"Alep est le trou noir de toutes les valeurs morales" (ambassadeur de France à l'ONU ce matin sur France Inter.
La honte n’est pas la culpabilité, ni le sentiment d’avoir péché ou démérité…
Il y a une honte que l’on pourrait dire métaphysique…
("Une passion triste" selon Spinoza, c’est-à-dire une souffrance mauvaise, vaine… elle peut conduire certains au désespoir )
C’est celle dont parlent Stefan Zweig, Primo Levi, Walter Benjamin et enfin Vladimir Jankélévtich.
La honte devant le spectacle de ce que l’homme fait à l’homme…
On est impuissants, on n’y est pour rien , mais on a quand même honte..
"J'ai honte" par Johan Hufnagel ce matin
http://www.liberation.fr/planete/2016/11/30/j-ai-honte_1532115
Et aussi (extrait de mon bouquin)
« C’est ce dont témoigne également l’écrivain italien et survivant de la Shoah Primo Levi au début de La Trêve, lorsqu’il évoque la honte éprouvée pour les crimes commis par autrui. Le contexte est celui d’une rencontre avec quatre soldats nazis, en janvier 1945, alors que son ami Charles et lui-même portent les cadavres de leurs compagnons vers une fosse commune : « Ils ne nous saluaient pas, ne nous souriaient pas ; à leur pitié semblait s’ajouter un sentiment confus de gêne qui les oppressait, les rendait muets et enchaînaient leurs regards à ce spectacle funèbre. C’est la même honte que nous connaissions bien, celle qui nous accablait après les sélections et chaque fois que nous devions assister ou nous soumettre à un outrage : la honte que les Allemands ignorèrent, que le juste éprouve devant la faute commise par autrui, tenaillé par l’idée qu’elle existe, qu’elle ait été introduite irrévocablement dans l’univers des choses existantes et que sa bonne volonté se soit montrée nulle ou insuffisante et totalement inefficace ». La trêve, Traduit de l’italien par Emmanuelle Genevoix-Joly, Ed. Grasset , 1966, p. 10