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1 octobre 2006 7 01 /10 /octobre /2006 12:55
La perfectibilité (ou plasticité)  est la seule caractéristique qui distingue l'homme à l'état de nature des animaux supérieurs, tels que les chimpanzés, par exemple:

"Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions laisseraient quelque lieu de disputer sur cette différence de l'homme et de l'animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c'est la faculté de se perfectionner; faculté qui, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est, au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l'homme seul est-il sujet à devenir imbécile? N'est-ce point qu'il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l'homme, reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents, tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même? Il serait triste pour nous d'être forcés de convenir que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l'homme; que c'est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire, dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents; que c'est elle, qui faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même, et de la Nature. [...]
L'homme sauvage, livré par la nature au seul instinct, ou plutôt dédommagé de celui qui lui manque peut-être par des facultés capables d'y suppléer d'abord, et de l'élever ensuite fort au-dessus de celle-là, commencera donc par les fonctions purement animales: apercevoir et sentir sera son premier état, qui lui sera commun avec tous les animaux. Vouloir et ne pas vouloir, désirer et craindre, seront les premières et presque les seules opérations de son âme, jusqu'à ce que de nouvelles circonstances y causent de nouveaux développements".
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'ïnégalité parmi les hommes (1754), I" partie,

Éd. Ratier, colt Classiques Ratier de la philosophie, 1999, pp. 35-36.

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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 15:07

FICHE CULTURE


Culture : (etym : latin cultura , « culture du sol », de colere, « cultiver » 1) Au singulier : a) synonyme de civilisation :  ensemble des coutumes, savoir-faire, traditions et croyances que les générations successives se transmettent et qui déterminent dans une large mesure  les comportements individuels b) synonyme d’éducation intellectuelle et morale : ensemble de savoirs et de règles assimilées en premier lieu dans l’enfance puis, dans le meilleur des cas, préservé et approfondi tout au long de l’existence, sans autre fin explicite que  l’émancipation du jugement.

2) Au pluriel : ensemble de constructions imaginaires, de  systèmes symboliques et de structures mentales qui différencient  les communautés, les groupes   et les nations. 

Goût : (etym latin gustus, «  action de goûter », « goût »). 1) Sens courant : sens par lequel les animaux et les hommes perçoivent les saveurs 2) Esthétique : faculté d’apprécier les belles choses, notamment les oeuvres d’art 3) Chez Kant : faculté de reconnaître le beau dont le principe est subjectif  tout en mettant en jeu  le jugement. Mais le jugement esthétique doit être distingué du jugement de connaissance,  car il ne présuppose aucun concept. Il prétend pourtant à l’adhésion universelle : ce qui est tenu pour beau est susceptible de plaire à chacun. Cette exigence paradoxale d’universalité renvoie à l’hypothèse d’un « sens commun esthétique » capacité que les hommes ont de communier dans l’amour des belles choses et de œuvres qui forcent l’admiration.

Beau : (etym : latin bellus, « joli ». 1) Sens ordinaire : ce qui plaît aux sens tout en suscitant  un sentiment particulier d’admiration 2) Esthétique : concept normatif fondamental de l’esthétique désignant les choses et les êtres qui provoquent un sentiment de plaisir d’une nature particulière. Le beau est « sans concept » car il ne concerne que des êtres singuliers dont les qualités ne répondent pas à des critères préétablis : les « canons » de la beauté ne sont jamais déterminants ni prohibitifs. Le jugement de goût, qui établit ce qui est beau, est en outre « désintéressé » : nous ne tirons aucun profit de la contemplation des belles choses.

Symbole : (etym : grec sumbolon, « signe de reconnaissance »,  de sumballein, « mettre ensemble »  1) Sens ordinaire :  objet ou élément quelconque qui évoque par analogie quelque chose d’abstrait ou d’absent (exemple : la colombe symbole de paix 2) Linguistique : le symbole se distingue du signe linguistique en ceci que le rapport du signifiant au signifié n’y est pas arbitraire 3) Psychanalyse : objet ou élément de la réalité renvoyant à des éléments inconscients.  Les symboles expriment, notamment dans les rêves, des contenus et des désirs souvent refoulés et inavouables. L’ordre symbolique est un système de symboles cohérent et normatif qui est un régulateur culturel tout en étant créateur de sens et d’institutions 4) Anthropologie et esthétique : tout structure de signification désignant un autre sens qui ne peut être saisie qu’à travers le premier.  5) Chez Kant : un symbole est la présentation sensible d’une idée : « le beau est le symbole du bien ».

Formes symboliques (Etym :  latin : forma, « forme » et  grec   sumbolon,  objet coupé en deux qui servait de signe de reconnaissance). Notion courante dans le domaine  esthétique, qui a été  théorisée plus particulièrement par le  philosophe allemand Ernst  Cassirer  (La philosophie des formes symboliques 1923-1929). Chez Paul Ricoeur et Ernst Cassirer, les formes symboliques sont l’ensemble des productions signifiantes, des institutions et des œuvres ( langage, mythes, récits historiques,cérémonies, dispositifs religieux, œuvres d’art…) qui structurent  le monde et lui donnent une (ou des) significations déterminées. Ces formations « font partie d’un processus vivant » mais la conscience fixe dans ces processus certains points d’arrêt et de repos : « ainsi la conscience préserve en eux le flux perpétuel qui les caractérise ; mais ce flux ne se perd pas dans l’indéterminé, il s’articule autour de certains centres formels et sémantiques » (La philosophie des formes symboliques 1 Le  langage, introduction)

Barbarie :  (etym : du grec barbaros : non-grec, étranger) 1) Sens usuel : cruauté, inhumanité de ceux qui ne sont  pas, ou pas assez civilisés. 2)  Anthropologie : caractère de celui qui ignore la diversité des cultures et la relativité des croyances : « le barbare, écrit Lévi-Strauss, c’est celui qui croit à la barbarie ». Le terme de barbare est employé ici de manière quelque peu ironique.

Multiculturalisme : expression utilisée depuis les années 1970 aux Etats-Unis et au Canada pour désigner la philosophie et les revendications des groupes minoritaires portant sur la reconnaissance des valeurs et des normes, esthétiques et morales, véhiculées par leurs multiples cultures, jusqu’alors systmatiquement dépréciées, ignorées ou méprisées.

Relativisme : On peut distinguer un relativisme cognitif et un relativisme esthétique, moral et politique. Le relativisme cognitif, qui trouve sa source chez les anciens sceptiques et chez les sophistes, consiste à affirmer que la vérité est relative aux affinités de chacun, ou bien qu’elle est déterminée par notre environnement culturel. Le relativisme moral, esthétique ou politique soutient qu’il n’y a pas de valeurs universelles, mais  que toutes les opinions se valent car elles n’ont de sens et de pertinence que du point de vue de celui qui les exprime. Il existe une forme modérée de relativisme qui consiste à insister sur le caractère relatif des représentations du monde et sur la nécessité de rapporter toute opinion à son système de référence propre. Ce relativisme est inspiré par un esprit de tolérance .Dans une autre version, radicale et nihiliste, le relativisme consiste à nier la possibilité pour les hommes de se comprendre lorsqu’ils appartiennent à des sphères culturelles distinctes et incompatibles entre elles. Ce second relativisme est apparenté au racisme différentialiste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 15:00

   Le naturel et le culturel




   Nature et culture constituent deux règnes distincts, mais non pas séparés. Il
   existe en effet une règle, comme l'établit ici l anthropologue français Claude
   Lévi-Strauss, autrement dit une convention, qui est universelle. Il s'agit de
   la prohibition de l'inceste, c'est-à-dire de l'interdiction des rapports sexuels
   à l'intérieur d'un champ de parenté déterminé.

           "Posons donc que tout ce qui est universel, chez l'homme, relève de    l'ordre de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est    astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. Nous nous trouvons alors confrontés avec un fait, ou plutôt un ensemble de faits, qui n'est pas loin, à la lumière des définitions précédentes, d'apparaître comme un scandale: nous voulons dire cet ensemble complexe de croyances, de coutumes, de stipulations et d'insti-
tutions que l'on désigne sommairement sous le nom de prohibition de l'in-
ceste. Car la prohibition de l'inceste présente, sans la moindre équivoque,
et indissolublement réunis, les deux caractères où nous avons reconnu les
attributs contradictoires de deux ordres exclusifs : elle constitue une règle,
mais une règle qui, seule entre toutes les règles sociales, possède en même
temps un caractère d'universalité. Que la prohibition de l'inceste consti-
tue une règle n'a guère besoin d'être démontré; il suffira de rappeler
que l'interdiction du mariage entre proches parents peut avoir un champ
d'application variable selon la façon dont chaque groupe définit ce qu'il
entend par proche parent; mais que cette interdiction, sanctionnée par
des pénalités sans doute variables, et pouvant aller de l'exécution immédiate
des coupables à la réprobation diffuse, parfois seulement à la moquerie,
est toujours présente dans n'importe quel groupe social".


                 Claude Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté (1947),

                                                                          Mouton, 1967, p.


           

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25 septembre 2006 1 25 /09 /septembre /2006 12:56
Les barbares ne sont pas  forcément ceux que l'on croit:


"Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare et de
sauvage en cette nation  (1 à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun
appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage. Comme de vrai, il semble
que nous n'avons autre mire (2 de la vérité et de la raison que l'exemple et
idée des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est toujours la
parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes
choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits
que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits : là où, à la
vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés
de l'ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-
là sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et
propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-ci, et les avons seule-
ment accommodées au plaisir de notre goût corrompu. Et si pourtant' la
saveur même et délicatesse se trouve, à notre goût, excellente, à l'envi des
nôtres, en divers fruits de ces contrées-là, sans culture.
 Ces nations me semblent donc ainsi barbares pour avoir reçu fort peu
de façon de l'esprit humain, et être encore fort voisines de leur naïveté
originelle.
 [...] Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux
règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en
toute sorte de barbarie.".
             Michel Eyquem de Montaigne, Essais (1572-1592),
        livre I, chap. 31, Éd. du Seuil, coll. L,'Intégrale, 1967, pp. 99-101.



1. Montaigne évoque les murs des indigènes d'Amérique du Sud.
2. La mire est un instrument qui permet d'indiquer la direction poursuivie.

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24 septembre 2006 7 24 /09 /septembre /2006 11:08

J'ai terminé le chapitre: Introduction à la philosophie.
 J'aborde maintenant : Nature et culture







Oeuvre de Andy Goldsworthy

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22 septembre 2006 5 22 /09 /septembre /2006 10:54

Même si la philosophie peut parfois admettre la nécessité de la violence (en tant contre-violence) elle reste par nature essentiellement non violente comme le montre ici Eric Weil:

 

"La violence est un problème pour la philosophie, la philosophie n'en est pas un pour la violence, qui se rit du philosophe ou qui l'écarte quand elle le trouve gênant et sent en lui un obstacle sur la route sans tracé qui est sa réalité pour elle-même.
        Le résultat paradoxal est donc que la violence n'a de sens que pour la philosophie, laquelle est le refus de la violence. Ce n'est pas que la philosophie refuse la violence absolument, loin de là; on soutiendrait facilement qu'une philosophie qui se comprend comme compréhension et comme voie de contentement recommande l'emploi de la violence, parce qu'elle est amenée à constater qu'elle doit se dresser contre la violence. Mais cette violence n'est alors que le moyen nécessaire (techniquement nécessaire dans un monde qui est encore sous la loi de la violence) pour créer un état de non-violence, et ce n'est pas la violence première qui est le contenu de la vie humaine; au contraire, la vie  humaine n'aura de contenu humain qu'à partir du moment où cette violence seconde, dirigée contre la violence première par la raison et l'idée de la cohérence, aura éliminé celle-ci du monde et de l'existence de l'homme: la non-violence est le point de départ comme le but final pour la philosophie.  Elle l'est si bien que souvent les philosophes oublient que c'est à la violence qu'ils ont affaire. Il est vrai que la philosophie ne l'oublie pas, ou, pour ne pas parler en images, que tout discours philosophique montre que celui qui l'a formulé a été poussé par le problème de la violence. Il ne nous importe pas ici de savoir en quelle direction cette poussée a agi dans les différents systèmes, et il ne nous importe pas, non plus, que l'on ait, ou non, reconnu la violence (sous d'autres noms, s'entend) comme ce qui est irréductible dans l'homme, qu'on ait fait de la réalisation de la non-violence dans l'existence de l'homme le but du discours ces choix ne sont que des dérivés du choix premier, celui entre violence  et discours, - choix premier, parce qu'il est antérieur à tout discours pour le discours même, s'il veut se comprendre.
Éric Weil, Logique de la philosophie, Éd. Vrin, 1967, pp. 58-59.
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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 15:26

 
 
Le philosophe n'est pas un gourou, ni un maître à penser. Il ne prétend pas détenir "la" solution:

" Le philosophe ne dit pas qu'un dépassement final des contradictions
    humaines soit possible et que l'homme total nous attende dans l'avenir:
comme tout le monde, il n'en sait rien. Il dit, - et c'est tout autre
   chose, - que le monde commence, que nous n'avons pas à juger de son
   avenir par ce qu'a été son passé, que l'idée d'un destin dans les choses
  n'est pas une idée, mais un vertige, que nos rapports avec la nature ne sont
  pas fixés une fois pour toutes, que personne ne peut savoir ce que la liberté
  peut faire, ni imaginer ce que seraient les moeurs et les rapports humains
  dans une civilisation qui ne serait plus hantée par la compétition et la néces-
 cité. Il ne met son espoir dans aucun destin, même favorable, mais juste-
  ment dans ce qui en nous n'est pas destin, dans la contingence de notre
  histoire, et c'est sa négation qui est position. Faut-il même dire pue le phi-
  losophe est humaniste ? Non, si l'on entend par homme un principe expli-
  catif qu'il s'agirait de substituer à d'autres. On n'explique rien par l'homme,
  puisqu'il n'est pas une force, mais une faiblesse au coeur de l'être, un facteur
  cosmologique, mais le lieu où tous les facteurs cosmologiques, par une muta-
  tion qui n'est jamais finie, changent de sens et deviennent histoire. [...]
  La philosophie nous éveille à ce que l'existence du monde et la nôtre ont
  de problématique en soi, à tel point que nous soyons à jamais guéris de  chercher, comme disait Bergson, une solution dans le cahier du maître ».

               M. Merleau-Ponty, Éloge de la philosophie (1953),
                      Éd. Gallimard, 1967, pp. 52-53.

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16 septembre 2006 6 16 /09 /septembre /2006 13:02
Parce qu'elle nous libère de nos préjugés et qu'elle nous émancipe, la philosophie nous prépare à la citoyenneté universelle:


"L'esprit qui s'est accoutumé à la liberté et à l'impartialité de la contemplation
philosophique, conservera quelque chose de cette liberté et de cette impartia-
lité dans le monde de l'action et de l'émotion; il verra dans ses désirs et dans
ses buts les parties d'un tout, et il les regardera avec détachement comme les
fragments infinitésimaux d'un monde qui ne peut être affecté par les préoccu-
pations d'un seul être humain. L'impartialité qui, dans la contemplation, naît
d'un désir désintéressé de la vérité, procède de cette même qualité de l'esprit
qui, à l'action, joint la justice, et qui, dans la vie affective, apporte un amour
universel destiné à tous et non pas seulement à ceux qui sont jugés utiles ou
dignes d'admiration. Ainsi, la contemplation philosophique exalte les objets de
notre pensée, et elle ennoblit les objets de nos actes et de notre affection ; elle
fait de nous des citoyens de l'univers et non pas seulement des citoyens d'une
ville forteresse en guerre avec le reste du monde. C'est dans cette citoyenneté
de l'univers que résident la véritable et constante liberté humaine et la libé-
ration d'une servitude faite d'espérances mesquines et de pauvres craintes.
 Résumons brièvement notre discussion sur la valeur de la philosophie : la
philosophie mérite d'être étudiée, non pour y trouver des réponses précises
aux questions qu'elle pose, puisque des réponses précises ne peuvent, en géné-
ral, être connues comme conformes à la vérité, mais plutôt pour la valeur des
questions elles-mêmes ; en effet, ces questions élargissent notre conception du
possible, enrichissent notre imagination intellectuelle et diminuent l'assurance
dogmatique qui ferme l'esprit à toute spéculation; mais avant tout, grâce à la
grandeur du monde que contemple la philosophie, notre esprit est lui aussi
revêtu de grandeur et devient capable de réaliser cette union avec l'univers qui
constitue le bien suprême".
                 B, Russell, (1912),                  Éd. Pavot, 1975, pp. 185-186.





Russell et Einstein

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14 septembre 2006 4 14 /09 /septembre /2006 15:37
On ne peut pas apprendre la philosophie. Mais on peut essayer d'apprendre .. à philosopher!


"La philosophie n'est véritablement qu'une occupation pour l'adulte, il n'est pas étonnant que des difficultés se présentent lorsqu'on veut la conformer à l'aptitude moins exercée de la jeunesse. L'étudiant qui sort de l'enseignement scolaire était habitué à apprendre. Il pense maintenant qu'il va apprendre la Philosophie, ce qui est pourtant impossible car il doit désormais apprendre à philosopher. Je vais m'expliquer plus clairement : toutes les sciences qu'on peut apprendre au sens propre peuvent être ramenées à deux genres : les sciences historiques et mathématiques. Aux premières appartiennent, en dehors de l'histoire proprement dite, la description de la nature, la philologie, le droit positif, etc. Or dans tout ce qui est historique l'expérience personnelle ou le témoignage étranger, - et dans ce qui est mathématique, l'évidence des concepts et la nécessité de la démonstration, constituent quelque chose de donné en fait et qui par conséquent est une possession et n'a pour ainsi dire qu'à être assimilé: il est donc possible dans l'un et l'autre cas d'apprendre, c'est-à-dire d'imprimer soit dans la mémoire, soit dans l'entendement, ce qui peut nous être exposé comme une discipline déjà achevée. Ainsi pour pouvoir apprendre aussi la Philosophie, il faudrait d'abord qu'il en existât réellement une. On devrait pouvoir présenter un livre, et dire : « Voyez, voici de la science et des connaissances assurées ; apprenez à le comprendre et à le retenir, bâtissez ensuite là-dessus, et vous serez philosophes » : jusqu'à ce qu'on me montre un tel livre de Philosophie, sur lequel je puisse m'appuyer à peu près comme sur Polybe2 pour exposer un événement de l'histoire, ou sur Euclide pour expliquer une proposition de Géométrie, qu'il me soit permis de dire qu'on abuse de la confiance du public lorsque, au lieu d'étendre l'aptitude intellectuelle de la jeunesse qui nous est confiée, et de la former en vue d'une connaissance personnelle future, dans sa maturité, on la dupe avec une Philosophie prétendument déjà achevée, qui a été imaginée pour elle par d'autres, et dont découle une illusion de science, qui ne vaut comme bon argent qu'en un certain lieu et  parmi certaines gens, mais est partout ailleurs démonétisée. La méthode spécifique de l'enseignement en Philosophie est zététique, comme la nommaient quelques Anciens (de dzétein, rechercher), c'est-à-dire qu'elle est une méthode de recherche, et ce ne peut être que dans une raison déjà exercée qu'elle devient en certains domaines dogmatique, c'est-à-dire dérisoire.
Kant, Annonce du programme des levons de M. Kant durant le semestre d'hiver (1765-1766), traduction de M. Fichant, Éd. Vrin, 1973, pp. 68-69.


1. Mot créé par Kant pour désigner le dilettantisme intellectuel qui se plaît à agiter les problèmes
philosophiques sans désir d'atteindre des solutions scientifiques et universellement acceptées. 2. Historien grec (202-120 av. J.-C.).

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 20:12


Voici comment Descartes présente le projet du philosophe :

 "Puis, lorsqu'il (l'homme)  s'est acquis quelque habitude à trouver la vérité en ces
  questions', il doit commencer tout de bon à s'appliquer à la vraie philo-
 sophie, dont la première partie est la métaphysique, qui contient les princi-
 pes de la connaissance, entre lesquels est l'explication des principaux
 attributs de Dieu, de l'immatérialité de nos âmes, et de toutes les notions
 claires et simples qui sont en nous. La seconde est la physique, en laquelle,
 après avoir trouvé les vrais principes des choses matérielles, on examine
 en général comment tout l'univers est composé ; puis en particulier quelle
 est la nature de cette terre et de tous les corps qui se trouvent le plus
 communément autour d'elle, comme de l'air, de l'eau, du feu, de l'aimant
 et des autres minéraux. En suite de quoi il est besoin aussi d'examiner en
 particulier la nature des plantes, celle des animaux, et surtout celle de
 l'homme, afin qu'on soit capable par après de trouver les autres sciences
 qui lui sont utiles. Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les
 racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui
 sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences, qui se réduisent à trois
 principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale; j'entends la
 plus haute et la plus parfaite morale, qui présupposant une entière connais-
 sance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse".
Principes de la philosophie, Lettre-Préface, Pléiade p 565-566

Note : Ces questions: Il s'agit de la morale et de la religion




          































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