Mon article étant un peu long, si vous ne voulez pas le lire, voici la thèse:
Contrairement à ce qui se dit ici et là, un peu précipitamment, le blasphème a toujours cours en république!
En effet, aucune société ne peut subsister sans tracer un périmètre autour de ce qu'elle désigne comme le "sacré".
Donc nous avons du sacré en république; et, précisément, la fonction du blasphème (qui énonce ce qu'il est absolument interdit de dire...) est de rappeler qu'il y a du sacré, pour nous comme pour tout le monde!
Mais la différence entre notre conception du blasphème/ sacré et la conception du blasphème dans une société traditionnelle ou théocratique, c'est que le sacré pour nous s'est détaché, s'est émancipé du religieux.
Le divin n'est plus le sacré (le divin: une hypothétique source transcendante de la vérité absolue, de la morale, du Bien et du Mal).
Pourquoi? Parce que le sacré pour nous c'est la dignité et l'intégrité de la personne humaine. Donc, ce sacré-là l'emporte sur l'ancien sacré et ne peut co-exister avec lui. Car au nom du divin on a brûlé et martyrisé à tour de bras les "sorcières" et les sages depuis l'invention du monothéisme (le polythéisme était beaucoup moins toxique!).
De plus, le divin est particulier (chacun a sa propre foi, son propre Dieu, c'est la "guerre des Dieux" dont parle Weber) tandis que le sacré républicain (ce qui est déclaré inviolable, interdit sous peine de sanctions en république) est porteur d'universalité (si tout le monde respectait les "droits humains", normalement tout irait bien...).
En résumé: le blasphème existe toujours en république, mais le sacré qu'il nomme en creux n'est pas le divin. Car le divin n'est plus sacré.
Alors on est obligé de choisir.
Si on accepte le "contrat social" républicain, il faut respecter le sacré républicain. La religion ( la croyance personnelle, intime) n'est pas du tout bannie pour autant, mais elle n'est plus sacrée!
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