(Avertissement: ceci est une possiblité. C'est ce que j'aurais fait. Mais c'est très personnel. Ce n'est pas "ce qu'il fallait faire")
Une politique de l’environnement est-elle possible ?
Problématique :
« Politique » et « environnement » en effet ne sont pas associés de façon évidente. La politique, en effet, est l’art de gouverner la cité (polis), elle est donc de l’ordre de l’artifice. Au contraire l’environnement, c’est la nature, qui par définition, n’est pas un artifice et qui donc ne semble pas relèver, a priori, de la volonté humaine.
De plus, une politique de l’environnement est motivée essentiellement par le souci de prendre en considération les intérêts des générations futures. Mais la politique se décide au présent. Elle est prise en charge, notamment en démocratie, par des hommes politiques obnubilés par des échéances électorales immédiates. Quant aux générations futures, elles ne votent pas.
En ce sens, une politique de l’environnement paraît improbable. Elle apparaît pourtant comme une impérieuse nécessité aujourd’hui.
I Une politique de l’environnement est possible, puisque elle est mise en œuvre.
Ce qui est réel est possible : limiter la consommation d’énergie, pénaliser les industries polluantes, préparer l’avenir etc…
1) A l’échelon national : le Grenelle de l’environnement
2) Au niveau européen. Les fameuses « directives » (cf interdiction de la pèche du thon)
3) Au niveau international : Agence pour l’environnement, protocole de Kyoto etc..
Conclusion :
Une politique de l’environnement semble s’imposer désormais comme une évidence et une nécessité impérieuse. Cependant :
II Cette politique reste très précaire car elle rencontre des obstacles considérables
1) Sur le plan théorique : la politique est l’organisation de la cité par les citoyens et leurs représentants en vue des intérêts actuels de ceux qui sont concernés. Or une politique de l’environnement peut heurter de front les intérêts immédiats des peuples. Elle se justifie fondamentalement par le souci de préserver la nature, par égard pour les générations futures. Une politique de l’environnement implique des décisions douloureuses et impopulaires.
2) Pratiquement, toute politique de l’environnement va devoir surmonter un nombre incalculable de lobbies (comme ceux des industries pétrolières, de l’automobile, les compagnies aériennes, l’agriculture intensive, l’élevage industriel, la pêche illimitée etc..). Elle va aussi bousculer le monde du travail (cf par exemple les pécheurs aujourd’hui) en obligeant à des reconversions déchirantes, si ce n’est impossibles.
3) Une politique de l’environnement n’est concevable qu’à l’échelon international. Or il n’y a pas d’instances assez légitimes pour imposer des décisions à ce niveau. Et les options des différentes nations sont loin d’être cohérentes ou même seulement compatibles.
Conclusion
Cette indispensable politique de l’environnement n’est encore qu’un vœu pieu, comme en témoigne, entre autres, la fonte accélérée de la calotte glacière, et la disparition de nombreuses espèces vivantes.
III Perspectives actuelles
1) Rappelons que comme l’a montré Rousseau, il ne peut y avoir de « volonté générale » (du peuple) sur un objet qui lui est étranger. Quand le peuple décide pour le peuple, il peut y avoir une volonté générale. On ne peut rien attendre de tel quand le peuple doit se prononcer sur une politique étrangère ou sur la protection de la nature et des générations à venir, qui sont par rapport à un peuple un « objet » étranger.
2) Une politique démocratique est donc extrêmement problématique. C’est ce que prouve la résistance des peuples à l’Europe. L’Europe est pourtant mieux habilitée pour prendre des décisions écologiques que chaque nation, car la nature ignore les frontières. L’hostilité à l’Europe montre que la politique environnementale n’est pas une priorité - apparemment - pour les électeurs. La politique de l'environnement coûte cher. Elle ne favorise pas le pouvoir d'acchat.
3) Seule une politique internationale peut être efficace en termes d’environnement. Mais on parlera ici à la rigueur de « gouvernance » et pas de gouvernement. La communauté internationale n’a ni les moyens ni la volonté ni même la légitimité pour imposer des décisions de politique environnementale actuellement.
Conclusion : une politique de l’environnement est nécessaire mais impossible
Conclusion.
Il est impossible d'escompter une politique démocratique de l’environnement. Les démocraties ne sacrifieront jamais leurs intérêts immédiats par égard pour les générations futures. Pourquoi le feraient-elles, d’ailleurs ?
Cependant les institutions démocratiques et républicaines peuvent entendre les voix des associations non gouvernementales, et donner la parole, pour des raisons morales et non pas politiques, à tous ceux qui prennent en considération les intérêts de ceux qui ne sont pas encore nés, les intérêts de la nature et des animaux également.
C’est ce que Hans Jonas appelle le « principe responsabilité » qui procède de considérations métaphysiques et morales et non pas politiques.