ECOLOGISTES : JUSQU'OU IRA LA VIOLENCE
Si vous me permettez quelques brèves remarques sur les UNES des hebdomadaires consacrées aux écologistes « radicaux » (« Jusqu’ où ira la violence? » Le Point)
Les activistes ont exactement obtenu ce qu’ils voulaient : mettre la question écologique au centre du jeu médiatique, c’est réussi - même si c’est pour la dénigrer. Le but c’était d’ouvrir - enfin - le débat. De faire savoir que les jeunes sont à bout de patience.
L’unanimité des grands médias pour vomir la jeunesse écologique dite « radicale » en dit long sur le fossé des générations. Quiconque fréquente comme moi la jeunesse quotidiennement constate à quel point depuis 10 ans le fossé se creuse entre nous et nos enfants ( qui préfèrent « se révolter que se résigner » pour reprendre l’intitulé d’un sujet du bac). Ils ne sont certes pas tous écolos mais le changement des mentalités est impressionnant et la révolution en cours est massive et très rapide,
La radicalité ce n’est pas la violence, « radical » cela veut dire « prendre les choses à la racine » et la violence n’a rien à voir avec la radicalité.
La désobéissance civile est une philosophie non-violente. S’il vous plaît, lisez Thoreau, Arendt ou encore Marc Crepon (le directeur philosophe de Normale Sup) sur le concept de non-violence, de Gandhi à Mandela etc…radicaux et non -violents.
Les actions symboliques ne sont violentes que…. symboliquement. Souiller un tableau c’est choquant, et symboliquement très agressif. MaIs ce n’est pas « violent » à proprement parler. C’est comme dire un gros mot.
Si vous n’êtes pas du tout au clair sur ces questions ouvrez un dictionnaire de philo. La violence, c’est le fait de nier l’intégrité physique ou morale d’une personne ou d’un être vivant. Refuser d’aider quelqu’un qui se noie ou qui appelle au secours par exemple. Le vandalisme qui attaque des choses, des objets n’est une « violence » que secondaire, dérivée. « Les voitures ne pleurent pas » ( Andreas Malm)
Bloquer une autoroute c’est violent ? Si vous voulez , en un sens. Mais alors toutes les grèves, les sittings, les blocages, les manifestations, le sont aussi… On gagnerait à réserver le mot « violence » pour les violences physiques (une gifle par exemple) ou morales (nier la dignité d’une personne, l’humilier). Pour une raison simple, la violence doit être condamnée, elle est du côté du « mal » , du répréhensible, du blâmable. Tandis que les actes symboliques ou limités de révoltes au nom de plus de justice ou d’un monde meilleur - d’un monde moins violent justement - ne sont pas foncièrement « violents ». Les personnes qui bravent la loi pour accueillir des réfugiès sont-ils des gens violents ( comme les Justes qui cachaient les juifs) ? Toutes les « violences » ne sont pas du tout équivalentes. On gagnerait à ne pas les confondre. Cf aussi « La violence » de Michel Wievorka.
8 ) Les écologistes radicaux n’agissent pas au nom d’une minorité comme on le lit partout. L’écrasante majorité des français est d’accord avec eux dans leurs analyses, même s’ils ne le sont pas avec ces méthodes qui souvent les choquent ( c’est d’ailleurs leur objectif)
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