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15 octobre 2006 7 15 /10 /octobre /2006 11:50


Il n'appartient pas aux représentants de la nation française de se prononcer  (par une loi ) sur des questions qui concernent l'Etat turc, pour une raison bien simple, énoncée par Rousseau: il ne peut pas y avoir de "volonté générale" sur une question dont l'objet est extérieur  à ceux qui s'expriment , ici les parlementaires français se déterminant sur un pb étranger à la nation française
lire:
Libération,  une loi de trop

Par ailleurs , la loi Gayssot  du 13 juillet 1991 pose évidemment problème dès le départ (cf le point de vue sensé de Alfred Grosser le 13 septembre 1990 dans le Monde: "Pourquoi  nous sommes contre une loi sur le négationnisme")
 Pourquoi interdire la négation d'un seul génocide, à l'exclusion de tout autre?
 Seule réponse conséquente; parce qu'il n'y a qu' UN génocide, le génocide nazi (est-ce que sous-entend  l'initiateur de cette loi,  J.C.Gayssot?)
C'était la  position de Simone Weil , ou de Claude Lanzman, (au moment des crimes commis en  lex-Yougoslavie), qui refusaient d'employer le mot de "génocide" pour qualifier les cirmes de Milosevic   etc...
 
Depuis beaucoup de chemin a été parcouru. Le génocide arménien n'est plus contesté par la plupart des  historiens  et les tribunaux internationaux parlent de "génocide" à propos de l'ex-Yougoslavie (Srebrenica) et aussi du Rwanda évidemment.
Toutefois les mots de "génocide" (et même de crime contre l'humanité) ont été tellement dévoyés et utilisés abusivement que les historiens préfèrent aujourd'hui parler de "crimes de masse".

 

 Voir à ce sujet :

Jacques Semelin Purifier et détruire. Usage politique des massascres et génocides. (Seuil)
Et aussi
Vukovar Sarajevo (1992),  sous la direction de v. Nahoum-Grappe, où j'ai écrit un article sur cette question (un ou plusieurs crimes contre l'humanité?) Editions Esprit.

 A partir du moment où la loi interdit la négation des génocides(des crimes de masse?), pourquoi s'arrêter en si bon chemin?  Il faut incriminer  Peter Handke  et aussi tous ceux qui continuent de faire semblant d'ignorer l l'ampleur des crimes staliniens, notamment l'extermination  des Koulaks  puis  en Ukraine dans la années 30 (10 millions de tués ou déportés, 1/3 tués sur place, 1/3 envoyés en camps, 1/ 3 déplacés)

 C'est un sujet qui ne fait pas tellement les UNE des journaux! Ni débat au parti socialiste!

Génocide, ou pas génocide? En quoi est-ce moins grave de nier, ou de minimiser, de tels " crimes de masse", que de contester  le génocide arménien? Et pourquoi à ce moment  là ne pas demander à Poutine de faire ce fameux travail de mémoire, ce mea culpa,  que  l'on exige de tous, mais pas de Poutine, curieusement...

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commentaires

N
https://noubarkechichian.wordpress.com/2019/02/12/pour-en-finir-avec-la-negation-du-genocide-des-armeniens/
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H
Oui je me souviens de l'affaire B. Lewis, les historiens et un certain nombre de gens s'étaient mobililisés en sa faveur.  Mais c'est en effet l'incrimination de génocide qui posait pb... débat un peu byzantin.
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C
Sur la contestation du génocide arménien: vous dites qu'il n'y a que les historiens turcs pour contester le génocide arménien. Ce n'est pas tout à fait exact: Bernard Lewis et Gilles Veistein ont encouru le reproche pour avoir discuté la nature génocidaire (et non la réalité) du massacre des Arméniens. Bernard Lewis a même été condamné à ce titre en 1995 (ce qui montre, en passant, l'inutilité de la nouvelle loi).Sur les génocides qui pourraient faire l'objet d'une loi, si l'on suivait la logique des députés français, vous pouvez ajouter à la liste le génocide ukrainien (holodomor).
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