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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 14:19

 

 

 

 

 

Gracian-copie-2.jpg

 

 

 

MAXIME XXVIII
N'avoir rien de vulgaire

 

Ô que celui-là avait bon goût, qui se déplaisait de plaire à plusieurs ! Les Sages ne se repaissent jamais des applaudis­sements du Vulgaire. Il y a des caméléons de goût si popu­laire, qu'ils prennent plus de plaisir à humer un air grossier, qu'à sentir les doux zéphyrs d'Apollon. Ne te laisse point éblouir à la vue des miracles du Vulgaire. Les ignorants sont toujours dans l'étonnements. C'est par où la folie commune admire, que le discernement du Sage se désabuse.

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 15:25

Ours-banquise-copie-1.jpg

 

"Le vaisseau spatial Terre est propulsé par quatre moteurs incontrôlés: la science, la technique, l'économie,le profit, chacun d'eux étant alimenté par une soif insatiable"

"Deux barbaries se trouvent plus que jamaisalliées: la barbarie venue du fond des âges hisotriques, qui mutile, détruit, torture, massacre; et la barbarie froide et gacée de l'hégémonie du calcul, du quantitatif,de al technique,du profit sur les sociétés et les vies humaines".

Edgar Morin a raison. La barbarie techno-scientifique (le progrès?) ne met pas un terme ni à l'irresponsabilité ni à la sauvagerie des hommes. cf l'élevage industriel.

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 13:35

 C-est-la-culture-qu-on-assassine.jpg

 

 

Extrait de  cet ouvrage  très prometteur :

 "Le football est devenu le doudou identitaire régressif par excellence"

Et aussi "  Etant donné les influences comparées de TF1 et de la lecture de Mm de La Fayette, autant dire que l'identité française est mal partie"

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 14:45

Fumaroli-l-Etat-culturel.jpg

 

Je vous laisse chercher comment on doit interpréter cette distinction..
 Quand vous en aurez assez de chercher, vous lirez ici les explications de Malraux et J.M. Frodon

 

 

  http://www.slate.fr/story/32135/mitterrand-sarkozy-culture-pour-chacun

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 18:29

 Seule la passion est capable de "faire basculer l'horizon"

 

 Si-rien-avait-une-forme.gif

Il faut lire de toute urgence le dernier livre de la géniale et incomparable  Annie Lebrun:

 

Si rien avait une forme, ce serait cela (Gallimard)

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 12:11

Gracian.jpg

 

 

On ne peut passer à côté de Répliques ce matin à propos de Balthasar Gracian  (Jankélévitch, Guy Debord... (attention: la semaine prochaine "le totalitarisme")

 Selon les invités : "il ne faut pas tomber dans le piège de la transparence"..

 Comme quoi les "grands esprits se rejoignent" cf ici même le texte de Serge Provost...

 

 Une maxime de Balthasar Gracian:

 " Savoir partager sa vie en homme d'esprit...la première pause doit se passer avec les morts.. le suprême bonheur  est  de philosopher"

 Pardon pour les coupes.. si vous avez la citation complète, je suis preneur. Je nai pas encore acheté le livre.

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 18:38

 

L’ère de la transparence et de la fin de la vie privée ?

De Thomas Hobbes aux jumeaux de Céline Dion

 

(partie 3)

 

 

Serge Provost

Professeur de philosophie

 

 

Transparence recherchée

 

La logique est primairement simple. Règle numéro un : qui veut être vu doit se montrer dans les médias qui comptent. Ainsi va notre temps de la culture du «célébritariat». À la force des idées et de la créativité, voire à leur détriment, il en est qui opte pour la surmédiatisation désinhibée d’eux-mêmes. Soucieux de grossir les cotes d’écoute, les médias jouent le jeu et servent de courroie promotionnelle à des vedettes, à des intellectuels et des politiques d'ores et déjà connus comme la publicité commerciale promeut des produits de grande consommation. Nous voilà donc plongés dans le grand vortex marchand : ils sont populaires parce qu’on les voit, les vend et les achète ; on les voit, on les vend et on les achète parce qu’ils sont populaires…

 

People

 

Il existe même un nouveau terme qui décrit bien cet artefact : la peoplisation. Le terme anglais people désigne une « personne célèbre », une star. Un célèbre hebdomadaire américain à potins, symbole du genre, porte d’ailleurs ce titre. Les clones faisant dans le genre sont désormais mondialement pléthoriques et, comme nous le verrons, font tous un tabac.

 

People…You know what i mean ? Voici comment, dans son bilan de l’année médiatique 2010, Nathalie Collard présente le Circus Maximus qu’a constitué la naissance des jumeaux de Céline Dion, la Québécoise et diva du peuple la plus célèbre de la planète : « Impossible de passer à côté de cette grossesse hypermédiatisée. Du premier essai in vitro à l'annonce qu'il s'agissait de jumeaux (et même de triplés, a-t-on appris par la suite !), aucun détail ne nous a été épargné : le nom de l'acupunctrice, l'accouchement étape par étape, l'allaitement, les nuits blanches... (La Presse, 23-12-2010). De quoi s’agit-il ? Peoplisation ou “pipolisation” ? Edgar Morin, prophétique, avait tout compris il y a trente ans : « La star est une marchandise totale. » (Les stars, Seuil, Points, 1972.)

 

Le «star-system» dont se gavent les médias people n’est pas nouveau. Les gladiateurs romains, la société de cour de l’ancien régime et les grandes vedettes du début du cinéma constituaient le jet-set de l’époque et faisaient jaser. Ce qui l’est, en revanche, c’est l’ampleur du phénomène attribuable aux forces de l’argent, la multiplication des médias de masse et la mondialisation. En des temps de grandes difficultés économiques comme le nôtre, le créneau people, lui, ignore la crise. Il en profite même, car le lectorat (3 femmes pour 1 homme) a «besoin de rêver». C’est ce qu’on nous dit. Leurs «armes de distraction massive», ces suppléments d’âme, leur en donneront les moyens.

 

Même si le bonheur des autres, fussent-ils des stars, ne rend personne heureux une clientèle exponentielle, en mal-être, en manque de vie, en redemande, semble-t-il. Existe-t-il donc, chez des milliards de petites gens («ceux qui sont beaucoup, mais possèdent peu ») un bovarysme de masse, c’est-à-dire cette  « capacité qu’a l’être humain de se concevoir et de se vouloir autre qu’il n’est » ? (Le bovarysme, Jules de Gaultier, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2006). À vérifier. Chose certaine, c’est précisément le rôle et le travail du paparazzi, ci-haut évoqué, qui alimentera la grande machine à fantasmes. Penchons-nous quelques instants sur son grand œuvre.

 

Paparrizzez-les tous !

 

En 2011, l'Occident connaît un accès de fièvre d'indiscrétion. Tout se décline au «je» et tout le monde regarde, «Tout le monde en parle». Le voyeurisme médiatique prend même des proportions jamais vues. Son allié objectif et subjectif ? Ceux qui ont fait de l'indiscrétion leur devise, leur raison d'être et le motif de nous faire voir en faisant semblant de ne pas regarder : les paparazzis (terme formé à partir de pappaticci, petit moustique, et razzi qui signifie éclair).

 

Quid ? Ce sont des voleurs et des braconniers d'images. D'aucuns comparent leur travail à un véritable espionnage professionnel. Ils sont les mercenaires de l'entreprise tabloïd. Sans eux, pas de tirage, car pas de photos. Ils sont le carburant essentiel de la vente au détail qui fait les choux gras des propriétaires de presse «people». C'est avec leurs clichés, mêmes ratés, mais toujours révélateurs, compromettants, supports à histoires inventées, mais toujours plausibles, qu'on parvient à attirer le regard d’homo mediatus, le consommateur ludo-boulimique de hot news.

 

Passons rapidement sur leurs faits d’armes, prouesses, cascades et autres subterfuges pour obtenir «la  photo» compromettante. Pour eux, the sky is the limit ! Il y a les paparazzis de haut vol dont les exploits tiennent à la fois de James Bond, du cascadeur et de la filature mafieuse. Traque oblige, devant l’adversité, ils ne reculeront devant absolument r-i-e-n. Pour eux, le drame, le scandale, la maladie, la mort ne sont plus tabous, mais matière première à scoop. Un exemple parmi mille ? Vous souvenez-vous de ce morceau d’anthologie morbide, ce paparazzo qui s'était déguisé en infirmier pour aller prendre la photo du fils agonisant de Romy Schneider, lequel s’était tragiquement empalé en tentant de sauter la clôture familiale ? « Où est la morale ? », déclara l'actrice dévastée (cité dans Le carnaval des hypocrites, Albert du Roy, 1996, Seuil, p.75).

 

Sont-ce des voleurs ou des violeurs de vie privée ? Des paparazzis en mal de nouvelles trash ont «fait les poubelles» des stars, au sens propre du terme, afin d'informer les lecteurs sur les différentes habitudes alimentaires de leurs coqueluches. La demande est insatiable, avancent-ils. Un travail de «fouille-merde» obligatoire, disent certains. L'équivalent d'une équipe FBI/KGB est régulièrement mobilisé afin de découvrir  la matière à scandales : des frasques des uns aux des intrigues et disputes des autres ; le dernier mariage glamour de l’un ou la première répudiation fracassante de l’autre. « La rumeur rue dans les mœurs », dirait un  certain Lacan, et les médias pervers trouvent toujours leurs consommateurs pervertissables.

 

Si on peut accepter, pour des raisons éthiques, un journalisme d'enquête qui ruse afin de traquer les iniquités et les non-dits d'une combine boursière ou d'une dictature, peut-on accepter semblable logistique au service exclusif du futile et du commérage ?

 

Les procès, très nombreux en ces matières d'indiscrétion absolue, ne calment pas l'audace exponentielle des pirates de la pellicule. Certains journaux ont connu des centaines de procédures judiciaires pour atteinte à la vie privée. Tout est sous contrôle : les risques de poursuites font partie de leur budget. Comme le spectaculaire et l'exceptionnel se banalisent, nos kamikazes de l’image doivent sans cesse trouver des stratagèmes qui défient l'imagination et l'immoralisme.

 

Datée et toujours actuelle histoire, on relance une énième enquête : que le chauffeur de Lady Diana ait bu ou non, qui peut sérieusement déresponsabiliser les paparazzis qui prirent la Mercedes en chasse ? Qu'on nous pardonne le lieu commun : il n'y pas de paparrazzisme sans journaux et magazines qui achètent leur butin et des lecteurs qui s'en régalent. La chaîne de responsabilité est complète.

 

Leur morale, leurs succès et notre fascination

 

Pendant que des corporations regroupant les journalistes dits sérieux se dotent de codes de déontologie stricts et s’inquiètent, à juste titre, de la montée de ce «merdiateur», tout un pan fangeux de la noble profession d'informer force le tabou, transgresse les grands principes d'éthique professionnelle pour, disent-ils, «répondre à une demande aussi légitime que populaire». Alliant le «choc des photos» et l'audace des mots, ils préparent des cocktails qu'on hésite à appeler information — d'ailleurs, eux-mêmes parlent d'infotainment pour décrire la nature unique de leur travail. Les stars de l'heure (avec sa liste de réguliers obligés) et celles qui sont en voie de starisation resplendissent ou s'humilient en première page, avec ou sans (?) leur complicité. Les spécialistes de la communication nous ont prévenus depuis longtemps : on peut communiquer sans informer. Chose faite ? Non : surfaite. 

 

Les journalistes professionnels ont beau déontologiquement s’opposer à cette presse à sensation racoleuse, il demeure que le nombre faramineux de copies vendues indique que “ça marche”. Ces lectures “inavouables”, “bêtifiantes”, battent même des records. Compte tenu de leur diffusion (le nombre d'exemplaires vendus) et de leur audience ( le nombre de fois qu'un numéro peut-être lut par différentes personnes), cette “presse de caniveau” vend approximativement dix fois plus que chacun des grands journaux nationaux.

 

En 1996, Albert du Roy constatait déjà l’importance du phénomène. Il donne même des chiffres détaillés (op,cité.pp.58-59). Et la poussée tsounamique, depuis, prend de la force. « En 2004, ces celebrity magazines ont représenté, à eux seuls, un tiers des ventes en kiosque de la presse américaine » (article presse people, Wikipédia). L’ampleur du lectorat réfute à elle seule la thèse du « fait marginal et sans importance ». Les faits sont têtus : les journaux à potins et les magazines d'images dominent d’ores et déjà ceux qui priorisent le texte et l’analyse.

 

N’est-il pas paradoxal que la presse tabloïde fleurisse principalement dans des pays (États-Unis, France, Angleterre) jouissant des plus solides assises démocratiques ? Là, le respect de la vie privée y est pourtant protégé par des chartes des droits individuels blindées. Et c'est dans ces pays « les plus démocratiques du monde » que le goût de la transgression de ce droit est le plus fort. Drôle d'époque que la nôtre qui hypostasie les libertés individuelles et se repaie des infractions qui enfreignent ce droit. Or, la vie privée des stars est-elle un droit auquel le public a droit ?

 

La vie privée des stars n'existerait tout simplement plus, lit-on. Elle est devenue une affaire publique comme le crash d'un Boeing ou la baisse dramatique du taux d'emploi national. Vedette X qui a re-reperdu vingt kilos suffit à faire cinq colonnes à la une. Vedette Y, celle qui « largue les hommes plus vite que son ombre » a droit, pour son mariage, à vingt pages dans tous les tabloïds de la planète, car le rayon d'action de la sphère Hollywood est plus que jamais mondial. Comment peut-il en être autrement puisque les consommateurs de l’économie mondialisée sont à la fois les enfants et les produits de la culture mondialisée ?

 

Lorsque Michael Jackson, le «Roi de la pop», est décédé, en juin 2009, pendant deux pleines semaines, du jamais vu dans l’histoire des médias, la planète entière vira monomaniaque.  Le nombre de personnes qui, en même temps, consultèrent la nouvelle atteignit un stade dit «volcanique», selon Google (voir l’article de Benjamin Ferran, Figaro 26/06/2009). Le niveau fut de vingt fois supérieur à l’annonce de l’élection de Barack Obama, une nouvelle pourtant historique : le premier président noir à la Maison Blanche aux États-Unis. De quoi ce phénomène est-il le nom ? Cette transparence recherchée est aussi une transparence imposée.  À moins de vivre sur Mars, elle nous est quotidiennement assénée.

 

Le people nouveau est arrivé !

 

Avant les années 2 000, le terme people ne s'appliquait qu’aux personnalités de proue de l’industrie du spectacle (cinéma, télévision, chanson, sport), qui constitue le fonds de commerce du médiatoc tablant sur des révélations-chocs sur leur vie privée — genre : « Le scoop : X ridicoculise Y ! ») ou l’exposition photographique de leur mode de vie (maison, garde-robe, lieux de vacances, etc.).

 

Depuis quelques années, on assiste à l’émergence d’une nouvelle mode dans la médiasphère. On parle désormais de peopolisation des politiques et des faiseurs d’opinions (chroniqueurs et débatteurs vedettes). Ces derniers arrivants participent sciemment au phénomène, l’objectif étant d’apparaître sous un jour plus « personnel et humain », de gagner la confiance des électeurs et des médiaphages en démontrant qu’eux aussi n’ont rien à cacher. Or, à ce jeu, on s’expose à l’aléatoire du direct ; on risque d’être piégé et de commettre, live, quelques dérapages dont il faut ensuite publiquement assumer la paternité. Est-ce toujours le cas ?

 

À moins de souffrir de crédulité infantile primaire, comment ne pas être frappé de perplexité par les jérémiades de certaines des « victimes » des médias, quand on sait qu'elles les surutilisent pour y faire leur « promo » ? C’est que, voyez-vous, ces “pauvres victimes” du voyeurisme sont étonnamment exhibitionnistes. Et dans ce monde-là, l’un peut-il aller sans l’autre ?

 

Si tel intellectuel use et abuse de son vaste réseau, concomitamment grand arbitre des modes qui adoube les amis et bloque l’accès aux opposants, pour qu’on parle de son dernier livre — Gilles Deleuze critiqua vertement ce procédé, lire BHL, y voyant le naufrage de l’intellectuel par la vedettisation (à ce sujet, voir Critique de la déraison pure — La faillite intellectuelle des "nouveaux philosophes" et de leurs épigones de Daniel Salvatore Schiffer, Bourin Éditeur, 2010 et http://pascalbonifaceaffairesstrategiquesblogs.nouvelobs.com/archive/2010/12/18/bhl-la-nuit-du-flore-connivence-deselites-mepris-du-public.html) — si tel artiste court littéralement après les journalistes pour créer le buzz autour de sa dernière production, pourquoi, dès lors, se plaindre des « harceleurs médiatiques » ?

 

L’actrice qui expose tout de sa vie privée, en mots et en photos, pour faire la manchette, pour «suivre le plan de marketing de son gérant» ou «plaire à son public», etc., a-t-elle le droit de s'offusquer, au nom d’on ne sait quelle éthique supérieure, lorsque lesdits médias sensationnalistes rappellent que Madame tourna, jadis, du porno avant d'arriver au haut de l'affiche ? Voulez-vous un nom ?

 

Le tout étalage implique le tout «salissage», comme le dit un québécisme. Qui s'est fait construit une réputation de sexolique peut-il, même après s'être assagi et familialement rangé, se plaindre, vert de colère devant les caméras de télévision, de l'absence crasse de conscience professionnelle d'un photographe qui l'aurait épinglé, au petit matin, avec une inconnue tarifée ? Voulez-vous un nom ?

 

On aura compris, ce n'est pas la sacro-sainte intimité qui est ici défendue, mais l'image qu’on veut projeter, et ce, de façon tout à fait contrôlée. D'aucuns diront, non sans raison, que nul n’a à choisir entre la peste et le choléra. À ceux qui discourent ainsi, une minima moralia exigerait qu'ils n'ouvrent jamais un seul de ces «torchons», comme on les dénomme chez les gens cultivés.   À suivre.

 

 

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 21:16

 

Indignation.jpg

 

 Voici un extrait du livre;

(Le narrateur explique son attitude jugée peu sociable , face au doyen des étudiants)

 

 « Je proteste contre le fait d'être obligé de suivre l'office religieux quarante fois d'ici la fin de mes études si je veux obtenir mon diplôme, monsieur le doyen. Je ne vois pas au nom de quoi l'université aurait le droit de me forcer à écouter, ne serait-ce qu'une fois, un pasteur, quelle que soit sa confession, ni à écouter, ne serait-ce qu'une fois, un hymne chrétien s'adressant à une divinité chrétienne, étant donné que je suis un athée qu'offensent profondément, à dire vrai, les pratiques et les croyances des religions établies. » Je ne pouvais plus m'arrêter, malgré l'immense faiblesse que je ressentais. <, je n'ai pas besoin des sermons des moralistes professionnels pour me dicter ma conduite. Je n'ai certainement pas besoin d'un Dieu pour cela. Je suis parfaitement capable de mener une existence morale sans en attribuer le mérite à des croyances impossibles à prouver, défiant la raison, des croyances qui, pour moi, ne sont rien de plus que des contes de fées pour enfants auxquels adhèrent les adultes et qui ne sont pas plus fondées, en réalité, que le fait de croire au Père Noël. Je suppose que vous connaissez, monsieur le doyen, les écrits de Bertrand Russell. Bertrand Russell  éminent mathématicien et philosophe anglais, a été l'année dernière lauréat du prix Nobel de littérature. L'un des ouvrages pour lesquels on lui a attribué le prix Nobel est un essai de grande diffusion écrit à partir d'une conférence faite en 1927, intitulée "Pourquoi je ne suis pas chrétien". Connaissez-vous cet essai, monsieur le doyen?
- Rasseyez-vous, je vous prie », dit le doyen.

Je fis ce qu'il me disait mais sans m'arrêter de parler. « Je vous demande si vous connaissez cet essai très important de Bertrand Russell. Apparemment, la réponse est non. Il se trouvé que moi je le connais, parce que lorsque j'étais capitaine de l'équipe de débatteurs de mon école, je m'étais donné pour tâche d'en apprendre par cour des passages entiers. Je ne l'ai toujours pas oublié, et je me suis juré que je ne l'oublierais jamais. Cet essai, ainsi que d'autres du même genre, contient les arguments de Russell, non seulement contre la conception chrétienne de Dieu, mais contre celles que professent toutes les grandes religions du monde, que Russell trouve tout à la fois erronées et dangereuses. Si vous lisiez son essai - et au nom de l'ouverture d'esprit, je vous conjure de le faire , vous vous apercevriez que Bertrand Russell, l'un des logiciens les plus réputés du monde, en plus d'être philosophe et mathématicien, réfute avec une logique indiscutable l'argument de la cause première, l'argument de la loi naturelle, l'argument du dessein intelligent, les arguments moraux en faveur d'une divinité, et l'argument du remède à l'injustice. Pour vous donner deux exemples. Premièrement, pour montrer qu'il ne peut y avoir aucune validité dans l'argument de la cause première, il dit : "Si tout doit avoir une cause, alors Dieu doit avoir une cause. S'il existe quelque chose qui n'ait pas de cause,ce peut être aussi bien le monde que Dieu." Deuxièmement, quant à l'argument du dessein intelligent, il dit : "Pensez-vous que si l'on vous donnait l'omnipotence et l'omniscience et des millions d'années pendant lesquelles perfectionner votre univers, vous ne pourriez rien produire de mieux que le Ku Klux Klan ou les fascistes?" Il discute aussi les défauts de l'enseignement du Christ, tel qu'il est présenté dans les Évangiles tout en remarquant qu'historiquement il est extrêmement douteux que le Christ ait jamais existé. Le défaut moral le plus sérieux qu'il trouve à reprocher au Christ, c'est le fait qu'il croie à l'existence de l'Enfer. Russell écrit :"Je n'ai personnellement pas le sentiment que quelqu'un de profondément humain puisse croire au châtiment éternel." Et il reproche au Christ sa fureur vindicative contre ceux qui refusent d'écouter ses sermons. Il discute avec une totale franchise la façon dont les Églises ont retardé le progrès humain et comment, à force d'insister sur ce qu'elles choisissent d'appeler moralité, elles infligent à toutes sortes de gens des souffrances inutiles et non méritées. La religion, déclare-t-il, est fondée principalement sur la peur - la peur de l'inconnu, la peur de la défaite, et la peur de la mort. La peur, dit Bertrand Russell, engendre la cruauté, il n'est donc pas étonnant que cruauté et religion aillent de pair depuis des siècles. Conquérir le monde par l'intelligence, dit Russell, plutôt que d'être soumis comme des esclaves par la terreur que suscite le fait d'y vivre. Toute la conception de Dieu, conclut-il, est une conception indigne d'hommes libres. Telles sont les pensées d'un lauréat du prix Nobel renommé pour ses contributions à la philosophie, sa maîtrise de la logique et de la théorie de la connaissance, et je suis en total accord avec ses idées. Les ayant étudiées, y ayant réfléchi, j'ai l'intention de vivre en les appliquant, ce qui, vous l'admettrez certainement, monsieur le doyen, est mon droit le plus strict".Philip Roth  Indignation

 

 

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 15:27

La frontière contient symboliquement (c'est-dire enferme et limite, atténue donc ) la violence :

 

"La question de la frontière n'est pas seulement géopolitique, ceconcept a d'intéressantes

implications médiologiques, qui touchent à la logique du milieu, du monde propre, et à

quelques notions connexes. Le point de départ le plus évident est qu'il faut des frontières,

pour l'individu comme pour le collectif, et notre colloque à cet égard prolonge « le nouage

du nous »: selon quels modes un collectif peut-il se clore, et comment cette clôture

est-elle pourvoyeuse de consistance et d'identité pour le je autant que pour le nous ? Le

b.a.-ba de toute morale est aussi une donnée de base de l'anthropologie : la clôture du

vivant est ontologique, on ne persévère dans son être qu'à travers une forme définie,

nettement circonscrite et identique à elle-même au fil de ses transformations. L'ubris, la

démesure ou le débordement de l'individu hors de ses limites furent donc pointés dès la

philosophie ou le théâtre grecs comme la faute par excellence ; être sage, c'est connaître

ou se donner des frontières. Malheur aux individus hors limites ou, comme on dit en

psychiatrie, border-line, malheur aux peuples sans frontières (ou aux frontières mal tracées

et mouvantes( Pologne, Cambodge, Palestine et Israël )!Au niveau de l'ontogenèse, les

psychanalystes ont décoré cette vérité élémentaire du terme de. castration primaire, dont

participe l'institution symbolique qui dit à chaque,
enfant qu'il n'est pas tout, qu'il s'arrête là où commence l'autre... Cette imposition du

symbolique, d'abord fatalement frustrante, est ensuite intériorisée par chacun comme

négation féconde, interdiction vitale (à moins de tomber dans la psychose ou la perversion).

Pour l'individu comme pour le groupe, la frontière contient la violence (nous aurons à

préciser l'étrange logique de ce containment)".
Daniel Bougnoux, L'humanité en partage,  Frontières , pp 365--357

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 15:16

Le Nouvel Obs, le Post etc.. en dressent la liste: il s'agit de tous ceux qui sont liés de près ou de loin à N.S. . Le seul fait d'être cité dans l'article  est  compromettant ! :

 

http://www.lepost.fr/extrait-du-web/2010/12/09/2334573_l-etrange-diner-des-sarkozy-avec-houellebecq-a-l-elysee-le-soir-du-remaniement.html

 

 Ce n'est pas mon point de vue, je le précise (vous connaissez mon affection pou A. F., j'aime beaucoup aussi Ph. Muray , et j'apprécie  Dantec et R.Enthoven......) mais je suis sûre que cela intéressera certains des visiteurs de ce site

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