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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 18:34

Russell-copie-2.jpgRussell explique ici, après tant d'autres philosophes, pourquoi toute religion (mais aussi toute idéologie politique) est potentiellement meurtrière.. Comme Socrate, Epicure, Lucrèce ou Hume, il prône la philosophie comme contrepoison ou antidote  du dogmatisme:

 

 

 

« William James a prêché la « volonté de croire ». Pour ma  part, j'aimerais prêcher la « volonté de douter ».

 Aucune de nos croyances n'est tout à fait vraie. Toutes recèlent  au moins une ombre d'imprécision et d'erreur. On connaît bien les méthodes qui accroissent le degré de la vérité de nos croyances elles consistent à écouter tous les partis, à essayer d'établir tous les faits dignes d'être relevés, à contrôler nos penchants individuels par la discussion avec des personnes qui ont des penchants opposés, et à cultiver l'habitude de rejeter toute hypothèse qui s'est montrée inadéquate. On pratique ces méthodes dans la science et grâce à elles on a établi un corps de connaissances scientifiques. Tout homme de science dont les idées sont vraiment scientifiques est prêt à reconnaître que ce qui passe pour une connaissance scientifique à un moment donné demandera sûrement d'être corrigé par des découvertes nouvelles ; que, néanmoins, la science est assez proche de la vérité pour suffire à la plupart des besoins pratiques, mais non pour tous. Dans la science, quand il ne s'agit que d'une connaissance qui ne peut qu'être approximative, l'attitude de l'homme est expérimentale et pleine de doutes.

Tout au contraire en religion et en politique : bien qu'ici il n'y ait encore rien qui approche de la connaissance scientifique, chacun considère qu'il est de rigueur  d'avoir une opinion dogmatique qu'on doit soutenir en infligeant des peines de prison, la faim, la guerre, et qu'on doit soigneusement garder d'entrer en concurrence par arguments avec n'importe quelle opinion différente. Si on pouvait seulement amener les hommes à avoir une attitude agnostique sur ces matières, neuf dixièmes des maux du monde moderne seraient guéris ; la guerre deviendrait impossible ; car chaque camp comprendrait que tous les deux doivent avoir tort. Les persécutions cesseraient. L'éducation tendrait à élargir les esprits et non à les rétrécir.

On choisirait des travailleurs pour leurs aptitudes à un travail donné et non pas pour le fait de partager les dogmes rationnels des gens au pouvoir. Aussi, rien que ce doute rationnel, si l'on pouvait le faire pénétrer partout, suffirait à amener le millénaire ».

Russell, Essais sceptiques,

 

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