Fernand Léger – Les constructeurs(1950)
Fernand Léger peint cette grande toile de deux mètres sur trois en 1950, après plusieurs ébauches.
La technique est résolument moderne, reprenant les technique du Bauhaus d’avant-guerre : planéité revendiquée, lignes géométriques des poutres et des échelles contredisant les formes des corps robustes, les nuages voletant, les cordes en apesanteur s’enroulant sur elles-mêmes. Le regard est irrésistiblement attiré du bas vers le haut, comme dans une cathédrale, le bas étant un socle de bois rappelant l’origine de la technique de construction, et vers l’extérieur du tableau : l’échafaudage « sort » du cadre de tous les côtés.
Ici, ce n’est pas le travail en tant que tel qui est magnifié, et surtout pas le travail comme « punition » ou effort excessif (au demeurant, les ouvriers semblent porter les poutrelles d’acier sans effort apparent), mais bien plutôt l’œuvre des travailleurs, les bâtisseurs qui construisent le Nouveau au service de l’humanité. Les poutres peintes en couleurs vives rappellent celles de la Cité radieuse de Le Corbusier comme semblent radieux le ciel immaculé et les ouvriers porteurs d’avenir.. .
Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale s’ouvre une perspective possible pour la classe ouvrière : se libérer du vertige de l’aliénation et libérer le travail de l’exploitation pour en faire l’outil de la reconstruction/construction d’un progrès humain bénéficiant de toutes les techniques de la modernité. Fernand Léger, membre du Parti communiste français depuis 1945, participe de cette utopie. La figure de ses ouvriers diffère radicalement de celle du « réalisme » soviétique et stakhanoviste marqué si profondément par l’imagerie capitaliste productiviste (voir plus haut). L’histoire (je me permets d’écrire : hélas) ne lui a pas donné raison, ni à l’Ouest ni à l’Est du « rideau de fer »….
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Signé : Jean-Francois Gau
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