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25 novembre 2006 6 25 /11 /novembre /2006 11:00
Du blasphème comme nécessité

Le texte de Patrice Declerck qui suit (paru hier dans le Monde , journal que je vous recommande vivement)) est une provocation!
 Je me permets de rappeler que la provocation, en philosophie est une ... disons, tradition (cf Nietzsche ou Sloterdijk aujourd'hui)




"Toutes les religions sont mortifères, tous les monothéismes détestables. Non, il n'est pas irresponsable de le proclamer  à propos de l'affaire Robert Redeker, professeur de philo
sophie menacé de mort après avoir osé critiquer l'islam dans une tribune parue dans Le Figaro, Renaud Donnedieu de Vabres, successeur d'André Malraux au ministère de la culture s'est, le 20 novembre, cru obligé de rappeler « le devoir de responsabilité aux élites ». « La science, précisait le ministre, peut aussi être mise au service de l'intelligence, pas de la caricature. » Et tout en trouvant évidemment « honteux » que M. Redeker ait été menacé de mort, il a reproché à la tribune signée par ce dernier de ne pas être « sophistiquée »...
Je ne sais trop ce que le ministre de la culture entend par les « élites ». Je sais encore moins, au vu de ses propos chattemites, ce qu'il veut dire au juste par « devoir de responsabilité ». Ce que je sais, en revanche, c'est qu'après Nietzsche et Freud il est difficile à. un lettré de considérer autrement le fait religieux que comme une béquille métaphysique à l'usage des esprits épuisés que l'inéluctabilité de la mort et l'horreur de la corruption des corps effraient au-delà de ce que leur faiblesse peut supporter.
Cette terreur les conduit alors à se bricoler pauvrement des arrière-mondes consolateurs des misères d'ici-bas, un ici-bas dévalué au profit de promesses eschatologiques de rédemption post-mortem. Monnaie de singe avec laquelle les prêtres et la divinité récompensent les comportements dits « moraux », dont la toxicité et la folie se déclinent du simple jeûne à l'autoimmolation, en passant par les mutilations sexuelles. Les religions, toutes les religions, sont ainsi des délires de l'humanité et, comme le démontrent ad nauseam l'histoire et l'actualité, des délires dangereux.
Non seulement on ne voit pas en quoi il serait « responsable » de taire une telle position critique, mais il apparaît au contraire que le devoir le plus élémentaire est de lutter contre ces entreprises d'essence mortifère que sontles religions. Non seulement il ne leur est dû aucun respect intellectuel et éthique au-delà du cadre légal de l'exercice de la liberté de culte, mais encore convient-il de les combattre philosophiquement en en dénonçant, chaque fois que faire se peut, l'imbécillité, la fausseté, la dangerosité, l'escroquerie, et le grotesque profond. Ridiculiser la religion est une vertu. Le blasphème, à propos duquel il faut d'ailleurs rappeler la notion logique et théologique élémentaire qu'il ne concerne stricto sensu que le croyant luimême, le blasphème est, plus que jamais, non seulement excusable -mais nécessaire. Il doit être clairement et hautement revendiquéen tant que droit.
Par ailleurs, si le fait religieux peut en toute légitimité être objet d'anthropologie, de sociologie ou d'histoire, « la science » - même dans la version précautionneuse ment désincarnée et châtrée à laquelle semble rêvasser le ministre de la culture -, confrontée à la réalité objective des contenus de croyances telles, par exemple, la résurrection d'un crucifié, l'exigence de l'ablation du prépuce comme signe de reconnaissance divine ou l'efficacité de la lapidation  de Satan à La Mecque, « la
science   » n'a pas fini de rigoler...(1
Quant à la « sophistication »_ réclamée par M. Donneriez de Vabres et ses émules, elle n'est que le masque de la litote. Une litote méprisable parce que lâche. A ces humanistes d'un nouveau Munich [accords entre Daladier,et Chamberlain, Mussolini et Hitler, le 30 septembre 1938, qui ont permis l'invasion allemande de la Tchécoslovaquie], à ces bradeurs' de cinq siècles de luttes occidentales pour se débarrasser enfin de l'étouffante étreinte de la peste chrétienne, à ces Daladier de l'insidieuse banalisation de l'inacceptable, à ces colporteurs du gnangnan orientaliste, rappelons que parmi la communauté musulmane néerlandaise, à l'atroce nouvelle de l'assassinat de Theo Van Gogh, ils furent à peine 200 à crier leur indignation à La Haye, le 6 novembre 2004. L'immense majorité des 900 000 autres musulmans, terrassés, il faut croire, par une indicible émotion, restèrent chez eux...
J'ai déjà eu l'occasion de dire dans ces colonnes ma détestation de l'islam en particulier et des autres monothéismes en général. Je persiste et signe.
 Patrick Declerck
Membre de la Société psychanalytique de Paris et écrivain

Sur ce sujet, je recommande la lecture de Science et religion de B. Russell
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