont pas des forces étrangères mais des attitudes chargées de sens que nous prenons à l'égard des choses et des êtres, attitudes qui, même si nous n'en avons pas une claire conscience, renvoient toujours à un choix réfléchi.

Dans L'être et le néant, Jean-Paul Sartre avance que l'inconscient devrait être imputé à «la mauvaise foi». Qu'entend-il par là ? Pour la distinguer du mensonge ordinaire (où l'individu connaît la vérité, mais décide délibérément de la cacher dans le but de tromper l'autre), Sartre définit la mauvaise foi comme « un mensonge à soi-même ».

Sartre n'hésite pas à affirmer que l'hypothèse de l'inconscient serait une négation pure et simple de la liberté humaine - concept auquel l'existentialisme accorde une place prioritaire. Selon lui, l'être humain n'est pas déterminé puisqu'il est un projet : «L'important n'est pas ce qu'on a fait de moi mais ce que je fais de ce qu'on a fait de moi ». « Faire et en faisant se faire », reprenait en écho Lequier. Chacun de nous n'a sans doute pas choisi son inconscient, mais il nous revient de lui dicter une direction précise. Si cet inconscient nous incite à la démission et à la fuite, nous pouvons opter pour le courage et l'affrontement.

Sartre rappelle que l'humain n'a pas de propriétés spécifiques à partir desquelles ses comportements pourraient s'expliquer. Les seules propriétés que nous puissions lui attribuer sont ses actes. Je suis ce que je fais. L'être humain «n'est pas ce qu'il est et est ce qu'il n'est pas», répète-t-il. Le leitmotiv de sa philosophie est, rappelons-le, que «l'existence précède l'essence». L'être humain est un acteur doublement engagé : dans l'Histoire et dans sa propre vie. Il n'est pas le spectateur passif des péripéties du siècle, ni la victime impuissante de ses mille et un zigzags existentiels. En somme, Freud aurait totalement sous-estimé «l'appel de la liberté» auquel tous les humains sont immédiatement sensibles.

La critique culturaliste

Les travaux anthropologiques de l'école culturaliste (il s'agit d'ethnologues et d'anthropologues tels que Malinowski, Ruth Benedict, Ralph Linton, Margaret Mead et d'autres) en arrivent à la conclusion que la diversité des structures mentales, selon les sociétés, interdit de les ramener à un seul type.

Les fondements culturels de la personnalité sont multiples. Ainsi en va-t-il des individus qu'ils influencent. Le grand anthropologue Malinowski (1884-1942) reproche au complexe d'Œdipe, concept central dans la conception freudienne, de n'être qu'un «mythe européen» (voir son livre La sexualité et sa répression.) D'après lui, ce complexe n'existe pas dans les cultures mélanésiennes fondées sur le matriarcat (l'enfant est élevé par le frère de sa mère). L'ethnocentrisme, fort répandu à l’époque de Freud, lui a fait développer un schéma simplifié de l'enfance humaine.

La critique du béhaviorisme

À l'instar de la critique poppérienne, le béhaviorisme (théorie psychologique postulant que tout comportement est le fruit de l'apprentissage)  considère que la théorie psychanalytique accorde une trop grande place à l'interprétation de ses données. Elle construit ses hypothèses à partir de phénomènes qui ne sont pas objectivement observables (l'inconscient par exemple). Le contrôle expérimental est complètement inexistant. Pour le béhaviorisme, tout ce que nous pouvons dire sur la conscience et l'inconscience de l'être humain reste pure spéculation.

Il ne sert à rien, d'un point de vue expérimental, d'invoquer une prétendue réalité psychique intérieure, les pensées et les émotions du sujet. Le plus important demeure le comportement objectivement observable, lequel obéit au couple stimulus-réponse. Inutile d'invoquer des « forces intérieures obscures et cachées », les pensées, les émotions, les intentions du sujet puisque, de toute façon, le comportement de l'être humain dépend de ses conditionnements «environnementaux» - donc externes.

L'introspection à laquelle se livre le patient en cure analytique n'est pas dénuée d'intérêt, mais elle ne produit aucune certitude. Le dogme central du béhaviorisme est que l'humain rejette les comportements sources de déplaisirs et recherche, pour enfin les adopter, ceux qui sont gratifiants. Il faudrait limiter son analyse à ce qui est empiriquement observable : le comportement et non ce que le sujet pourrait en dire. Pour le béhaviorisme, l'être humain n'est pas régi par son inconscient mais par ses conditionnements.

Tels sont, de manière trop sommaire il va sans dire, les critiques et reproches «classiques» adressés à la psychanalyse et sa vision de l'être humain.

Séparer le bon grain de l’ivraie

Au terme de ce panorama, il n'est pas inintéressant de rappeler que tous les penseurs significatifs de l’histoire ont également connu le même feu roulant de critiques vitrioliques, plusieurs bien méritées. Encore de nos jours, ils demeurent l'objet de commentaires passionnés, voire diffamatoires. Freud  n’échappe pas à la règle.

Mais, avec le recul, on peut se demander si ces polémiques ne représentent pas, en dépit des passions, une forme d'hommage posthume ? Il ne serait pas exagéré d'affirmer que les querelles déclenchées par une théorie anthropologique révolutionnaire - surtout lorsqu'elle bat son plein longtemps après la mort de l'auteur - représente un bon indicateur de son importance culturelle, voire civilisationnelle.

L'œuvre de Freud en est une des meilleures illustrations. Cela dit, toutes les critiques, aussi virulentes et pertinentes soient-elles, devraient-elle nous éloigner du  socratique «Connais-toi toi-même»  que Freud aimait tant citer ? Jamais !  




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commentaires

V
<br /> <br /> Je sais bien que mon nom ne dit rien à personne, mais quand même!<br /> <br /> <br /> Eh oui, je suis mon propre nègre qui, s'il adore s'asperger du parfum vieux-monuments, émanant de la pensée humaine, autant qu'écrite sur papier aujourd'hui quasi parchemin, n'est guère porté à<br /> jouer les encensoirs.<br /> <br /> <br /> Quant à l'objectif, il est aussi clair que l'idiome standard, par mes soins, rebaptisé, pure charité à l'égard des personnes, idiot médiatique, est opaque: nier l'existence de classes sociales.<br /> <br /> <br /> Et nul besoin pour ça, de faire entrer dans la danse, les lourdes catégories de l'économie politique. Parce que parler de "juifs dé-judaïsés" ou "d'esprit prophétique" opposé à "esprit<br /> scientifique", je défie qui que ce soit d'apporter à ce sujet aucune réponse autre qu'idéologique, c'est-à-dire indépendamment d'une subjectivité camouflée en esprit raisonnable et réaliste et<br /> qui refuse de se nommer. Mais peut-être a-t-on voulu dire que le monde moderne exclut le juif! Et que l'esprit prophétique perdurant dans ce même monde devient haïssable? Malentendu, sans doute.<br /> <br /> <br /> C'est le problème de toute subjectivité en roue libre et qui crie, à tout bout de champ et à qui veut l'entendre: vive la liberté! Incarner la bêtise universelle, nein danke! Maintenant,<br /> entendons-nous bien, il n'y a aucune garantie d'aucune sorte en la matière. Quiconque prend la parole, risque d'y sombrer. Mais que faut-il faire: se taire? Et écouter religieusement, en silence,<br /> les chants rassurants de l'idiot médiatique?<br /> <br /> <br /> Si je vous ai bien lue, votre réponse est négative.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les casse-couilles en briseurs d'idoles<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Toute activité intellectuelle, suivie, qui, par son existence même, menace, non pas, selon le cliché habituel, « tous les conformismes », mais le<br /> conformisme autrement pesant des classes dirigeantes de la société française, plus spécifiquement défendues par certaines couches qui font assaut d'idéologie, sous des dehors réalistes, mâtinés<br /> de cynisme, s'offrant ainsi le luxe d'une mèche rebelle, toute activité intellectuelle donc qui ne se cantonne pas à n'être que symbolique, s'attire immanquablement les foudres de l'idiot<br /> médiatique qui a pour elle la passion que le four crématoire a pour les corps: tout doit disparaître!La politique de la boutique ouverte au sphinx financier. En voici un exemple qui combine Freud et Marx. La pertinence de cette association pourrait entrer dans la galerie du surréalisme, quelque peu trafiquant d'art et expert en analogie, si l'idiot en question avait au moins<br /> la fantaisie d'imaginer la chose comme amour de sirène à l'égard du vélocipède. Mais l'idiot médiatique, embarqué à bord du rouleau-compresseur du prosaïsme, rabote tout ce qui est bosse. Sa<br /> passion anthropologique dernière est: ni homme ni femme, actionnaire!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et fatalement, lorsqu'il fait des découvertes, quelque part, soufflées, sur une terre rendue aussi plate qu'un portefeuille d'actions, soit ça tombe pile poil, à<br /> plat, soit ça fait une énorme bulle, destinée à éclater entre les mains du dictateur du jour. Et justement, en voilà un qui a découvert l'esprit<br /> prophétique, propre aux juifs dé-judaïsés. On admirera au passage<br /> cette dé-judaïsation des esprits qui sans doute attend minuit pour fleurir plus commodément. Sa nudité, étant in vitro, elle craint les lumières naturelles. Freud et Marx donc, abstraction faite des hommes réels que ces noms désignent, quelle<br /> importance, c'est pas le moment de« tortiller du cul » tout de même, avaient en commun cette illusion: être des savants!Là, l'idiot étend son domaine propre et se fait peuple pour noyer dans la masse une pensée d'un bon mètre et<br /> moulée fraîche. L'emploi du mot savantà une époque fière d'arborer une volonté millénariste libérale de sortie<br /> définitive de l'archaïsme politique ne manque pas de saveur! On sent comme un pétillement annonciateur de lancer de bouchon, agrémenté d'un petit discours sulfureux, du genre: autruches! Relevez<br /> la tête! Ôtez vos verres idéologiques! Et buvez et mangez, l'heure est venue de la communion.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cette messe est évidement donnée en mémoire des pauvres diables aspirés par une forme ou une autre de messianisme. Désincarnés, il ne sont plus qu'ombres errantes, acharnées à se survivre, en vain. Pas de foi tranquille, sans<br /> cliché qui torche! La scène ici est à la manière de la nuit du chasseur. A main droite,<br /> l'esprit scientifique, à main gauche, l'esprit<br /> prophétique. Du catch attrape-coeur! Cette opposition qui fleure bon le synthétique repose sur un postulat implicite, laissé dans l'ombre: l'idiot qui<br /> parle, étant en mesure de déterminer ce qui est scientifique et ce qui ne l'est pas, est, par cette définition même, un scientifique. Freud et Marx sont ainsi ramenés à l'état<br /> de bruit et de fureur, objets d'une contemplation réservée aux seuls esprits dotés d'un calme olympien. Sans ça, les<br /> pires conséquences ne peuvent qu'advenir! Le corollaire d'une telle antinomie, soluble à l'origine, avant d'être tirée du pot cassé de la philosophie, par quelque membre viril de la confrérie<br /> médiatique, est que, et là, prolétaires, entrons dans la danse, réjouissons-nous, c'est son dieu que l'idiot assassine, le noyau de toute religion est proprement irrationnelle,<br /> becausele prophétisme! Autrement dit la forme première de tout individualisme.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> D'un buisson ardent dont on ne sait aujourd'hui, s'il figure l'en-deçà brûlant ou l'au-delà palpitant de la vérité qui sépare le haut et le bas, comme ceinture de<br /> pantalon, se dégage, après refroidissement, le bouclier des religions naturelles. Si l'on mollit sur l'impôt du culte, la volonté de confiscation reste intacte. Marx et Freud sont donc au même<br /> titre que Moïse, des allumés! Et donc des pyromanes. Mais les deux premiers le sont de manière totalement anachronique, en tant que grands irrationnalistes européens, autrement dit suppôts<br /> du totalitarisme. Voilà une leçon de vie aussi renversante qu'avertissante de brutale détermination.<br /> Ce qui nous ramène ipso facto à l'idiot médiatique dont la figure logique ressortit au deux-en-un du fameux<br /> paquet Bonux. Car la question en l'air, lestée d'un certain sérieux, c'est-à-dire pasteurisé préalablement à<br /> sa mise sur le marché, revient inévitablement, du moins si l'on a un certain esprit de suite, à l'envoyeur. Quelle chose cachée, cette enveloppe rationnelle médiatique abrite-t-elle, à son corps<br /> défendant?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Eh bien déjà, le même matériel que feux-Marx et Freud! Qui englobe ensuite, il va de soi, le monde, l'homme et la société. Ce bel ensemble naturellement affecte<br /> aussi, et comment non, notre briseur médiatique d'idoles. Mais s'il semble, chez lui, plus présent et massif, jusqu'à crever l'écran et inonder kiosques et librairies, il n'en est pas moins<br /> éteint au vu des productions respectives. C'est que le cerveau éruptif-intrusif de l'idiot médiatique, en tant que matière futuriste, ne tolère pas les choses mortes . Il est d'un autre siècle et d'une autre nature, plus ruminante, qui, un jour, un jour, peut-être, se révèlera comme nature d'un bloc, tiré de l'abîme, mastoc: ça pousse, ça<br /> gronde, ça explose vite, mais au final, rien! Disons trois fois rien, car, n'en doutons pas, en tant qu'être rationnel, ce bébé-krakatoa est né pour se renier. C'est même sa seule réalité.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> ???<br /> <br /> <br />  ce texte est de vous?<br /> <br /> <br />  Pourriez- vous préciser quelle est son propos?<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> La vérité est un souffle bruyant.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> si vous le dites..<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> Naiké => Pourquoi s'acharner sur les prétendues diffamations d'Onfray alors qu'il assure avoir lu tous les textes et la correspondance de Freud et de ne relater que des faits objectifs, et se<br /> suffire de l'article de Roudinesco alors qu'elle fait, dans le fond, exactement la même chose? (En moins de pages, ceci dit)<br /> <br /> <br /> On a là deux spécialistes qui assurent détenir la vérité sur l'idole. Je ne vois vraisembablement pas comment vous pouvez avoir un avis "objectif" tant que vous n'avez pas vous même lu tout<br /> Freud...<br /> <br /> <br /> Mais ne généralisez pas la psychanalyse, ce n'est pas parce que Freud et la généralisation de ses théories sont remises en question (et ça ne date vraiment pas d'hier) que l'ensemble du domaine a<br /> perdu toute crédibilité...<br /> <br /> <br /> Si la psychanalyse se résumait à Freud ce serait franchement risible.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Je n'ai pas lu tout Freud, mais une très grande partie tout de même.. Je ne cesse de le relire et de m'éverveiller de son génie. Il m'aide à me comprendre (mes rêves, mes cauchemars, mes<br /> actes manqués..) et à comprendre la nature humaine en général. Malaise dans le civilisation et l'Avenir de l'illusion sont un peu mes livres de chevet.<br />  Ses idées sur la pulsion de mort me tiennent particulièrement à coeur (j'ai  fait mon DEA là dessus) . Or c'est précisément cela qui irrite Onfray!<br /> <br /> <br />  Ce que j'admire chez Freud (entre autres) c'est sa probité intellectuelle (difficile d'en dire autant de Onfray!). Combien de fois Freud a reconnu s'être trompé (sur la théorie de la<br /> séduction par  exemple) et combien de fois il a fait son auto-critique! Déjà, cela est significatif!<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> Je ne pense pas que la psychanalise soit vraiment une science (j'aurais du me relir) mais c'est qlqch d'inclassable, la psychanalise reste pour moi quelquechose d'énorme et je pense Freud<br /> plus proche de la veritée que Sartre, par exemple(d'où débat avec mon prof de philo).<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Attendez... on ne peut comparer globalement Freud et Sartre.<br /> <br /> <br /> Sartre est tantôt génial, tantôt plus discutable. Cela dépend vraiment des textes!<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> "Je pense que mr.Onfray a des comptes à régler avec le freudisme", "trouble remontant à l'enfance, issu d'une frustration sexuelle?" "mmmhhh sans doute". Pour ma part je pense que c'est un<br /> excellent resumé des (nombreuses) critiques dont a souffert freud. Mais (avant de continuer je précise que je ne suis pas un expert n'ayant que: lu des articles sur freud et rien de freud + le cours de philo + mon père qui est en fac de psycho= n'hésitez pas à me<br /> reprendre) de ce que je sais de la psychanalyse bien qu'on puisse reproher à son créateur d'avoir accordé une place trop importante au sexe et au complexe d'Oedipe (cette place prépondérante<br /> accordée par Freud provenant peut être de sa propre expérience) il ne faut tt de même pas oublier que Freud a toujours mit ses travaux en question et a laissé ses sucesseurs y apporter des<br /> corrections (à quel point?) la psychanalise peut être considérée comme une sience car elle se remet en question en fonction des nouvelles découvertes.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Pour ce qui est de considérer la psychanalyse comme une science... hum... Vous avez bien lu l'article de S. Provost?<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> <br /> Tout de même, il y a un fossé entre la critique rationnelle de Popper et l'opposition de la théorie freudienne à celle de Marx ou de Sartre et les propos erronés, agressifs et<br /> diffamatoires de M. Onfray.<br /> <br /> <br /> Il est vrai que je n'ai pas lu le livre mais la critique de Mme Roudinesco m'a amplement suffit.<br /> <br /> <br /> Une critique se doit d'être objective et justifiable, surtout si elle s'attaque à un sujet tel que Freud ou sa théorie de la psychanalyse. M. Onfray ferait bien de s'en souvenir.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
J'arrive un petit peu tard mais je pense que tous ces débats sont encore vifs, il le sont pour moi en tout cas.<br /> <br /> Juste un point: comment pouvez-vous, dans une dispute intellectuelle, composée par deux ouvrages, dire que vous vous contentez de l'un comme suffisant pour juger l'autre? N'est ce pas le respect minimum si l'on s'intéresse au sujet traité que de lire les deux parties, ou de ne point exprimer de point de vue?
L
<br /> <br /> Je suis d'accord!<br /> <br /> <br /> <br />