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6 novembre 2017 1 06 /11 /novembre /2017 12:28
Homo deus: vers la disparition des emplois?


« Au XIXe siècle au XIXe siècle, la révolution industrielle créa un immense prolétariat urbain, et le socialisme se propagea  car aucun autre credo ne réussit à répondre aux besoins, espoirs et peurs inédits de cette nouvelle classe laborieuse. Le libéralisme ne finit par vaincre le socialisme qu'en adoptant les meilleurs aspects du programme socialiste. Au XXIe siècle, nous pourrions bien assister à la formation d'une nouvelle classe non laborieuse massive : des gens sans aucune valeur économique, politique ou artistique, qui ne contribue en rien à la prospérité, à la puissance et au rayonnement de  la société. Cette « classe inutile »  ne sera pas simplement in employée, elle sera inemployable.
En septembre 2013, deux  chercheurs d’Oxford, karl Benedict  Frey et Michael A. Osborne, publièrent  une étude sur« l'avenir de l'emploi», oui j'examine est la probabilité que différentes professions soient reprises par des algorithmes informatiques au cours des 20 prochaines années. L’ algorithme mis au point par Frey et Osborne pour faire leur calcul est destiné à 47 % la part des emplois américains très exposés. Par exemple, il est probable à 99 % quand 2033 les télémarketers  et les  courtiers d'assurance perdront leur emploi au profit d’algorithmes; la probabilité que les arbitres sportifs connaissent même sort est de 98 %, elle est de 97 % pour les caissières, 96 % pour le chefs cuisiniers, 94 % pour les serveurs et les assistants juridiques, 91 % pour les guides touristiques, 89 % pour les boulangers et les chauffeurs de bus, 88 % pour les ouvriers du bâtiment, 86 % pour les aides  vétérinaires, 83 % pour les marins, 77 % pour les barmen, 72 % pour les menuisiers, 67% pour le maître nageur, et ainsi de suite. Il existe bien entendu des emplois sûrs; la probabilité que des algorithmes informatiques effacé les archéologues en 2033 n’est que  de 0,7 %.

  Homo deus.  Une brève histoire de l’avenir, Yuval Noah Harari

 p 351

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5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 12:24

    •    Populisme de gauche : et si on parlait plus clair ? 
"C’est à tort qu’on dit parfois que le populisme de gauche est une notion floue. Les mots ont un sens et celui-ci aussi. Jean-Luc Mélenchon a hésité avant de s’en réclamer : en 2012, il avait reconnu qu’il lui serait « difficile » de revendiquer le mot « populisme » au regard du « mépris » qu’il suscite. S’il l’assume aujourd’hui, c’est parce que le populisme de gauche est désormais une stratégie politique constituée, aux éléments clés affirmés, qui lui fournit le socle théorique sur lequel s’édifie son action. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un populisme. Lequel est un courant politique qui se fixe pour objectif de « construire un peuple » comme sujet politique en le posant comme un « nous » face à un « eux », selon la discrimination ami/ennemi chère à Carl Schmitt.
Pas d’amalgame : le populisme de gauche s’oppose au national-populisme du Front national, pour qui le peuple s’identifie en s’ethnicisant. Il est aussi l’exact inverse de ce qu’on a pu qualifier, à propos de Macron, de « populisme optimiste », où le « nous/eux » (ici : progressistes/fainéants conservateurs) est de plus en plus marqué. Cela dit, comme le souligne Chantal Mouffe, initiatrice en France du populisme de gauche, celui-ci repose bien sur l’édification « d’une frontière politique nous/eux à la manière populiste, ceux d’en bas contre ceux d’en haut, le « peuple » contre les « élites ».
La conséquence de cette conception est un rejet de la notion de lutte des classes, qui serait devenue inopérante. C’est en jouant sur tous les registres que peut se constituer une volonté collective, insiste Chantal Mouffe : en faisant converger des « demandes hétérogènes » « selon une logique équivalentielle ». Ainsi peut émerger une conception du bien commun, du « bon pour tous », principe d’une « société vertueuse » selon l’expression qu’emploie Jean-Luc Mélenchon, dans son livre De la vertu.
Dans ce même ouvrage, il semble se dissocier de Chantal Mouffe, pour qui la raison est potentiellement totalitaire, en affirmant que le peuple devrait légiférer « sous l’emprise de la raison ». Il reste que le populisme de gauche fait d’abord appel à ce qu’elle nomme les « passions », c’est-à-dire « un certain type d’affects communs, ceux qui sont mobilisés dans le champ politique pour la constitution des formes d’identification nous/eux… Ce sont les affects qui sont l’assise d’un “nous” ». De même démontre-t-elle la nécessité d’un leader : « Pour créer une volonté collective à partir de demandes hétérogènes, il faut un personnage qui puisse représenter leur unité, je crois donc qu’il ne peut pas y avoir de moment populiste sans leader, c’est évident. »
Bref, de forts éléments différencient le populisme de gauche du courant historique auquel se rattache le communisme français.
Ainsi du « peuple ». Qu’il ne soit pas une réalité donnée (celle-ci est la population), mais un concept politique, on le sait depuis Rousseau pour qui un peuple est un peuple du fait d’un acte : pour lui, un contrat. Je ne me prononcerai pas pour l’Amérique latine, racine du populisme de gauche, mais, en France, l’objectif de « construire un peuple » me semble irrecevable. Le peuple français est constitué depuis qu’il a institué sa souveraineté – certes, elle-même objet de luttes la faisant avancer ou régresser. Pour sa part, le PCF entend le mot peuple dans une double dimension, classiste et républicaine : le peuple comme classes populaires, et comme communauté des citoyens (français, européens, du monde).
Le politique. Oui, il se structure autour du conflit. Mais pas sur le seul mode d’un « nous » qui se constitue en identifiant en négatif un « eux » antagoniste. Le combat de classe, auquel s’ajoutent le combat féministe, la lutte pour la démocratie et pour l’écologie, se développe autour de valeurs à fort contenu positif : émancipation contre exploitation, oppression, aliénation ; liberté contre servitude ; vie contre mort sur notre planète. Ces antagonismes n’existent pas hors « contenus idéologiques spécifiques ou pratiques de groupes particuliers », comme le soutient le populisme de gauche, mais opposent des idées et des forces sociales situées dans le mouvement de la société et du monde. Ils ne sont pas définis à partir du vécu affectif du peuple – les amis, les gens d’un côté ; la caste, les élites ou l’oligarchie, de l’autre –, mais par un repérage à prétention rationnelle (n’évitant pas toujours les erreurs…) des contradictions du réel, qui se trouve être aujourd’hui une société capitaliste et une mondialisation du même nom. Schmitt, qui était nazi, utilisait la discrimination ami/ennemi pour définir le peuple à partir d’un territoire, face à un ennemi extérieur ou intérieur. Ce n’est évidemment pas le cas de la France insoumise : encore une fois, pas de faux procès. Constatons seulement que le populisme de gauche n’a pas le même rapport à la nation (ni drapeau rouge, ni drapeau européen, seul le drapeau tricolore) que le PCF. Celui-ci est certes attaché à la nation, mais quand il dit « peuple », il pense d’abord « amitié entre les peuples ». L’internationalisme lui est consubstantiel.
Enfin, la gauche et le dégagisme. Tout aujourd’hui est en crise : la gauche, la droite, les partis politiques, les institutions, la démocratie.
Le PCF est appelé à se « réinventer » ; il lui faudra probablement réinventer aussi sa stratégie politique. Choisira-t-il, à l’instar du populisme de gauche, de proposer « une autre ligne de clivage que la gauche ou la droite », celle « du peuple contre l’oligarchie », et de se donner l’objectif « non pas de rassembler la gauche, mais de fédérer le peuple » ? On remarquera que cette unification du peuple hors partis et clivage droite/gauche implique la reconnaissance d’une hégémonie, prise davantage au sens mitterrandien que gramscien.
Et, surtout, que les valeurs et la raison d’être du Parti communiste le portent sur une autre voie : celle d’une politique de rassemblement, dans une perspective majoritaire, de toutes les forces qui agissent pour la transformation sociale en respectant leur pluralité. Qui n’est pas seulement un fait à accepter mais une richesse à encourager. Cela vaut, bien sûr, aussi pour les insoumis, qui ne vivent probablement pas leur engagement comme populiste, sont des femmes et des hommes de gauche, des militantes et des militants avec qui nous avons tant de débats et de combats à mener en commun". 

 

par Jean-François Gau, ancien responsable national du PCF
L’humanité 23 octobre 2017

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1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 03:53

Le populisme (dit "de gauche"... ) repose sur trois piliers qui renversent totalement les  fondements théoriques de la république française actuelle 1) Il faut « construire un peuple » (cf Chantal Mouffe) alors que selon la doctrine  républicaine  que le peuple français est déjà constitué  par le contrat social  et n’a donc plus à l’être   2 ) Le peuple est UN, alors que nous pensons au contraire que le peuple est irrémédiablement pluriel, d’où le "consentement au conflit »     3) La « construction du peuple »   implique  la désignation de l’ennemi (« la caste ») opposée à « nous » (« le peuple »,  les « gens »).
Passons sur le rôle décisif du leader et sur la prépondérance du « collectif » par rapport à la démocratie  (http://www.europe1.fr/politique/melenchon-le-but-de-lfi-nest-pas-detre-democratique-mais-collectif-3466778
, et du mouvement par rapport aux partis  (voir le début du « Système totalitaire" de Arendt sur ce que la prépondérance d'un « mouvement » signifie ) …
 Et j’ajoute pour terminer que la notion de « société vertueuse » que Jean-Luc Mélenchon appelle de ses voeux ("De la la vertu)"  est une notion irrecevable à mes yeux car la vertu concerne les individus  (elle est l'excellence propre à chacun) , et dans un cadre laïc l’Etat ne peut pas  imposer UNE  (et une seule) conception de la vertu, de la vie bonne. Cette question est laissée (hors délit, sanctionné par la loi) à l’appréciation de citoyens adultes et autonomes.
 

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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 17:04

«  L'animal humain  est agressif, mais il ne se bat pas par instinct et la guerre est une expression, elle n'est pas une expression nécessaire de la combativité humaine. Elle en  a été l'expression constante au cours de la phase historique, à partir du moment où les sociétés se sont organisées et armées. Il est contraire la nature de l'homme que le danger de violence soit définitivement écarté : en toute collectivité, des inadaptés violeront les lois et attaqueront des personnes. Il est contraire à la nature des individus et des groupes que les conflits entre individus ou entre  groupes disparaissent. Mais il n'est pas démontré que ces conflits doivent se manifester dans l'institution belliqueuse, telle  que nous la connaissons depuis des milliers d'années, avec des combattants organisés, utilisant des outils toujours plus destructifs.
 La paix, c'est à dire l'absence de guerre légale entre collectivités souveraines est-elle  possible ? Est-elle probable ? Nous nous poserons  la question après avoir analysé le monde d'aujourd'hui. Bornons-nous, au terme de ce chapitre, à la seule conclusion que nous suggèrent les biologistes.
La difficulté de la paix tient plus à l’humanité qu’à l’animalité de l'homme. La souris qui a reçu une raclée se soumet au plus fort et la hiérarchie de domination est stable. Le loup qui tend  la gorge est épargné par son vainqueur. L’homme est l’être capable de préférer la révolte à l'humiliation et sa vérité à la vie. La hiérarchie du maître et de l'esclave ne sera jamais stable. Demain les maîtres n'auront plus besoin des serviteurs et ils auront le pouvoir d’exterminer ».
 Paix et  guerre entre les nations; Raymond Aron, p.364.
Merci à  Philippe Gaudin de m’avoir signalé ce texte.

 

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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 14:58

"Heureux les fêlés car ils laissent passer  la lumière" Michel Audiard

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 15:47

En 2014, j'ai eu la chance de rencontrer Karl Marx; Il répondu à mes questions, et à mes objections, avec beaucoup de patience et de bienveillance.

http://la-philosophie.com/entretien-avec-karl-marx-par-laurence-hansen-love
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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 14:47
Le jeune Karl Marx

J'ai vu le film  que j'ai trouvé plaisant...

Néanmoins j'ai une petiie objection. Je trouve qu'en sortant on ne sait pas grand chose du marxisme: qu'est-ce que, par exemple, un jeune hégelien? Qu'est-ce qui oppose Marx et Proudhon? C'est quoi le matérialisme historique? Quid de "l'idéologie allemande" ? 

Finalement on apprend seulement que la société est divisée en deux catégories, les bourgeois et les prolétaires, et qu'elles sont par nature et pour toujours "ennemies", (thèse  au demeurant .. discutable ? )

 

Bref d'un point de vue pédagogique c'est un peu courrt; ce n'est pas grave, dans la salle,  peu emplie,  il n'y avait que des vieux intellos communistes, déjà croisés il y a quelques jours à la fête de l'Humanité..

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4 septembre 2017 1 04 /09 /septembre /2017 09:43
Sur la rhétorique populiste et le ressort de la haine


« La haine surgit quand est refusé ce que la représentation institutionnalise. La représentation institutionnalise la division en politique, c'est-à-dire l'altérité. Quand l'autre est reconnu, les divisions, les séparations et les écarts sont aussi admis. Et dans ce cas, la haine et l'amour sont intriqués, et le refoulement peut opérer. Je peux taire la haine des uns si je peux dire l'amour des autres. Le populisme met fin à ces possibilités.
  La rhétorique populiste unifie les sens du mot « peuple », qui, sinon, existent  à l'état séparé. Quand le sens des mots ne glissent plus, et n'échappent plus dans une pluralité de sens, alors le pouvoir d'un mot peu devenir terrible. Quand le peuple commença croire qu'il est un peuple il aura aussi bien en sang social (le« petit peuple ») qu’au sens juridico-politique  (les « citoyens », terme que Donald Trump emploie de manière synonyme à  celui de « people ») et nationale  le thème de « la France », chez Marine Le Pen).
Hélène L’Heuillet , Tu haïras ton prochain comme toi-même, Albin Michel 2017

 

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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 14:32
Désobéir par Frédéric Gros

«Ce mouvement par lequel  le sujet politique se découvre en état de désobéir, c'est ce que nous appellerons  la « dissidence civique.


L’insurrection ne se décide pas. Elle saisit un collectif, quand la capacité à désobéir ensemble redevient sensible, contagieuse, quand l'expérience de l'intolérable s’épaissit  jusqu'à devenir une évidence sociale. Elle suppose en amont l'expérience partagée,  mais que personne ne peut se dispenser de vivre en, par et pour lui-même,  d'une dissidence civique et de son appel. Depuis Socrate (« Soucie toi de toi-même!») et depuis Kant(«  Ose savoir !»), elle est aussi le régime philosophique de la pensée, son intériorité intempestive ».

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26 août 2017 6 26 /08 /août /2017 16:39

Simone Weil


 « Ainsi que peuvent bien avoir dans l'esprit ceux pour qui le mot « capitalisme » représente mal absolu?
(…)
Comme la destruction du capitalisme n'a aucun sens, du fait que le capitalisme est une abstraction, comme elle n'implique pas un  certain nombre de modifications précises apportées au régime – de telles modifications sont traitées dédaigneusement de « réformes » – elle peut seulement signifier l'écrasement des capitalistes et plus généralement de tous ceux qui ne se déclarent  pas contre le capitalisme. Il est apparemment plus facile de tuer, et même de mourir, que de se poser quelques questions bien simples (…)

Si l'on étudie sérieusement ces  problèmes, on pourrait peut-être arriver  à avoir quelque chose dans l'esprit quand on dit que le capitalisme est  un mal. Mais il ne s'agirait que d'un mal relati, et une transformation du régime social ne pourrait être proposée qu’en vue  de parvenir à  un moindre mal. Encore le devraient-ils s'agir que d'une transformation déterminées.» 


« Ne recommençons pas la guerre de Troie (¨Pouvoir des mots) « 1937
 in Ecrits historiques et politiques, p.267 

 

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