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20 janvier 2017 5 20 /01 /janvier /2017 13:54

Contrairement  à ce que l'on serait tenté de croire, Rousseau n'est pas du tout "populiste" :

 " Seul un peuple de Dieux serait véritablement susceptible d’un gouvernement démocratique au sens strict. Pour un peuple d’hommes, incapable d’un gouvernement si parfait, la distinction réelle du corps du souverain de celui du gouvernement est une précaution nécessaire, sans quoi l’abus du gouvernement conduirait aussitôt à l’abus du souverain et à la guerre civile. Rousseau permet ainsi de caractériser un concept de populisme[43]. Le populisme est en effet une doctrine qui confond la démocratie comme principe et comme forme de gouvernement : il véhicule l’opinion voulant que le meilleur moyen pour ne pas séparer dans le fonctionnement des institutions ceux qui gouvernent de ceux qui sont gouvernés, et donc de protéger la liberté, c’est de faire gouverner le peuple. Or c’est là au contraire le moyen le plus sûr d’abuser du souverain, de rabaisser les lois qu’on avait élevées au-dessus des hommes et de faire dépendre ces lois du jeu des passions et des intérêts. Trouver une forme de gouvernement qui mette les lois au-dessus de l’homme, c’est donc inséparablement rappeler à la nation qu’elle n’est pas un peuple de dieux capables de se gouverner en assemblée populaire. Mais c’est aussi lui rappeler que ses institutions sont pareilles à celles – démocratie de dieux se sachant devenir un peuple d’hommes faillibles – qu’elle se fût données" 

« Faire parler les Dieux ». De la démocratie impossible au problème de la religion civile chez Rousseau

Christophe Litwin

Cotsen Fellow, Princeton University

 
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