8 septembre 2006
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Le point de départ de la philosophie est la critique du relativisme. Il n'est ni cohérent ni raisonnable en effet d'affirmer que "toutes les opinions se valent":
"Voici le point de départ de la philosophie : la conscience du conflit qui met aux
prises les hommes entre eux, la recherche de l'origine de ce conflit, la condam-
nation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte de critique de
l'opinion pour déterminer si on a raison de la tenir, l'invention d'une norme,
de même que nous avons inventé la balance pour la détermination du poids,
ou le cordeau pour distinguer ce qui est droit et ce qui est tordu.
Est-ce là le point de départ de la philosophie? Est juste tout ce qui paraît tel
à chacun? Et comment est-il possible que les opinions qui se contredisent
soient justes? Par conséquent, non pas toutes. Mais celles qui nous paraissent
à nous justes ? Pourquoi à nous plutôt qu'aux Syriens, plutôt qu'aux Égyp-
tiens ? Plutôt que celles qui paraissent telles à moi ou à un tel ? Pas plus les
unes que les autres. Donc l'opinion de chacun n'est pas suffisante pour déter-
miner la vérité.
Nous ne nous contentons pas non plus quand il s'agit de poids ou de
mesures de la simple apparence, mais nous avons inventé une norme pour ces
différents cas. Et dans le cas présent, n'y a-t-il donc aucune norme supérieure à
l'opinion? Et comment est-il possible qu'il n'y ait aucun moyen de déterminer
et de découvrir ce qu'il y a pour les hommes de plus nécessaire?
- Il y a donc une norme.
Alors, pourquoi ne pas la chercher et ne pas la trouver, et après l'avoir
trouvée, pourquoi ne pas nous en servir par la suite rigoureusement, sans nous
en écarter d'un pouce? Car voilà, à mon avis, ce qui, une fois trouvé, délivrera
de leur folie les gens qui se servent en tout d'une seule mesure, l'opinion, et
nous permettra désormais, partant de principes connus et clairement définis,
de nous servir, pour juger des cas particuliers, d'un système de prénotions"
Épictète (vers 100 ap. J.-C.), Entretiens, II,
traduction de Souilhé, collection Budé, Éd. les Belles Lettres, 1969, pp. 43-44.

prises les hommes entre eux, la recherche de l'origine de ce conflit, la condam-
nation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte de critique de
l'opinion pour déterminer si on a raison de la tenir, l'invention d'une norme,
de même que nous avons inventé la balance pour la détermination du poids,
ou le cordeau pour distinguer ce qui est droit et ce qui est tordu.
Est-ce là le point de départ de la philosophie? Est juste tout ce qui paraît tel
à chacun? Et comment est-il possible que les opinions qui se contredisent
soient justes? Par conséquent, non pas toutes. Mais celles qui nous paraissent
à nous justes ? Pourquoi à nous plutôt qu'aux Syriens, plutôt qu'aux Égyp-
tiens ? Plutôt que celles qui paraissent telles à moi ou à un tel ? Pas plus les
unes que les autres. Donc l'opinion de chacun n'est pas suffisante pour déter-
miner la vérité.
Nous ne nous contentons pas non plus quand il s'agit de poids ou de
mesures de la simple apparence, mais nous avons inventé une norme pour ces
différents cas. Et dans le cas présent, n'y a-t-il donc aucune norme supérieure à
l'opinion? Et comment est-il possible qu'il n'y ait aucun moyen de déterminer
et de découvrir ce qu'il y a pour les hommes de plus nécessaire?
- Il y a donc une norme.
Alors, pourquoi ne pas la chercher et ne pas la trouver, et après l'avoir
trouvée, pourquoi ne pas nous en servir par la suite rigoureusement, sans nous
en écarter d'un pouce? Car voilà, à mon avis, ce qui, une fois trouvé, délivrera
de leur folie les gens qui se servent en tout d'une seule mesure, l'opinion, et
nous permettra désormais, partant de principes connus et clairement définis,
de nous servir, pour juger des cas particuliers, d'un système de prénotions"
Épictète (vers 100 ap. J.-C.), Entretiens, II,
traduction de Souilhé, collection Budé, Éd. les Belles Lettres, 1969, pp. 43-44.
