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13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 14:38

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Si les problèmes planétaires, aujourd'hui globaux  appellent des réponses consensuelles, les décisions de la communauté internationale  restent partiales, aléatoires  et bien souvent unilatérales:

" L'idée que les États-Unis peuvent intervenir en Somalie parce que cela ne comporte guère de risques mais ne le peuvent pas en Bosnie parce que cela entraînerait des pertes aurait bien pu s'appliquer à l'Allemagne (les années 30. Dire qu'on ne peut agir partout ne signifie ni que l'on ne peut agir nulle part ni que chaque cas doit être jugé hors de son contexte. Le caractère exemplaire et dissuasif de toute action, suggérant, à défaut de certitude, qu'une réaction du même ordre aurait quelque plausibilité dans des cas analogues, n'en devient que plus important.
Mais cela ne fait que souligner, sur l'exemple le plus sensible, le caractère inévitablement fragmenté, et à la limite contradictoire, de tout ordre international concevable aujourd'hui. Cette contradiction se manifeste à trois niveaux.
Premièrement, les problèmes, et souvent les solutions comme dans le cas de l'écologie, sont de plus en plus globaux, mais le pouvoir continue, et continuera, dans l'avenir prévisible, à appartenir à des États ou à des acteurs non étatiques particuliers.
Deuxièmement, la réalité et donc les problèmes sont de plus en plus complexes et multidimensionnels, mais les autorités et les organismes internationaux et mondiaux qui peuvent les traiter sont, et continueront à être longtemps, partiels et presque toujours unidimensionnels. On peut à la limite imaginer une autorité internationale chargée de gérer le nucléaire sous l'égide de l'ONU, mais elle ne pourra pas répondre au caractère complexe et diffus (lu problème (le la prolifération, qui concerne la société transnationale à tous ses niveaux.
Enfin, si, pendant la guerre froide, tous les conflits particuliers avaient tendance à être vus sous l'angle du conflit central, aujourd'hui les principes qui lui servent de critères sont beaucoup plus universels et consensuels, mais les réalités sont largement plus particulières et fragmentées. D'où une inadaptation croissante, et la retombée du droit et du souci humanitaire dans l'ère du soupçon.
 Mais cette dernière nous avait-elle vraiment quittés ? Et comment la politique internationale pourrait-elle être exemptée de l'écart et de la tension entre l'universel et le particulier, entre l'absolu et le relatif, qui est le trait le plus permanent de la vie humaine ?"
Pierre Hassner, La violence et la paix, Paris, 1995, Editions Esprit, pp. 351-354.

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