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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 19:43

L'entrée est libre et gratuite et aura lieu par le 45 rue d'Ulm. Des lectures,  des tables rondes et de nombreuses conférences auront lieu entre vendredi 20h et samedi 6h. A titre d'exemple André Glucksmann (Candide, héros des temps qui viennent?) interviendra a 22h30 et Raphael Enthoven (L'enseignement de la philosophie (en seconde et à la radio) ) interviendra vers 3h du matin.  Le programme complet se trouve à l'adresse suivante : http://www.ens.fr/spip.php?article581&var_mode=calcul

En espérant vous voir ce vendredi 4 juin,

Bien à vous.

Alexis, pour la Nuit de la Philo

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 20:50

Louise-Bourgeois.jpg

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 20:00

J'ai revu Tess ces jours-ci


Quel film renversant!

Il est très émouvant et troublant de retrouver chez Polanski une fois encore ce thème de la persécution de l'individu par la doxa (en l'occurence d'une  jeune fille  victime du monde catholique et bien pensant)

Nous avons que le puritanisme peut  "justifier" des comportements cruels, voire inhumains. Nous le savons grâce à Thomas Hardy et à Nietzsche -entre autres!

Merci à Milan Kundera de prendre parti...

 

Lire ici

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 18:08

J'ai lu attentivement la réponse de M. Onfray à ses détracteurs aujourd'hui dans Libé.
 Je comprends maintenant ce qu'il reproche à Freud (prinipalement) : c'est de ne pas être un homme  de gauche, (contrairement à lui)... .

Il en veut pour preuve trois ou quatre fragments de ses écrits, une dédicace etc..

 Deux questions :

1) Je ne vois pas en quoi le fait de dire que "Moïse était égyptien" prouve que Freud  "flirte avec antisémitisme" (sic)

 

2 )  Par ailleurs:jJe ne vois pas comment Michel Onfray peut se réclamer de Nietzsche, qui n'était pas précisément un homme de gauche.

  Si l'on se prend au  jeu des petites citations isolées d'une oeuvre,  on peut rappeler  tels ou tels propos de Nietzsche:

"Il y a chez l'homme comme chez toutes les espèces animales un excédent de ratés, de malades, de dégénérés, d'infirmes , d'êtres voués à la souffrance. [...]   [Ceux qui veulent s'évertuer] à conserver tous les malades et les souffrants [travaillent] à la détérioration de la race europeénne". (PDBM, § 62)

 " La vie déclinante dans l'Europe d'aujourd'hui formule ses idéaux sociaux: [...] toute notre sociologie ne connaît aucun autre instinct que celui du troupeau, c'est-à-dire des zéros additionnés - où tous les zéros ont des "droits égaux", où il est vertueux d'être un zéro"  (WzM, cité par Eric Blondel dans Nietzsche : le "5 ième Evangile" 1980)

 Et aussi :

 "Le socialisme - tyrannie des minables et des imbéciles, c'est-à-dire des superficiels, des envieux, des quasi-histrions poussée à son terme - est en fait la conséquence des idées modernes et de leur anarchisme latent..."  (Ibid, p 222)

 

 

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 22:09

la-nuit-du-chasseur.jpg

 

 

 

 

C'est le cinéma: "à société nouvelle, nouvelle forme d'art"..."Le film nous fait accéder à une réalité que notre conscience commune nous voile, soit à cause de notre inattention, soit du fait de l'horreur qu'elle suscite"
 A lire ce soir dans le Monde: Gros plan sur un monde en miettes, à propos de

 

 

" Théorie du film" de Sigfried Kracauer"

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 16:30

Sur son blog, Laurence Hansen-Love se demande, consternée et agacée : « quelle mouche a piqué » Michel Onfray ?  Elle affirme même qu’il serait, à ses yeux, «devenu fou» en s’attaquant ainsi frontalement à Freud dans son dernier livre Le Crépuscule d'une idole. L'affabulation freudienne , Grasset 2010 .

Je laisse à notre hôte et amie la responsabilité de ses propos. Je propose ici, plus modestement, un texte pédagogique sur le même sujet démontrant que Michel Onfray n’est pas le premier ni le dernier à trouver que Freud raconte… n’importe quoi !!!  Qui a raison ? L’important est d’en débattre.


 

 



Serge Provost
Professeur de philosophie



Haro sur la psychanalyse ! une vielle affaire…

D’hier à aujourd’hui, les détracteurs du freudisme sont légion. Les coups de butoir vinrent et viennent de partout. Certains furent donnés plus bas que très bas : «Science juive ! », clamaient les nazis ; d'autres respectèrent une certaine « éthique de la discussion »  (Habermas), mais n’y vont pas avec le dos de la cuillère. N’est-ce pas là le destin des grandes théories qui viennent bousculer le socle de nos croyances collectives ?

 

La controverse sur la validité de la psychanalyse remonte à sa fondation. De son vivant, déjà, Freud avait dû faire face à un barrage d'objections à ses écrits. Une des premières, et sans doute une des plus dures à encaisser pour le père de la psychanalyse, fût celle de son proche collaborateur et ami, Joseph Breuer. Ce dernier, on le sait, n'accepta jamais l'hypothèse d'une sexualité infantile. Il lui reprochait son pansexualisme (tout ramener à la sexualité) et son empressement à généraliser le complexe d'Œdipe à l'ensemble de l'espèce humaine, et ce, à partir de quelques cas seulement, dont le sien. 

 

Depuis, des milliers d'articles et des centaines de livres de par le monde, passèrent la psychanalyse au crible de la critique. Dans ce texte, nous ferons un bref panorama des plus importantes critiques adressées à la psychanalyse et de sa conception de l'être humain. 

 

Compte tenu des limites de ce texte, nous éluderons les reproches usuels adressés à la cure analytique : sa tendance à tout ramener aux drames de la petite enfance et à l'influence prépondérante de la sexualité; son incapacité à traiter certains troubles de la personnalité (ex. les psychoses); la trop longue durée de la cure (par exemple, l'acteur et réalisateur Woody Allen a passé près de deux décennies en analyse); son coût trop élevé (entre $100 et $400 l'heure selon la réputation du psychanalyste); son faible taux de réussite comparativement à d'autres approches thérapeutiques; l'impressionnante dépendance affective des patients envers leurs psychanalystes (appelée transfert); le fait de s'adresser à une clientèle sélecte - pour ne pas dire élitiste (instruite et riche), etc.). 

 

Bien que ces critiques doivent être prises considération, nous concentrerons notre attention sur celles qui possèdent des implications philosophiques. 


Les critiques épistémologiques


Affirmer, comme le fait Freud, que l'être humain est une subjectivité névrosée, hantée de fantasmes et de désirs irrationnels ne soulève pas de polémique majeure parmi ses contradicteurs. Postuler qu'il porte en lui la destruction et la mort, prétendre qu'il peut être instructif d'écouter les souffrances d'une personne étendue sur un divan, soutenir que l'expression verbale ou corporelle de ses conflits psychiques puisse être bénéfique, ne suscite guère d'objections. Or, on assiste à une véritable levée de boucliers lorsque la psychanalyse prétend le faire au nom d'une théorie dite «scientifique».

« Comment peut-on accorder la moindre crédibilité à la conception freudienne de l'être humain si la psychanalyse, la base même de son anthropologie, n'est pas une science ? ». Cette question, polémique et radicale, résume une des critiques les plus fréquemment faites à l'édifice freudien : sa théorie reposerait sur des hypothèses insuffisamment contrôlées et ne se prêtant, pour ainsi dire, à aucun contrôle scientifique. En termes clairs : la psychanalyse ne respecterait pas les règles minimales de la méthode scientifique. Attention !, rétorquent aussitôt les psychanalystes. Le domaine de l'inconscient ne se prête pas à des expériences mesurables et quantifiables comme on peut en pratiquer dans les sciences pures. Cette défense, on le verra à l'instant, sera jugée irrecevable par les adversaires de la psychanalyse.

Pour l'épistémologue Karl Popper (voir La logique de la découverte scientifique, Payot, 1973 et La connaissance objective, Complexe, 1978), l'«irréfutabilité» de la psychanalyse est son talon d'Achille. Que veut-il dire par ce terme ? Il observe, dans un premier temps, que certaines théories ne sont pas toutes vérifiables (pensez à celles qui tentent d'expliquer l'origine de l'univers), mais peuvent néanmoins être corroborées dans une large mesure. On les met tout simplement à l'épreuve en les confrontant à des vérifications qui pourraient en démontrer la fausseté ou la vérité. Pour lui, une hypothèse (mettons celle de l'inconscient freudien) ne peut être reconnue comme scientifique si la possibilité de la réfuter n'existe pas.

D'après Popper, une théorie scientifique doit toujours prévoir les faits qui pourraient l'invalider. Ses hypothèses devraient être conçues et formulées de telle sorte que des expérimentations ou des observations puissent lui porter une atteinte fatale. Le mérite d'une théorie qui prévoit les conditions de son invalidation, ajoute-t-il, c'est qu'elle nous apprend des choses nouvelles sur la réalité. Prenons un exemple cité par Popper lui-même. Si les freudiens prétendent que le traumatisme de la naissance a un effet significatif sur la vie adulte et que nous puissions trouver un individu d'âge adulte, né par césarienne et en parfaite santé mentale, nous avons là une réfutation expérimentale de l'hypothèse du traumatisme de la naissance.

Or, ajoute Popper, les adeptes de la psychanalyse ne veulent pas admettre les «faits polémiques» qui invalident leur théorie – par exemple, la preuve copernicienne démontrant que la terre tourne autour du soleil invalidait la théorie héliocentrique de l'univers. Si d’aventure on trouve un individu n'ayant jamais souffert du complexe d’ Œdipe, ironise Popper, les psychanalystes, dans un premier temps, contesteront ce fait et, dans un second, rétorqueront que l'individu en question refoule, rationalise, résiste, etc. Pis, insiste Popper, les psychanalystes finiront toujours par trouver d’autres motifs expliquant l'échec de la cure analytique auprès de certains patients particulièrement affligés.

La psychanalyse, cette «pseudoscience», comme la qualifie Popper, a réponse à tout. Or, comme le disait Richard Lowentin :  « Une théorie qui peut tout expliquer, n'explique rien ». Fait aggravant, poursuit Popper, elle se complairait dans un délire d'interprétations (le psychanalyste, arbitrairement, s'autorise à donner «sa» version des rêves du patient, alors que plusieurs autres lectures pourraient être apportées).

Produits d'un système théorique fermé, les concepts psychanalytiques auraient la prétention d'expliquer tous les comportements névrotiques imaginables, mais ceux contre lesquels ils se butent ne les remettent jamais en cause ! Ce dogmatisme inacceptable fait sursauter le grand épistémologue pour qui la remise en question constante des théories est la condition sine qua non  du progrès scientifique.

Autre faille majeure, note Popper, la psychanalyse analyse tout à l'aune de sa théorie comme si l'infinie complexité de la réalité était réductible à «son» corps de concepts spécifiques. Non sans humour, Popper souligne qu'il est plutôt facile de trouver des faits qui font l'affaire de notre théorie chouchou. C'est d'ailleurs la pratique usuelle des groupes sectaires. Quelle différence y’a-t-il entre l'attitude intellectuelle de la secte X qui voit dans les tremblements de terre à répétition l'annonciation de la fin prochaine du monde, et l'attitude du psychanalyste Y, voyant dans les états dépressifs de son client, l'existence d'un conflit psychique non résolu ? Bonnet blanc, blanc bonnet !

Une théorie, insiste Popper, n'est pas «vérifiée» parce qu'on a trouvé des confirmations empiriques. La théorie la plus farfelue trouve toujours des faits susceptibles de rendre crédibles ses hypothèses. Sous ses apparences de «scientificité», le freudisme serait une idéologie close, d'essence religieuse.

Dernière incohérence théorique, et non la moindre, observe Popper, est l'éclatement du mouvement psychanalytique en diverses écoles de pensée. N'est-il pas symptomatique, note-t-il, que chacune de ces écoles développe des idées parfaitement contradictoires tout en continuant de se réclamer, peu ou prou, de la théorie psychanalytique ?

À partir d'une même base théorique, on a vu les plus grands disciples de Freud valoriser un aspect de la théorie au détriment des autres alors que la théorie freudienne se dit et se veut un système unifié. Alfred Adler, par exemple, néglige la sexualité infantile pour mettre l'accent sur le rôle déterminant du complexe d'infériorité dans la formation de la personnalité; Wilhem Reich, un autre disciple de Freud, accorde une importance majeure au rôle de la répression sociale de la sexualité comme cause des névroses; le dissident Carl Gustav Jung bazarde l'inconscient individuel pour lui préférer l'inconscient collectif.

Une théorie, rappelle Popper, n'est pas un magasin général où l'on choisit ce qui fait notre affaire. Bien que Freud ait multiplié les mises en garde sévères, à la fin de sa vie, afin de circonscrire le noyau du credo du mouvement psychanalytique, à savoir : « L'existence de processus psychiques inconscients, la théorie de la résistance et du refoulement, l'appréciation de la sexualité et du complexe d'Œdipe sont les principaux contenus de la psychanalyse et le fondement de sa théorie », ses continuateurs bricolent la théorie comme une courtepointe et prétendent à la scientificité. Puisque les hypothèses hasardeuses, les analogies, les spéculations et les généralisations abondent dans l'œuvre de Freud, il nous faut exprimer, conclut Popper, une saine réserve quant à la rigueur scientifique de sa théorie et, qui plus est, que sur la conception de l'être humain qui en découle nécessairement.

Les critiques des neurosciences, de la génétique et de la biologie

Citons un de leurs arguments de prédilection : nombre de troubles attribués à des conflits infantiles ou à la sexualité s'expliquent soit par la biochimie du cerveau, soit par les gènes, soit par les hormones. Si nous sommes en mesure de mettre un terme définitif à des comportements pathologiques à l'aide d'un médicament, du génie génétique ou l'administration d'une hormone, c'est la meilleure preuve que la cause de la maladie est autre que psycho-sexuelle. Plusieurs ne se gênent d’ailleurs pas pour dire que les plus grands progrès dans le traitement des maladies mentales survenus au cours des dernières années émanent des disciplines ci-dessus mentionnées. En conséquence, les extrapolations de Freud sur l'être humain devraient être reconsidérées de A à Z.

La critique féministe

Plusieurs auteurs célèbres se réclamant du mouvement féministe déplorent l'exagération du rôle du père et du phallus dans la formation de la personnalité de la fille et du garçon. À leurs yeux, la psychanalyse et, plus généralement, la théorie freudienne de l'être humain, serait un pur produit des préjugés patriarcaux envers la femme. Une d'entre elles a un jour écrit que si Freud avait été une femme, l'humanité entière souffrirait du complexe de Jocaste (femme d'Œdipe) et serait compulsivement obsédée par le clitoris et les seins. Dis-moi de quel sexe tu es et je te dirai ce que tu penses de l'être humain?...

La critique marxiste et sociologique

Les tenants du marxisme et de l'approche sociologique reprochent à Freud de ne pas suffisamment tenir compte de la dimension sociale et culturelle des problèmes psychologiques. À l'évidence, la sexualité ne serait pas  l'unique source des névroses.

L'angoisse créée par des conditions sociales et économiques inacceptables, le travail à la chaîne et dépersonnalisé, l'anonymat des grandes villes, la solitude induite des foules pèsent de tout leur poids sur la vie mentale des personnes. Après tant d'autres, Freud tomberait dans le travers de la psychologisation à outrance.

L'hypothèse de l'inconscient serait une forme de réductionnisme. En attribuant à la sexualité l'unique source des névroses, Freud banaliserait l'effet des rapports sociaux sur la personnalité de chacun. Un ancien disciple de Freud gagné au marxisme, Wilhem Reich, signale que la psychanalyse soigne un petit nombre de névrosés, mais la société répressive, elle, produit des névroses en masse. Les problèmes de santé mentale doivent également être posés en termes politiques.

La critique du pansexualisme

Tout en reconnaissant l'importance historique de l'œuvre de Freud (avoir osé soulever la question sexuelle), plusieurs auteurs considèrent néanmoins qu'il a grandement exagéré son importance. « La psychanalyse est elle-même la maladie qu'elle prétend guérir », écrivait ironiquement Karl Krauss. Bien qu'ils reconnaissent tous le rôle éminent de la sexualité dans la vie de l'être humain, un argument revient sans cesse sous leur plume : pourquoi Freud a-t-il fait l'impasse sur les autres forces qui sont aussi, sinon plus importantes, que la sexualité ?

Pourquoi ce silence freudien assourdissant sur les passions (remarquez le pluriel) que l'être humain éprouve pour l'argent, le pouvoir, le prestige, l'identité, le dépassement personnel, la création, le narcissisme, la recherche du sens à sa vie, la quête morale et religieuse, etc. ? Chacune constitue pourtant le moteur qui anime des millions d'êtres humains, et Freud s'est contenté d'en faire des enjeux subsidiaires, c'est-à-dire des effets dérivés de la sublimation.

Autre motif de réserve : l'intérêt pour la sexualité varie à l'infini d'un individu à l'autre. Aussi bien chez l'enfant que chez l'adulte des deux sexes, on observe que certains individus sont très «portés sur la chose sexuelle» et d'autres manifestent une relative indifférence. Comment, dans ces conditions, prétendre tout expliquer par un schéma unique, valable pour tous ?

Autre motif à contestation: la manière plutôt floue dont Freud définit la sexualité. On sait que, pour lui, elle n'est pas réductible à la génitalité. Or, s'il la confond avec une vague sensualité ou un érotisme diffus, certains avouent «ne plus savoir ce que les mots veulent dire». Enfin, d'autres remarquent que Freud, produit d'une époque négativement obsédée par la sexualité, serait tombé dans l'excès contraire et aurait fini par ne voir l'être humain que par le plus petit bout de la lorgnette : la sienne (lire : ses propres obsessions dont témoigneraient les textes de son auto-analyse).

La critique sartrienne

D'emblée, précisons que la philosophie sartrienne rejette toute philosophie postulant l'idée d'un déterminisme psychologique selon lequel l'être humain subirait passivement ses émotions et ses passions. Au contraire, elle soutient que nous sommes responsables de celles-ci parce que, d'une manière ou d'une autre, nous y consentons et, surtout, parce qu'elles ne sont pas des forces étrangères mais des attitudes chargées de sens que nous prenons à l'égard des choses et des êtres, attitudes qui, même si nous n'en avons pas une claire conscience, renvoient toujours à un choix réfléchi.

Dans L'être et le néant, Jean-Paul Sartre avance que l'inconscient devrait être imputé à «la mauvaise foi». Qu'entend-il par là ? Pour la distinguer du mensonge ordinaire (où l'individu connaît la vérité, mais décide délibérément de la cacher dans le but de tromper l'autre), Sartre définit la mauvaise foi comme « un mensonge à soi-même ».

Sartre n'hésite pas à affirmer que l'hypothèse de l'inconscient serait une négation pure et simple de la liberté humaine - concept auquel l'existentialisme accorde une place prioritaire. Selon lui, l'être humain n'est pas déterminé puisqu'il est un projet : «L'important n'est pas ce qu'on a fait de moi mais ce que je fais de ce qu'on a fait de moi ». « Faire et en faisant se faire », reprenait en écho Lequier. Chacun de nous n'a sans doute pas choisi son inconscient, mais il nous revient de lui dicter une direction précise. Si cet inconscient nous incite à la démission et à la fuite, nous pouvons opter pour le courage et l'affrontement.

Sartre rappelle que l'humain n'a pas de propriétés spécifiques à partir desquelles ses comportements pourraient s'expliquer. Les seules propriétés que nous puissions lui attribuer sont ses actes. Je suis ce que je fais. L'être humain «n'est pas ce qu'il est et est ce qu'il n'est pas», répète-t-il. Le leitmotiv de sa philosophie est, rappelons-le, que «l'existence précède l'essence». L'être humain est un acteur doublement engagé : dans l'Histoire et dans sa propre vie. Il n'est pas le spectateur passif des péripéties du siècle, ni la victime impuissante de ses mille et un zigzags existentiels. En somme, Freud aurait totalement sous-estimé «l'appel de la liberté» auquel tous les humains sont immédiatement sensibles.

La critique culturaliste

Les travaux anthropologiques de l'école culturaliste (il s'agit d'ethnologues et d'anthropologues tels que Malinowski, Ruth Benedict, Ralph Linton, Margaret Mead et d'autres) en arrivent à la conclusion que la diversité des structures mentales, selon les sociétés, interdit de les ramener à un seul type.

Les fondements culturels de la personnalité sont multiples. Ainsi en va-t-il des individus qu'ils influencent. Le grand anthropologue Malinowski (1884-1942) reproche au complexe d'Œdipe, concept central dans la conception freudienne, de n'être qu'un «mythe européen» (voir son livre La sexualité et sa répression.) D'après lui, ce complexe n'existe pas dans les cultures mélanésiennes fondées sur le matriarcat (l'enfant est élevé par le frère de sa mère). L'ethnocentrisme, fort répandu à l’époque de Freud, lui a fait développer un schéma simplifié de l'enfance humaine.

La critique du béhaviorisme

À l'instar de la critique poppérienne, le béhaviorisme (théorie psychologique postulant que tout comportement est le fruit de l'apprentissage)  considère que la théorie psychanalytique accorde une trop grande place à l'interprétation de ses données. Elle construit ses hypothèses à partir de phénomènes qui ne sont pas objectivement observables (l'inconscient par exemple). Le contrôle expérimental est complètement inexistant. Pour le béhaviorisme, tout ce que nous pouvons dire sur la conscience et l'inconscience de l'être humain reste pure spéculation.

Il ne sert à rien, d'un point de vue expérimental, d'invoquer une prétendue réalité psychique intérieure, les pensées et les émotions du sujet. Le plus important demeure le comportement objectivement observable, lequel obéit au couple stimulus-réponse. Inutile d'invoquer des « forces intérieures obscures et cachées », les pensées, les émotions, les intentions du sujet puisque, de toute façon, le comportement de l'être humain dépend de ses conditionnements «environnementaux» - donc externes.

L'introspection à laquelle se livre le patient en cure analytique n'est pas dénuée d'intérêt, mais elle ne produit aucune certitude. Le dogme central du béhaviorisme est que l'humain rejette les comportements sources de déplaisirs et recherche, pour enfin les adopter, ceux qui sont gratifiants. Il faudrait limiter son analyse à ce qui est empiriquement observable : le comportement et non ce que le sujet pourrait en dire. Pour le béhaviorisme, l'être humain n'est pas régi par son inconscient mais par ses conditionnements.

Tels sont, de manière trop sommaire il va sans dire, les critiques et reproches «classiques» adressés à la psychanalyse et sa vision de l'être humain.

Séparer le bon grain de l’ivraie

Au terme de ce panorama, il n'est pas inintéressant de rappeler que tous les penseurs significatifs de l’histoire ont également connu le même feu roulant de critiques vitrioliques, plusieurs bien méritées. Encore de nos jours, ils demeurent l'objet de commentaires passionnés, voire diffamatoires. Freud  n’échappe pas à la règle.

Mais, avec le recul, on peut se demander si ces polémiques ne représentent pas, en dépit des passions, une forme d'hommage posthume ? Il ne serait pas exagéré d'affirmer que les querelles déclenchées par une théorie anthropologique révolutionnaire - surtout lorsqu'elle bat son plein longtemps après la mort de l'auteur - représente un bon indicateur de son importance culturelle, voire civilisationnelle.

L'œuvre de Freud en est une des meilleures illustrations. Cela dit, toutes les critiques, aussi virulentes et pertinentes soient-elles, devraient-elle nous éloigner du  socratique «Connais-toi toi-même»  que Freud aimait tant citer ? Jamais !  




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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 17:11

Quelle mouuche l'a piqué?
 Que reproche-t-il à Freud? D' être nazi? Antisémite?

 Je ne comprends pas bien même après avoir lu l'excellent article de E. Roudinesco....

 A mon avis, il est devenu fou...

 

Onfray et le fantasme anti-freudien

 

 http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/04/15/onfray-et-le-fantasme-antifreudien-par-elisabeth-roudinesco_1333898_3260.html

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 14:09

Les garçons prennent de plus en plus de retard, sur le plan scolaire et sur le plan intellectuel, sur les filles, et ceci a été constaté aux Etats-Unis et dans plusieurs grands pays.

 C'est tout de même un problème pour l'avenir de l'humanité. Il est dommage de ne pas en exploiter toutes les ressources. Bientôt, si ça continue, le monde sera gouverné par les femmes, comme dans le livre d'anticipation  de Robert Merle ("Les hommes protégés")...

 Déjà certaines universités sont obligées de prendre des mesures de discrimination positive à l'égard des attardés (les garçons).

 

Un livre vient de sortir sur le sujet: Why boys fail? de Richard Whitmire.. "qui donne à réfléchir".

 

"Certains pensent que les garçons sont programmés pour apprendre plus lentement, peut-être parce qu'ils sont plus faits biologiquement pour combattre les loups que pour lever la main au cours".

 Parmi les pistes envisagées pour essayer d'enrayer le déclin de l'intelligence masculine, il y a  l'idée de susciter le goût de la lecture (oui, mais comment?), en proposant aux garçons " les livres de mauvais goût" dont ils sont tellement friands.

Et là je recopie l'article du New York Times, trop drôle:

 

 "Un site Web, "guysread", propose des listes d'ouvrages destinés à persuader les garçons de lire. Elles comportent des catégories comme "fantômes", "boxeurs", lutteurs et ultime combat ou "au moins une explosion".

 "Les garçons ont besoin de lectures riches en explosions, conclut l'article, c'est le prix à payer"

 (N. D. Kristof, New York Times, 2 avril 2010)

 (PS:  Piste pédagogique, pour améliorer nos cours:  il n'y a pas beaucoup d'explosions pour le moment)

(PS : On comprend meiux, maintenant, pourquoi les hommes ont toujours voulu confiner les femmes à la maison. Ils pressentaient le danger)

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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 12:38

Je suis consternée par le reportage que je viens de voir sur Fr 2 (JT de 13H).

Désormais, pour réveiller les élèves, certains profs utilisent le "jeu vidéo historique". Voir ici.

 Succès garanti!

Imagine-t-on que cette pratique se généralise?
 Ce qui justifie cette géniale innovation, c'est l'idée que l'enseignement traditionnel n' a plus cours.

 Les élèves ne peuvent plus suivre un cours, ni lire des livres,  ni regarder un documentaire. Cela demande trop d'efforts... Or chacun  sait que nos jeunes ne réussissent plus à se concentrer.. .

Il faut donc leur donner le moyen d' "apprendre en jouant", donc sans souffrir, sans faire d'effort, sans classer leurs idées, sans penser par eux-mêmes, bref sans activer méthodiquement leurs neurones  etc..

 Alors :  vive le jeu vidéo à l'école!

Vive les QCM!

Finissons-en avec la dissertation (qui agonise de toute façon inexorablement!)

 

 A quand un jeu vidéo sur le problème de l'Etre chez Aristote?

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 18:31

Voici un extrait du texte de Léo Strauss (1990, PUF)

« Répétons-le : l'éducation libérale consiste à écouter la conversation des plus grands esprits entre eux. Mais sur ce point, nous rencontrons une difficulté insurmontable cette conversation ne peut avoir lieu sans notre assistance - en fait, c'est à nous qu'il revient de mettre en place cette conversation. Les plus grands esprits monologuent. Il nous faut transformer leurs monologues en un dialogue, leur isolement en une communauté. Les plus grands esprits monologuent même quand ils écrivent des dialogues. Si nous considérons les dialogues de Platon, nous remarquons qu'il n'y a jamais de dialogue entre esprits du plus haut niveau : tous les dialogues de Platon sont des dialogues entre un homme supérieur et des hommes qui lui sont inférieurs. Apparemment, Platon pensait qu'on ne pouvait pas écrire de dialogue entre deux hommes supérieurs. Il nous faut par conséquent faire quelque chose que les plus grands esprits furent incapables de faire. Regardons cette difficulté en face - une difficulté tellement grande qu'elle semble condamner l'éducation libérale comme une espèce d'absurdité. Parce que les plus grands esprits se contredisent entre eux sur les questions les plus importantes, ils nous contraignent à nous faire les juges de leurs monologues; nous ne pouvons pas accepter aveuglément ce que l'un ou l'autre dit. D'un autre côté, nous ne pouvons ignorer notre incompétence à bien juger.

Bien des illusions faciles nous voilent cet état de choses. Nous pensons en quelque sorte que notre point de vue est supérieur, plus élevé que celui des plus grands esprits - soit parce que notre point de vue est celui de notre temps, et que notre temps, parce qu'il est postérieur au temps des plus grands esprits, peut lui être présumé supérieur; soit parce que nous pensons que chacun des plus grands esprits avait raison de son point de vue, mais non pas purement et simplement raison, comme il le prétend nous savons qu'il ne peut y avoir d'opinion purement et simplement vraie en elle-même, mais seulement une opinion purement et simplement vraie formellement; cette opinion formelle consiste à avoir compris que toute opinion générale est relative à une perspective spécifique, ou que toutes les opinions générales sont mutuellement exclusives et qu'aucune ne peut être purement et simplement vraie. Les illusions faciles qui nous voilent notre véritable situation reviennent toutes à celle-ci : nous sommes, ou nous pouvons être plus sages que les plus sages des hommes du passé. Nous sommes ainsi poussés à nous prendre, non pas pour des élèves attentifs et dociles, mais pour des impresarii ou pour des dompteurs de lions. Il nous faut cependant faire face à notre redoutable situation, engendrée par la nécessité où nous nous trouvons d'essayer d'être plus que des élèves attentifs et dociles, c'est-à-dire d'être des juges, tout en n'étant pas compétents pour juger. A ce qu'il me semble, la cause de cette situation est que nous avons perdu toutes les traditions faisant tout simplement autorité auxquelles nous puissions nous fier, nous avons perdu le nomos qui nous donnait avec autorité une direction à suivre, et cela parce que nos maîtres et les maîtres de nos maîtres ont cru à la possibilité d'une société purement et simplement rationnelle. Chacun de nous est maintenant contraint de trouver ses repères, par ses propres forces, si imparfaites soient-elles.

Nous n'avons pas d'autre soutien que celui qui est inhérent à cette activité elle-même. La philosophie, avons-nous appris, doit se garder de vouloir être édifiante - la philosophie peut seulement être intrinsèquement édifiante. Nous ne pouvons pas exercer notre entendement sans de temps en temps comprendre quelque chose d'important; et cet acte de compréhension peut s'accompagner de la conscience de notre compréhension, s'accompagner de la compréhension de la compréhension, de la noesis noeseos, et cette expérience est si élevée, si pure et si noble, qu'Aristote a pu l'attribuer à son Dieu. Cette expérience est entièrement indépendante de la question de savoir si ce que nous comprenons est d'abord agréable ou désagréable, beau ou laid. Elle nous conduit à nous rendre compte qu'en un sens tous les maux ont une nécessité si l'on veut que la compréhension existe. Elle nous rend capables d'accepter comme de bons citoyens de la cité de Dieu tous les maux qui peuvent nous arriver et qui risquent de briser nos coeurs. En prenant conscience de la dignité de l'esprit, nous nous  rendons compte du fondement véritable de la dignité de l'homme et en outre de la bonté du monde, que nous le comprenions comme créé ou comme incréé, qui est la demeure de l'esprit de l'homme.

L'éducation libérale qui consiste en un commerce permanent avec les plus grands esprits est un entraînement à la modestie la plus haute, pour ne pas dire à l'humilité. Elle est en même temps un entraînement à l'audace : elle exige de nous une rupture complète avec le bruit, la hâte, l'absence de pensée, la médiocrité de la Foire aux Vanités des intellectuels comme de leurs ennemis. Elle exige de nous l'audace impliquée dans la résolution de considérer les opinions reçues comme de simples opinions, ou encore de considérer les opinions ordinaires comme des opinions extrêmes ayant au moins autant de chances d'être fausses que les opinions les plus étranges ou les opinions les moins populaires. L'éducation libérale est libération de la vulgarité. Les Grecs avaient un mot merveilleux pour « vulgarité » ; ils la nommaient apeirokalia, manque d'expérience des belles choses. L'éducation libérale nous donne l'expérience des belles choses ».

Léo Strauss  "Qu’est-ce que l'éducation libérale ?" 

Le libéralisme antique et moderne PUF 1990 pp 13-21

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