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22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 15:22
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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 17:08

"Une constatation que je peux vérifier, à mon grand regret, à chaque instant: seuls sont heureux ceux qui ne pensent jamais, autrement dit ceux qui ne pensent que le strict minimum nécessaire pour vivre.
La vraie pensée ressemble, elle, à un démon qui trouble les sources de la vie, ou bien à une maladie qui en affecte les racines mêmes.
Penser à tout moment, se poser des problèmes capitaux à tout bout de champ et éprouver un doute permanent quant à son destin; être fatigué de vivre, épuisé par ses pensées et par sa propre existence au-delà de toute limite; laisser derrière soi une traînée de sang et de fumée comme symbole du drame et de la mort de son être - c'est être malheureux au point que le problème de la pensée vous donne envie de vomir et que la réflexion vous apparaît comme une damnation".

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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 15:12
http://www.hansen-love.com/
2017/04/dissertations-corrigees-et-bonnes-copies.html
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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 11:01

 7 TEXTES de  Tocqueville  
Tocqueville (1805-1859)

Homme politique, philosophe  et historien français.  Entre 1831 et 1832, il mène une enquête sur le système pénitentiaire américain.  A son retour, il étend son étude à l’ensemble du système politique et il écrit « De la démocratie en Amérique », publié en 1840. Dans cet ouvrage qui lui vaudra une renommée internationale,  il explique que la démocratie, dans le sens sociologique de ce terme, promeut l’égalité mais aussi l’individualisme. Elle engendre aussi une tendance à l’égoïsme  et au conformisme, qui sont contrebalancés aux Etats-Unis par le jeu des instituions représentatives, par la force du sentiment religieux  et par l’indépendance de la presse et de la justice. Ces contrepoids sont faibles ou inexistants en Europe, en particulier en France. D’où la menace, selon Tocqueville, d’un nouveau type de despotisme que la démocratie pourrait enfanter.

Texte  1
 La complexité  de l’histoire
Théoriciens et hommes d’action n’ont pas du tout, a priori, la même lecture de l’histoire.  Tocqueville, qui fut l’un et l’autre, et  qui parle ici en tant que  philosophe, explique pour quelles raisons il ne peut en être qu’ainsi. Unilatérales, réductrices,  leurs  approches doivent être dépassées. Une lecture  éclairée de l’histoire, plus subtile, plus complexe, s’efforcera  de prendre en compte les divers aspects de la rationalité historique.
« J’ai vécu avec des gens de lettres, qui ont écrit l’histoire sans se mêler aux affaires, et avec des hommes politiques, qui ne se sont jamais occupés qu’à produire les événements sans songer à les décrire. J’ai toujours remarqué que les premiers voyaient partout des causes générales, tandis que les autres, vivant au milieu du décousu des faits journaliers, se figuraient volontiers que tout devait être attribué à des incidents particuliers, et que les petits ressorts, qu’ils faisaient sans cesse jouer dans leurs mains, étaient les mêmes que ceux qui font remuer le monde. Il est à croire que les uns et les autres se trompent.
 Je hais, pour ma part, ces systèmes absolus, qui font dépendre tous les événements de l’histoire de grandes causes premières se liant les unes aux autres par une chaîne fatale, et qui suppriment, pour ainsi dire, les hommes de l’histoire du genre humain. Je les trouve étroits dans leur prétendue grandeur, et faux sous leur air de vérité mathématique. Je crois, n’en déplaise aux écrivains qui ont inventé ces sublimes théories pour nourrir leur vanité et faciliter leur travail, que beaucoup de faits historiques importants ne sauraient être expliqués que par des circonstances accidentelles, et que beaucoup d’autres restent inexplicables ; qu’enfin le hasard ou plutôt cet enchevêtrement de causes secondes, que nous appelons ainsi faute de savoir le démêler, entre  pour beaucoup dans tout  ce que nous voyons sur le théâtre du monde ; mais je crois fermement que le hasard n’y fait rien, qui ne soit préparé à l’avance. Les faits antérieurs, la nature des institutions, le tour des esprits, l’état des mœurs, sont les matériaux avec lesquels il compose ces impromptus qui nous étonnent et qui nous effraient.
La révolution de Février [1], comme tous les autres grands  événements de ce genre, naquit de causes générales fécondées, si l’on peut ainsi parler, par des accidents ; et il serait aussi superficiel de la faire découler nécessairement des premières, que de l’attribuer uniquement aux seconds ».
 Alexis de Tocqueville, Souvenirs (1850-1851), Deuxième partie, Chapitre 1, Gallimard, Collection Folio-Histoire, 1999,  pp 84-85.
Note 1 : Février 1948.
Texte 2
 L’égalité tourmente et  fatigue les âmes
C'est la démocratie qui nous rend semblables et égaux, et par  conséquent envieux – donc    méchants:
"Quand toutes les prérogatives de naissance et de fortune sont détruites, que toutes les professions sont ouvertes à tous, et qu'on peut parvenir de soi-même au sommet de chacune d'elles, une carrière immense et aisée semble s'ouvrir devant l'ambition des hommes, et ils se figurent volontiers qu'ils sont appelés à de grandes destinées. Mais c'est là une vue erronée que l'expérience corrige tous les jours. Cette même égalité qui permet à chaque citoyen de concevoir de vastes espérances rend tous les citoyens individuellement faibles. Elle  limite de tous côtés leurs forces, en même temps qu'elle- permet à leurs désirs de s'étendre.  Non seulement ils sont impuissants par eux-mêmes, mais ils trouvent à chaque pas d'immenses obstacles qu'ils   n’ avaient point aperçus d'abord.
Ils ont détruit les privilèges gênant de quelques-uns de leurs semblables ; ils rencontrent la concurrence de tous. La borne a changé de forme plutôt que de place. Lorsque les hommes sont à peu près semblables et suivent une même route, il est bien difficile qu'aucun d'entre eux marche vite et perce à travers la foule uniforme qui l'environne et le presse.
Cette opposition constante qui règne entre les instincts que fait naître l'égalité et les moyens qu'elle fournit pour les satisfaire tourmente et fatigue les âmes.
On peut concevoir des hommes arrivés à un certain degré de liberté qui les satisfasse entièrement. Ils jouissent alors de leur indépendance sans inquiétude et sans ardeur. Mais les hommes ne fonderont jamais une égalité qui leur suffise". Tocqueville  De la démocratie en Amérique, Tome II,  pp 192-193


Texte 3
La démocratie et la haine des formes
Comme Benjamin Constant, Tocqueville considère que les « formes » (les institutions, les normes morales, les règles du bien-vivre  reçues de nos ancêtres  etc…)  sont  protectrices du civisme et de l’esprit républicain. Or l’homme démocratique a tendance à mépriser les formes : 
 « L'égalité suggère aux hommes plusieurs penchants fort dangereux pour la liberté, et sur lesquels le législateur doit toujours avoir l'oeil ouvert. Je ne rappellerai que les principaux.
Les hommes qui vivent dans les siècles démocratiques ne comprennent pas aisément l'utilité des formes ; ils ressentent un dédain instinctif pour elles. J'en ai dit ailleurs les raisons. Les formes excitent leur mépris et souvent leur haine. Comme ils n'aspirent d'ordinaire qu'à des jouissances faciles et présentes, ils s'élancent impétueusement vers l'objet de chacun de leurs désirs ; les moindres délais les désespèrent. Ce tempérament, qu'ils transportent dans la vie politique, les indispose contre les formes qui les retardent ou les arrêtent chaque jour dans quelques-uns de leurs desseins.
Cet inconvénient que les hommes des démocraties trouvent aux formes est pourtant ce qui rend ces dernières si utiles à la liberté, leur principal mérite étant de servir de barrière entre le fort et le faible, le gouvernant et le gouverné, de retarder l'un et de donner à l'autre le temps de se reconnaître. Les formes sont plus nécessaires à mesure que le souverain est plus actif et plus puissant et que les particuliers deviennent plus indolents et plus débiles. Ainsi les peuples démocratiques ont naturellement plus besoin de formes que les autres peuples, et naturellement ils les respectent moins. Cela mérite une attention très sérieuse.
Il n'y a rien de plus misérable que le dédain superbe de la plupart de nos contemporains pour les questions de formes; car les plus petites questions de formes ont acquis de nos jours une importance qu'elles n'avaient point eue jusque-là. Plusieurs des plus grands intérêts de l'humanité s'y rattachent ». 
Tocqueville, De la démocratie en Amérique. Tome 2, Quatrième partie, Chapitre 7, p 444, Coll. Folio-Histoire

 Texte 4
 Agitation démocratique 
Tocqueville explique ici pourquoi les américains se montrent si inquiets au milieu de leur bien-être. « Démocratie » ne rime donc  pas forcément avec bonheur :
 « On s'étonne d'abord en contemplant cette agitation singulière que font paraître tant d'hommes heureux, au sein même de leur abondance? Ce spectacle est pourtant aussi vieux que le monde; ce qui est nouveau c'est de voir tout un peuple qui le donne.
Le goût des jouissances matérielles doit être considéré comme la source première de cette inquiétude secrète qui se révèle dans les actions des américains, et de cette inconstance dont ils donnent toujours l'exemple. 
Celui qui a enfermé son coeur dans la seule recherche des biens de ce monde est toujours pressé, car il n'a qu'un temps limité pour les trouver, s'en empare, et en jouir. Le souvenir de la brièveté de la vie l'aiguillonne sans cesse. Indépendamment des biens qu'il possède, il en imagine à chaque instant mille autres que la mort l'empêchera de goûter s'il ne se hâte. Cette pensée le remplit de trouble, de craintes et de regrets, et maintient son âme dans une sorte de trépidation incessante qui le porte à changer à tout moment de desseins et de lieux.
Si au goût du bien-être matériel vient se joindre un état social dans lequel ni la loi ni la coutume ne retiennent plus personne à sa place, ceci est une grande excitation de plus pour cette inquiétude d'esprit : on verra alors les hommes changer continuellement de route, de peur de manquer le plus court chemin qui doit les conduire au bonheur »  Tocqueville, De la démocratie en Amérique,  Tome II, deuxième partie, chapitre 13, Coll. Folio-Histoire, pp 191-192

 (Ce texte est à rapprocher de la pensée de Pascal  :« Nous errons dans les temps qui ne sont point les nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient » Pascal B. 147)

Texte 5
La démocratie brise la chaîne
Tocqueville établit  ici la genèse et  examine les conséquences de l’individualisme démocratique :
« Comme, dans les société aristocratiques, tous les citoyens sont placés à poste fixe, les uns au-dessus des autres, il en résulte encore que chacun d'entre eux aperçoit toujours plus haut que lui un homme dont la protection lui est nécessaire, et plus bas il en découvre un autre dont il peut réclamer le concours.
Les hommes qui vivent dans les siècles aristocratiques sont donc presque toujours liés d'une manière étroite à quelque chose qui est placé en dehors d'eux, et ils sont souvent disposés à s'oublier eux-mêmes. Il est vrai que, dans ces mêmes siècles, la notion générale du semblable est obscure, et qu'on ne songe guère à s'y dévouer pour la cause de l'humanité ; mais on se sacrifie souvent à certains hommes.
Dans les siècles démocratiques, au contraire, où les devoirs de chaque individu envers l'espèce sont bien plus clairs, le dévouement envers un homme devient plus rare : le lien des affections humaines s'étend et se desserre.
Chez les peuples démocratiques, de nouvelles familles sortent sans cesse du néant, d'autres y retombent sans cesse, et toutes celles qui demeurent changent de
 face; la trame des temps se rompt à tout moment, et le vestige des générations s'efface. On oublie aisément ceux qui vous ont précédé, et l'on n'a aucune idée de ceux qui vous suivront. Les plus proches seuls intéressent.
Chaque classe venant à se rapprocher des autres et à s'y mêler, ses membres deviennent indifférents et comme étrangers entre eux. L'aristocratie avait fait de tous les citoyens une longue chaîne qui remontait du paysan au roi ; la démocratie brise la chaîne et met chaque anneau à part.
A mesure que les conditions s'égalisent, il se rencontre un plus grand nombre d'individus qui, n'étant plus assez riches ni assez puissants pour exercer une grande influence sur le sort de leurs semblables, ont acquis cependant ou ont conservé assez de lumières et de biens pour pouvoir se suffire à eux-mêmes. Ceux-là ne doivent rien à personne, ils n'attendent pour ainsi dire rien de personne ; ils s'habituent à se considérer toujours isolément, ils se figurent volontiers que leur destinée toute entière est entre leurs mains.
Ainsi, non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains ; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre cœur ».
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, deuxième partie, Tome II, deuxième partie, chap. Il,  Coll. Folio Histoire, PP 144-145.

Texte 6
 Le despotisme bienveillant
 La notion de « despotisme bienveillant » apparaît,  a priori,   contradictoire. Pourtant Alexis de Tocqueville a imaginé une situation, improbable mais non pas inconcevable, dans laquelle les hommes consentiraient à leur servitude. Il rejoint sur ce point l’analyse de La Boétie  mais il donne à sa propre fiction des traits totalement inédits :
« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable  d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il  est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.
 Au dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer  leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il  veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? ».
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1840), Gallimard, Collection « Folio histoire », 1961, t II, IV ième partie, chapitre IV, p 434.

Texte 7
La liberté n’est pas toujours désirée
 Tocqueville observe ici que la passion pour la liberté n’est pas si communément partagée, contrairement à ce que l’on pourrait croire :
"Or, d'où vient-elle, cette liberté si nécessaire et si souvent absente ? « Je me suis souvent demandé où est la source de cette passion de la liberté politique qui, dans tous les temps, a fait faire aux hommes les plus grandes choses que l'humanité ait accomplies, dans quels sentiments elle s'enracine et se nourrit ». La réponse est décevante et décisive : « Ce qui, dans tous les temps, lui a attaché si fortement le coeur de certains hommes, ce sont ses attraits mêmes, son charme propre, indépendant de ses bienfaits ; c'est le plaisir de pouvoir parler, agir, respirer sans contrainte, sous le seul gouvernement de Dieu et des lois. Qui cherche dans la liberté autre chose qu'elle-même est fait pour servir... Ne me demandez pas d'analyser ce goût sublime, il faut l'éprouver. Il entre de lui-même dans les grands coeurs que Dieu a préparés pour le recevoir ; il les remplit, il les enflamme. On doit renoncer à le faire comprendre aux âmes médiocres qui ne l'ont jamais 
ressenti. »
« Cette liberté politique, dont la présence ou l'absence a une si grande importance pour le destin général des sociétés, a ainsi sa source dans une expérience inanalysable et incommunicable de certains hommes, dans un don fait directement par la nature, par Dieu à certains hommes. Ainsi seulement paraît surmontée l'alternative entre les deux formes de liberté, la liberté-privilège de l'aristocratie et la liberté-droit commun de la démocratie. D'une part la liberté politique est la chose la plus indispensable aux hommes s'ils veulent mener une vie pleinement humaine puisqu'elle « crée la lumière qui permet de voir et de juger les vices et les vertus des hommes  » ; d'autre part, la présence de cette composante essentielle de la vie humaine n'est ni assurée (on ne trouve pas l'amour de la liberté dans tous les hommes, loin s'en faut) ni susceptible d'être produite à volonté par les hommes (sa seule source est dans la nature)".

L’ ancien régime et la révolution (1856), I, pp. 301-302,   et  I, p. 217. G.F. Flammarion, 1993

 Voir aussi :
 Fiche : Tocqueville et la démocratie 
 

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3 mars 2018 6 03 /03 /mars /2018 17:24

Mark Twain L’animal au bas de l’échelle
in Cette maudite race humaine, Actes Sud 2018

« Force est de constater qu'en matière de noblesse de caractère, l'homme ne peut prétendre arriver à la cheville du plus vil animal supérieur. A l’évidence, sa constitution ne lui permet pas d'approcher cette attitude ; elle l’afflige  d'un défaut qui rend  une telle conquête à jamais impossible puisque ce défaut est manifestement chez lui immuable, indestructible, invincible.
Ce défaut dans je parle est le sens moral. Il est le seul animal en être doté. C'est le secret de sa déchéance. C'est la qualité qui lui permet de faire le mal. Le sens moral n'a pas d’autre rôle. Il ne peut remplir aucune autre fonction. Il n'a pu être destiné à quoi que ce soit d'autre. Sans lui, l'homme ne pourrait rien faire de mal. Il s'élèverait brusquement au niveau des animaux supérieurs.
(…)
  De fait il est une maladie. La rage est mauvaise, mais elle ne l’est  pas autant que cette maladie-là. La rage permet à l'homme de faire ce qu'il ne pourrait faire en bonne santé : tuer son prochain d'une morsure venimeuse. La rage ne fait de personne un homme meilleur.
 Le sens moral permet à l’homme  de faire le mal. Il lui permet de faire le mal de mille façons. La rage est une maladie bénigne comparée au sens moral. Le sens moral ne fait donc de personne un homme meilleur. Finalement, quelle aura été la malédiction première ? Ce qu'elle a été depuis l'origine : l’imposition à l’homme du sens moral ; sa capacité à distinguer le bien du mal ; et avec elle, nécessairement, sa capacité à faire le mal ; puisqu'il ne peut y avoir de mauvaise action sans la conscience du mal chez celui qui la commet.
Si j'en conclus que nous sommes descendus et avons dégénéré depuis quelque ancêtre lointain – quelque atome microscopique baguenaudant, qui sait, sur la gigantesque surface d'une goutte d’eau-, cascadant d’insecte  en insecte, de reptile en reptile, tout le long de la grand-route de la pure innocence, jusqu'à atteindre le fin fond de l'évolution, que l'on nommera  l’être humain. Plus bas que nous, rien. Rien, si ce n'est le Français. 
Il n'y a qu'un seul degré possible en dessous du sens moral, c'est le sens immoral. Le Français l’a. L'homme est juste en dessous des anges. Cela ne situe clairement. Il est entre les anges et le Français".

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1 mars 2018 4 01 /03 /mars /2018 17:35

Si tous les hommes agissaient avec un égoïsme éclairé, le monde serait un paradis en comparaison de ce qu'il est actuellement. Je ne prétends pas qu'il n'y a rien de meilleur que l'égoïsme personnel comme motif d'agir mais je prétends que l'égoïsme, tout comme l'altruisme, est meilleur quand il est éclairé que lorsqu'il ne l'est pas. Dans une communauté bien ordonnée, il est bien rare qu'une chose nuisible aux autres soit utile à un intérêt individuel. Moins un homme est raisonnable, et plus souvent il manquera de comprendre que ce qui fait du mal aux autres fait aussi du mal à lui-même, car la haine et l'envie l'aveugleront. C'est pourquoi, bien que je ne prétende pas que l'égoïsme éclairé soit la morale la plus haute, j'affirme que, s'il devenait commun, il rendrait le monde mille fois meilleur qu'il n'est.

RUSSELL
 (trouvé dans les annalse du bac.Quelqu'un a la 
référence?)

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 18:41


« Substituer au gouvernement par la raison le gouvernement par l'amour, c'est ouvrir la voie au gouvernement par la haine, comme Socrate semble l'avoir entrevu quand il dit que la méfiance en la raison ressemble à la méfiance envers l'homme. L'amour n'est ni une garantie d'impartialité, ni un moyen d'éviter les conflits, car on peut différer sur la meilleure manière d'aimer, et plus l'amour est fort, plus fort sera le conflit. Cela ne veut pas dire que l ‘amour et la haine doivent être placés sur le même plan, mais seulement que nul sentiment, fût-ce l'amour, ne peut remplacer le recours à des institutions fondées sur la raison.
Le règne de l'amour présente d'autres dangers. Aimer son prochain, c'est vouloir le rendre heureux (...). Mais vouloir le bonheur du peuple est, peut-être, le plus redoutable des idéaux politiques, car il aboutit fatalement à vouloir imposer aux autres une échelle de valeurs supérieures jugées nécessaires à ce bonheur. On verse ainsi dans l'utopie et le romantisme   et, à vouloir créer le paradis terrestre, on se condamne inévitablement à l'enfer. De là l'intolérance, les guerres de religion, l'inquisition, avec, à la base, une conception foncièrement erronée de nos devoirs. Que nous ayons le devoir d'aider ceux qui en ont besoin, nul ne le conteste   mais vouloir le bonheur des autres, c'est trop souvent forcer leur intimité et attenter à leur indépendance ».

POPPER, La Société ouverte et ses ennemis 

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 12:11
  • Littérature : poème d’Aragon, “les ombres se mêlaient et battaient la semelle”, extrait du Roman inachevé, section “La guerre et ce qui s’ensuivit”
  • Philosophie : Montaigne, Les Essais, Livre III, chapitre XIII, “Qu’ont gagné nos législateurs à distinguer cent mille espèces...”
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23 février 2018 5 23 /02 /février /2018 10:07

 Kant, Critique de la faculté de juger, §40, les 3 maximes de la pensée 

Ce sont les maximes suivantes : 
1. Penser par soi-même;
2. Penser en se mettant à la place de tout autre; 
3. Toujours penser en accord avec soi-même. 

La première maxime est la maxime de la pensée sans préjugés, la seconde maxime est celle de la pensée élargie, la troisième maxime est celle de la pensée conséquente. 

La première maxime est celle d'une raison qui n'est jamais passive. On appelle préjugé la tendance à la passivité et par conséquent à l'hétéronomie de la raison; de tous les préjugés le plus grand est celui qui consiste à se représenter la nature comme n'étant pas soumise aux règles que l'entendement de par sa propre et essentielle loi lui donne pour fondement et c'est la superstition. On nomme les lumières la libération de la superstition'; en effet, bien que cette dénomination convienne aussi à la libération des préjugés en général, la superstition doit être appelée de préférence un préjugé, puisque l'aveuglement en lequel elle plonge l'esprit, et bien plus qu'elle exige comme une obligation, montre d'une manière remarquable le besoin d'être guidé par d'autres et par conséquent l'état d'une raison passive. 

En ce qui concerne la seconde maxime de la pensée nous sommes bien habitués par ailleurs à appeler étroit d'esprit (borné, le contraire d'élargi) celui dont les talents ne suffisent pas à un usage important (particulièrement à celui qui demande une grande force d'application). Il n'est pas en ceci question des facultés de la connaissance, mais de la manière de penser et de faire de la pensée un usage final; et si petit selon l'extension et le degré que soit le champ couvert par les dons naturels de l'homme, c'est là ce qui montre cependant un homme d'esprit ouvert que de pouvoir s'élever au-dessus des conditions subjectives du jugement, en lesquelles tant d'autres se cramponnent, et de pouvoir réfléchir sur son propre jugement à partir d'un point de vue universel (qu'il ne peut déterminer qu'en se plaçant au point de vue d'autrui). 
C'est la troisième maxime, celle de la manière de penser conséquente, qui est la plus difficile à mettre en oeuvre ; on ne le peut qu'en liant les deux premières maximes et après avoir acquis une maîtrise rendue parfaite par un exercice répété. 

On peut dire que la première de ces maximes est la maxime de l'entendement, la seconde celle de la faculté de juger, la troisième celle de la raison.

 

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17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 14:18

Quiz  2018 par Laurence Hansen-Löve


 1) Le Souverain Bien est :
 - Un personnage  de grande qualité qui dispose du pouvoir souverain
 - L’association du bonheur et de la vertu que tout homme  est censé rechercher
-  Une très grande fortune

2) Le poêle de Descartes :
Un  lieu secret  où Descartes rencontrait ses collaborateurs
Une utopie désignant un monde chaleureux
Une petite  pièce chauffée par un poêle où le philosophe a séjourné quelque temps 

3)  Une œuvre  d’art est  d’autant plus belle selon Kant :
Qu’elle est porteuse d’un message clair
Qu’elle  exprime un idéal spirituel
Qu’elle est dénuée de toute signification  

4)  Le « Grand Homme » selon Hegel
Un homme connu pour ses performances intellectuelles exceptionnelles
Un artiste au  talent hors norme
 Un homme politique d’envergure admiré  par son propre peuple qui le désigne comme son guide

 5) Le bon sens  selon Descartes est :
Une qualité qui témoigne d’une forme de sensibilité inhabituelle
L’aptitude au jugement qui est commune à tous les hommes
Le sens de l’orientation qui fait défaut à certains hommes

6)  Le conatus selon Spinoza est :
Un individu connoté très négativement
Une sorte de démon qui conseille parfois  les philosophes
L’effort pour persévérer  dans son être qui caractérise tout ce qui existe.

7)  Un démiurge est 
Un devin très écouté autrefois à Athènes
Un ange déchu selon Saint Thomas
Le Dieu artisan selon Platon

8)  La théorie de la réminiscence est :
Un mythe  de Platon qui explique la présence en nous d’idées innées
La thèse de Freud selon laquelle nous n’oublions rien
Une théorie cognitiviste concernant le fonctionnement de la mémoire

9)  Les «  Idées » selon Platon sont :
Les thèses des philosophes rationalistes
Toutes les opinions qu’il faut discuter et combattre
Les réalités  essentielles  et originelles  de toutes choses situées  dans un « monde intelligible »

10) L’homme fort selon Nietzsche :
Un homme qui exploite et opprime les autres hommes
Un homme qui admet,  assume  et affirme sa « volonté de puissance »
Un homme puissant du fait de ses   hautes responsabilités politiques

11) Mentir, selon Kant est
Un choix parfois judicieux 
Un comportement souvent inévitable en tant que moindre mal
Un  crime contre la nature humaine

 12) Le mot  « anhypothétique »  signifie  : 
- Ce qui défie l’entendement
- Une  hypothèse concernant  les anomalies de la nature
- Un principe qui précède toute hypothèse


13)  Le terme de « habitus » désigne :
- La résidence habituelle des philosophes aristotéliciens
-Un système de dispositions intériorisées orientant nos pratiques sociales
- Une résidence comprise dans une acception subjective

14) Casuistique : 
 - Discours irrecevable d’un point de vue logique
-  Partie de la théologie ou de la morale qui examine  les cas de conscience 
-  Partie de l’épistémologie qui traite des cas particuliers

 15) Qui a énoncé la théorie de l’hérédité des caractères acquis, aujourd’hui réfutée :
- Linné
- Lamarck 
- Darwin

16) Qui a défini l’homme comme un « animal métaphysique » :
Kant
Schopenhauer
Nietzsche

16) Qu’est-ce qu’un « sophisme » :
Un raisonnement fallacieux présentant l’apparence de la rigueur logique
Un syllogisme composé de plusieurs prémisses
Un argument philosophique subtil


17) La notion de falsifiabilité désigne :
La fragilité morale des êtres humains
Le contraire de la véracité
Le caractère à la fois vérifiable et réfutable  des thèses scientifiques selon Karl Popper


18) Qui a dit :  « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison » :
Alain
Merleau-Ponty
Freud

19) Qui a dit : «  Le méchant ne peut être ami avec lui-même » : 
-  Platon 
-  Epicure
-  Aristote


20) L’impératif catégorique selon Kant est : 
 -  L’ impératif moral, qui est inconditionnel
-  Le devoir  politique  de ne pas mentir
-  Le principe de classement des catégories de l’entendement

21) Qui a dit : « L’opinion a en droit toujours tort » : 
-  Platon
-  Bachelard
-  Hannah Arendt

22) Qui a imaginé  l’avènement  d’un « despotisme doux et bienveillant » ? 
Rousseau 
Benjamin Constant
Tocqueville


 23) Qui a dit à propos des animaux : « La question n’est pas « peuvent-ils penser ? », mais « peuvent-ils souffrir  »  ?
Descartes
Malebranche
J. Bentham

24) Les hommes emprisonnés dans la Caverne de Platon (République, VII)  sont :
-  Victimes d’un complot politique
-   Aliénés par leurs propres préjugés et illusions
-  Enfermés  par des philosophes afin d’être rééduqués

25) L’état de nature chez Rousseau :
Une fiction représentant l’homme avant le passage à l’état civil
La situation d’innocence de l’enfant avant la culture
Un état préhistorique  représenté  comme  sauvage et dangereux 

 26) Qui a dit, à l’origine : «  L’homme est un loup pour l’homme » :
Freud 
Plaute
Hobbes

27) Le matérialisme historique désigne : 
La philosophie de Démocrite
La philosophie  des historiens des Lumières au 18 e siècle
La thèse  marxiste concernant le devenir historique 

28) Qui a dit : « La vérité et l’amitié nous sont chères l’une et l’autre, mais c’est un devoir sacré d’accorder la préférence à la vérité » :
-  Epictète
-  Lucrèce
-   Aristote


 29) La « généalogie de la morale »  est : 
-  Une tentative de fondation philosophique du calvinisme
-  Le titre d’un chapitre du Discours de la méthode 
 - Le titre d’un livre de Nietzsche examine et  tente d’élucider  les origines de  la morale chrétienne

30)  Le «  Léviathan » est :
Un dignitaire religieux hébraïque
Un potentat médiéval
Un monstre marin  biblique et le titre d’un livre de  Thomas Hobbes

31)  Dans « Du contrat social » de Rousseau, la loi est :
L’acte de la volonté générale
Une décision du parlement
Une règle  juste si elle est issue d’un référendum populaire

 32) La morale par provision  chez Descartes (Discours de la méthode,  3 e partie) :
Une morale adoptée provisoirement en attendant de déterminer ave certitude  la vérité
Une provision d’idées reçues
Une morale   empruntée  aux anciens matérialistes

 33) Quelle est la question qui regroupe toutes les questions de la philosophie selon Kant ?
« Y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »
« Qu’est-ce que l’homme ? »
« L’existence a-t-elle un sens ? »

 34) Calliclès est :
- Le fils d’Aristote à qui il a dédié son « Ethique »
-  L’interlocuteur  imaginaire de Socrate dans  Gorgias
- Un  disciple  de  Platon

35)  Le « Prince »,  selon  Machiavel,  dans l’ouvrage qui porte ce nom: 
Un homme de grand talent susceptible de rétablir l’ordre et la paix en Italie
Un potentat italien du 15 e siècle
Un despote  dangereux  pour l’Etat 

36) La liberté d’indifférence selon Descartes
-  Une forme de liberté qui est indifférente au bonheur
- Un aspect de la liberté conçue comme un pouvoir de choisir même le faux, même le mal
-Une liberté qui permet de se rendre indifférent aux  intérêts d’autrui

37)  L’homo faber  selon Bergson  est :
- Un homme au charme fabuleux 
- L’homme qui se définit par l’aptitude à inventer des fables
- L’homme en tant qu’il se définit par la capacité de fabriquer des outils

38)  L’incommensurabilité qualifie : 
-   Ce qui  excède  toute  réalité observable 
 -  Ce qui est exceptionnel d’un point de vue qualitatif 
-  Le caractère de réalités que l’on ne peut mesurer les unes autres 

 39) L’intentionnalité (pour la phénoménologie)  est : 
-  L’acte par lequel la conscience se rapporte à l’objet qu’elle vise
-  L’obéissance en tant qu’elle est un acte  libre
-  L’intention de nuire lorsqu’elle n’est pas explicite 

40) Le tiers exclu  est :
-  Un individu que la société rejette en fonction de ses origines
-  Une approche sociale discriminante
 - Un principe logique suivant lequel il n’ya que deux possibilités :  soit c’est  vrai, soit  c’est  faux.
 

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