Athéisme et superstition

"La superstition comme athéisme" in Rémi Brague, Modérément moderne, Flammarion 2014

«L’ idée de superstition est apparue comme une sous-espèce de l’athéisme, et non pas comme son opposé. Platon distingue ainsi trois sortes d’athées…Les premiers ne croient pas du tout qu’il y ait des dieux ; les deuxièmes admettent bien existence des dieux, mais ne croient pas qu’ils se soucient des affaires humaines ; les troisièmes croient en l’existence des dieux et en la providence, mais s’imaginent qu’ils se laissent corrompre par les hommes il ferme les yeux sur leur transgression, les pots-de-vin étant dans ce cas des prières des sacrifices. Ces derniers sont les superstitieux.

Seulement Épicure, qui se rattachait pourtant à la seconde des catégories que Platon avait distinguées, il faudrait considérer comme athée plutôt celui qui se fait la même image des dieux que le vulgaire : « Impie n’est pas celui qui n’y est dieu de la foule, mais celui qui attribue aux dieux les conjectures de celle-ci. »