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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 10:43

Kant.jpg Devenir majeur


 L’homme ne naît pas libre. Pour devenir autonome – l’autonomie  est l’autre nom de la liberté - il doit être guidé. Tel est le rôle de l’éducation.  Mais il arrive un moment où l’individu doit  renoncer à ses tuteurs,  pour se lancer,  autrement dit  s’efforcer  de penser par lui-même. Un tel « saut » dans l’inconnu  implique certains risques :

 

 

 

[ 1 ] « Accéder aux Lumières consiste pour l'homme à sortir de la minorité où il se trouve par sa propre faute. Être mineur, c'est être incapable de se servir de son propre entendement sans la direction   d'un autre. L'homme est par sa propre faute dans cet état de minorité quand ce n'est pas le manque d'entendement qui en est la cause mais le manque de décision et de courage à se servir de son entendement sans la direction d'un autre.Sapere aude ! [Ose savoir !] Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est la devise des Lumières.

 

[2] La paresse et la lâcheté sont les causes qui font qu'un aussi grand nombre d'hommes préfèrent rester mineurs leur vie durant, longtemps après que la nature les a affranchis de toute direction étrangère (naturaliter majores [naturellement majeurs]) ; et ces mêmes causes font qu'il devient si facile à d'autres de se prétendre leurs tuteurs. Il est si aisé d'être mineur ! Avec un livre qui tient lieu d'entendement, un directeur de conscience qui me tient lieu de conscience, un médecin qui juge pour moi de mon régime, etc., je n'ai vraiment pas besoin de me donner moi-même de la peine. Il ne m'est pas nécessaire de penser, pourvu que je puisse payer ; d'autres se chargeront bien pour moi de cette ennuyeuse besogne. Les tuteurs, qui se sont très aimablement chargés d'exercer sur eux leur haute direction, ne manquent pas de faire que les hommes, de loin les plus nombreux (avec le beau sexe tout entier), tiennent pour très dangereux le pas vers la majorité, qui est déjà en lui-même pénible. Après avoir abêti leur bétail et avoir soigneusement pris garde de ne pas permettre à ces tranquilles créatures d'oser faire le moindre pas hors du chariot (1  où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace si elles essaient de marcher seules. Or, ce danger n'est vraiment pas si grand, car elles finiraient bien par apprendre à marcher après quelques chutes ; seulement, un exemple de ce genre rend timide et dissuade ordinairement de faire d'autres essais.

 

[3] Il est donc difficile pour chaque homme pris individuellement de s'arracher à la minorité qui est presque devenue pour lui une nature. Il y a même pris goût et il est pour le moment réellement incapable de se servir de son propre entendement, parce qu'on ne lui en a jamais laissé faire l'essai. Préceptes et formules, instruments mécaniques permettant un usage raisonnable ou plutôt un mauvais usage de ses dons naturels, sont les entraves  qui perpétuent la minorité. Celui-là même qui les rejetterait ne franchirait le plus étroit fossé que d'un saut encore mal assuré, parce qu'il n'est pas habitué à une semblable liberté de mouvement. C'est pourquoi il n'y a que peu d'hommes qui  soient parvenus à s'arracher à la minorité en exerçant eux-mêmes leur esprit et à marcher malgré tout d'un pas sûr ».

 

«  Qu’est-ce que les Lumières ? » (1784)  Kant ? Ed. Hatier, Coll. Classiques et Cie, 2007, pp 5-6

 

1)      Kant ici compare les hommes qui préfèrent rester mineurs à ces jeunes enfants qui s’aident d’un petit chariot lorsqu’ils apprennent à marcher.

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 15:22

 

Freud.jpg

 

"On nous conteste de tous côtés le droit d’admettre un psychique inconscient et de travailler avec cette hypothèse. Nous pouvons réponde à cela que l’hypothèse de l’inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l’existence de l’inconscient. Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l’homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d’autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience […]

Tous ces actes conscient demeurent incohérents et incompréhensible si nous nous obstinons à prétendre qu’il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d’actes psychiques ; mais ils s’ordonnent dans un ensemble ont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés. Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison, pleinement justifiée, d’aller au-delà de l’expérience immédiate. Et s’il s’avère de plus que nous pouvons fonder sur l’hypothèse de l’inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l’existence de ce dont nous avons fait l’hypothèse. L’on doit donc se ranger à l’avis que ce n’est qu’au prix d’une prétention insoutenable que l’on peut exiger que tout ce qui se produit dans le domaine psychique doive aussi être connu de la conscience".

Métapsychologie (1915) , traduction Jean Laplanche et  J.B. Pontalis, Gallimard, Collection Idées, 1968, pp 67-67

Pour plus d'explications:

http://lewebpedagogique.com/philosophie-bac/linconscient-2/

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 15:17

inconsciient-evil-dead.jpgBergson compare la pensée à une scène, ou  bien encore à une maison, mais qui comporterait plusieurs niveaux. Il est possible que tous nos souvenirs soient confinés dans les soubassements de notre âme. Mais pour accéder aux étages supérieurs, certains vont tenter de forcer les portes de la conscience.

"Derrière les souvenirs qui viennent se poser ainsi sur notre occupation présente et se révéler au moyen d’elle, il y en a d’autres, des milliers et des milliers d’autres, en bas, au-dessous de la scène illuminée par la conscience. Oui, je crois que notre vie passée est là, conservée jusque dans ses moindres détails, et que nous n’oublions rien, et que tout ce que nous avons perçu, pensé, voulu depuis le premier éveil de notre conscience, persiste indéfiniment. Mais les souvenirs que ma mémoire conserve ainsi dans ses plus obscures profondeurs y sont à l’état de fantômes invisibles. Ils aspirent peut-être à la lumière. Ils n’essaient pourtant pas d’y remonter ; ils savent que c’est impossible, et que moi, être vivant et agissant, j’ai autre chose à faire que de m’occuper d’eux.  Mais supposez qu’à un moment donné je me désintéresse de la situation présente, de l’action pressante. Supposez, en d’autres termes, que je m’endorme. Alors ces souvenirs immobiles, sentant que je viens d’écarter l’obstacle, de soulever la trappe qui les maintenait dans le sous-sol de la conscience, se mettent en mouvement. Ils se lèvent, ils s’agitent, ils exécutent, dans la nuit de l’inconscient, une immense danse macabre. Et, tous ensemble, ils courent à la porte qui vient de s’entrouvrir".

Henri Bergson, «L’énergie spirituelle», in Essais et Conférences, Éd. Alcan, 1919, pp. 95-96.

5 Freud

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 15:10

descartes

 

Pour Descartes, il n'y a  pas de pensée sans conscience de soi, toute pensée est d'abord cette expérience de soi: 

"Par le mot de penser, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevons par nous-mêmes; c’est pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, sentir aussi est la même chose ici que penser. Car si je dis que je vois, ou que je marche, et que j’infère de là que je suis ; si j’entends parler de l’action qui se fait avec mes yeux ou avec mes jambes, cette conclusion n’est pas tellement infaillible, que je n’aie quelque sujet d’en douter, à cause qu’il se peut faire que je pense voir ou marcher, encore que je n’ouvre pas les yeux et que je ne bouge pas de ma place ; car cela m’arrive quelquefois en dormant, et le même pourrait peut-être arriver si je n’avais point de corps ; au lieu que si j’entends parler seulement de l’action de ma pensée ou du sentiment, c’est-à-dire de la connaissance qui est en moi, qui fait qu’il me semble que je vois ou que je marche, cette même conclusion est si absolument vraie que je n’en puis douter, à cause qu’elle se rapporte à l’âme, qui seule a la faculté de sentir ou bien de penser en quelque façon que ce soit".

 

Descartes, Principes de la philosophie, Pléiade p. 574

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 15:04

descartes.jpg

"Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu’un point qui fût fixe et assuré. Ainsi j’aurai droit de concevoir de hautes espérances, si je suis assez heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable.

Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n’a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; je pense n’avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l’étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain.

Mais que sais-je s’il n’y a point quelque autre chose de celles que je viens de juger incertaines, de laquelle on ne puisse avoir le moindre doute ? N’y a t il point quelque Dieu, ou quelque autre puissance, qui me met en l’esprit ces pensées ? Cela n’est pas nécessaire ; car peut-être que je suis capable de les produire de moi-même. Moi donc à tout le moins ne suis-je pas quelque chose ? Mais j’ai déjà nié que j’eusse aucun sens ni aucun corps. J’hésite néanmoins car que s’en suit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps et des sens, que je ne puisse être sans eux ? Mais je me suis persuadé qu’il n’y avait rien du tout dans le monde, qu’il n’y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucun corps ; ne me suis-je pas persuadé que je n’étais point ? Non certes, j’étais sans doute, si je me suis persuadé, ou seulement si j’ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n’y a donc point de doute que je suis, s’il me trompe ; et qu’il me trompe tant qu’il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. De sorte qu’après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit".

 

Descartes, Méditation seconde, Pléiade, pp.274-275

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 11:40

              chat-sauvage.jpg

 

 Doit-on, comme l’affirmait Aristote, accorder de l’âme à tout ce qui vit ? Selon Descartes, l’âme se caractérise par la pensée ; or, les animaux agissent par instinct : ils sont donc de purs mécanismes.

               « Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m’en étonne pas ; car cela même sert à prouver qu’elles agissent naturellement et par ressorts, ainsi qu’

une horloge, laquelle montre bien mieux l’heure qu’il est, que notre jugement ne nous l’enseigne. Et sans doute que, lorsque les hirondelles viennent au printemps, elles agissent en cela comme des horloges. Tout ce que font les mouches à miel est de même nature, et l’ordre que tiennent les grues en volant, et celui qu’observent les singes en se battant, s’il est vrai qu’ils en observent quelqu’un, et enfin l’instinct d’ensevelir leurs morts, n’est pas plus étrange que celui des chiens et des chats, qui grattent la terre pour ensevelir leurs excréments, bien qu’ils ne les ensevelissent presque jamais : ce qui montre qu’ils ne le font que par instinct, et sans y penser. On peut seulement dire que, bien que les bêtes ne fassent aucune action qui nous assure qu’elles pensent, toutefois, à cause que les organes de leurs corps ne sont pas fort différents des nôtres, on peut conjecturer qu’il y a quelque pensée jointe à ces organes, ainsi que nous expérimentons en nous, bien que la leur soit beaucoup moins parfaite.

 À quoi je n’ai rien à répondre, sinon que, si elles pensaient ainsi que nous, elles auraient une âme immortelle aussi bien que nous ; ce qui n’est pas vraisemblable, à cause qu’il n’y a point de raison pour le croire de quelques animaux, sans le croire de tous, et qu’il y en a plusieurs trop imparfaits pour pouvoir croire cela d’eux, comme sont les huîtres, les éponges, etc. ».               René Descartes, Lettre au marquis de Newcastle, 23 novembre 1646, in Oeuvres et lettres, Gallimard, bibliothèque de la Pléiade, 1983,b, pp.1256-1257.

Les animaux ont-ils une conscience :

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=hansen-love%20animal%20conscience&source=web&cd=3&cad=rja&ved=0CC0QFjAC&url=http%3A%2F%2Fwww.hansen-love.com%2Farticle-les-animaux-ont-ils-une-conscience-58725863.html&ei=YK-PUOrsJ4at0QWChIHgCg&usg=AFQjCNHET3liXtQn4NkZQhbU9XOdtbmTMA 

Certains animaux possèdent une conscience :

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=les%20animaux%20conscience%20hansen-love&source=web&cd=2&cad=rja&sqi=2&ved=0CCcQFjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.hansen-love.com%2Farticle-certains-animaux-possedent-une-conscience-109606092.html&ei=tK-PUKy0ItS10QXJ9oDIBw&usg=AFQjCNGVJk_MFBgJKKV6M-tzhJnYNkzDMQ

 Alain : les animaux n’ont pas de conscience:

http://www.hansen-love.com/article-alain-les-animaux-n-ont-pas-de-conscience-111623107.html

 Animaux sujets de droits :

http://www.hansen-love.com/article-l-animal-sensible-et-sujet-de-droit-ce-que-dit-la-science-111817348.html

Descartes s’est trompé :

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=descartes%20s'est%20tromp%C3%A9%20hansen-love&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCEQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.hansen-love.com%2Farticle-13482202.html&ei=drCPUNHLK-rO0QX-1YGQDA&usg=AFQjCNHoNej-UwA05JTP2NrOcUqEnSYxwQ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 10:43

http://lewebpedagogique.com/philosophie-bac/la-conscience-ce-qui-separe-lhomme-de-lanimal/

 Voici le texte, les questions sur le texte et mes réponses

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 08:27

 

 

 

"Le coupe-papier est à la fois un objet qui se produit d'une certaine manière et qui, d'autre part, a une utilité définie; et on ne peut pas supposer un homme qui produirait un coupe-papier sans savoir â quoi l'objet va servir. Nous dirons donc que, pour le coupe-papier, l'essence  c'est-à-dire l'ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir - précède l'existence, et ainsi la présence, en face de moi, de tel coupe-papier ou de tel livre est déterminer. Nous avons donc là une vision technique du monde, dans laquelle on peur dire que la production précède l'existence.

Lorsque nous concevons un Dieu créateur, ce Dieu est assimilé la plupart du temps à un artisan supérieur, et quelle que soit la doctrine que nous considérions, qu'il s'agisse d'une doctrine comme celle de Descartes ou de la doctrine de Leibniz, nous admettons toujours que la volonté suit plus ou moins l'entendement, ou tout au moins l'accompagne, et que Dieu, lorsqu'il crée, sait précisément ce qu'il crée. Ainsi, le concept d'homme, dans l'esprit de Dieu, est assimilable au concept de coupe papier dans l'esprit de l'industriel.

L'homme individuel réalise un certain concept qui est dans l'entende­ment divin. Au XVIII siècle, dans l'athéisme des philosophes, la notion  de Dieu est supprimée, mais non pour autant l'idée que l'essence pré­cède l'existence. Cette idée, nous la retrouvons un peu partout: nous la retrouvons chez Diderot, chez Voltaire, et même chez Kant. L'homme

est possesseur d'une nature humaine; cette nature humaine qui est le concept humain, se retrouve chez tous les hommes, ce qui signifie que chaque homme est un exemple particulier d'un concept universel, l'homme; chez Kant, il résulte de cette universalité que l'homme des bois, l'homme de la nature, comme le bourgeois sont astreints à la même définition et possèdent les mêmes qualités -de base. Ainsi, là encore, l'essence d'homme précède cette existence historique que nous rencontrons dans la nature.

L'existentialisme athée, que je représente, est plus cohérent. Il déclare que si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être chez qui l'existence pré­cède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c'est l'homme ou, comme dit Heidegger, la réalité humaine. Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après. L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien. Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir. L'homme est seulement, non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait".

Jean-Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme (1946), Éd. Nagel 1970, pp; 17-24. 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 08:17

Existence : (etym:latin existentia, de existere, sortir de, s’élever de,  de ex, sortir, et sistere, se tenir)  Mode d’être qui se distingue de celui des essences et qui est synonyme de « réalité effective » par opposition à une réalité simplement conçue  voir Essence/existence chapitre 1 p 00 et En soi/pour soi p 00

Etre : (etym : latin esse, être) 1) Verbe : exprime le fait d’exister, ou bien l’essence (nature, identité de quelque chose) ou encore l’appartenance à une catégorie, à une espèce 2) Substantif : tout ce qui est, ou existe. L’être renvoie donc à la fois aux réalités en devenir, mais aussi aux essences ou aux idées qui « sont »  quoique d’une manière abstraite 3) Chez Aristote : terme indéfinissable du fait de sa généralité même, il peut se dire de tout : « l’Etre lui-même n’est pas un genre » (Aristote).

Ontologie :  (etym : grec on, ontos, l’être , et logos, science, discours)         1) Sens originel :  désigne, depuis le 17 ième siècle, la partie de la philosophie qui porte sur l’ « être en tant qu’être », correspondant à ce qu’Aristote appelait la philosophie première 2) Philosophie contemporaine : les existentialistes distinguent l’étude des lois de l’être en tant qu’essence (essentalisme) et l’étude de l’existence des êtres concrets singuliers ou « étants » (existentialisme).

Métaphysique : (etym :de meta, après, et phusica, la nature ; à partir du moyen-âge meta change de sens et signifie : au delà) 1) Chez Aristote : synonyme d’ontologie, désigne la philosophie première qui porte sur les principes et les causes premières, et s’attache à l’étude de l’  « être en tant qu’être » 2) A partir de Descartes : la métaphysique , chez les philosophes du 17 ième siècle,  est la connaissance  spéculative  qui ne repose   sur  aucune expérience sensible, et   qui porte plus particulièrement sur l’être en tant qu’être,   ou encore sur l’essence de  tout ce qui est 3) Chez Kant :  la raison humaine ne peut atteindre l’absolu, l’inconditionné,  les choses en soi. Kant donne au mot « métaphysique » un sens nouveau, qui renvoie à l’entreprise critique elle-même : « inventaire systématiquement ordonné de tout ce que nous devons à notre raison »  4) Sens contemporain : recherche concernant tout ce qui a trait au sens de l’existence humaine : la métaphysique constitue selon Sartre « un effort pour embrasser du dedans la condition humaine dans sa totalité » 5) Chez Hans Jonas : synonyme de « ontologie », interrogation sur l’être, et plus particulièrement que la raison d’être et la valeur hypothétique de tout ce qui est.

 

Existentialisme : 1) Sens large : se dit de toute philosophie qui place l’existence humaine au centre de ses réflexions (Kiekegaard, Karl Jaspers..). 2) Sens plus précis : désigne des philosophies  athées (Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty..), qui, à l’encontre de la philosophie cartésienne, affirment que l’homme est dépourvu d’ « essence ». Nous sommes, selon ces philosophes, « jetés » dans le monde, à la naissance, sans soutien, sans référence, sans certitudes acquises   (c’est la « déréliction ») : l’homme ne peut que poser librement les valeurs, puis assumer des choix qui sont sans garantie. Selon Sartre, « l’existence précède l’essence », l’homme existe d’abord, il se définit après : « c’est en se jetant dans le monde, en y souffrant, en y luttant, qu’il se définit peu à peu, et la définition demeure toujours ouverte » (L’existentialisme est un humanisme, 1946)

Nature : (etym :  latin natura  de nasci, naître) 1) La nature en général : ensemble des règnes minéral, végétal et animal, considéré comme un tout soumis à des lois stables et connaissables 2) Nature humaine : ensemble des traits caractéristiques concernant l’ensemble de l’espèce humaine, dénominateur commun de tous ses représentants. Ces traits « naturels » sont censés être  présents en tout homme dès la naissance, au moins à titre de virtualité, de potentialité. « Nature » est ici synonyme d’essence. 3) Nature d’un être quelconque :  ensemble des propriétés qui définissent une chose ou un individu, et qui comportent une grande stabilité. La nature d’un être est théoriquement permanente ; elle est le fond qui ne change pas : on parlera aussi, en ce sens, de « substance » (« ce qui demeure sous le changement »).

Humanisme  1)  Sens usuel : mouvement littéraire et philosophique apparu à la Renaissance, qui pose la valeur et la dignité inaliénable de tout homme en tant qu’homme et qui se donne pour objectif de défendre tout ce qui peut concourir à l’épanouissement de la personne humaine en tant que telle (la libre pensée, la tolérance etc..) 2) Chez Heidegger : l’humanisme, selon Heidegger, est un « anthropocentrisme », c’est-à-dire une attitude illusoire  consistant à poser l’homme en fondement de tout, à le tenir pour auto-suffisant et auto-constituant, à tort.  Heidegger considère au contraire que l’homme devrait accepter d’assumer une définition plus haute, celle d’être le « Berger de l’Etre » (Lettre sur l’humanisme, 1946) 3) Chez Sartre : condition de l’homme qui « sans appui et sans secours est condamné à chaque instant à inventer l’homme ». L’humanisme de Sartre reconduit l’idée kantienne de l’autonomie (l’homme est à lui-même son propre législateur) mais il rompt avec le socle religieux du kantisme.  L’homme est condamné, selon Sartre, à la liberté, responsable de choix qui engagent, en même temps que lui-même, l’humanité tout entière (L’existentialisme est un humanisme).

Phénoménologie  (etym : grec phainomenon : phénomène et logos, discours) 1) Description du réel en tant que phénomène, c’est-à-dire  tel qu’il apparaît immédiatement à la conscience. Une telle approche s’oppose à celle du cartésianisme et de la science, auxquels il est reproché de  qui saisir le réel à travers le filtre de  grilles conceptuelles  préétablies. 2) Chez  Hegel : la « phénoménologie de l’esprit » est la présentation d’un parcours ou d’un cheminement, celui de la conscience depuis son apparition jusqu’à son terme qui est  la réalité effective de l’Esprit , ou encore  le savoir absolu. 3) Chez Husserl  et ses successeurs : mouvement  philosophique qui se donne comme objectif de revenir aux choses mêmes, dans leur évidence première.  Le phénomène, en tant qu’il apparaît à la conscience, est objet d’intuition, de  connaissance immédiate. Quant à la conscience, elle est « intentionnelle », ce qui signifie qu’elle vise toujours autre chose qu’elle-même, et qu’elle se dépasse vers le monde.  Dans un second temps, la phénoménologie tente de comprendre de quelle manière  la conscience est constitutive du sens objectif de toute chose : c’est la phénoménologie « transcendantale ».

Préoccupation : chez Heidegger : c’est  le fait, pour un homme,  d’être absorbé  par des tâches naturelles (obligations de toutes sortes) au point d’être enfermé dans un monde et délivré  de tout souci. Enfermé dans un monde, l’homme devient aveugle au monde comme tel, et à son être propre.

 Dasein :  (etym sein , être, da, là) . Terme allemand signifiant littéralement : être-là . Chez Heidegger : ce terme désigne  l’être humain, en tant qu’existence concrète et singulière, présence intentionnelle, ouverture et disponibilité au monde.

Visage : (etym : du latin visus, aspect, apparence). Seul le visage de l’homme témoigne à la fois d’une présence (d’une âme, d’une conscience) et d’une altérité (quelque chose échappe, un au delà de la matière, une transcendance). Chez Levinas : le visage de l’homme comporte une dimension de vulnérabilité  qui témoigne en même temps d’une intériorité ouverte vers un absolu. Un visage nous met en demeure de la regarder avec respect : c’est en ce sens que le visage est porteur et émoin d’une exigence éthique.

Monde : (etym: latin mundus, le monde, l’univers) 1) sens usuel : ensemble des réalités matérielles, synonyme de univers. 2) Phénoménologie : séjour des hommes. C’est à la fois l’ensemble des choses que nous percevons et auxquelles nous donnons un sens, et le monde intérieur- c’est-à-dire les faits de conscience- en tant que ces choses naturelles et ces éléments psychiques sont étroitement entrelacés.

 Etre-au-monde : phénoménologie : c’est l’homme en tant que son existence et celle des choses ne peuvent être dissociées. L’homme est plongé dans le monde qui est la « structure de sens » de tous ses actes et de toutes ses pensées.

Sujet transcendantal : Kant appelle conscience « transcendantale » une « conscience pure, originaire et immuable » qui relie et unifie toutes les données fournies à la conscience, et sans lesquelles toute représentation d’un objet est impossible. Le « transcendantal » désigne chez Kant tout ce qui a trait à la connaissance et à son usage a priori

Souci : (etym :  latin sollicito, inquiéter) . Chez Heidegger : caractère du Dasein, c’est-à-dire de l’être humain qui est « abandonné à lui-même » (déréliction) , contraint d’assumer son existence toput en se sachant voué à la mort.

Ontologie  (etym : du grec on, ontos, l’être, et logos, science) . Partie de la philosophie qui porte sur l’être. Chez  les existentialistes, l’ontologie s’intéresse moins à l’essence  (puisque l’existentialisme récuse cette notion) qu’à l’existence : l’existence des êtres singuliers, ou « étants ».

Etre-pour-la-mort : Chez Heidegger : caractère de l’homme qui sait que son existence est « pour la mort » c’est-à-dire orientée vers cette fin. En un sens plus positif, être pour la mort, c’est assumer notre condition d’être mortel, l’accepter et agir en conséquence.

Errance : (etym : erre, train allure, vitesse acquise) : Chez Heidegger : fait, pour l’homme, d’être emporté par un processus qui fonctionne par lui même,  et , plus précisément, déshumanisation provoquée par l’enferment dans un monde technique, qui tend à réduire l’homme à un processus.

 

 

 

 

 

 

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 18:37

 

 

 Texte de Spinoza, TTP, Chapitre XX

 

Le thème est : la fonction de l'Etat

 

 La question est: quelles sont les limites de la liberté d'expression dans un  tel Etat (légitime et républicain, par hypothèse)

 

La thèse:  Etant donné que le but de l'Etat est la liberté, il doit accorder à tous une entière liberté de pensée. Cependant, il limitera nécessairement la liberté d'expression (les individus ne pourront "agir contre le décret du souverain", c'est-à-dire contre la loi). Certaines paroles ne pourront être tolérées:  celles qui tendent à aller contre la loi.

 

 (autrement dit: on peut  penser tout ce qu'on veut, librement, mais on ne peut pas pour autant  toujours agir en conséquence)

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