Il n'appartient pas aux représentants de la nation française de se prononcer (par une loi ) sur des questions qui concernent l'Etat turc, pour une raison bien simple, énoncée par Rousseau: il ne peut pas y avoir de "volonté générale" sur une question dont l'objet est extérieur à ceux qui s'expriment , ici les parlementaires français se déterminant sur un pb étranger à la nation française
lire:
Libération, une loi de trop
Par ailleurs , la loi Gayssot du 13 juillet 1991 pose évidemment problème dès le départ (cf le point de vue sensé de Alfred Grosser le 13 septembre 1990 dans le Monde: "Pourquoi nous sommes contre une loi sur le négationnisme")
Pourquoi interdire la négation d'un seul génocide, à l'exclusion de tout autre?
Seule réponse conséquente; parce qu'il n'y a qu' UN génocide, le génocide nazi (est-ce que sous-entend l'initiateur de cette loi, J.C.Gayssot?)
C'était la position de Simone Weil , ou de Claude Lanzman, (au moment des crimes commis en lex-Yougoslavie), qui refusaient d'employer le mot de "génocide" pour qualifier les cirmes de Milosevic etc...
Depuis beaucoup de chemin a été parcouru. Le génocide arménien n'est plus contesté par la plupart des historiens et les tribunaux internationaux parlent de "génocide" à propos de l'ex-Yougoslavie (Srebrenica) et aussi du Rwanda évidemment.
Toutefois les mots de "génocide" (et même de crime contre l'humanité) ont été tellement dévoyés et utilisés abusivement que les historiens préfèrent aujourd'hui parler de "crimes de masse".
Voir à ce sujet :
Jacques Semelin Purifier et détruire. Usage politique des massascres et génocides. (Seuil)
Et aussi
Vukovar Sarajevo (1992), sous la direction de v. Nahoum-Grappe, où j'ai écrit un article sur cette question (un ou plusieurs crimes contre l'humanité?) Editions Esprit.
A partir du moment où la loi interdit la négation des génocides(des crimes de masse?), pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Il faut incriminer Peter Handke et aussi tous ceux qui continuent de faire semblant d'ignorer l l'ampleur des crimes staliniens, notamment l'extermination des Koulaks puis en Ukraine dans la années 30 (10 millions de tués ou déportés, 1/3 tués sur place, 1/3 envoyés en camps, 1/ 3 déplacés)
C'est un sujet qui ne fait pas tellement les UNE des journaux! Ni débat au parti socialiste!
Génocide, ou pas génocide? En quoi est-ce moins grave de nier, ou de minimiser, de tels " crimes de masse", que de contester le génocide arménien? Et pourquoi à ce moment là ne pas demander à Poutine de faire ce fameux travail de mémoire, ce mea culpa, que l'on exige de tous, mais pas de Poutine, curieusement...