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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 18:29

ceci n'est pas un corrigé, mais quelques pistes..

 

 

Toute croyance est-elle contraire à la raison ?

 Attention : la croyance ce n’est pas la religion !

 I La croyance peut s’opposer  à la raison, en ce sens qu’elle n’en découle pas.

La croyance ne s’appuie ni sur des preuves ni sur des arguments (rationnels).

 Exemple : la superstition, l’horoscope, la peur des fantômes, les  symptômes névrotiques

 La croyance joue un grand rôle dans nos vies (cf texte de Tocqueville mis en ligne il y a deux jours à propos de l’étonnement).
cf aussi  « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » Pascal : la croyance dépasse la raison sans la contredire.

 II Mais toute croyance n’est pas contraire à la raison

 On peut croire en la raison !  Il le faut même,  car on ne peut prouver par la raison la valeur de la  raison (thèse de Malebranche).

http://hansen-love.blogspot.fr/2007/09/les-chinois-voient-les-mmes-vrits-que.html

On doit croire en la science, on  peut croire en l’humanité, on doit croire dans le  progrès  moral  de l’humanité selon selon Kant

 III Certaines croyances, notamment religieuses, (mais pas seulement) s’opposent à la raison.
 Toute la question est : lesquelles, et pourquoi ?
 Evoquer ici l’obscurantisme, le fanatisme, les croyances dangereuses ou même nihilistes (idéologies extrémistes ou totalitaires, qui sont des  variantes séculières de la  religion, ou de certaines dérives religieuses (cf sectes)  dans  leurs  versions les plus irrationnelles, suicidaires   et négatrice de l’humanité) .
 La croyance s’oppose alors à la raison raisonnable (bon sens) aussi bien que rationnelle (vérités scientifiques et universelles).

Conclusion

 Toute croyance n’est  pas contraire à la raison.  L’homme est un être de croyance autant que de raison.  Mais il   est vrai qu’il est sujet au délire : « homo demens » (Edgar Morin)  autant que homos sapiens.
 La raison n’est malheureusement pas un rempart contre les croyances délirantes, surtout quand elles son idéologiques et politiquement exploitables.

 

 

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 18:24

Ceci n'est pas un corrigé. juste quelques idées:

 

Que gagne-t-on en travaillant ? 

Ici il s’agit de trouver autre chose( comme réponse) que « l’argent ». Il faut trouver trois réponses. Et une progression dialectique

 

1)      Réponse de bon sens : l’individu gagne une position sociale

Autrement dit un statut,  de l’argent et tout ce qui va avec : une existence décente, une position, une utilité sociale, une intégration dans un milieu ou une entreprise, une reconnaissance …

 On pourra tout de même se demander si le profit du travail  est bien échu  au travailleur. Qui gagne quand je travaille ?
 C’est le « on » qui pose problème ici.

2)      Le « on » peut désigner  l’humanité.
 Travailler, c’est se rendre maître et possesseur  de la  nature (Descartes). Mais qui travaille ? et pour le bénéfice de qui ?

 L’humanité s’accomplit nécessairement dans le travail, par le travail : mais c’est l’esclave qui, selon Hegel "gagne" la reconnaissance dans l’oeuvre de la culture.

(Ici on peut évoquer la distinction travail (dur labeur du matin au soir) et « œuvre ». Pour Arendt  seul l’ « œuvrer » (qui vise quelque chose qui dure, qui ne relève pas de la seule routine) procure un indéniable bénéfice à celui qui travaille)

 

3)      On (chacun)  travaille pour parvenir à l’estime de soi  (thèse de Kant)

On se demandera alors   si même le travail le plus humble peut nous aider à parvenir à l’estime de soi.

 Et on posera aussi le problème de la corrélation entre la reconnaissance sociale et l’estime de soi. Un travail bénévole, ou un travail créatif mais non rémunéré (poésie, jardinage) permet-il d’obtenir cette reconnaissance de soi ? Le sentiment d’être utile aux autres est-il indépendant de cette reconnaissance ?

 Conclusion

 On gagne, dans l’idéal,  la reconnaissance sociale et l’argent qui la concrétise. Mais on peut aussi gagner l’estime de soi. Avec peu,  ou pas du  d’argent. Mais pas sans aucune reconnaissance!

 Quand on a la chance de faire un travail qui correspond à notre attente,  à nos talents,  on gagne en tout cas de donner un sens à son existence.  A condition toutefois d’être soutenu et reconnu dans nos efforts, même s’ils n’aboutissent pas.

 

 

 

 

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 18:50

avertissement: voyez le post précédent

 

 

 

Réussir l'explication

 

La lecture dite « linéaire »

 Contrairement que  vous est  parfois suggéré  dans d’autres disciplines, il ne convient pas de survoler  le texte en résumant ses deux ou trois grands « mouvements ». En philosophie,  nous recommandons une lecture « mot à mot ». Chaque phrase sera expliquée, l’une après l’autre, et les mots difficiles, ainsi que les « concepts clés », retiendront plus particulièrement votre attention. Il ne faut passer sous silence les difficultés du texte. C’est l’inverse qu’il  faut faire !

Le commentaire « critique » sera séparé de l’explication : il pourra comporter deux points (approfondissement d’une ou deux  interrogations formulées  en cours d’analyse).

Eviter la paraphrase à tout prix

 Le pire défaut de cet exercice, outre le contresens, est la « paraphrase ». Paraphraser un texte signifie redire ce que dit l’auteur en employant  des mots plus courants, en banalisant ses idées et en escamotant toutes les incertitudes ou affirmations embarrassantes. Pour éviter la paraphrase, soyez honnête ! Vous pouvez même avouer votre perplexité, ce n’est pas interdit. Expliquez le texte comme vous le feriez en vous adressant non pas à un professeur, mais à quelqu’un qui ne le comprend pas. Il faut l’éclairer-en donnant le sens des mots, en illustrant les principales affirmations de l’auteur - et non pas l’embrouiller en introduisant inutilement des informations sans rapport direct avec le sujet.

Dégager la logique sous-jacente du texte

Au brouillon, cherchez quel est le thème du texte, quelle est la question du texte, et quelle est la thèse de l’auteur. Une fois cette thèse trouvée, demandez-vous quels moyens l’auteur emploie pour établir sa thèse  (exemples, contre-exemples, discussions des objections..). La structure logique de cette démonstration apparaît dans les mots de transition tels que « donc», « mais », « d’un autre côté », « cependant », « or » etc… Vous pouvez les souligner au stabilo. Ainsi, au fur et à mesure de votre explication, vous insisterez bien sur le caractère démonstratif du texte. Vous  mettrez en relation, par exemple, une hypothèse énoncée en début de texte puis sa  reprise sous une nouvelle forme par la suite, ce qui la contredit, ce qui la confirme ou l'illustre.

 Vous pouvez faire un brève partie "critique"  (discussion et approfondissement d'un ou deux points délicats). Mais ne "critiquez pas" l'auteur de manière maladroite, en suggérant qu'il n'a pas bien réfléchi, qu'il n'a pas pensé à ceci ou à cela!

 

 Pour finir, vous conclurez en montrant en quel sens un problème a bien été traité, et en quel sens l’argumentation de l’auteur vous a paru  éclairante, probante (ou pas avec prudence). N'oubliez pas que l'intérêt d'un texte tient à sa capacité de susciter de l'étonnement.

 

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 18:43

 

Attention: ceci n'est pas une "recette de cuisine",  mais quelques suggestions pour ceux qui n'ont pas écouté   les recommandations  du prof. 
 Dans le cas contraire, privilégiez toujours la méhode de votre prof, avec laquelle vous êtes familiarisés... et passez votre chemin...
 

 

 

 La présentation

C’est assez décisif, en ce sens que les profs pourraient être  indisposés par des copies peu soignées. Ecrivez lisiblement, laissez des marges, évitez les fautes d’orthographe. N’abusez pas du tipex, ni des renvois, ratures etc… Sautez trois lignes entre l’introduction et le développement et entre chacune de vos trois parties, afin que votre plan saute immédiatement aux yeux. Une copie ne doit être ni trop courte ni trop longue. Un devoir  (propre) de six pages est idéal.

La composition du devoir

Elle découle de votre problématique, exposée en introduction. Une problématique procède

 d’une analyse du sujet qui induit une interrogation construite. L’énoncé de votre problématique suffit à suggérer votre plan. Exemple : « il faut donc se demander si (premier point), en remarquant toutefois (second point)…peut-être est-il préférable de considérer (troisième point) ». Votre plan doit être dialectique, ce qui signifie qu’il doit y avoir une contradiction entre la thèse (partie 1)  et l’antithèse (partie 2) mais cette contradiction sera surmontée en troisième partie. La synthèse n’est pas un compromis ni un mélange. C’est une nouvelle position, plus juste, plus réfléchie,  mais qui intègre les éléments précédents.

Clefs de la réussite

Chaque partie doit fournir une réponse à la question  posée, donc une thèse. Tout plan par thème (I L’art  II  Le beau) ou par questions  (I Qu’est-ce que la vérité  ? II La vérité est-elle universelle ?) est à proscrire (à éviter absolument !). A la fin de chacune de vos parties, énoncez la thèse de cette partie et, en une phrase courte, dites en quoi cette thèse appelle une objection  (transition). Votre conclusion récapitule les trois conclusions de vos trois parties. Attention : vos thèses doivent toujours être nuancées. Evitez les options aussi tranchées qu’absurdes, telles que : « Tout Etat est bon. Tout Etat est un mal ». Ou : « La beauté est  facile à définir », puis « La beauté n’existe pas » etc… Prenez soin de toujours nuancer vos propos, dans chacune de vos parties.

Nota bene : ni la longueur du devoir ni le plan ne vous sont imposés. Vous pouvez faire un devoir très court (ou très long) en deux parties. Mais je ne vous le conseille pas !

Lien : la méthode de la dissertation sur le webpedagogique

 

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 18:37

"Ce que nous appelons bonheur consiste dans l'harmonie et la sérénité, dans la conscience d'un but, dans une orientation positive, convaincue et décidée de l'esprit, bref dans la  paix de l'âme" Thomas Mann

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 11:34

Expliquez le texte suivant :

« Ce qu'on n'a jamais vu, ce dont on n'a jamais entendu parler, on peut pourtant le concevoir; et il n'y a rien au-dessus du pouvoir de la pensée, sauf ce qui implique une absolue contradiction. Mais, bien que notre pensée semble posséder cette liberté, nous trouverons, à l'examiner de plus près, qu'elle est réellement resserrée en de très étroites limites et que tout ce pouvoir créateur de l'esprit ne monte à rien de plus qu'à la faculté de composer, de transposer, d'accroître ou de diminuer les matériaux que nous apportent les sens et l'expérience. Quand nous pensons à une montagne d'or, nous joignons seulement deux idées compatibles, or et montagne, que nous connaissions auparavant. Nous pouvons concevoir un cheval vertueux; car le sentiment que nous avons de nous-mêmes nous permet de concevoir la vertu; et nous pouvons unir celle-ci à la figure et à la forme d'un cheval, animal qui nous est familier. Bref, tous les matériaux de la pensée sont tirés de nos sens, externes ou internes ; c'est seulement leur mélange et leur composition qui dépendent de l'esprit et de la volonté. Ou, pour m'exprimer en langage philosophique, toutes nos idées ou perceptions plus faibles sont des copies de nos impressions, ou perceptions plus vives. [...]Même les idées qui, à première vue, semblent les plus éloignées de cette origine, on voit, à les examiner de plus près, qu'elles en dérivent. L'idée de Dieu, en tant qu'elle signifie un être infiniment intelligent, sage et bon, naît de la réflexion sur les opérations de notre propre esprit quand nous augmentons sans limites ces qualités de bonté et de sagesse ».

David Hume, Enquête sur l'entendement humain (1748), section II, trad. A. Leroy, Éd. Aubier-Montaigne, 1969, pp. 54-56.

 

 Introduction

Dans notre vie de tous les jours, nous pensons que l’expérience, ou l’observation, et la pensée, ont un rôle d’égale importance pour arriver à la connaissance, que sans la réflexion, l’expérience ne nous apporte rien de suffisant. Dans ce texte, l’empiriste Hume présente une thèse bien différente ; il nous dit que si la pensée a en effet une certaine faculté d’imagination et de conception, ce n’est que grâce à l’expérience que nos sens nous apportent. Il explique que les idées abstraites, même celles qui semblent le plus éloignées d’une origine concrète, ne sont que l’assemblage, la déformation, la copie de ce qu’il appelle nos impressions, c’est-à-dire ce que nous percevons. Cette thèse empiriste mérite d’être interrogée, car nous savons que nos sens peuvent nous tromper, alors, si, comme il le dit : « tous les matériaux de la pensée sont tirés de nos sens », tout ce que nous savons peut être faux. Cette thèse remet donc en question toutes les connaissances que nous croyons certaines.

 

Hume commence son texte par une concession à la thèse qu’il va pourtant réfuter : la pensée est  capable de nous faire concevoir des choses dont on n’a jamais eu l’expérience. Il dit même qu’à part dans le cas d’idées très complexes et contradictoires, aucun pouvoir ne dépasse la pensée.

Cette concession est de courte durée. Car il lui oppose rapidement un « mais ». Il dit en effet par la suite que si nous avons l’impression que notre pensée a cette autonomie, cette capacité qui lui est propre et qui semble n’avoir besoin de rien d’autre, elle a en réalité « de très étroites limites », et son rôle, son « pouvoir » dont il a dit  précédemment que rien ne lui était supérieur, n’est qu’un travail de remaniement de ce que nous apporte l’expérience. Cela nous montre le pouvoir redoublé qu’il confère à l’expérience, puisqu’il nous montre qu’elle est, en quelque sorte, la base de travail de quelque chose que rien ne peut dépasser. Il explique ensuite, avec deux exemples, celui d’une montagne d’or et celui d’un cheval vertueux, que les idées que nous avons et qui nous semblent abstraites et pures inventions de la pensée, ne sont en fait que l’assemblage d’idées, de concepts issu d’expériences concrètes. En effet, on voit bien qu’il nous est impossible d’imaginer une chose sans rapport aucun, ni de ressemblance, ni d’opposition, avec ce que nous connaissons.
 C’est ainsi  qu’il introduit sa thèse  (« bref » « volonté ») : tout ce que la pensée nous donne est en réalité un produit dérivé de ce que nos sens perçoivent ou ont perçu, et la seule action de l’esprit est de recomposer, de mélanger, d’exagérer ce que nous connaissons par expérience. Ainsi, si j’imagine un monstre, qui pourtant n’existe pas, il sera composé d’éléments humains ou animaux . Il m’est impossible d’inventer un être extra-terrestre sans le pourvoir d’une forme, d’une matière, d’une couleur, conformément aux choses qui m’entourent. Hume traduit ensuite sa thèse en des termes philosophiques, Nos idées sont la copie de nos impressions et on comprend une fois de plus que sans impressions, il n’y a pas d’idée. Enfin, Hume élargit sa thèse à des idées abstraites plus lointaines qui ne semblent plus lointaines qui ne semblent pas à première vue anthropomorphiques . Il prend comme exemple l’idée de Dieu et montre qu’elle résulte de l’exacerbation de qualités bien humaines, qui mènent à l’Etre parfait dont nous avons l’idée. On reconnaîtra alors qu’il nous est plus naturel d’imaginer un Dieu sous la forme d’un vieil homme barbu que sous celle d’un esprit dissous et invisible.

Hume nous a donc montré dans ce texte que les seules idées que nous avons proviennent de l’expérience et des sens puisque même les idées   qui semblent trouver leur origine dans la pensée et l’imagination ne sont en réalité que dérivées du matériau apporté par nos perceptions internes et externes. L’esprit n’a qu’un rôle de montage.

1)       Sa thèse semble pertinente mais elle pose problème si on l’applique non plus seulement à l’imagination mais également à la connaissance et aux raisonnements. C’est pourquoi il est important de l’interroger.

En effet, ce que l’on peut retenir de ce texte, c’est que tout provient de l’expérience et de nos sens, et d’un travail de déformation de ces informations apportées par nos sens. Mais cela devient très alarmant si l’on remarque que nos sens nous trompent. Ainsi l’amputé croit encore sentir sa jambe et si je plonge un bâton dans l’eau, j’ai l’impression qu’il se rompt. Pourtant, ces deux sensations sont fausses, alors si tout ce que je sais provient uniquement de l’expérience, tout ce que je sais peut- être faux et je dois donc douter de tout. L’empirisme mène donc au scepticisme. Ainsi rien ne nous prouve que le soleil se lèvera demain et que si je laisse tomber un objet, il va monter plutôt que descendre. Rien ne nous prouve que ces observations dont on a tiré des lois ne sont pas justes un hasard de répétition. C’est là que se trouve le débat entre empiristes et rationalistes. Les rationalistes, et, de manière générale, les philosophes d’aujourd’hui, pensent que si l’expérience  a en effet et bien sûr une importance capitale, elle ne suffit pas, et les raisonnements de la pensée sont nécessaires et justes.

2)      Cependant ce que nous dit Hume dans ce texte est  très certainement pertinent. Nous avons pu constater qu’il nous est bel et ben impossible de concevoir des choses si elles ne reposent pas en premier lieu sur un matériau connu par l’expérience et par les sens. On comprend donc que la thèse de Hume est juste mais qu’elle ne s’applique pas à tout, car on sait de manière sûre, et à juste titre, que le soleil se lèvera demain et que si je lâche un objet, il tombe au sol, cela parce que les lois de la nature sont constantes.

(Conclusion)

Ce texte de Hume nous a donc montré quelque chose de novateur et de pertinent : les choses abstraites que nous imaginons ne sont que l’assemblage ou l’exacerbation de choses concrètes que nous connaissons. Ainsi Hume nous invite à prendre du recul sur ce que nous pensons être issu de notre seule imagination, de notre seul esprit.  Cependant nous avons vu qu’à une plus grande échelle, cette idée nous amène u scepticisme, à un doute perpétuel sur des choses que la science  a établies puisque ces lois ne viennent pour Hume que des sens.  La thèse empiriste ne s’applique pas à tous les domaines mais trouve sa pertinence pour ce qui est de notre imagination pure et simple. Cela nous montre enfin la tendance anthropomorphique de laquelle l’homme a du mal à se séparer.

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 11:31

 Peut-on parler de l’inutilité de la philosophie et peut-on s’autoriser de cette inutilité pour la récuser ?

 

Je m’interroge en effet sur l’utilité de réfléchir à cette question, sur l’utilité de bûcher pendant quatre heures sur ce thème, et, dans une perspective plus large, sur l’utilité de suivre des  cours de philosophie et par conséquent de quelquefois, je l’espère, philosopher. A première vue, et surtout au vu des élèves se triturant l’esprit, la philosophie ne répond pas à des critères d’utilité. A quoi me servirait-il de savoir si oui ou non on peut parler de l’inutilité de la philosophie ? Pourtant la philosophie est enseignée à l’école et les cours sont même obligatoires au lycée ; ainsi il ne semble pas suffisant d’évoquer une probable inutilité de la philosophie pour la récuser. Il s’agit donc de se demander s’il est vraiment pertinent d’interroger la philosophie sous l’angle de son utilité et si le propre de la philosophie réside dans une quelconque utilité.

Nous verrons en quoi nous pouvons parler de l’inutilité de la philosophie, puis en quoi cela ne suffit pas à la récuser, et enfin en quoi la question de la philosophie ne se pose pas en termes d’utilité.

 

 (première partie)

 La philosophie peut, il est vrai, se définir par son inutilité, en tant qu’elle n’a pas vraiment d’impact immédiat et conséquent sur le réel, et qu’elle se caractérise par la propension au doute, à l’indétermination. On peut opposer la philosophie à la science, et aussi la philosophie à la morale, car la philosophie, contrairement à elles, ne peut influencer de façon positive le quotidien de chacun, la vie de tous. La science peut ainsi prétendre à une utilité par les technologies qu’elle crée, qui facilitent la communication, comme Internet par exemple, qui augmentent la production, le rendement, comme les machines agricoles ou les engrais et pesticides, ou qui sauvent des vies, grâce aux différents vaccins par exemple, et notamment celui de Pasteur contre la rage au 19 ième siècle. Ainsi les « progrès » de la science sont palpables, visibles dans nos sociétés, et ressentis par ceux qui y ont accès. Ils se révèlent utiles par différents critères comme nous l’avons vu, à savoir des critères de vitesse, d’efficacité, d’innovation.

La philosophie n’a nullement ce pouvoir d’améliorer le réel, ou tout du moins de le transformer. Elle se distingue également de la politique, en tant qu’elle n’appartient pas comme celle-ci au domaine de l’action. La politique propose et réalise des modifications de la société. Elle possède cette caractéristique de pouvoir influencer très concrètement la réalité d’un Etat, comme du monde. Elle est utile dans le sens où non seulement elle propose, mais aussi elle applique des lois qui tendent à améliorer le réel. Les améliorations, cette utilité donc, est visible et même quantifiable. Ainsi nous indique-t-on que suite à telle loi, le taux de chômage est en baisse, ou que par exemple grâce à  la politique du président brésilien Lula, l’écart entre les riches et les pauvres s’est réduit. Une politique est efficace au non, par opposition à la philosophie, qui, elle, ne pourra jamais prétendre voir ses effets nommés et jugés. Et pour cause : la philosophie n’est pas de l’ordre de l’action. Enfin, alors que la morale prescrit de façon précise des obligations concrètes, c’est-à-dire à appliquer de manière stricte dans la vie quotidienne, qu’elle conduit à certaines valeurs, donc, et que, de plus, elle délimite clairement les frontières entre le Bien et le Mal, la philosophie ne s’inscrit pas ainsi dans le réel et n’est donc de ce point de vue pas « utile ». Elle ne tend pas à améliorer directement la vie des gens, ni le fonctionnement de la société.

Au contraire du travail et de la technique qui se définissent en tant que moyens pour satisfaire des besoins, moyens en vue d’une fin déterminée, moyens qui répondent à une  utilité, la philosophie ne se présente pas comme un moyen en vue d’une fin et la finalité même de la philosophie reste indéterminée. La philosophie n’a pas de but en soi, même si elle comporte certains objectifs qui varient d’ailleurs selon les philosophes, et elle ne vise aucunement l’utilité. Elle peut même, au contraire, apparaître comme un obstacle à la visée de l’utile. Elle se caractérise en effet par son absence de réponses certaines et immuables, par sa culture du doute. Certes, les philosophes ont parfois cherché à atteindre la vérité, à établir des certitudes, tel Descartes qui recherche un point fixe, une vérité première à laquelle accrocher toutes les autres,  mais la philosophie en elle-même n’apporte en fait aucune certitude démontrable et indubitable. Les réponses, les pensées des philosophes, demeurent des réponses personnelles, des appréhensions tout à fait subjectives du réel. Il s’agit bien de traiter de la « métaphysique » c’est-à-dire de ce qui ne relève pas du sensible mais de l’abstrait, de la pensée pure. La philosophie ne peut établir son jugement sur des faits mais seulement sur son jugement, sa capacité à raisonner, sur un « cogito ».  Ainsi Socrate affirmait-il : « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » : cette propension au doute ne peut permettre d’agir et peut même freiner l’action… Les sceptiques, puisqu’ils pensaient qu’il est impossible de connaître la vérité, prônaient le fait de suspendre son jugement. Mais jusqu’à quel point peut-on se passer de prendre des décisions dans la vie de tous les jours ?  C’est proprement cela qui conduit Descartes à proposer une morale pour l’action, en parallèle à ses « Méditations ». En attendant de trouver des réponses, il faut bien  se fixer des règles de vie. La philosophie rencontre donc l’obstacle de la réalité immédiate, dont elle ne se préoccupe pas à proprement parler directement. Enfin la philosophie se définit par son aspect atemporel. En effet, elle ne subit pas les contraintes du temps, elle nécessite au contraire de «  prendre son temps ».  De ce point de vue encore, elle s’oppose à l’action, qui, elle, s’inscrit à la fois dans l’espace et dans le temps.

La philosophie n’est pas utile parce qu’elle n’a pas un pouvoir d’action concrète sur le réel. Elle est inutile dans le sens où elle ne se préoccupe que de données abstraites, qu’elle ne donne lieu à aucune certitude, que ses objectifs restent indéterminés, et qu’elle se situe hors du temps. Loin de proposer une amélioration de la vie des hommes, elle peut au contraire la compliquer et même la paralyser. Cependant, la philosophie est une donnée inhérente à notre monde. Elle s’inscrit dans l’histoire de l’humanité, elle est présente à travers un très grand nombre de civilisations. On peut alors s’interroger sur l’intérêt qu’elle présente et sur le fait que son inutilité ne soit pas suffisante pour la récuser.

 

(deuxième partie)

 Ainsi nous (la société, chaque être humain) ne  pouvons nous autoriser à récuser la philosophie en raison de son inutilité, parce qu’elle présente des intérêts certains, certes inquantifiables, comme nous l’avons vu, mais bel et bien existants. Nous pourrions aussi évoquer l’utilité de la « production » de certaines idées philosophiques. La philosophie peut se révéler utile  en tant qu’elle oriente l’action et qu’elle apporte une compréhension du réel.

Rappelons tout d’abord que, étymologiquement, philosopher signifie « aimer la sagesse ». la philosophie se propose donc de tendre vers un idéal de sagesse, de bonheur. Elle guide les hommes en fonction de cette aspiration et en fonction de divers moyens pour y accéder. Ainsi les stoïciens développent le concept d’un mode de vie tourné vers l’ataraxie, c'est-à-dire l’absence de troubles. Il faut pour cela, disent-ils, distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas, et nous satisfaire de ne modifier que les choses que nous avons la capacité de changer ; Descartes, reprenant ces idées, disait : « mieux vaut changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde ». Pour atteindre un possible bonheur, il faut davantage penser à soi qu’au monde. Les épicuriens formulent de même des maximes qui visent à réaliser un état d’ataraxie et de bonheur chez l’homme. Ils recommandent ainsi de ne pas avoir peur ni de la mort ni des dieux et de trier nos désirs, c’est-à-dire de distinguer ceux qui sont réalisables de ceux qui ne le sont pas. Les philosophes prescrivent donc des orientations, des conseils quant aux modalités de la vie. Ils proposent également des fictions politiques, voire les réalisations de certains régimes. Rousseau dans son Contrat social, détermine ainsi les principes de l’Etat de droit, de volonté générale. Ces principes servent aujourd’hui de fondements au régime républicain démocratique. A travers sa pensée existentialiste, Sartre développe l’idée selon laquelle l’homme se constitue par ses actes, qu’il est absolument libre, c’est-à-dire responsable de ses actions. Une telle thèse pose l’homme comme un être d’action et ne peut donc que le pousser à agir, et à agir avec précaution, en tant justement qu’il est responsable de ce qu’il fait, à l’inverse d’une conception déterministe de l’homme.

 Les philosophes cherchent également à comprendre le réel, à l’expliquer. Comme l’indique

la citation du temple de Delphes, « connais-toi toi-même » : il s’agit avant tout de savoir qui nous sommes. Il est indéniable que la philosophie tend aussi à nous  rapprocher de la vérité. Nous n’oublions pas que la philosophie n’est pas une science et qu’elle n’apporte donc aucune connaissance ; mais elle stimule les sciences, leur indique des orientations de recherche, et fournit des interprétations du réel. Nous pensons par exemple à Locke et à Hobbes qui ont fourni des explications quant au passage de la société à l’Etat, et qui, par la même occasion, définissent ce qu’ils entendent par Etat. Nous pensons également à Merleau-POnty qui propose une nouvelle interprétation de la perception. La philosophie, de ce point de vue, permet une compréhension du réel. Cette compréhension est évidemment nécessaire à l’évolution de l’homme, à son impact sur le monde. C’est en s’interrogeant sur ce monde, qu’il arrivera à s’approprier ce monde, comme lui-même, et donc à vivre mieux.

 C’est ainsi en s’interrogeant, en doutant, que l’homme devient également tolérant, convient de son humanité et de la complexité de celle-ci. Par la pensée philosophique, l’homme s’affranchit ainsi d’une certaine « barbarie », c’est-à-dire qu’il prend de la distance avec soi-même et qu’il apprend à être maître de lui. Sans pour autant dire que la philosophie est le remède miracle, la solution contre le chaos et pour la paix,  on peut noter qu’elle participe à un mouvement d’émancipation, qu’elle favorise le dialogue. Nous ne négligeons bien sûr pas des théories philosophiques violentes comme celles de Nietzsche mais il nous semble tout de même nécessaire de remarquer que la  philosophie, en tant qu’un chemin vers la sagesse, ne peut qu’être un moyen de devenir sage, donc le plus humain possible.

 La philosophie oriente ainsi les pensées et donc les actions des hommes. Elle est nécessaire pour les sociétés en tant qu’elle conduit à un idéal de sagesse, qu’elle marche vers le Beau, le Bien, le Vrai, selon l’expression de Platon. A cet égard, elle peut apparaître comme utile. Cet adjectif est pourtant à employer avec précaution. Il semble que la philosophie soit plus « essentielle »  à l’homme qu’ « utile » , comme nous la verrons dans notre dernière partie.

 

 

 (troisième partie)

  Il n’est pas ainsi approprié de parler d’utilité, ou même d’inutilité, à propos de la philosophie. En tant que réflexion, que passion, qu’essence même de l’homme, la philosophie se préoccupe peu de son utilité.

 Il ne s’agit pas de « produire » de la pensée, encore moins de la pensée utile, mais bien plutôt de réfléchir. Comme Montaigne le  disait à propos de l’éducation des enfants  dans son chapitre « De l’instruction » des Essais, il faut avoir « une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine ».  La philosophie apprend à réfléchir, à problématiser, plutôt qu’elle ne cherche à établir des certitudes, des connaissances. On pourrait aussi l’opposer à l’histoire, aux sciences de l’homme, qui comme la philosophie, cherchent à comprendre le monde, l’être humain et la société, mais qui se basent sur les faits et qui établissent des certitudes et même des lois. Descartes disait : je ne suis pas plus intelligent qu’un autre, mais j’ai une méthode, soulignant ainsi le désir de structurer sa pensée, de lui fixer des règles, formulant en quelque sorte le propre de la philosophie. Rappelons à ce propos que la philosophie s’attache à la raison, qu’elle se veut donc essentiellement  logique.
 La philosophie « aime ». C’est un plaisir, une passion, et en cela, elle ne peut se définir par son utilité. On peut s’interroger d’ailleurs sur un possible parallèle entre ce qui est plaisant mais pas utile, comme l’amour, l’art, la philosophie, et ce qui est désagréable mais utile, comme le travail, dont l’étymologie est « tripalium », c'est-à-dire instrument de torture. Bien sûr il s’agit de ne pas faire d’amalgame, ce qui est utile peut être plaisant. Mais la philosophie est un plaisir avant tout et de plus une donnée qui semble inhérente à l’homme. La vie, en effet, ne peut se réduire à des considérations matérielles. L’homme est également un esprit, un esprit pensant. Pour Descartes, il est même avant tout un « cogito ». L’homme a besoin de s’épanouir de façon intellectuelle et psychologique en réfléchissant, en se posant des questions, en appréhendant l’abstrait.  Et soulignons que même s’il s’agit d’un besoin pour l’homme de philosopher, la philosophie ne représente pas quelque chose d’utile pour l’homme, mais plutôt quelque chose de nécessaire, d’essentiel. Ainsi, pour Socrate, la philosophie est une maïeutique. Chaque homme est philosophe, il faut le faire accoucher de sa faculté philosophique. La philosophie ne s’enseigne pas puisqu’elle est à l’intérieur de chacun d’entre nous.

 Il ne semble pas approprié de parler de l’utilité de la philosophie puisque la philosophie ne se définit absolument pas  par cette donnée, mais bien plutôt par la réflexion et le plaisir qu’elle suscite. En tant qu’inhérente à chaque être, il semble de plus qu’elle soit impossible à récuser. Le critère d’inutilité est totalement insuffisant pour récuser la philosophie. 

 

 

  Le propre de la philosophie ne réside pas dans son inutilité ou son utilité, et donc son aspect inutile indéniable  n’est pas en mesure de nous déranger. Nous ne demandons pas à la philosophie d’être utile.  Pourtant, à certains égards, elle peut l’être, ou plutôt elle présente des intérêts non négligeables. Celui par exemple de nous faire réfléchir sur le fait que tout ne se réduit  à l’utile, qu’il est possible de se dégager de cette notion parfois dangereuse comme lorsqu’elle nous fait tomber dans l’utilitarisme. Ainsi la philosophie nous apprend-elle qu’il vaut mieux parfois privilégier l’intérêt de l’autre par rapport au sien, ce qui ne présente rien d’utile. Mais ce qui ne nous paraît pas utile directement peut l’être à une échelle plus grande, comme celle de l’humanité. Ce qui n’est pas utile immédiatement, concrètement, peut l’être dans une dimension plus large. C’est le cas de la vertu et de la philosophie.  Ainsi la philosophie est non pas utile mais nécessaire.

 

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 11:29

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L’homme est-il le seul être à avoir une histoire ?

 

On pense généralement que l’homme n’est pas le seul à avoir une histoire. En effet, selon l’opinion commune, la nature et les animaux ont également une histoire. Mais il faut distinguer « histoire » e t « évolution ». L’évolution de la nature, des espèces, est-elle comparable à l’histoire de l’homme, ou bien l’homme est-il l’aboutissement de cette évolution ? En quoi  l’homme contribue-t-il à faire son histoire ?  Nous étudierons d’abord pourquoi l’homme ne semble pas être le seul à avoir une histoire ; ensuite, ce qui fait que l’homme a une histoire, c’est-à-dire son existence ; enfin nous verrons que l’homme est le seul être qui a la faculté de participer à son histoire et de la vivre pleinement, tant sur le plan collectif (l’humanité) que sur le plan individuel.

 

(première partie)

 L’homme ne semble pas le seul être à avoir une histoire. En effet, bien avant l’apparition de l’homme sur terre, la nature d’abord et les espèces vivantes ensuite  existaient. L’homme semble donc avoir une histoire au même titre que la nature et les animaux. De plus, du fait même de l’omniprésence, de la grandeur de la nature et de l’existence d’une multitude d’espèces vivantes, l’on croit que l’homme et les autres êtres qui l’entourent ont chacun une histoire, sinon qu’ils la partagent. Mais c’est ne pas tenir compte du fait que l’histoire de la terre et de l’homme, leur origine et leur finalité nous sont inconnues. Les hommes finalistes partageaient l’opinion selon laquelle tout dans la nature avait une cause et une fin, sans pour autant parvenir à connaître lesquelles. Dans le cadre de la religion monothéiste également, certains sont persuadés que le monde et chacun de ses êtres vivants  en tant qu’ils ont été créés par Dieu baignent dans une histoire commune. Cette non connaissance de notre propre histoire nous laisse souvent à penser que nous ne sommes peut-être que les seuls à en avoir une. Mais il faut bien distinguer « histoire » et « évolution ». En effet, les lois qui régissent  l’humanité ne sont pas celles de la nature, et la nature ne connaît pas d’histoire mais une évolution. Mais les travaux de Darwin, qui ont conduit à la découverte d’un A D N commun au chimpanzé et à l’homme à plus de 97 % entretiennent cette ambiguïté entre l’évolution de la nature, des animaux et l’histoire de l’homme.

 

(seconde partie)

 Mais l’homme a une histoire car il existe, à la différence des animaux qui vivent. Son existence (au sens étymologique de « se tenir hors de.. ») lui permet de jouir d’une histoire. L’homme, en effet, est le seul qui existe en tant qu’il pense, à la  différence des autres êtres vivants, dont la seule intelligence est conditionnée par des instincts, des réflexes vitaux. Les animaux ignorent l’existence, une des caractéristiques de l’homme. La pensée permet à l’homme de s’affranchir de l’état sauvage, de s’éloigner du rang des animaux, d’exister. L’homme, parce qu’il existe, est entièrement conscient de son histoire sans en connaître ni la cause ni la finalité, tandis que les autres êtres vivants y sont complètement étrangers, n’étant pas pourvus de la faculté de penser. C’est pour cela que les autres êtres vivants ne connaissent pas une histoire mais une évolution seulement. L’existence en  elle-même de l’homme, qualifiée par Aristote d’ « animal social » est le moteur des progrès de son histoire, et non des aléas de son évolution, ce qui est le cas des animaux. En ce sens, sans prendre en compte les paramètres biologiques, l’histoire de l’homme est la continuation de l’évolution des autres êtres vivants, continuation qui est en même temps aboutissement. L’histoire de l’homme a pour fondement cette évolution, la dernière a permis la première. Mais en aucun cas « histoire » et « évolution » ne peuvent et ne doivent être confondues, même si l’homme partage avec les autres êtres vivants ce qui aurait pu être son histoire.

 

(Troisième partie)

 L’homme n’est pas tant le seul à avoir une histoire que le seul à faire sa propre histoire. L’homme, outre le fait qu’il existe, ce qui lui permet d’avoir une histoire, éprouve le besoin de vivre son histoire, sa propre histoire, d’y participer afin de ne pas subir sa vie. Il faut opposer ici la passivité, l’impuissance des autres êtres vivants face à leur évolution et la quête active, constante de l’homme face à son histoire. L’homme, malgré son ignorance de la cause et de la finalité de son existence, peut-être pour combler son vide existentiel, ses doutes,ses peurs, a la volonté de faire de son quotidien son histoire, d’en assurer le renouvellement permanent.  C’est cette aspiration qui peut permettre de distinguer « histoires » et « évolution ». L’homme est acteur de son existence, à la différence des autres êtres vivants, il est ce qu’il devient. L’homme participe à sa propre histoire, la façonne, tant dans les domaines philosophiques qu’artistiques et scientifiques. La philosophie par exemple, « l’amour de la sagesse » ne permet-elle pas d’impliquer chacun dans son histoire  en l’incitant à s’affranchir de ses préjugés, de penser par lui-même ? Le sciences ne tendent-elles pas à comprendre ce qui nous entoure pour mieux définir l’histoire de l’homme ? Les arts ne reflètent-ils pas cette volonté de créer, de réinventer l’histoire de l’homme ? L’histoire , quant à elle, analyse , critique les faits pour mieux y pénétrer. Enfin, sur le plan purement individuel, les choix, sources et révélateurs de liberté, permettant à chacun d’agir comme bon lui semble, et sa conscience de lui-même de participer à son histoire, de la faire. L’homme est toujours responsable de son existence et de son histoire.

 

  Même si on a souvent l’impression que l’homme n’est pas le seul à avoir une histoire, cette opinion commune est fausse : la distinction entre « histoire » et « évolution » doit être faite avant tout. Malgré tout, il faut reconnaître que l’ « histoire » de l’homme est permise par l’évolution des autres êtres vivants. Mais les hommes, contrairement à ces derniers, sont bien le seuls à vouloir et à pouvoir agir sur leur existence de telle sorte qu’ils la transforment en histoire ; l’homme cherche à faire sa propre histoire d’une part pour s’affranchir de son ignorance quant à l’existence et d’autres part pour la partager avec chacun : l’histoire individuelle se fond dans celle de l’humanité.


 

 Jacques Paraire

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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 20:30
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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 16:33

A réécouter l'édito de R. Enthoven ce matin

 

http://www.franceculture.fr/emission-le-monde-selon-raphael-enthoven

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