L'idée écologique et la philosophie (critique Robert Maggiori)

Laurence Hansen-Løve, l’Idée écologique et la philosophie. A la recherche d’un monde commun

Ecosociété, 140 pp., 15 € (ebook : 15 €).

Il est usuel de penser que, jadis, on ne se souciait guère du respect de la nature, et que même des philosophes en ont fait fi, n’y voyant qu’une ressource pour l’homme, dont il fallait – on cite toujours Descartes à ce propos ! – se rendre «maître et possesseur». Un périple à travers les siècles et les pensées, tel celui auquel invite Laurence Hansen-Løve – professeur de philosophie, à qui l’on doit par exemple la Violence. Faut-il désespérer de l’humanité (2020) et qui vient de codiriger avec Laurence Devillairs Ce que la philosophie doit aux femmes (Robert Laffont) – ne confirme guère cette opinion, proche du préjugé. Bien des «sagesses antiques» et des philosophies (de Pythagore à Aristote, Epicure, Spinoza, Rousseau, Thoreau…) peuvent être dites «écologiques», ayant considéré la nature «avec affection, considération et bienveillance». De même, on ne peut guère penser l’écologie contemporaine sans rappeler les œuvres de Hans Jonas ou Gunther Anders, Miriam Simos ou Françoise d’Eaubonne, André Gorz, Jacques Ellul, Arne Næss… Le voyage ici n’est pas qu’«historique» : c’est le présent et le futur qui préoccupent l’autrice, laquelle promeut la prudence au rang de vertu essentielle, capable de redonner à la philosophie – et à chacun(e) – la capacité de s’opposer à toute hybris, à l’«immodération de certains systèmes totalisants», aux excès et paradoxes en tous genres que les philosophes eux-mêmes «ont soutenu sans sourciller», et peut-être soutiennent encore. R.M