Vous trouverez ici un ouvrage très simple et très complet à télécharger gratuitement
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=8114
"Il est inconcevable à quel point l'homme est naturellement paresseux. On dirait qu'il ne vit que pour dormir, végéter, rester immobile; à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements nécessaires pour s'empêcher de mourir de faim. Rien ne maintient tant les sauvages dans l'amour de leur état que cette délicieuse indolence. Les passions qui rendent l'homme inquiet, prévoyant, actif, ne naissent que dans la société. Ne rien faire est la première et la plus forte passion de l'homme après celle de se conserver. Si l'on y regardait bien, l'on verrait que, même parmi nous, c'est pour parvenir au repos que chacun travaille: c'est encore la paresse qui nous rend laborieux".
Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l'origine des langues (1781), Éd. Hatier, 1983, p. 69.
Pouvez-vous me dire quand l'épreuve aura lieu?
Si certains d'entre vous la passen , pourrez-vous me communiquer les sujets?
Pouvez-vous me dire quand nous saurons le thème de l'an prochain?
http://lewebpedagogique.com/boutique/prepa-hec-philosophie-un-dossier-sur-le-theme-de-limagination/
Pina , le film de Wim Wenders
L'art comme modèle pour la philosophie
http://www.lettres-et-arts.net/arts/70-l_art_comme_modele_pour_la_philosophie_nietzsche
« L’art doit avant tout embellir la vie, donc nous rendre nous-mêmes tolérables aux autres et agréables si possible : ayant cette tâche en vue, il modère et nous tient en brides, crée des formes de civilité, lie ceux dont l’éducation n’est pas faite à des lois de convenance, de propreté, de politesse, leur apprend à parler et à se taire au bon moment.
De plus, l’art doit dissimuler ou réinterpréter tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables et dégoûtantes qui, malgré tout les efforts, à cause des origines de la nature humaine, viendront toujours de nouveau à la surface : il doit agir ainsi surtout pour ce qui en est des passions, des douleurs de l’âme et des craintes, et faire transparaître, dans la laideur inévitable ou insurmontable, son côté significatif.
Après cette tâche de l’art, dont la grandeur va jusqu’à l’énormité, l’art que l’on appelle véritable, l’art des œuvres d’art, n’est qu’accessoire. L’homme qui sent en lui un excédent de ces forces qui embellissent, cachent, transforment, finira par chercher, à s’alléger de cet excédent par l’œuvre d’art ; dans certaines circonstances, c’est tout un peuple qui agira ainsi.
Mais on a l’habitude, aujourd’hui, de commencer l’art par la fin ; on se suspend à sa queue, avec l’idée que l’art des oeuvres d’art est le principal et que c’est en partant de cet art que la vie doit être améliorée et transformée. Fous que nous sommes ! Si nous commençons le repas par le dessert, goûtant à un plat sucré après l’autre, quoi d’étonnant su nous nous gâtons l’estomac et même l’appétit pour le bon festin, fortifiant et nourrissant, à quoi l’art nous convie. »
Nietzsche
Humain, trop humain
Mercure de France, p109
COMMENTAIRE :
-Nietzsche parle de l’art, mais en un sens inhabituel, puisqu’il prend bien soin de distinguer l’« art » ( au sens où il l’entend) et la création d’œuvres d’art (sens usuel, et restreint, du mot « art »). Il faudra insister sur ce point , et essayer de comprendre en quel sens Nietzsche entend exactement le mot « art ».
- L’art doit « embellir la vie » : le texte dit quels effets doit produire l’art (dissimuler ce qui est laid etc..) . Mais il ne donc pas comment il parvient à ce résultat. Il faudra se poser la question, et suggérer au moins quelques pistes (l’art élabore un monde parallèle, il nous aide à sublimer nos désirs, il permet de regarder le monde sous un angle inattendu, de voir la beauté inaperçue de choses anodines, il transfigure le réel, etc..).
PROCEDES D’ ARGUMENTATION
Il s’agit de présenter une définition originale de l’art que Nietzsche caractérise par sa finalité (deux premiers paragraphes). Cette conception particulière de l’art constitue la thèse du texte, que vient compléter une remarque d’ordre polémique : l’art n’est pas ce que l’on tient habituellement pour tel (3ième §) . Cette précision est illustrée par une analogie (4ième §) : l’art, au sens étroit est, par rapport à l’art, au sens véritable, comme un dessert par rapport à l’ensemble du repas .
THESE
Ce qui est essentiel, dans l’art, c’est la capacité d’embellir la vie. Ainsi compris, l’ « art » se réduit pas à la création d’œuvres d’art .
PLAN DETAILLE
-1 ier § : La tâche principale de l’art est d’embellir la vie, de l’adoucir, de la pacifier.
-2ième § : Seconde tâche de l’art : il rend supportable, en dégageant des significations implicites mais inaperçues, tout ce qui est pénible, trivial, repoussant. Il s’approprie la laideur et la transfigure.
-3ième§ : Ce pouvoir d’esthétisation est à la portée de chacun d’entre nous. Il ne concerne pas les seuls artistes, au sens usuel du terme (créateurs reconnus et admirés).
-4ième § : Si l’art est comme un repas, l’œuvre d’art est un complément délicieux , mais non pas substantiel (ce n’est pas le plat de résistance, ni la totalité du repas).
ENJEUX PHILOSOSPHIQUES DU TEXTE :
-Une définition élargie de l’art. Pour Nietzsche, comme pour Proust ou Bergson (textes 13 et 14) , l’esthétisation de la vie n’est pas le propre des créateurs attitrés. Tout le monde peut être poète , au moins par moments , c’est-à-dire voir le monde sous un angle esthétique, l’appréhender dans toute sa richesse, être attentif aux ressources créatrices de la vie.
- La vocation de l’art est de magnifier la vie, de découvrir en elle fécondité et grâce, de l’assumer , et d’une certaine manière, de la diviniser . Il n’y a pas besoin, pour cela, de disposer d’un talent spécifique.
- Surmonter la souffrance, transfigurer la douleur : cette faculté manifeste une puissance positive que toute éducation devrait s’efforcer d’encourager. Pour Nietzsche, comme pour Schiller, la beauté est libératrice.
Bibliographie esthétique
Platon : Hippias Majeur, Banquet, Phèdre
Kant : Critique de la faculté de juger ou, (abrégée) Analytique du beau Classiques Hatier
Hegel (Esthétique), La peinture, téléchargeable en ebook téléchargeable ac-grenoble.fr
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=8109
Hegel : Esthétique Morceaux choisis SUP ou Introduction à l’esthétique, Coll Champ Flammarion (pp 34-47 : L’imitation de la nature et l’éveil de l’âme ; PP83-94 : Le but final de l’art et la philosophie kantienne, pp 139-166 : L’idée du beau, pp 353-368 : L’artiste)
Sur Hegel : Hegel et l’art par Gérard Bras PUF Collection Philosophes
Sur l’art :
L’œuvre d’art Hatier Coll. Optiques par Michel Haar
Proust et les signes , Gilles Deleuze , PUF
Vous les trouverez ici (attention, c'est payant..)
J'ai demandé à mes élèves de lire ce texte clé.
Voici où vous pouvez le trouver:
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/logphil/oeuvres/kant/preface/preface1.htm
« La littérature n’est pas plus ou moins « près » de la vie, pour ceux qui la pratiquent, Elle n’est même pas comme la vie. C’est la vie. Ou rien. Et rien d’autre que la vie. La vie chassant l’ "autre vie", celle des autres. L’avalant. S’en nourrissant. Manger ou être mangé, telle est la question ». Philippe Muray « Suis-je donc un monstre » (Flaubert) ( in Essais, Les belles lettres)
« La vraie vie, c’est la littérature » Proust
Remarques préliminaires sur le sujet de dissertation (ce qu’il fallait faire et ce qu’il fallait éviter)
1) Le sujet implique une réflexion sur la vérité autant que sur la fiction. En tenir compte pour le plan. Il ne faut pas faire un devoir centré exclusivement sur la fiction, mais comprendre que la question est un prétexte pour vous inviter à tenter de définir la vérité, à réfléchir à la notion de vérité (cette règle vaut pour n’importe quel sujet. Ne pas être obnubilé par un seul terme du sujet, ici la fiction).
2) Les mots n’ont jamais un seul sens : admettre cela est décisif pour toutes les dissertations de philo ! Ici : « fiction » peut être entendu comme « récit mensonger » (mais ce sens sera écarté, parce qu’il rend la question absurde) ou comme « libre création de l’esprit humain », seul sens pertinent ici.
3) La vérité est communément tenue pour la « conformité à la réalité », mais le sujet amène précisément à remettre en cause cette définition, ici trop naïve et réductrice. La vérité est la qualité d’un discours ou d’un jugement qui dit quelque chose du réel, qui apporte du sens, fournit de l’intelligibilité. Ce « quelque chose » n’est que rarement une simple reprise du réel.
4) La vérité n’est pas la réalité, le réel n’est pas le vrai. Si on ne comprend pas cette distinction, on ne comprend pas le sujet, puisque l’on sera amené à parler de fictions vraies qui ne sont pas la reproduction du réel. Quant au réel il n’est pas « vrai ». Seuls les discours (qui comprennent forcément une part de « fiction », de convention, d’artifice) le sont - parfois !
5) Une fiction n’est pas une apparence ni une opinion ni une illusion ni un mensonge ni une œuvre d’art. Evitez les tours de passe-passe (stratégies d’évitement du sujet, glissement puis remplacement d’une notion par une autre).
6) Les théories scientifiques sont des fictions (« libres créations de l’esprit humain » Einstein). Elles sont vraies, tout en étant contestables et sujettes à remaniements. Ce sont des approximations momentanées de la vérité.
7) Les thèmes à aborder en priorité sont : les mythes et mythologies, les récits religieux (paraboles, allégories), les légendes, les contes (cf La psychanalyse des contes de fées de Bettelheim), la science-fiction. On n’oubliera pas les fictions philosophiques ni les fictions politiques (idéologies).Le roman et la poésie sont à évoquer, mais ne sont que des cas particuliers de fictions.
8) Une œuvre d’art n’est pas une fiction. Mais certaines fictions (littéraires) sont des œuvres d’art.
9) Le sujet demandait si UNE fiction peut être vraie. On s’interdira de parler de « la » fiction (en général).
10) Il fallait distinguer différentes types de fictions, certaines sont trompeuses, d’autres non (par exemple on opposera les mythes vrais et les mythes mensongers). Il faudra donc chercher des critères de vérité autres que scientifiques (pour les vérités artistiques ou littéraires : l’universalité, l’intemporalité). Certaines fictions sont porteuses de vérités, d’autres pas. Pourquoi ? Telle était la question.
11) Il fallait opposer bonne et mauvaise littérature (mensongère)
PS:certains d'entre vous m'ont demandé le corrigé. Envoyez-moi votre mail et je vous enverrai le corrigé la semaine prochaine.