Clichés, idées reçues, idées fausses à éviter au bac philosophie
« Ce qui est vrai pour moi est vrai -par exemple, le beau, ou l’existence de Dieu ».
C’est une contre vérité, une opinion anti-philosophique. Au contraire, la philosophie se définit par la recherche de la vérité, c’est-à-dire de thèses, de théories ou de propositions qui sont susceptibles de faire l’unanimité. Ce qui qui n’est vrai que pour moi .. n’est donc pas « vrai » !
« La science cherche des vérités absolues » (faux : la science ne prétend pas atteindre des vérités absolues et ne vise que des vérités partielles et relatives).
« Les hommes ont de tout temps recherché la vérité » (faux : avant la science et la philosophie (en gros 6 ième siècle av . JC), on pensait que la vérité, c’était ce qu’il ne fallait pas oublier, autrement dit les croyances ancestrales. En Grèce le mot vérité est « alèthéia » qui veut dire : le non-oubli.
« Tous les hommes recherchent la vérité » (faux : seuls certains hommes, dont les savants et les philosophes, les journalistes, les juges aussi, les médecins etc… recherchent la vérité. Sûrement pas tous les hommes).
« Le bonheur est le but de la vie » (Non : même si tous les hommes recherchent le bonheur, ce n’est pas forcément LE but de la vie. Il peut y avoir d’autres buts. C’est ce que pense Kant).
« Kant veut imposer une morale unique à tout le monde » (faux : Kant ne veut rien imposer du tout. Il réfléchit aux conditions de possibilité d’une morale universelle).
« Quand on agit moralement, c’est pour se donner bonne conscience » (c’est un contresens sur la conscience morale. Vladimir Jankélévitch a montré pourquoi la conscience morale scrupuleuse est toujours malheureuse - au contraire).
« Personne n’a jamais fait quelque chose de désintéressé » (variante du précédent .Si c’était vrai, il faudrait mettre à la poubelle tous les écrits de Kant sur la morale, car Kant définit les comportements moraux par leur caractère désintéressé. Si vous pensez cela, ne le dites pas le jour du bac).
« La science détient la vérité » (faux : la science propose des théories qui rendent compte partiellement de la réalité, mais qui ne sont jamais définitives ni complètes. Elle ne peut « détenir » quoique ce soit).
« Ce qui, dans la science, est vrai à un moment, devient faux par la suite, et vice versa » (inexact : les thèses scientifiques sont provisoires, mais elles ne sont pas annulées ni renversées ni réfutées par les théories ultérieures. En revanche, elles sont en règle générale, affinées, nuancées, complétées, englobées dans des théories plus complètes, et donc relativisées. La thèse de Ptolémée (90-168) (« la terre est le centre du monde ») n’était pas vraie, ni scientifique. Mais à l’époque on tenait pour « scientifique » toute représentation cohérente et complète des phénomènes. La conception de la science était encore floue.
« Rousseau veut retourner à l’état de nature » (faux et absurde. Nul ne peut vouloir sérieusement revenir en arrière, nul ne peut abolir la civilisation).
« Platon pense que l’art est inutile et le condamne » (faux : Platon ne critique que la poésie et la peinture).
« Le projet politique de Rousseau dans le Contrat social est utopique » (inexact. Ce n’est pas un projet politique mais une théorie qui sert de référence pour juger ce qui est souhaitable)
« Pour comprendre une œuvre d’art, il faut en déchiffrer le message » (faux : les œuvres d’art n’ont pas forcément un message ; mais surtout, en art, le contenu ne peut être dissocié de la forme. Donc le « message », c’est ce qui, dans l’oeuvre, ne relève pas de l’art).
« L’art abstrait a pour contenu des idées abstraites » (faux : l’art abstrait ne cherche pas à communiquer des idées).
« La religion peut se définir comme le fait de croire en un Dieu » (faux : la plupart des religions pratiquées dans le monde aujourd’hui même ne se réfèrent à aucun Dieu (animisme, fétichisme, chamanisme, bouddhisme, syncrétisme etc…) ou bien à plusieurs divinités.
« Les stoïciens sont fatalistes et résignés » (faux : la doctrine stoïcienne prône un coopération active et joyeuse au destin).
« Pour la doctrine déterministe, l’homme n’est pas libre » (faux : c’est le fatalisme qui nie la liberté, pas le déterminisme).
« Machiavel défend dans Le Prince un régime de type dictatorial » (faux : Machiavel est républicain, mais il constate que la fondation d’un Etat appelle des procédés souvent violents).
« La beauté est relative au goût de chacun » (faux : l’agréable varie selon le goût de chacun, au contraire le beau est susceptible de plaire universellement)
« Les philosophes pensent que l’homme doit en toute circonstance suivre la raison » (faux : Pascal a dit que c’est une erreur de croire que l’homme n’est constitué que d’une partie rationnelle. Saint Augustin, Kant etc… estiment eux aussi que la raison seule ne suffit pas pour mettre l’homme sur la voie du salut. D’autres encore (Nietzsche, Heidegger) critiquent la raison.
« La démocratie est le régime politique le meilleur » (soit, mais en même temps : c’est « le pire de tous - à l’exception de tous les autres » selon Churchill)
« Les philosophes veulent « éradiquer » toute opinion » (faux : Platon par exemple, insiste sur le rôle de l’opinion droite dans le Ménon. H. Arendt montre qu’il ne peut y avoir de démocratie fondée sur le savoir incontestable de ce qui est juste ou vrai, un tel savoir n’existe pas, et aucun homme ne peut se prévaloir de ce type de savoir.)
« Toute inégalité est injuste » (faux : revoyez votre cours sur la justice)
« La justice, c’est de traiter tout le monde également » (faux, parce que réducteur : revoyez la définition de la justice et de l’équité).
« Aimer ne peut être un devoir, car on ne peut se forcer à aimer » (à nuancer : revoyez votre cours sur la morale de Kant).
« Parce que nous vivons en société, nous ne pouvons être libres » (faux : l’homme ne peut se passer de ses semblables, car il est un « animal politique » (Aristote) ). C’est un songe creux de croire qu’à l’ « état de nature » ou bien loin de toute société (cf le film Into the wild) nous pourrions être heureux et libres. Seuls des êtres d’exception peuvent y parvenir, et en général soit ils ont la foi, soit ils écrivent pour la postérité, comme le fameux philosophe américain Thoreau (1817-1862).