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3 mars 2018 6 03 /03 /mars /2018 17:24

Mark Twain L’animal au bas de l’échelle
in Cette maudite race humaine, Actes Sud 2018

« Force est de constater qu'en matière de noblesse de caractère, l'homme ne peut prétendre arriver à la cheville du plus vil animal supérieur. A l’évidence, sa constitution ne lui permet pas d'approcher cette attitude ; elle l’afflige  d'un défaut qui rend  une telle conquête à jamais impossible puisque ce défaut est manifestement chez lui immuable, indestructible, invincible.
Ce défaut dans je parle est le sens moral. Il est le seul animal en être doté. C'est le secret de sa déchéance. C'est la qualité qui lui permet de faire le mal. Le sens moral n'a pas d’autre rôle. Il ne peut remplir aucune autre fonction. Il n'a pu être destiné à quoi que ce soit d'autre. Sans lui, l'homme ne pourrait rien faire de mal. Il s'élèverait brusquement au niveau des animaux supérieurs.
(…)
  De fait il est une maladie. La rage est mauvaise, mais elle ne l’est  pas autant que cette maladie-là. La rage permet à l'homme de faire ce qu'il ne pourrait faire en bonne santé : tuer son prochain d'une morsure venimeuse. La rage ne fait de personne un homme meilleur.
 Le sens moral permet à l’homme  de faire le mal. Il lui permet de faire le mal de mille façons. La rage est une maladie bénigne comparée au sens moral. Le sens moral ne fait donc de personne un homme meilleur. Finalement, quelle aura été la malédiction première ? Ce qu'elle a été depuis l'origine : l’imposition à l’homme du sens moral ; sa capacité à distinguer le bien du mal ; et avec elle, nécessairement, sa capacité à faire le mal ; puisqu'il ne peut y avoir de mauvaise action sans la conscience du mal chez celui qui la commet.
Si j'en conclus que nous sommes descendus et avons dégénéré depuis quelque ancêtre lointain – quelque atome microscopique baguenaudant, qui sait, sur la gigantesque surface d'une goutte d’eau-, cascadant d’insecte  en insecte, de reptile en reptile, tout le long de la grand-route de la pure innocence, jusqu'à atteindre le fin fond de l'évolution, que l'on nommera  l’être humain. Plus bas que nous, rien. Rien, si ce n'est le Français. 
Il n'y a qu'un seul degré possible en dessous du sens moral, c'est le sens immoral. Le Français l’a. L'homme est juste en dessous des anges. Cela ne situe clairement. Il est entre les anges et le Français".

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commentaires

G
Quelle est l'origine du bien et celle du mal ? Innée ou acquise ? Acquise naturellement ou culturellement ? La Bible dit : l'homme découvre ce qu'est le bien et le mal. À partir de cet instant il sait quand il fait mal. Mais pourquoi veut-il faire mal ? Il ne le veut pas, il veut le bien. Toutefois, il fait le mal parfois et il sait qu'il fait mal. Il se sent coupable. Il doit se surveiller sans cesse et suivre des règles, de bonnes habitudes. Il faut un droit positif pour le punir et le laver de la faute.<br /> Le mal volontaire est rejeté dans le néant. Cette possibilité est niée.<br /> Lorsqu'on veut qualifier l'ennemi d'un mot, on dit que c'est une bête, pour pointer en direction de ce mal volontaire. La guerre, la violence sont toujours justifiées par une "bonne" raison : éradiquer le mal volontaire.
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S
À vomir. Mais venant d'un Américain, rien de très étonnant : la xénophobie et le nationalisme exacerbé font partie de l'ADN des USA.
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G
Très drôle
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