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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 12:48
Le progrès , c'est-à-dire?

Sur le progrès  (Graeber et Wenrgrow , Au commencement était ... une nouvelle histoire de  l'humanité)

 

« Pour Turgot et Smith qui commencèrent à échafauder leur théorie dans les années 1750, l'apogée du développement était incarné par le modèle de la société « commerciale », avec sa division du travail complexe qui exigeait certes de sacrifier des libertés premières, mais garantissait des progrès éblouissants en terme de richesse et de prospérité. Au cours des décennies suivantes, l’invention de la jenny, du métier à tisser mécanique  (mis au point par Arkwright), de la machine à vapeur,  de l'énergie au charbon, enfin l'émergence d'une classe ouvrière industrielle permanente et de plus en plus consciente  d’elle même  modifièrent  fondamentalement les termes du débat. On disposait soudain de forces de production dont on n’avait jamais osé rêver jusqu'alors. Parallèlement cependant le nombre d'heures exigées des travailleurs augmentait à une cadence ahurissante. Dans les nouvelles usines, la norme était aux journées de 12h  à 15h, 6jours par semaine, et les congés étaient rares. (John Stuart Mill a pu  d'ailleurs écrire : « Il reste encore à savoir si les inventions mécaniques faites  jusqu'à ce jour ont allégé le labeur quotidien d'un seul être humain. »)

Voilà pourquoi, au XIXe siècle, l'idée du progrès technologique comme principal moteur de la destinée humaine était largement admise. Si le progrès racontait une histoire d'émancipation, cela ne pouvait être qu’au sens    l'homme allait finir par se libérer du « travail superflu » : la science ne tarderait pas à nous permettre d'échapper au moins aux formes de labeur les plus avilissantes, les plus pénibles et les plus abrutissantes. D’ailleurs,  à l'époque victorienne,  beaucoup assuraient que le processus était déjà en cours. Avec la mécanisation de l'agriculture et les nouvelles méthodes de travail qui épargnaient  l'effort, tout le monde pourrait bientôt jouir d'une vie de loisirs et de confort, au lieu de passer l'essentiel de son temps éveillé à courir en tous sens aux ordres d'un supérieur.

Nul doute que cette affirmation devait paraître incongrue aux syndicalistes radicaux de Chicago qui,  dans les années 1880 encore , s’engageaient  dans des batailles rangées contre la police et les milices patronales pour obtenir la journée de huit heures, un rythme de travail qu'un baron n’aurait osé exiger de ses serfs au Moyen-Age »

(… )

«  N'importe quel serf médiéval tout opprimé qu’il fut, travaillait moins d'heures qu'un employé de bureau ou un ouvrier d’usine  moderne »

(…)

 

« En outre, pour une grande partie de la population mondiale, les choses ont tendance à empirer plutôt qu'à s’améliorer"

 

 

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